Certaines gammes de jouets dont la temporalité d’existence a été le cœur de la décennie 80 constituent un intérêt majeur à mes yeux depuis plusieurs années. Selon une sensibilité strictement subjective, les Power Lords, les SilverHawks, les Visionaries, les Sectaurs ou encore les Rock Lords sont autant – si ce n’est davantage – stimulants que d’autres licences aux notoriétés très marquées.
Je pense que cette orientation personnelle peut s’expliquer par deux phénomènes : d’abord les références précédemment citées n’ont engagé que peu d’intérêt auprès des courants mainstream actuels comme passés. Une certaine aura de discrétion garantie possiblement moins de dérives, qu’elles soient tarifaires, modernistes ou encore informatives.
Ensuite il reste bien des choses à dire/écrire, toujours concernant ces gammes de jouets vintage que j’ai évoquées. Cette perspective est particulièrement enthousiasmante et finalement ce qui reste underground est possiblement préservé des excès avec cependant un prix à payer, celui d’interactions parfois extrêmement réduites.
Cette ostracisation n’est pas si grave, il faut savoir se satisfaire du peu, surtout lorsque celui-ci est pleinement qualitatif. À titre personnel, je ne manque pas une occasion d’évoquer les Rock Lords. Ces robots de pierre sont fascinants et les périodes préparatoires qui les accompagnent sont autant de zones d’ombre qu’il est passionnant de parcourir en vue d’un éventuel éclaircissement.
Aussi j’ai choisi d’aborder aujourd’hui le Rock Lord Stoneheart selon le prisme analytique et promotionnel. La désormais traditionnelle étude de style mettra en lumière une influence conceptuelle majeure ainsi que les particularités du robot de pierre.
Parallèlement, j’évoquerai spécifiquement la boite fenêtre européenne Bandai de Stoneheart à travers un exemplaire scellé slipfresh qui illustrera cette production. Bonne lecture à tous.
Contextualisation du marché Hexagonal
Quelques mots très concis afin de réintégrer la licence Rock Lords au sein de la distribution française. Les années Hexagonales 1986 et 1987 ont connu les sorties officielles des différentes séquences concernant les robots de pierre.
Je place la licence Rock Lords dans cette catégorie des jouets vintage dont la popularité a été notable – en l’occurrence en France – sans pour autant qu’un succès économique majeur n’en découle. Les Visionaries s’inscrivent dans ce cas de figure à l’instar des Anim’oeufs si on prend en considération une temporalité globalement équivalente, c’est-à-dire la seconde moitié de la décennie 80.
La première série de jouets Rock Lords a été distribuée dès 1986 sur le sol français en deux temps selon une répartition constituée d’un double assortiment. C’est précisément dans le second que l’on retrouvera le robot de pierre Stoneheart aux côtés d’autres modèles anthologiques comme Slimestone et Brimstone.
De manière globale, les Rock Lords c’est une absence de support animé dédié, une association promotionnelle à la licence des Gobots (Robo Machine – Machine Men) – notamment à travers le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords et les boites fenêtre Bandai européennes/australiennes – ainsi qu’une figuration dans le dessin animé Bleu, l’Enfant de la Terre.
Selon une sensibilité personnelle, j’associe les robots de pierre aux petites boutiques de jouets locales que nous avons connues en France dans les années 80. Une distribution qui s’étendait bien souvent à des points de vente comme les marchands de journaux, les bazars ainsi que les solderies.
Ce second circuit de commercialisation est souvent – mais pas toujours – un signal qui rappelle le succès mitigé d’une gamme de jouets.
Design et promotion de Stoneheart
Je souhaiterais évoquer trois supports promotionnels incluant Stoneheart parmi tous ceux qui existent. Selon la configuration publicitaire, le design de notre robot de pierre sera différent. La première ressource que je voudrais exploiter est le film d’animation précédemment évoqué, Gobots : Battle of the Rock Lords, diffusé aux Etats-Unis en 1986.
Pour rappel, cette œuvre n’a pas été traduite et distribuée en France. Stoneheart sera visible dans ce portage filmique animé à travers un design qui évoque assez fidèlement la déclinaison plastique proposée dans les magasins, à un détail près : la chromatique générale du personnage à l’écran sera grise par opposition au jouet ou encore à d’autres supports promotionnels.
D’ailleurs si l’on examine le premier mini-comics Rock Lords fourni avec la mouture initiale de jouets aux Etats-Unis – laquelle a été distribuée par Tonka – on pourra observer un Stoneheart dont le code couleur sera encore une fois différent de la déclinaison plastique commercialisée.
La petite BD intitulée Powerful Living Rocks Face a Deadly New Peril illustrera notre Rock Lord dans un coloris verdâtre avec cette fois-ci un design moins proche du jouet proposé à la vente. Effectivement, la nageoire dorsale caractéristique du robot de pierre semble être absente, les mains ne sont pas surdimensionnées et le visage est différent sur le plan esthétique comme chromatique.
