FulgurAnime débat : Pourquoi l’arc Buu n’aurait pas dû exister

Entre Buu, Boo, Bou et Boubou, on ne sait même plus comment l’appeler ce pauvre diable. Ha non, le diable ce n’était pas lui… Je confonds. Plus sérieusement, avant de commencer ma diatribe (mais non, je serai gentil tout plein vous verrez), je tiens à préciser que j’aime beaucoup cet arc. Alors pourquoi dis-je qu’il n’aurait pas dû exister ?

En premier lieu, parce que Toriyama himself le voulait ainsi. Il s’est senti obligé de continuer suite au courrier des lecteurs alors qu’il ne voulait pas continuer l’histoire. Succès oblige… Et ça se ressent.  Alors, comme il en a assez de Dragon Ball et qu’il veut se remettre à écrire des histoires drôles, il va réinsérer beaucoup d’humour dans cette partie. Mais le lectorat n’y est plus préparé. Au moment où sort cet arc, le lecteur moyen a bien grandi, et le jeune adulte qu’il est n’a que faire de mascarades. Il veut de la baston, des méchants de plus en plus charismatiques et des enjeux sérieux. A la place, Toriyama va lui offrir un post ado qui se cherche. Qui joue au justicier ridicule. Qui n’est pas doué avec les filles. Qui ne ressemble que lointainement au Gohan ado badass qu’on avait quitté à la fin du Cell Game. Surtout, les enjeux tardent à arriver. Chapitre après chapitre, on attend les rebondissement et la tension propres à l’œuvre. Tout s’enchaînait très vite dans les arcs précédents. Ici, c’est beaucoup plus posé, sans enjeux majeurs et ça surprend. Une histoire légère, comme aime à les raconter Toriyama. Mais la sauce ne prend pas. Alors retour aux vieilles formules. Quand arrive enfin l’annonce d’un nouveau Tenkaichi Budokai, on frémit. Goku va faire son grand retour. Mais là encore, ça ne fonctionne plus comme avant. Le tournoi se traîne et les combats ne sont pas aussi intéressants qu’à l’accoutumée. Toriyama ne saurait-il plus faire de l’humour mêlé à de la tension dramatique et des arts martiaux léchés ? En fait, on comprend vite que ce tournoi n’était qu’un prétexte à l’introduction d’une nouvelle menace, comme on n’en avait jamais vu. Au bout d’un nombre certain de pages plus ou moins réussies, on verra sortir d’un œuf démoniaque un gros bonhomme en couche à la peau couleur malabar. On en est pour notre grade niveau dangerosité après Cell et Freezer… Par la suite, la formule va petit à petit se rapprocher de ce qu’on avait l’habitude de voir avant et, enfin en terrain connu, le lecteur va y reprendre gout. Et même saupoudré de pas mal d’humour, ce qui sera d’ailleurs une bouffée d’oxygène selon moi et un retour aux sources par la même occasion. Finalement, le plus gros écueil de cet arc ne se situe pas là.

Ceci étant dit, on pourrait maintenant parler des power up infinis, mâtinés de fusions et autres transformations par assimilations à outrance reléguant tous les persos non Saiyen ou non Buu aux rangs de spectateurs inutiles. Mais cela ferait partir l’article dans le domaine du subjectif et du déjà lu mille fois. Je vais plutôt vous proposer une analyse narrative plus objective je l’espère. Pour cela, revenons un moment sur les origines de Dragon Ball si vous voulez bien. Et permettez moi, par simplicité, de faire un abus de langage en séparant dorénavant Dragon Ball et Dragon Ball Z même si j’analyse toujours le manga et rarement l’animé, vous le savez bien maintenant. Dragon Ball, donc, c’est l’histoire de Goku. C’est un enfant sauvage qui vit seul au fond des bois. Naïf et peu habitué des codes sociaux, il a surtout un très grand cœur. Son objectif va d’abord être de récupérer les Dragon Ball puis très rapidement, il va laisser place à celui de gagner le tournoi des arts martiaux. Pour cela, il faut devenir le plus fort et donc s’entraîner. Puis repartir en quête des Dragon Ball sans perdre de vue le fait de vouloir devenir toujours plus fort. Cet arc narratif premier prend fin  quand s’achève le troisième Tenkaichi Budokai de l’ère Dragon Ball. Goku sauve une seconde fois le monde de la menace Piccolo après deux arcs fabuleux d’intensité et de rebondissements en tout genre. Mais, pour lui, c’est d’avoir enfin gagné le tournoi qui importe le plus. Il saute de joie à cette idée et pas pour avoir sauver ses amis et les habitants de la Terre.

