Contrairement à Demon Slayer qui avait pris le parti d’adapter un morceau du manga se déroulant entre les saisons 1 et 2, Jujutsu Kaisen choisit lui d’adapter le préquel de Gege Akutami. Publié dans le Jump comme un one shot intitulé L’école d’exorcisme de Tokyo, le succès fut tellement au rendez-vous que le manga vit le jour tel qu’on le connaît tous. Ce préquel est depuis ressorti sous le nom de tome 0 en librairie.
L’avantage, c’est qu’on peut donc voir ce film sans avoir préalablement visionné la saison 1 de l’anime fantastique dont je vous ai déjà fait la review. Certaines mécaniques et autres liens entre personnages pourront sembler un peu floues et encore… Bien entendu, commercialement parlant, l’idée de Demon Slayer était sûrement plus lucrative mais moins respectueuse du spectateur de l’anime, le forçant à se rendre en salles pour voir la suite. Malgré cela, le succès a été au rendez-vous au Japon (top 10 en nombre d’entrées de tous les temps pour un anime) et nous verrons ce qu’il en sera dans l’hexagone d’ici quelques temps.
Ce film nous raconte l’histoire d’un tout nouveau protagoniste, Yuta, un jeune homme qui intègre l’école d’exorcisme pour des raisons singulières, sous la coupe du désormais célèbre Gojo Satoru. Son amoureuse d’enfance est décédée suite à un accident de la route et leurs liens étaient si forts que l’esprit de la fillette vit désormais en lui, sous forme de Fléau.
Un Fléau, c’est une sorte d’esprit monstrueux né des émotions négatives des humains. Mais attention ! Ce Fléau n’est pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la reine de ces derniers. Un des 16 Fléaux de type S répertoriés à travers le monde. Le spectateur va alors suivre le parcours initiatique de ce jeune homme perdu et peu sûr de lui, incapable de gérer son pouvoir. Du vu et revu cent fois dans le domaine du shonen nekketsu. Oui, mais comme pour la saison 1 de l’anime, Gege Akutami fait du neuf avec du vieux. Certes les bases sont les mêmes et les ingrédients utilisés aussi. Mais il y a beaucoup de cuisiniers à travers le monde et seulement quelques grands chefs multi étoilés. Gege Akutami fait incontestablement parti de ce lot.
La galerie de personnages de ce film est le premier ingrédient de son met d’exception. On retrouve avec plaisir des personnages secondaires de la série et du manga, qui vont cette fois-ci jouer les premiers rôles. Ainsi, Panda, Toge et Maki vont prendre une dimension supplémentaire et le traitement de cette dernière, surtout en parallèle avec l’histoire du clan Zénin, est génial. On s’attache véritablement à ce personnage esquinté par la vie et tout le temps à fleur de peau. Du côté des antagonistes, le discret Suguru Geto de la saison 1 fait place à un manipulateur de génie et un instigateur du mal dont les desseins nous sont enfin dévoilés. Son comparse de jadis, Satoru Gojo, prof de génie et rare exorciseur de rang S en activité va encore faire montre de tout son charisme, sa puissance et sa désinvolture pour nous donner de la joie à chaque apparition.
Le deuxième ingrédient, c’est sans doute un scénario enfin intéressant. Je dis enfin car, il faut bien l’avouer, la plupart des films tirés des shonen nekketsu ont un scénario qui tient sur un confetti. Sachant que la fan base du manga va se ruer au cinéma, on ne fait pas d’effort particuliers sur le scénario et on se contente de balancer des combats plus ou moins réussis avec nos protagonistes préférés. Ici, rien de tout ça.
Le scénario sur fond d’histoire d’amour contrariée et d’acceptation du deuil est très sympathique à suivre si vous ne connaissez pas cet univers et il devient carrément délicieux si vous êtes un fan averti. En effet, le nouveau personnage, Yuta, à travers ses interactions avec tous les autres déjà connus offre d’emblée une ribambelle de possibilités concernant la saison 2. Il en va de même pour les desseins de Suguru Geto qui se précisent et les supputations vont alors bon train dès la sortie de salle pour quiconque s’intéresse à l’anime. Je n’ai pas (encore) lu le manga donc pour ceux qui connaissent, c’est peut être encore plus croustillant…
Le dernier ingrédient, c’est la réalisation. Le Train de l’infini de Demon Slayer avait mis la barre très très haut et dans un style différent (moins de numérique 3D et plus de 2D) Jujutsu Kaisen peut le regarder droit dans les yeux sans rougir. Déluge d’effets visuels, vitesse de l’animation, dégradés de couleurs et de lumières, tout y passe et on atteint ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle sans aucun soucis. La musique n’est pas en reste et on en prend plein les oreilles dès la magnifique scène d’ouverture. A signaler que vous ne risquez pas de faire une crise d’épilepsie comme dans la séance finale de dragon Ball Super Broly. Si j’ai eu des séquelles physiques, c’est seulement mes rétines qui sont un peu esquintées par les dernières 45 minutes car c’est vraiment un délice visuel ce coup-ci.
Soupoudrez le tout de fan service très pertinent que ce soit pour les persos principaux et d’autres qu’on espérait voir en action et qui nous en donnent pour notre argent. Et surtout, restez bien jusqu’au bout pour la scène post crédit qui va potentiellement vous triturer pas mal les méninges et vous faire languir encore un peu plus, si cela était possible, la saison 2 de ce que je considère allègrement comme le renouveau du nekketsu.
J’ai longtemps attendu après Naruto et Hunter X Hunter mais je crois qu’enfin la relève est arrivée et je vais bientôt, je l’espère, pouvoir écrire Jujutsu Kaisen C’EST LA … !!!! Mais pas tout de suite, soyons patients, le potentiel est bel est bien là en tout cas.
Je dédie ce papier à mon fils Noah avec qui j’ai pu frissonner de bonheur en salle et je partage sa demande : Tamashii, vite un Yuta en S.H. Figuarts !!!