Cette version papier de Stoneheart, spécifiquement à travers sa teinte, m’évoque le sample du robot de pierre illustré sans arme sur les catalogues promotionnels Bandai et Tonka de 1986 (visuel ci-dessous pour les U.S). Le sculpt diffère plus ou moins ostensiblement selon les zones vis-à-vis du modèle commercialisé.
Les yeux sont également teintés en jaune et la couleur générale de ce Stoneheart transitionnel présente des marbrures dans un vert brossé plutôt marécageux. De manière anecdotique et sur le plan nominatif, on soulignera spécifiquement pour l’édition Tonka du catalogue promotionnel de 1986 la variation orthographique Stone Heart.
Il faudra de nouveau se tourner vers les catalogues promotionnels Bandai et Tonka, mais cette fois de 1987, pour observer notre Rock Lord (présenté avec son arme) dans une déclinaison identique à celle que nous avons connue dans les points de vente.
Derniers éléments intéressants, toujours en lien avec la dimension publicitaire de la licence Rock Lords. Lorsqu’on examine attentivement le catalogue promotionnel Bandai de 1987, la version de Stoneheart illustrée (prélèvement ci-dessous) est accompagnée d’une référence nominative comportant une coquille à travers notamment l’omission d’un « e » : Stonheart.
Mais c’est sans compter les mains ainsi que les épaules du robot de pierre qui n’ont pas été déployées à l’occasion de la photographie. D’autre part, les deux Stoneheart mis en scène sur le visuel – précisément en mode robot et rocher – n’affichent pas la même teinte générale. Plusieurs explications pourraient justifier ce différentiel chromatique.
Les « imperfections » énumérées précédemment sont à mettre en correspondance avec d’autres particularités, toujours issues du catalogue promotionnel Bandai de 1987 : Marbles sera présenté sans son arme au sein du même assortiment que Stoneheart, en l’occurrence le second. Magmar, quant à lui, tiendra sa massue à l’envers selon le premier assortiment.
Voilà une somme notable de détails – si j’ose dire – qui traduisent une certaine méconnaissance, et même un manque de soin, concernant l’exposition promotionnelle de la gamme de jouets Rock Lords.
Etude de style et influence
Le design de Stoneheart ne laisse pas insensible. À mi-chemin entre la créature aquatique et le monstre géologique, notre robot de pierre est l’incarnation possible d’un certain atypisme indissociable de la licence Rock Lords.
Si l’on veut comprendre et surtout identifier le design si particulier de Stoneheart, il faut s’orienter vers le pays du soleil levant. En effet, les Rock Lords sont nés au Japon (licence déposée officiellement en 1985) et furent initialement nommés Ganseki Chōjin, soit les Rock Supermen selon une traduction possible.
Stoneheart a été initialement baptisé Amazonrock lors de sa conceptualisation nippone. La référence nominative Amazon est précisément une évocation d’un film, Dai Amazon no Hangyojin, que l’on peut traduire en Fishman – ou Merman – from the Great Amazon.
Ce titre, tel que je vous le présente nominativement, n’est pas nécessairement très évocateur dans nos contrées européennes. Pourtant nous connaissons parfaitement l’œuvre cinématographique qu’il cache, à savoir Creature from the black lagoon ou en français, L’Etrange créature du lac noir.
Ce film horrifique d’origine américaine diffusé dans les salles dès 1954 est une production de William Alland avec à la réalisation Jack Arnold. Le pitch est un premier élément à mettre en perspective avec Stoneheart et plus globalement la licence Rock Lords :
« Dans les années 50, une expédition géologique en Amazonie a permis de découvrir la preuve fossilisée, en l’occurrence une main squelettique palmée, illustrant le fait qu’il existe un lien majeur entre la dimension terrestre de notre humanité et les animaux marins.
Une équipe de quatre scientifiques va alors entreprendre de se rendre en Amazonie afin de poursuivre les recherches. Celles-ci les confronteront à une découverte inattendue : la présence d’une créature aquatique préhistorique vivant dans un lagon ».
L’apparence du monstre (Gill-Man en V.O. soit littéralement l’homme-branchie) ainsi que son costume ont été imaginés par Milicent Patrick, une designer spécialisée dans les effets spéciaux, le maquillage, qui a également embrassé une petite carrière d’actrice.
La morphologie de sa créature nous évoque assez spontanément Stoneheart, essentiellement lorsqu’on examine la partie buccale ainsi que les zones latérales de la tête (suggérant des branchies externes). La forme longitudinale de celle-ci est également un élément stylistique à mettre en correspondance avec notre Rock Lord.
De manière plus chirurgicale, je dirais que la créature du lac noir c’est trois grands axes anatomiques que l’on va retrouver sur la déclinaison plastique de Stoneheart. D’abord et comme vu précédemment, une tête spécifique aux particularités immédiatement reconnaissables.