Passons maintenant à Dragon Ball Z si vous voulez bien. Dragon Ball Z, comme chacun le sait, c’est l’histoire de… Gohan. Ne mens pas je t’ai vu tressaillir ! Tu es peut être même en train de te dire que j’ai fondu un plomb. Et pourtant, laisse moi argumenter. Au début de l’arc Saiyen, on suit bien Goku, pas de problèmes. Lors du combat contre Raditz, Gohan, qui n’a que 4 ans, ne fait pas le poids. Pourtant, un bref instant, on va avoir un aperçu de son potentiel puisqu’il va dépasser la puissance de son père dans un accès de rage. Première fois que cet élément essentiel dans la mythologie de l’œuvre  est introduit puisque, jusqu’alors, Goku n’avait pas spécialement eu droit à des power up par ce biais ou en tout cas pas durablement. Ce premier morceau d’arc nous laisse comprendre que Gohan est un enfant peureux dont l’objectif n’est pas de se battre. Lui veut la paix et les oiseaux. Puis, nous suivons conjointement les entraînements du père chez Kaio et du fils avec Piccolo. Arrivent Vegeta et Nappa. Gohan prend alors part au combat dans son intégralité alors que Goku n’arrive que tardivement. Il fera le plus gros du boulot mais c’est bien Gohan qui viendra à bout de Vegeta en deux temps, souvenez-vous, avec la boule Genki et la transformation en singe Oozaru. Rebelote sur Namek. Alors que Goku panse ses plaies, Gohan part avec Krilin et Bulma en quête des Dragon Ball de Namek. On le suivra pendant l’intégralité de l’arc, progressant à vue d’œil au grès de ses expériences. Ne t’énerve pas, je te concède que c’est quand même Goku qui viendra à bout de Freezer en rentrant dans la légende des mangas par le biais de sa transformation en Super Saiyen. Puis vient l’arc Cell et son twist final bien connu. La puissance de Gohan avait était tellement teasée sans que jamais il ne se réalise en tant que guerrier accompli… On ne s’y attendait plus du tout, ou pas tout de suite, c’est au choix. Cependant, durant l’arc entier, Goku est en retrait, encore plus que jamais. Malade, convalescent puis enfermé dans la salle de l’esprit et du temps, il n’a définitivement plus le rôle principal. Son rôle est d’ailleurs totalement différent dans cet arc. Depuis son retour sur Terre suite à son voyage dans l’espace de trois années, il nous est revenu bien plus sage. Je me dis souvent que Dragon Ball Super aurait eu beaucoup à gagner à nous présenter ce qui s’était passé durant ce laps de temps plutôt que de se perdre dans ce qu’il est devenu aujourd’hui. Bref… Goku est donc devenu un mentor et une sorte de sage que tout le monde écoute. A cet égard, l’évolution du personnage est passionnante dans cet arc. Il devient même un guide pour Dende, le nouveau Dieu de la Terre. Un rôle qui lui avait été proposé par la Tout Puissant mais qu’il avait refusé à la fin de Dragon Ball. La boucle est bouclée. Gohan, lui, parachèvera son arc narratif et atteindra son objectif en ramenant la paix sur Terre, toujours sans la moindre once de méchanceté. Il surpassera tous ses aînés durant le Cell Game, devenant plus badass que jamais en Super Saiyen 2. Il fera au passage un petit complexe de supériorité coûtant la vie à son père qui de toute façon n’avait plus sa place sur une Terre définitivement devenue trop petite pour lui. L’élève a surpassé le maître, la succession est assurée, clap de fin.

