Osamu Tezuka est considéré, à juste titre, comme le père de tous les mangakas. 170000 planches et 700 titres… Des chiffres qui donnent le tournis. Astro le petit robot, Le Roi Léo, Princesse Saphir, Black Jack, pour ne citer que les plus connus. Il s’est attaqué à tous les genres et reste l’inventeur de bon nombre d’entre eux. Mais au-delà de ça, il est surtout l’inventeur d’un style. Les grands yeux si symboliques du manga, c’est lui !!! Et contrairement à une idée assez répandue, ce n’est pas parce que les japonais ont les yeux bridés et que cela les complexe qu’ils ont crée des héros aux grands yeux. Non, non, en réalité, Tezuka est un grand fan de Disney. Il s’est alors inspiré des yeux de Mickey pour ses personnages et cela est assez frappant pour les yeux de Astro. Mais pas seulement les yeux. Si on y regarde de près, les premières planches d’Astro font furieusement penser aux premiers dessins animés en noir et blanc dans lesquels apparaît la célèbre souris, alors même qu’elles sont colorisées (ce qui ne durera pas, faute de temps et qui deviendra aussi une des normes du manga).
Astro Boy va tellement bien fonctionner au Japon qu’il va tenter de s’importer aux Etats-Unis. Tezuka connaissant un certain succès là-bas, tonton Disney va décider qu’il serait de bon ton de boycotter un peu tout ça afin qu’on ne lui fasse pas trop d’ombre. Pour cela, le chantage est simple, si une chaîne diffuse du Tezuka, elle perd ses droits avec Disney. Efficace… Notre ami Tezuka n’est pas rancunier car, lorsqu’en 1994 sort Le Roi Lion, un des plus grand succès Disney à ce jour (et c’est son reboot live qui est sur la première marche), il ne s’offusque pas et n’y voit qu’un simple hommage à son Roi Léo. Or, il faut quand même bien se rendre à l’évidence ou pour le moins accepter qu’il subsiste un gros doute quand à la possibilité de plagiat assez grossier. Les bases du scénario, pour commencer, sont rigoureusement identiques. Léo, Kimba aux states (sic), a perdu son père, est végétarien et a pour guide un singe et un oiseau. Troublant… Pour ne pas dire plus ! Voyez vous-mêmes les images. Quand aux autres designs et situations, rien ne vaut une autre suite de clichés, tout aussi troublants…
Pourtant, Disney va longtemps nier, sans que Tezuka ne s’offusque officiellement. Devant les nombreuses contestations de fans et même de grands noms du petit écran (voir l’extrait de l’épisode des Simpsons ci-après), Disney finira par reconnaître que Hamlet n’a pas été leur seule source d’inspiration et que Le Roi Léo a indéniablement influencé leur long métrage.
Mais finalement, l’essentiel n’est pas là. Nous avons eu droit à un chouette film relatant un voyage initiatique classique avec des musiques et des images géniales d’un côté et un petit chef d’œuvre avec un beau message écologiste de l’autre, avec des humains pas cool en toile de fond (Ghibli et Miyazaki ont aussi eu de quoi s’inspirer, n’est-ce pas…). Bref, tout le monde est content ! Qui se complète s’assemble et se rend plus fort plutôt que de se diviser. Reconnaissons un grand mérite à Tezuka d’avoir vu un hommage de son idole de jeunesse à son œuvre plutôt que d’y voir le côté négatif. C’est un prêté pour un rendu en quelque sorte… De plus, arrivé à ce moment-là de sa vie, il était déjà devenu un mythe au Japon, inspirant, motivant et coachant même parfois les deux générations de mangakas suivantes et par ricochet toutes les générations présentes et à venir. Un mythe était né d’un côté du Pacifique, peu importe ce qui se passait de l’autre côté.