Ensuite il faut souligner la taille des mains du monstre aquatique créé par Milicent Patrick, en l’occurrence surdimensionnées, palmées mais surtout dotées de griffes significatives. Enfin, la créature du lac noir présente un long appendice dorsal à mi-chemin entre l’arrête et la nageoire.
Tous ces éléments constitutifs sont à mettre en correspondance avec le design de Stoneheart selon sa déclinaison plastique. Plus globalement, le Japon est le pays des Kaijū et les années 50 ont constitué le fondement d’un style cinématographique typiquement nippon mettant en scène des forces de la nature monstrueuses face auxquelles les hommes se trouvent impuissants.
Cette sensibilité culturelle propre au Japon, lorsqu’on la place en symétrie avec l’œuvre cinématographique Creature from the black lagoon, a possiblement orienté la période conceptuelle de Stoneheart selon ses origines nippones.
En dernière instance, il me semble capital – sur le plan chromatique – de mettre en analogie le vert du portage colorisée concernant la créature du lac noir avec le sample de Stoneheart évoqué dans la partie promotionnelle de cette production, lequel est antérieur au jouet commercialisé.
La boite fenêtre européenne Bandai
Les conditionnements Bandai que nous avons connus en France concernant les Rock Lords régulars ont un charme fou. Ces boites fenêtre, offrant un style de packaging véritablement hybridé, s’inscrivent dans la dimension atypique une nouvelle fois indissociable de la licence des robots de pierre.
Le packaging Bandai de Stoneheart – que nous avons eu la chance de découvrir dans l’Hexagone au cours de l’année 1986, précisément dans le second assortiment commercialisé – affiche une grande languette qui met parfaitement en lumière un très grand logo Rock Lords. La charte graphique inclut un code couleur typique, en l’occurrence le vert pour les forces maléfiques.
Sur le plan textuel, la scission des factions antagonistes matérialisée par les termes « méchants » et « bons » illustre une certaine candeur intimement liée à l’enfance mais également un background plus que simpliste. Ce point précis est à mettre en symétrie avec l’absence de dessin animé officiel estampillé Rock Lords.
En contrepartie, la présence des logos Gobots et Machine Robo sur la boite fenêtre Bandai de Stoneheart apporte une notoriété sensée soutenir les ventes. Mais c’est sans compter le maigre pitch présent au dos du conditionnement, lequel a été rédigé sur un fond jaune qui capte tout de même l’attention.
Le texte est clairement désertique sur le plan informatif malgré le fait que la planète Quartex soit mentionnée. Une configuration qui rejoint cette idée d’un background promotionnel dédié manquant de teneur ainsi que de visibilité.
Sur le plan esthétique, la boite fenêtre Bandai de Stoneheart comporte plusieurs éléments séduisants. D’abord des bandeaux illustratifs à l’aspect crayonné qui détaillent la transformation du robot de pierre contenu dans le packaging.
Cette particularité propre à de nombreux conditionnements de jouets vintage, en l’occurrence très « handmade », contribue pleinement au charme de ces derniers. L’arme de Stoneheart, également illustrée sur la boite fenêtre selon ce style « fait main », s’inscrit pleinement dans ces artworks à la dimension travaillée, soignée.
Le dos de la boite fenêtre Bandai illustre de manière promotionnelle les deux premiers assortiments de Rock Lords regulars (ainsi que les Narlies et les Rockasaurs). Le visuel en forme de mosaïque (présent également dans les mini-dépliants publicitaires européens) est exactement celui qui sera repris dans le catalogue Bandai de 1987, mais sans la coquille concernant le dénominatif Stoneheart.
Les Rock Lords mis en scène de manière assez sommaire ont été photographiés. Un style qui s’oppose aux illustrations crayonnées évoquées précédemment et qui annonce une tendance à venir : la diminution de l’utilisation des artworks réalisés à la main pour illustrer les packagings des gammes de jouets.
Selon cette idée, la licence S.O.S Fantômes par Kenner est un autre exemple possible appartenant sensiblement à la même temporalité. Je pense spontanément aux blisters des Cache Démons que nous avons connus en France dès 1988.
De manière globale, la thématique géologique est présente avec pertinence sur les boites fenêtre Rock Lords. En ce sens, j’attire votre attention – toujours au dos du conditionnement Bandai de Stoneheart – concernant le visuel illustrant un grand espace minéral avec le logo des seigneurs de la roche.
La montagne située à gauche comporte en son sommet une tête directement sculptée dans la roche. C’est une évocation, en filigrane, du playset Stonehead Mountain qui ne sera jamais produit à grande échelle et commercialisé. Illustré dans le catalogue Tonka de 1986, on relèvera sur le visuel promotionnel la présence du sample de Stoneheart avec sa teinte verdâtre marécageuse caractéristique (ci-dessous à gauche).
Afin d’établir une comparaison esthétique, je joins un prélèvement effectué dans le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords de 1986 illustrant la version à l’écran du Stonehead Mountain, le repaire de Magmar et ses acolytes.