Mais non!!! L’arc Buu (dont il était question au début de l’article, souvenez-vous) arrive avec ses gros sabots. Et dans celui-ci, on va suivre l’arc narratif de… personne. Ou de tout le monde, c’est comme on préfère. En fait, comme Toriyama n’a plus vraiment d’idées, on recommence tout à zéro. On ne peut pas lui en vouloir, il nous a offert un twist formidable avec l’arc Cell en nous faisant croire tout au long de Dragon Ball Z que Goku était encore le personnage principal alors qu’il n’en était rien. Difficile de reproduire  le même tour de force une deuxième fois. Surtout que les lecteurs n’ont jamais vraiment apprécié Gohan jusqu’à son passage en mode Berserker. Donc, que faire pour ce nouvel arc ? Hé bien, Toriyama en a assez et va juste tout rebooter au lieu d’innover. Gohan est à nouveau plus faible que son père, drôlement agaçant et il se fout pas mal des combats, sauf à se prendre pour Spider Man, la gentille araignée du quartier. Goku est de nouveau reparti en quête d’être le plus fort  de tous. Et même Vegeta repart de zéro. Il va s’enfermer de nouveau volontairement dans le rôle du méchant puis faire une seconde rédemption liée à son fils, si belle soit-elle. Et lorsqu’il revient d’entre les morts, on lui colle le même objectif qu’à Goku, à savoir être le plus fort. Par conséquent, à la fin de cet arc, on frôle déjà le ridicule quand nos deux compères Saiyen refusent de fusionner ou de s’allier pour vaincre Buu. Ridicule qu’on atteindra puis dépassera maintes fois dans Super, faute de vouloir renouveler  ce fameux arc narratif. Pourtant, des bonnes idées, il y en avait à la pelle. Continuer la progression de Gohan en tant que héros de cet univers. Passer le relai à Trunks et Goten. Aller voir ce qui se passait dans le futur de Trunks… C’est ce qu’a parfaitement compris Dragon Ball Kakumei, une fanfiction française de grande qualité qui a enfin eu l’intelligence de mettre Goku et Vegeta de côté. On en reparlera.

Reste que cet arc nous a quand même fourni de grands moments inoubliables. Qu’on aime ou pas le principe, les fusions sont devenues cultes et ont été maintes fois copiées ou parodiées depuis. Le Super Saiyen 3 n’a pas fait l’unanimité sur le coup mais avec le recul, c’était autre chose que des cheveux roses, rouges, bleus, gris, gris foncés, violets… Buu est sûrement l’antagoniste le plus tenace et attachant qu’on ai pu voir dans un Shonen à tel point que son lui gentil est toujours là et que son lui méchant s’est réincarné dans un brave type qu’on attend toujours de voir dans Super. Les combats ont toujours la même intensité dramatique et ça frappe vite et fort. Goku VS Vegeta, du vrai bon fan service. La dose d’humour qui avait globalement quitté le navire fait un retour fort appréciable et à dosage bien maîtrisé une fois Great Saiyaman et Hercule hors jeu. Le personnage du vieux Kaio forme avec Goku un duo au top à ce niveau-là.  Et puis, l’anime, dans cet arc, est au summum de sa beauté, jamais réégalé ensuite dans Super. Un comble 15 ans après ! Pour conclure, je dirais que jamais je ne renierai cet arc que je relis avec plaisir à chaque fois. Mais à l’heure de faire de Dragon Ball une prouesse narrative parfaite, mon cerveau se force à l’éluder et à retenir le Cell Game comme fin quasi parfaite.

Dragon Ball… C’EST LA VIE ! (Plus que jamais)

 

Ayorsaint

8 comments

Olivier says:

Quand tu dis que Vegeta revient avec le même objectif que Goku, soit être le plus fort, je ne suis pas vraiment d’accord. En réalité Vegeta veut juste être plus fort que quelqu’un en particulier : Freezer en premier lieu puis Goku. En fait son ambition se résumé à dépasser sons tatut d’éternel second en dépassant celui qui est devant lui. La ou Goku cherche juste à être le plus fort.
Sinon je te rejoins sur beaucoup de choses, l’arc Buu est trop long, sans véritable enjeu et sans réel développement. Je l’apprécie mais il manque quelque chose.

ayorsaint says:

Vouloir être plus fort que Goku qui cherche à être le plus fort c’est quelque part chercher à être le plus fort non ? 😉
C’est toi qui a raison je te taquine. J’ai fait un raccourci mais en tout cas, le résultat est le même et les enjeux ne sont plus foufous ou déjà vus.