Sans vouloir t’embêter, Ayorsaint, tu sais que les ressemblances entre les 2 œuvres s’arrêtent en fait à quelques design de perso et de décors (et franchement, avoir une histoire qui se déroule en Afrique avec un singe et dans des décors de savane et de rochers, ça paraît assez logique), mais que les 2 histoires n’ont franchement rien à voir, ainsi que les rôles des différents persos, d’ailleurs. MJ « fermez-la » l’explique dans une vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=VrzvBFrMf-w Par exemple, le lion borgne qu’on compare toujours à Scar n’est en fait qu’un adversaire de passage, sans autre lien avec le héros. D’ailleurs, le fait de faire des méchants borgnes était tellement courant à l’époque qu’il sert même de base à la série Judo Boy.
En fait tu ne m’embêtes pas du tout car tu dis dans ton commentaire ce que j’ai dit dans mon article sans jamais me contredire 👍
Mais avais-tu lu mon article avant d’écrire ton commentaire ou t’es-tu contenté de lire uniquement mon titre un peu racoleur ??? 🙏
J’ai bien lu ton article, et c’est justement pour ça que j’ai réagi. Car quand tu dis « qu’il subsiste un gros doute quand à la possibilité de plagiat assez grossier. Les bases du scénario, pour commencer, sont rigoureusement identiques » (au passage, je ne savais pas que Simba était végétarien, puisqu’on le voit se régaler d’insectes juteux), quand tu montres des images hors contexte mais en créant un parallèle et que tu poses que non seulement les design, mais « les situations » sont similaires, alors que ce n’est pas le cas, ou que tu insistes sur les accusations réitérées de plagiat et « l’aveu » final de Disney, il me semble qu’il n’y a pas que ton titre qui soit orienté, même si tu évoques dans le dernier paragraphe certaines différences entre les œuvres. Mais après tout, l’essentiel est que toi comme les lecteurs de l’article soient conscients de ces différences, ce qui est manifestement le cas au vu des commentaires.
Je voulais pourtant être le plus impartial possible mais mes qualités de rédaction étant ce qu’elles sont j’ai manifestement échoué.
Je devrais sûrement m’en tenir à mes papiers habituels, plus ras des pâquerettes.
Merci pour tes commentaires en tout cas.
Ton papier était particulièrement intéressant à lire mon Aurel – en toute impartialité – comme tout ceux que tu rédiges d’ailleurs. Tes connaissances dans le domaine des animés et ta sensibilité concernant les jouets vintage sont remarquables. Lire que tes papiers habituels sont « à raz les pâquerettes » me fait extrêmement de peine. Tu te sous-estimes terriblement. A titre personnel, non seulement c’est un plaisir de collaborer avec toi au sein du magazine mais j’apprends également beaucoup de choses en te lisant. Sans compter l’inspiration que tu génères 🙂
Tu vas te faire écraser par un troupeau de gnous ou te faire tuer par un chasseur si tu continues à dire de telles bêtises!!! Tes capacités rédactionnelles et la qualité de tes articles ne font aucun doute à mes yeux… Mindmaster a fait part de son point de vue et de son ressenti. Grâce à cela, il a enrichi ton article et la discussion autour de ses deux œuvres. Faut pas chercher plus loin que la distance parcourue par une flatulence de phacochère… Hakuna Matata comme dirait l’autre !!
Inspiration très appuyée dans ce cas. Les gens de chez Disney auraient très bien pu éviter de faire mourir le père. Il y manque les humains mais le Roi Lion sera toujours source de polémiques sur ses origines.
J’avais vu le Roi Lion au cinéma à sa sortie. J’avais pris une claque sur cette intro absolument fantastique. Ne peut on pas dire d’ailleurs qu’il s’agit sûrement d’une des meilleures intro de l’histoire du cinéma ?
Oui, j’ai longtemps cru aussi au plagiat face à toutes les preuves. Et je m’en foutais car un plagiat chef-d’œuvre, ça excuse tout. Si en plus ça a permis à pas mal de monde de découvrir Tezuka, que lui reprocher de plus.