Parallèlement, il est intéressant de relever la cohérence scénaristique qui ressort sur le visuel promotionnel du Stonehead Mountain, toujours à travers le catalogue Tonka de 1986. En effet, le playset est entouré de Rock Lords regulars « méchants » (de nouveau non armés) ainsi que du Rockasaur Terra-Roc.
Seul le Narlie baptisé Narlihog (arborant une fourrure noire) pourrait faire exception sur le visuel car il est défini comme « good » selon le cardback Tonka. Mais c’est sans compter cette capacité qu’ont les « bons » Narlies à basculer facilement du côté des forces maléfiques.
Le design du playset Stonehead Mountain évoluera avec une influence stylistique sous-jacente – déjà présente à travers la dimension crânienne – qui proviendra d’une autre œuvre des années 80 : la licence des Maîtres de l’Univers. Le catalogue Bandai de 1987 présentera la nouvelle version du Rocher/Montagne (traduction française officielle) sensée être commercialisée (prélèvement ci-dessous).
La configuration d’ouverture/fermeture ainsi que les fonctionnalités, je cite, « prison, trappe secrète, treuil et pièges », soulignent davantage la filiation avec la quasi totalité des playsets de la gamme Maîtres de l’Univers appartenant à la décennie 80. Je pense spontanément au Château des Ombres, au Château Maléfique ainsi qu’au Rocher de la Peur.
Par ailleurs, la version de Stoneheart présente sur le visuel promotionnel est bien celle que nous avons connue dans les points de vente Hexagonaux. Enfin, la cohérence scénaristique évoquée précédemment semble avoir disparue avec cette nouvelle mise en scène relative au catalogue Bandai de 1987.
Le playset Rocher/Montagne renvoie à une identité davantage neutre/collective avec en parallèle une fonctionnalité très proche de la mallette de transport. On notera, toujours dans la coupure ci-dessous, que Magmar tient encore sa massue à l’envers !
Dernière remarque concernant le Stonehead Mountain. Le design initial visible dans le catalogue américain de 1986 renvoie clairement au support animé Gobots : Battle of the Rock Lords, notamment à travers les marches situées sur les parties latérales de l’édifice. La seconde mouture du playset dévoilée en 1987 évoquera davantage l’illustration générique des packagings U.S. Tonka.
En effet, la tête du Rocher/Montagne affiche une esthétique qui rappelle ostensiblement le visuel magmatique propre aux conditionnements américains des jouets Rock Lords.
Stoneheart, un cœur de pierre
La déclinaison plastique de Stoneheart compte parmi mes favorites dans la gamme des Rock Lords. J’ai d’abord été séduit par un robot de pierre au rendu massif avec une taille notable vis-à-vis de ses congénères géologiques.
L’influence conceptuelle relative à la créature aquatique de Milicent Patrick apparait clairement dans le design de Stoneheart. La partie buccale est significative et teintée d’un rouge vif, les stries sur les parties latérales de la tête évoquent des branchies externes, la nageoire dorsale est bien présente et les mains du robot de pierre sont imposantes.
On regrettera cependant sur celles-ci les axes en métal visibles tout en appréciant les griffes peintes en gris argenté. D’autre part, la transformation de Stoneheart est très intuitive – une particularité propre à la gamme des Rock Lords – avec une forme en mode rocher plutôt homogène.
Quelques mots concernant la nageoire dorsale qui affiche des proportions très marquées. On aurait préféré que celle-ci soit davantage affinée, moins épaisse. Deux trous disgracieux sont observables dans la structure même de cette partie de Stoneheart afin d’insérer de la visserie. Le positionnement de ces orifices dans le dos du robot de pierre les rendent finalement assez discrets.
Il me semble nécessaire de souligner le travail de sculpture concernant la nageoire dorsale, laquelle bénéficie de stries et autres reliefs sinueux évoquant avec pertinence la thématique animale aquatique. D’autre part, Stoneheart, selon sa Collector Card U.S, est associé à l’ardoise. Au-delà de la correspondance chromatique, il est possible d’établir un lien avec les propriétés imperméables de cette roche métamorphique.
C’est-à-dire une résistance à l’eau que l’on peut mettre en analogie avec le design aquatique de Stoneheart.
Pour autant, les spécificités d’Amazonrock renseignées dans le mini-catalogue japonais fourni notamment avec le second assortiment des Rock Lords regulars, indiqueront que le robot de pierre est constitué de malachite.
Ce rapprochement nippon spécifique avec une autre roche est probablement corrélé avec la teinte plutôt verte et caractéristique des illustrations crayonnées Bandai Japan d’Amazonrock.
Ceci dit, la déclinaison nippone de Stoneheart sera véritablement bleutée. En France, comme aux Etats-Unis, le robot de pierre apparaitra plutôt dans une teinte à mi-chemin entre le vert et le bleu. Une chromatique qui sera véritablement sublimée par le blanc de l’insert thermo-moulé typique des boites fenêtre Bandai européennes et australiennes.