Julortk says:

Oui, la fin de Cell était la fin parfaite de ce manga.
Mais j’ai adoré le début de l’arc Buu justement avec ce retour à autre chose que du combat et sortie aussi de la bande.
Videl et Goten aurait pu apporter un nouveau regard. Mais surtout Goku n’aurait jamais dû redevenir le héros du manga. Gohan était là pour ça. Trunks et Goten aussi.
Mais non, le public voulait Végéta et Goku et l’auteur s’y est plié. Ce public qui c’ eut à la fois de la nouveauté mais du fan service ( coucou les fans de Star Wars perdus dans leurs paradoxales envies, le 7 c’est trop un copié coller et le 8 est trop différent ….).
Et au final, ça prt dans tous les sens, sans ligne directrice. La fac, le tournoi, l’autre tournoi, majin Végéta, boubou, bou, super bou, mega bou, giga bou, Hercule, le chien, l’épée, les fusions, les absorptions, les dragons ball et tout ça, très vite. Et du coup, la tension habituelle n’a presque pas le temps de s’installer.

ayorsaint says:

Il y a de la tension mais les enjeux sont trop similaires donc ça ne prend pas comme d’habitude

Ryuzo says:

Le problème dont souffre cet arc, c’est qu’il n’a pas de flèche indiquant une direction claire, nette et précise en terme de trame. Ok je sors.

Plus sérieusement, il prend bien son temps avant de démarrer alors que la mise en place n’a pas besoin d’être allongée comme mon café. Cependant j’ai bien aimé le Great Saiyaman, parodie très bouffonne du super-héros.
Hormis Goku les personnages ont bien évolués, que ce soit Petit-Coeur qui devient coach ou Chichi qui, s’il etaityhors de question pour elle que Gohan étant jeune aille faire la bagarre, souvenez-vous de deux choses. Premièrement dans cet arc elle avait poussé Gohan à s’inscrire au tournoi et à aller s’entraîner, deuxièmement avait pris en main l’entraînement de Goten au point d’en faire un Super Saiyan.
Concernant Vegeta à mon sens, et c’est expliqué dans l’animé, avait pour seule motivation de se venger de Goku, du à un énorme complexe d’infériorité.
Après quoi c’était la course à la puissance, qui avait donné lieu comme tu l’expliques Aurel à des transformations et des fusions. J’adore le SSJ3 et Bejito, et globalement dans cet arc j’ai trouvé l’animation, malgré quelques épisodes encore et toujours sous traités, mieux maîtrisés que dans les arc précédents. J’ai beaucoup aimé l’humour qu’avait mis Toriyama dedans, c’était un ingrédient indispensable.
Et n’oublions pas non plus que sans celui-ci, il n’y aurait pas eu l’excellent film Fusion, avec ce combat d’anthologie entre Goku SSJ3 et Janemba 2.0.

ayorsaint says:

La vision que tu apportes concernant Chichi est fort intéressante. Je ne l’ai pas mise en avant car Chichi a malheureusement toujours été un personnage tiers. On comprend finalement qu’elle a toujours protégé Gohan car elle savait que Goku était là pour protéger la Terre. Celui-ci disparu, la femme d’arts martiaux qu’elle a toujours était avant de devenir la mégère qu’on connaît pour des besoins humoristiques, reprend le dessus. Elle n’hésite alors pas à faire de ses enfants des guerriers protecteurs prenant la relève du papa. Toriyama l’avait compris et Chichi est finalement son reflet dans le miroir du manga. Mais les lecteurs ne l’ont pas voulu ainsi.
Concernant Vegeta, il est vrai que dans l’anime en VF, son passage sous contrôle de Babidi est présenté comme un besoin de vengeance. Dans le manga, on comprend surtout que Vegeta veut dépasser Goku pour se prouver des choses à lui-même mais aussi pour devenir le nouveau protecteur de la Terre et des siens. Tout comme Chichi, il a compris que Goku ne pourrait plus jouer ce rôle indéfiniment…
Merci pour tes éclairages

Si vous ne l’avez pas fait, je vous conseille de visionner sur YouTube le dernier « Sumimasen Turbo » hommage à Akira Toriyama. Greg (ex-joypad, Gamekult, France five et actuel directeur des éditions Kurokawa) y dévoile de nombreux inside concernant le processus de création des différents moments de Dragon Ball, et on comprend mieux pourquoi l’arc Buu est si différent des autres 😉

ayorsaint says:

Merci Larvozor
J’ai écouté l’émission qui est sympa
Je voulais mettre au début de mon article toute cette pression qu’il avait eu de ses éditeurs et même de bandai pour continuer à tout prix. Comme on ne sait pas trop si c’est la légende ou la vérité je ne l’ai pas fait. Mais on peut raisonnablement penser que oui il avait négocié un arrêt et qu’il a été forcé à continuer. Mais il a continué à sa manière avec sa patte à lui. Et on a un peu dans cet arc Buu la synthèse de tout ce qu’à était Dragon Ball dans son ensemble. Pour le pire mais aussi et surtout pour le meilleur.

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