Ensuite j’ai lu le Roi Léo, c’est vrai que ça n’a pas grand chose à voir avec le Roi Lion, hormis sûrement comme tu dis quelques idées à droite ou à gauche. Je ne savais même pas que Disney avait reconnu l’influence.
Voilà, à mon sens, la bonne façon d’interpréter toutes ces affaires de « plagiat ».
La nouvelle « version » vaut-elle le détour ? Y a-t-il une plus value ? Dans le cas du Roi Lion, la question ne se pose même pas.
Comme je le disais dans la conclusion de l’article, on a eu deux chefs d’oeuvre, tout le monde est content.
Excellent papier mon Aurel.
Ta production soulève deux réflexions fondamentales à mes yeux : d’abord il est souvent complexe – mais pas toujours – de définir clairement la limite entre l’influence, l’inspiration et la copie. Le domaine musical est très probablement celui qui a été le plus impacté par les accusations de plagiat et certains artistes/groupes sont reliés pour l’éternité à des affaires plus ou moins obscures. Je cite spontanément Katy Perry, Coldplay, Led Zeppelin, The Heartbreakers, Oasis ou encore Nirvana. J’avais d’ailleurs très sommairement abordé cette porosité parfois complexe entre plagiat et inspiration sous couvert d’influence dans le papier qui évoquait le titre musical Battle Point Unlimited.
Ensuite, et je l’ai tellement écrit, je pense indéfectiblement que l’on fait toujours quelque chose à partir d’autre(s) choses(s). Pour reprendre les mots de notre bien-aimé rédacteur en chef, il y a « un environnement propre à chaque création ». Cet environnement peut être réellement polyforme, que ce soit sur le plan stylistique ou encore temporel.
Aussi, la question de fond est finalement celle de l’humilité additionnée quelque fois à un soupçon de financier. Il est bien souvent difficile pour l’âme humaine de citer/honorer/rendre hommage lorsqu’une configuration apporte le succès. Il faut nécessairement que celui-ci soit une propriété absolue et indivisible. A titre personnel, je ne manque pas une occasion lorsque j’écris, que ce soit autour de thèmes musicaux ou bien concernant les jouets vintage, de citer, honorer et dédier. C’est une manière quotidienne de faire perdurer l’esprit de celles et ceux qui ont œuvré – toujours avec passion et implication – dans un domaine. Et puis bien au-delà de la démarche honorifique, la reconnaissance est résolument un moyen de fédérer, de ramifier et d’ouvrir possiblement un avenir collectif/collaboratif. Ce n’est pas rien à notre époque.
Deux évidences toujours bonnes à rappeler dans ton commentaire à la pertinence ciselée.
D’abord le côté financier de l’affaire. A n’en pas douter, celui qui attaque pour plagiat n’a pas qu’une volonté philosophique ou éthique en tête, il était bon de le rappeler.
Ensuite, qui peut se targuer d’avoir créé à partir de rien ? Même les plus grands génies ont forcément des références au moment où ils accouchent d’un miracle ou d’une révolution.
Copier, s’inspirer et être influencé, c’est l’histoire de la vie, un cycle éternel comme les samouraïs.
C’est un super papier que tu as rédigé Aurélien, ce qui permettra de replacer l’église au milieu du village.
Mon but premier était bien celui-ci Jérôme. Remettre les choses en perspective et à leur vraie place. Pas de parti pris ni dans un sens ni dans l’autre. Chacun s’est nourri des idées de l’autre. J’ai presque envie de voir ça comme une collaboration tiens.
Le grand vainqueur, finalement, c’est le public. Alors pourquoi ce même public s’entre déchire sur des forums ou des réseaux sociaux pour ce genre de débat ? Quel intérêt de savoir lequel est le meilleur ou le premier du moment que tout est bon ?