Stoneheart sera fourni avec une arme baptisée – par nos homologues d’outre-Atlantique – le Slam Ray. Au-delà de l’évocation nominative qui renvoie à un animal marin, précisément la raie, le design pour le moins atypique de cet accessoire martial pourrait suggérer un harpon (pointe avec barbelures). L’origine nominative japonaise du Slam Ray s’était clairement orientée dans cette direction à travers la désignation Death Harpoon.
Parallèlement, il faut mentionner la partie du Slam Ray opposée à la pointe qui évoque la zone sphérique d’une masse d’arme. Une caractéristique à mettre en symétrie avec le profil brutal de Stoneheart.
Et justement, notre Rock Lord n’est pas du genre à faire dans la demi-mesure. Toujours selon la Collector Card U.S, Stoneheart est présenté comme le plus cruel des Rock Lords « méchants », lequel prend un certain plaisir à provoquer ses adversaires avant de les battre. Il est également précisé que notre Rock Lord est imprévisible tout en étant très agressif au combat.
Stoneheart est aussi dépeint dans la Collector Card américaine comme un être qui privilégiera ses intérêts personnels avant ceux de Magmar. Par ailleurs, le profil belliqueux évoqué précédemment est aussi mis en scène dans le mini-comics Powerful Living Rocks Face a Deadly New Peril.
D’autre part, et toujours sur la Collector Card U.S, il faut souligner la présence d’un autre sample de Stoneheart (sans arme). Ce dernier est davantage bleuté que celui illustré sur les catalogues Bandai et Tonka de 1986, avec des zones oculaires comme buccales affichant du jaune ainsi que du rouge.
Le profil agressif de Stoneheart et son caractère belliqueux apparaissent également dans le bandeau illustratif du cardback Tonka. Notre robot de pierre affiche un plaisir non dissimulé lorsqu’il s’agit de partir au combat. Etre en première ligne ne semble pas particulièrement l’inquiéter, bien au contraire.
Il est intéressant de relever que le design de Stoneheart visible dans ces quatre cases à la manière d’une BD est celui que l’on retrouve dans le mini-comics Powerful Living Rocks Face a Deadly New Peril.
De manière plus analytique, on peut relier la froideur de l’ardoise à Stoneheart. Une particularité soulignée par la traduction nominative Cœur de Pierre. Cette translation littérale sera d’ailleurs utilisée pour le marché canadien.
Parallèlement, la dangerosité de Stoneheart est parfaitement retranscrite dans le sculpt du visage – notamment en ce qui concerne la zone oculaire – ainsi qu’à travers la « dentition » acérée de la partie buccale. On parle dans le langage ichtyologique de « bouche terminale ».
Avant de conclure, je souhaiterais confronter la déclinaison plastique de Stoneheart à deux autres Rock Lords appartenant à la faction des « méchants ». La première symétrie que je vous propose inclut Magmar.
Il est intéressant d’opposer – sur le plan élémentaire – l’eau indissociable de Stoneheart avec la dimension magmatique du leader des robots de pierre maléfiques. Un antagonisme feu/eau et même chaud/froid en ressort puisqu’une des compétences martiales de notre Rock Lord au cœur de pierre est précisément de générer une froideur intense.
Ceci dit, une autre confrontation pourrait fonctionner davantage, en l’occurrence celle qui impliquerait Brimstone. Cet autre « henchman » de Magmar, au profil de brute épaisse, a la capacité de cracher du feu. Mais c’est sans compter la roche qui le détermine, précisément le sulfure soit l’oxyde de souffre.
Par extension, la formule soufrée incluant deux atomes d’oxygène dans sa molécule, autrement dit le dioxyde de souffre, présente la particularité d’altérer l’ardoise. Voilà de nouveaux antagonismes stylistiques qui mettent clairement en opposition Stoneheart et Brimstone.
Mais il ne faut pas oublier d’évoquer les chromatiques respectives de nos deux seigneurs de la roche : un vert bleuté dont la froideur entre littéralement en conflit avec la chaleur du rouge.
Epilogue
Evoquer la licence des Rock Lords constitue un plaisir véritablement immense. Les seigneurs de la roche tout comme les Power Lords – d’autres seigneurs extra-atmosphériques – me fascinent. Selon une sensibilité personnelle, Stoneheart fait partie de ces robots de pierre iconiques dont le design ne peut laisser indifférent. Atypique, aquatique, surprenant, original, voilà autant de vocables qui détermineraient possiblement notre Rock Lord au cœur de pierre.
Beaucoup d’éléments concernant Stoneheart restent à évoquer, notamment en termes de promotion, et sur lesquels je reviendrai. Pour autant, il faut préciser que l’hypothétique version noire de Stoneheart sensée provenir du catalogue Tonka de 1986 est inexistante. Elle n’est que le résultat d’un visuel retravaillé qui a altéré la chromatique initiale du sample, en l’occurrence le vert marbré marécageux.
