FulgurAnime : Chainsaw Man l’animé façon Quentin Tarantino

Chainsaw Man est une œuvre de Tatsuki Fujimoto. Il est pré publié dans le Shonen Jump comme nombre de ses pairs mais se distingue franchement de ces derniers. Il apporte ainsi un vent de fraîcheur bienvenu dans cet univers très codifié. On peut même dire qu’il met par moments des grands coups de pied dans la fourmilière et qu’on était pas forcément prêts!!! Pourtant, on part d’un pitch assez basique. Un ado paumé qui doit survivre comme il le peut dans un monde qui le dépasse. Qui gagne des pouvoirs extraordinaires au gré du destin. Qui se retrouve à combattre des vilains. Oui mais…

Les inspirations

L’une des choses qui saute aux yeux après visionnage d’un ou deux épisodes, c’est que l’anime est très cinématographique. Tant dans les plans proposés que dans les dialogues, on est très proche du 7ème art. L’auteur et les réalisateurs proposent des idées très originales. Ainsi la fin de l’épisode 6 est reprise à l’identique au début de l’épisode 7 mais selon un autre point de vue. Ce procédé permet de mettre en avant d’autres sentiments, une autre vision d’une même scène. Cela permet aussi de se moquer gentiment des shonens fleuves qui se permettaient sans cesse ce procédé en mode copier coller. Où comment remettre la fin d’un épisode au début du suivant afin de gagner 5 minutes à chaque fois avec ennui assuré. Mais Fujimoto tacle les shonens de bien d’autres façons. Son héros en est d’ailleurs le porte étendard. En effet, Denji n’a rien à voir ou presque avec Naruto et consorts. Il n’a aucun but épique, pas de quête à accomplir, de trésor à trouver, de personne à venger ou à retrouver, ni même de malheureux innocents à sauver. Non, son but dans la vie, c’est de bouffer des tartines avec de la confiture et de palper une paire de seins. Comme ces deux objectifs cruciaux seront bien vite réalisés, il faudra alors passer à autre chose, pas forcément plus reluisant. Le décor est planté ! Les dialogues ne manquent pas de sel eux non plus. Auxquels vient s’ajouter une galerie de personnages bien barrés. Ces deux aspects évoquent instantanément Tarantino au fan que je suis. Le rival blasé taciturne, la bonne pote démon à l’humour noir, la supérieur hiérarchique ultra sexy et qui en abuse, la collègue de boulot un brin nympho… Tous plus attachants les uns que les autres malgré ces défauts apparents. Et le plus impactant, c’est qu’ils peuvent disparaître au fil d’un épisode façon Game of Thrones, sans crier gare.

Le plus insensé, c’est la dose d’épique que l’auteur et les réalisateurs arrivent à insuffler au milieu de ce bazar organisé. On se prend à avoir des frissons alors que Denji se propulse sur un ennemi toutes tronçonneuses dehors en hurlant qu’il « ne veut pas crever avant d’avoir tâter la moindre putain de paire de seins !!!! » Du pur génie créatif je vous dis.

Le rythme

Les situations malaisantes, absurdes, stressantes ou à forte tension sexuelle se succèdent à un rythme assez déstabilisant. On passe d’une scène de délire total dans un restaurant de nuit suivie d’une scène de coucherie limite incestueuse puis un moment de grande sensibilité, à une tuerie de masse sans transition. Et le trait de génie réside dans le fait que ça passe crème. Non seulement cela, mais ça vient même amplifier les sentiments que l’on ressent à chaque transition.A l’intérieur même d’un épisode on peut enchaîner une grosse baston, un dialogue ou une scène intimiste dans un petit appart Tokyoïte, un tête à tête à forte tension émotionnelle… on ne s’ennuie jamais. Je n’ai pas une seule fois senti le temps long et à la fin de chaque épisode, je me disais « quoi !!! déjà !!?? ».

On passe également d’un personnage à l’autre sans que l’intérêt ne faiblisse. Chaque protagoniste du groupe principal a une back story intéressante ou qu’on a hâte de connaître. Les pouvoirs des uns et des autres se révèlent au compte goutte et on piaffe d’impatience d’en découvrir plus. Mais cela ne vient pas et au lieu de la frustration, c’est un sentiment de reviens-y qui domine.

Rajoutons à cela que Mappa fait à nouveau des prouesses à la réalisation, enchaînant décidément les masterclass après SNK et Jujutsu Kaisen, entre autres…

L’opening et les 12 endings

Impossible de ne pas les mentionner dans cet article. Déjà, vous avez bien lu, il y a autant d’endings que d’épisodes, soit douze. Et pas un n’est à jeter à la poubelle. Tant graphiquement que musicalement, ils tirent tous leur épingle du jeu. Chacun aura probablement sa petite préférence mais pour moi deux d’entre eux sont vraiment exceptionnels au point de constituer du jamais vu dans le milieu de l’animation. L’ending 3 se paye le luxe d’enchaîner trois univers musicaux radicalement opposés entre du métal hurlant et de la pop jap acidulée. Mais ce grand écart n’est pas gratuit. Le générique vient en effet traduire les sentiments et l’inconscient de Denji tout au long des trois premiers épisodes. Ça ne m’a pas sauté aux yeux directement mais à force de l’écouter et de le visionner, l’évidence m’a percuté de plein fouet. Ce trait de génie m’a vraiment impacté, et vous l’aurez sans doute constaté aussi. Le second générique qui fout une baffe monumentale vient raconter la back story d’un personnage juste après un événement tragique qui lui arrive dans l’épisode qui vient tout juste de s’achever. J’en avais les larmes aux yeux et je l’ai repassé quleques fois pour que la douleur s’efface progressivement. Quand à l’opening, je vous laisse aller chercher sur Youtube une des nombreuses vidéos qui recense tous les hommages cinématographiques qui s’enchaînent les uns après les autres tout en donnant un tout cohérent.

Vous l’aurez compris, j’ai été charmé par cet animé qui a réussi à se frayer un chemin entre Demon Slayer et Jujutsu Kaisen, les deux mastodontes de 2020 et 2021. Le cru 2022 est vraiment pas mal non plus et je dirais même qu’il a une longueur en bouche supérieure à ses petits camarades. Là où les deux premiers font excellemment le job, mais un job déjà vu, Chainsaw Man met le feu aux poudres et vient tout bouleverser. Sachez qu’en plus, je ne vous ai pas tout dit, loin de là…

On se retrouve très vite pour la review de la SH Figuarts de Denji sortie très récemment !

Ayorsaint

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