D’autre part, Stoneheart sera également visible à l’écran dans le DA Machine Robo Kronos no Daigyakushû – rebaptisé pour l’Hexagone La Revanche des Gobots – et diffusé sur TF1 dès le printemps 1987. N’étant pas du tout un initié des supports animés en général, je laisse – aux amateurs de DA – le soin de découvrir cette version de notre Rock Lord au cœur de pierre.
Selon un ressenti strictement subjectif, je considère qu’une certaine féminité se dégage du design de Stoneheart (une sensibilité à corréler potentiellement avec la zone buccale). L’A.D.N conceptuel de l’artiste Milicent Patrick y est probablement pour quelque chose. Par ailleurs, sa créature aquatique avait été déclinée en action figures par Remco en 1979 ainsi qu’en 1980 sous deux formats différents.
En dernière instance, je dirais que Stoneheart est une synthèse stylistique qui inclut plusieurs temporalités. L’hybridation des années 50 et 80 a fait naître une nouvelle vision de la créature du lac noir. Comme quoi, la thématique géologique – minérale comme fossile – est une source d’inspiration qui a aussi trouvé sa place dans la culture populaire.
J’espère que ce moment de lecture vintage aura été agréable. Rendez-vous d’ici peu afin de (re)découvrir ensemble d’autres jouets appartenant à la décennie 80. Merci à tous pour vos lectures.
Cette petite production est dédiée à tous les amateurs de Rock Lords et plus particulièrement à Stef de Flashback, Greg de ToyzMag, Fabrice alias Fabbouboune, Philippe alias Sciduclub27, Pascal alias KissFan, Dido, Tyler, Seb Ulba, Likmus, Benjamin F et FurySanctuary.
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Quel travail encore ! Merci pour cet article qui m’a procuré un grand plaisir de lecture.
J’adore toujours autant l’approche que tu utilises dans tes rédactions, en particulier pour cette gamme de jouets.
Mici 😬 aussi pour la dédicace.
P.S : Stoneheart est juste un pilier dans cette gamme et l’un de mes préférés 😉
Merci Fabrice pour ton message et ta présence ! 🙂
Je me doutais que la thématique des Rock Lords ne te laisserait pas insensible. Et puis lorsque j’écris autour de la gamme des seigneurs de la roche, j’ai systématiquement une pensée pour toi. Avec les Gobots, les Rock Lords font partie de ces licences des années 80 qui ont rendu possible notre rapprochement.
Je suis toujours très heureux de lire que ma manière d’appréhender les jouets de la décennie 80 ne laisse pas indifférent le lectorat. Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, je pense que tout reste à faire concernant les déclinaisons plastique de notre enfance, particulièrement pour des licences de « second plan » je dirais, à l’image de celle des Rock Lords. Ces dernières semaines, j’ai pris beaucoup de notes concernant les seigneurs de la roche tout en ressortant mes anciennes rédactions. Il est très complexe d’obtenir des informations comme des documents conceptuels évoquant la gamme des Rock Lords. Aussi j’archive méticuleusement tout ce que je peux trouver tout en triant précautionneusement mes récoltes.
En effet, beaucoup d’éléments présents sur la toile depuis plusieurs années concernant les seigneurs de la roche doivent être mis à jour. Les nouvelles informations complémentaires apparaissant très souvent au compte-gouttes, ce que l’on a écrit ou supposé des années en arrière nécessite parfois d’être ajusté.
Enfin je te rejoins sur l’idée qui consiste à placer Stoneheart dans la catégorie des robots de pierre incontournables. Selon une sensibilité subjective commune, il l’est clairement à mes yeux au même titre qu’un Sticks ‘n Stones, un Tombstone, une Sabrestone ou un Slimestone.
Merci de nouveau Fabrice pour ton intervention 🙂
Salut Nicko, les liens entre Stoneheart et la Créature du lac noir m’ont scotché. Très belle analyse générale. Je crois qu’un jour on devrait justement parler des imperfections/variations des représentations des jouets dans les catalogues et supports promotionnels. Certaines sont clairement explicables et dues à des modifications de l’histoire en cours de route, mais d’autres traduisent sans conteste une méconnaissance du produit de la part des personnes à qui l’on a confié la tâche.
Merci mon Ju pour ton retour favorable 🙂
Cette créature du lac noir a vraiment imprégné la culture populaire. Pas plus tard qu’hier soir je jouais à Darkstalkers premier du nom sur borne d’arcade et le personnage Rikuo est un autre lien possible avec le monstre imaginé par Milicent Patrick. Les références dans la pop culture doivent être encore nombreuses.
Le sujet que tu proposes Ju est stimulant mais il demandera un séquençage des gammes par années, périodes ou même factions/personnages sur le plan scénaristique. Les variations de nos jouets d’enfance présentes dans les supports promotionnels sont tellement conséquentes et même insoupçonnées. Il existe bien des ressources dont nous n’avons pas encore connaissance. Quant aux justifications concernant toutes ces variations, elles sont également plurielles même si elles ont des troncs communs explicatifs d’une gamme vintage à l’autre.
Je rajoute donc ton enthousiasmante suggestion à la longue liste de ce que j’aimerais produire pour le magazine avec un plaisir non dissimulé, surtout si celle-ci engage une éventuelle collaboration 🙂
Encore un article top qualité par monsieur Nicko.
J’essaie de découvrir des failles mais je n’en trouve pas.
Je l’aurai un jour ! Je l’aurai ! 😛
Bon, alors plusieurs choses :
Il n’y a donc pas eu de dessin animé Rock Lords alors 🙁 Bien dommage ça.
Le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords dont tu fais mention, est-il visible quelque part ?
Pour en venir à Stoneheart, je suis d’accord avec toi : au niveau de la tête, il a quelques ressemblances avec L’Etrange créature du lac noir. Bien vu ! Et petite parenthèse : ton passage sur Creature from the black lagoon m’a fait penser au film The Shape of Water 😛
Tout comme toi, j’aime beaucoup l’aspect chromatique de ce personnage. Je le trouve particulièrement réussi. Et c’est étonnant ces histoires de variantes de couleurs (bleu qui tire vers le violet pour la version Japon alors qu’en Europe il tire plus vers le bleu-vert effectivement).
Intéressant également ce Stonehead Mountain. Je ne connaissais pas. Dommage que ce jouet ne fut pas commercialisé. Il avait de la gueule ce playset je trouve ! 🙂
Oui j’ai bien ressenti à travers ton article toute ta passion pour cette gamme de jouet. Comme à chaque fois, tes illustrations sont de grande qualité. Et ça donne vie et couleurs à tes articles.
Merci cher Nicko de nous faire (re)découvrir les Rock Lords.
Tu sais, je connais très mal cette gamme. A part Flamestone et Spike Stone que nous avions eu pour un Noel avec mon frère, je suis un peu largué sur les Rock Lords. Alors tes articles m’aident à élargir mes connaissances. Et c’est donc toujours un réel plaisir de découvrir des détails par-ci par-là ainsi que tes analyses, ton ressenti, ta passion et ton expertise !
Merci beaucoup Benjamin pour ta présence et ton intervention 🙂
Je suis très heureux de savoir que ma petite production a éclairé davantage la vision que tu avais des jouets Rock Lords. Je pense fondamentalement que cette gamme est sous-estimée et qu’elle manque cruellement de mise en lumière. Bon, ce n’est pas une thématique vendeuse, si j’ose dire, et on préfèrera au quotidien sur la toile parler de grandes licences très plébiscitées. Un « réflexe » qui n’est pas le mien même si j’évoque très régulièrement dans le magazine les héros sans frontières.
Le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords est disponible sur You Tube avec cependant des conditions de visionnage largement perfectibles. Mais c’est déjà ça et je t’invite Benjamin à te faire un avis concernant cette œuvre. Par ailleurs, je te remercie d’avoir cité le film The Shape of water/La Forme de l’eau que je ne connaissais pas. Je ne manquerai pas de le visionner.
D’autre part, j’envisage d’évoquer le triptyque des Jewels très bientôt dans le magazine. Ces Rock Lords translucides sont très intéressants. Enfin je te remercie beaucoup Benjamin pour tes appréciations favorables concernant mes travaux. Je tiens à préciser que je ne suis expert en rien, que je découvre au fil du temps beaucoup de choses concernant nos jouets d’enfance et que je considère l’analyse comme une approche mais sûrement pas comme une étiquette savante.
Merci de nouveau Benjamin pour ton message 🙂
Ça me fait peur… Nicko, toi et moi, est-on connecté par quelque mysticisme que ce soit ?… Le 24 mars, j’ai publié sur Eternia Antique des photos de mes dernières acquisitions… dont l’Étrange Créature du Lac Noir appartenant à la gamme Monster Force de Playmates (gamme dont j’ai découverte le nom grâce à cet article de Jouck : http://lagazettedujouetvintage.eklablog.fr/des-monstres-universels-kenner-1989-a118971850 ) ! Sic ! La filiation entre Stoneheart et ce monstre classique du studio Universal est palpable en effet. Enfant, j’ai eu ce robot de pierre. Je l’ai adoré. Dans mes scenarii de jeu, j’en faisais le leader maléfique. Amusant qu’il existe un sample de couleur verte. Stoneheart a connu une trajectoire à la Océanor : Un Génie du Mal proposé sous teinte bleue ou verte selon les visuels … teinte verte qui s’est même concrétisée via des productions malaysiennes, taiwanaises ou espagnoles.
Concernant mon exemplaire d’enfance de Stoneheart, je me souviens d’un regret, que les articulations des bras et des jambes devenaient lâches à l’usage. J’avais des difficultés à le faire tenir debout. Après, les erreurs dans les supports promotionnels ne me dérangent pas tellement… Elles appartiennent à l’Histoire. Il y avait parfois de sacrées gaffes, les plus notables relevant souvent des catalogues des magasins, avec parfois des gammes carrément mal orthographiées. Je pense spontanément au catalogue Horizon Service de 1995 dans lequel les références Skeleton Warriors deviennent « Skelleton » ou « Skelletor » !
Merci en tout cas Nicko pour l’article lu avec plaisir.
N’aie aucune crainte Pascal lol, je crois simplement que nous nous intéressons tous les deux à une période précise concernant les jouets vintage et que nous avons un certain attrait commun pour les créatures déclinées en action figures 😀
Aussi ce n’est pas si surprenant que nos sensibilités se croisent et se recroisent. J’irai consulter ton topic avec intérêt et je suis très heureux de savoir que La Gazette du Jouet Vintage apporte encore des pistes intéressantes concernant la (re)découverte de nos jouets vintage. Participer au blog de Jouck a été une aventure particulièrement stimulante.
Ton lien avec Océanor est très pertinent Pascal. J’ai eu également une pensée pour notre Souverain des Mers en rédigeant cette petite production, notamment à travers l’évocation de la traduction du titre japonais concernant l’œuvre Creature of the black lagoon.
Oui, les supports promotionnels de nos jouets vintage comportent de nombreuses variations. C’est un véritable sujet. Dans la catégories des approximations relatives aux catalogues de vente, qu’ils soient professionnels ou destinés à des particuliers, les cas de figure sont nombreux. Des périodes transitoires, de l’empressement, des échantillons absents ou encore une certaine méconnaissance des produits proposés constituent des explications possibles mais elles sont loin d’être les seules.
Le catalogue Horizon Service de 1995 que tu évoques est un très bon exemple en ce sens et je pense qu’il s’agit précisément de la référence noire (sur la couverture se trouve un Père Noël avec un parachute). Il existe aussi la référence bleue, toujours chez Horizon Service et appartenant à la même année, avec également des jouets Skeleton Warriors proposés à la vente.
Même si cette fois le nom de la licence est parfaitement orthographié, les textes comporteront tout de même certaines traductions littérales assez grossières je dirais. Ayant ces deux catalogues dans mon archivage, je t’enverrai – avec ton accord – un mail incluant la partie publicitaire à laquelle je fais référence.
Merci Pascal pour ta présence et ton intervention très appréciées 🙂
Oui Nicko, il existe bien deux éditions pour le catalogue Horizon Service de 1995. Je ne possède que celle que j’évoque dans mon message plus haut et que j’ai scannée pour Eternia Antique. Si tu possèdes un scan de la page Skeleton Warriors du second catalogue, oui, je veux bien la recevoir. Je la posterai en lien également pour densifier ce topic qui comporte déjà cinq onglets, plutôt pas mal pour une licence qui a connu l’échec. J’aimais beaucoup La Gazette du Jouet Vintage, et il m’arrive toujours de relire quelques lignes à l’occasion. Quand je relis le nom de la planète des Rock Lords, Quartex, je me dis que l’univers doit comporter quand même pas mal de planètes inventées pour promouvoir des gammes de jouets : Eternia, Prysmos, Luminaire, Gobotron etc…
Cinq onglets, c’est une performance. Les Skeleton Warriors sont réellement fascinants et je me souviens parfaitement en avoir parlé il y a des années sur les forums sans que cela ne suscite un quelconque intérêt. Bon, c’est compréhensible dans un sens, ce n’est pas une licence qui a marqué la décennie 80, une zone temporelle qui a tout de même fédéré beaucoup de gens sur la toile. Pour autant, j’avais pris énormément de plaisir à évoquer le Dr. Cyborn dans ToyzMag. Et puis les amoureux de la licence des Maîtres de l’Univers ne peuvent rester insensibles face aux Skeleton Warriors. Ils portent en eux un génome, esthétique comme scénaristique, à mettre en perspective avec les hommes en slip de Mattel.
Je parle toujours avec beaucoup d’émotion de La Gazette du Jouet Vintage. Ce blog est réellement qualitatif et je regrette qu’il n’ait pas perduré. Avec Jouck nous partagions une ambition, celle d’évoquer les jouets des années 80 et 90 selon un prisme analytique, travaillé. Certains papiers me sont restés gravés en mémoire, notamment celui évoquant King Hiss. Mais cette approche un peu technique laissait également place à une dimension ancrée dans l’enfance, dans le souvenir, notamment à travers la rubrique Quand j’étais petit… J’ai la chance de compter Jouck/Geoffrey parmi mes proches et nous discutons régulièrement ensemble.
Nos licences et œuvres des années 80, corrélées de près ou de loin à des jouets, ont donné naissance à des environnements exceptionnels. Planètes, galaxies ou même territoires davantage réduits, la décennie 80 a été extrêmement prolifique sur le plan de l’imaginaire. Je pense que notre génération porte en elle cette capacité à s’émerveiller selon une sensibilité puisée dans des mondes fantastiques.