Pour ce nouveau dossier vintage du samedi, j’ai choisi d’évoquer une licence totalement incontournable qui est née au cœur des années 80 : S.O.S Fantômes. Beaucoup de choses peuvent être dîtes et il ne s’agit en aucun cas d’une rétrospective complète de l’oeuvre ou bien de répéter ce qui a déjà été écrit des centaines de fois.

L’analyse d’aujourd’hui ciblera précisément la série des Cache Démons et plus particulièrement Poubel-Frousse, l’employé des ordures possédé par une entité insectoïde.

 

Who you gonna call ?

L’année 1984 sera marquée de manière indélébile par de la licence S.O.S Fantômes, Ghostbusters en V.O., avec un film devenu incontournable. L’oeuvre de Dan Aykroyd et Harold Ramis s’est rapidement inscrite dans la culture populaire en engendrant de nombreuses autres productions : un second film en 1989, des séries animées, des jeux vidéo mais également des jouets.

C’est en 1986 que la gamme S.O.S Fantômes, The Real Ghostbusters aux Etats-Unis, sera créée. La firme Kenner se chargera de la distribution. Les séries de jouets vont se succéder à un rythme assez soutenu. Certaines d’entres elles vont se détacher largement, tant sur le plan du concept que du design.

Parmi celles-ci, les 6 action figures Cache Démons, Haunted Humans en V.O.,vont rapidement devenir très populaires. Les usines tournent à plein régime et les tirages titanesques de ces modèles inondent les magasins de jouets ainsi que les grandes surfaces.

 

 

Plusieurs cartes au menu

La série des Cache Démons à été très largement distribuée et ce dans de nombreux pays : aux Etats-Unis et en France bien sûr mais également au Canada, en Italie, au Benelux, en Allemagne ainsi qu’en Angleterre. Les cartes françaises avaient comme particularité notable d’être couplée avec l’édition Benelux.

Assez sobres, ces blisters dominés par un violet symbolisant le code couleur de la gamme sont plutôt réussis. J’aime la simplicité des packagings, sans surcharges d’informations ou de visuels. Je cite toujours spontanément les black cards européennes SilverHawks, injustement décriées à mon sens. On regrettera cependant la présence de photos et non d’artworks sur les cartes Cache Démons pour illustrer les jouets.

L’édition du blister de Poubel-Frousse commercialisée en France est donc ce que l’on appelle un conditionnement Fr/Nl. C’est la version que j’ai choisi de vous présenter dans cette production. Faisons maintenant de la nuance dans la nuance. Certains de ces blisters Cache Démons sont plus compliqués à acquérir car ils ont une particularité bien précise.

 

 

La très grande majorité des cartes Fr/Nl Cache Démons en circulation comportent la mention C.E. Les deux lettres constituent un indicateur de normalisation sur le plan de la sécurité et ce précisément pour l’Europe. Les jouets ainsi normés sont, sur le plan sécuritaire et juridique, en règle.

Il existe pourtant des blisters Cache Démons Fr/Nl sans le logo C.E. On peut clairement parler de premiers tirages, beaucoup moins courants. Alors pourquoi cette absence de C.E. ? Et bien la législation européenne a publié sa directive de normalisation sécuritaire dès le mois de mai 1988 soit quasi simultanément avec la distribution de la série Cache Démons.

Le modèle d’impression des cartes fut mis à jour avec un léger différé, d’où la production de premiers blisters sans le le logo C.E. (comme présenté aujourd’hui). Il existe même des cartes avec des stickers « correctifs » afin que le C.E. puisse apparaître. Ces conditionnements bien spécifiques sont encore moins courants.

 

 

Conceptualisation et design

La série des Cache Démons est une réussite absolue. Les 6 action figures qui la composent sont toutes originales et intéressantes. Ce succès s’explique de plusieurs manières. D’abord le concept qui reprend des personnages humains de la vie courante. Un facteur, un policier ou encore un éboueur, constituent autant de figures qui nous sont très familières.

Ensuite le gimmick. L’idée réside dans des personnages habités par une une force maléfique. L’identité humaine est un cheval de Troie masquant des créatures plus délurées les unes que les autres. Cet aspect « fun » et humoristique est en adéquation totale avec les films et a largement contribué au succès des Cache Démons.

La forme humaine de chaque personnage est très « désincarnée », volontairement factice, à l’image d’un automate qui nécessite d’être contrôlé par une force extérieure. Enfin, les transformations s’opèrent très simplement via quelques manipulations sommaires.

Par ailleurs, deux nouveaux modèles de Cache Démons étaient prévus (très probablement dans un format deluxe) : Fire Fright et Momma Trauma. Les concept arts illustrant ces jouets ne furent jamais portés à l’état de prototypes. J’attire votre attention sur le Fire Fright dont la transformation évoque une certaine « verticalité » à mettre en correspondance avec celle de Poubel-Frousse.

 

 

 

De Garbage Strike à Terror Trash

L’action figure de Poubel-Frousse, Terror Trash en V.O., est très originale. Notons que le jouet était initialement nommé Garbage Strike sur les concept arts. On retrouve, comme mentionné précédemment, une expression faciale humaine inquiétante, très figée. Assez peu articulé, à l’instar des autres Cache Démons, notre jouet arbore tous les codes stylistiques d’un éboueur : tenue fluorescente, gilet de type chasuble, gants, grosses chaussures de sécurité.

En aparté, je souhaite faire référence à l’antagoniste principal du film Men in Black, Edgar, sous sa forme « habitée ». La porosité avec le concept et le style des Cache Démons est assez saisissante. La symétrie entre l’expression faciale d’Edgar et celle de Poubel-Frousse est également remarquable.

 

 

 

 

La poubelle contient des ordures moulées dans un plastique vert transparent du plus bel effet qui suggère une certaine toxicité. Trois à quatre étapes très simples vont métamorphoser Poubel-Frousse en une créature insectoïde s’apparentant à une mouche mutante. C’est tout à fait raccord avec la thématique des ordures.

On retrouve par ailleurs le plastique vert transparent au niveau de la tête et des ailes. Un bec s’extrait de l’abdomen renforçant l’aspect horrifique. La fourrure verte présente sur la poubelle évoque astucieusement la pilosité d’une mouche.

 

 

 

 

Notes annexes

J’évoquais il y a quelques lignes l’aspect humoristique de la série Cache Démons. Poubel-Frousse ne déroge pas à la règle avec comme étape de transformation une poubelle qui se renverse sur sa tête. Cette séquence d’empilement est à mettre en perspective avec le concept art de Fire Fright comme mentionné précédemment.

Je souhaiterais terminer cette petite production en évoquant la thématique de la possession. La licence S.O.S Fantômes, d’une manière générale, met en scène des entités via des spectres. Ils sont immédiatement identifiables. Parallèlement, la possession est un thème bien présent dans l’univers S.O.S Fantômes, notamment à travers le premier film de 1984, avec les personnages Louis Tully et Dana Barett.

La transposition de cette particularité dans la série des Cache Démons est plutôt pertinente et pas si atypique comme j’ai pu le lire ou l’entendre à plusieurs reprises. En dernière instance, je joins ci-dessous un extrait de Spooky Stadium, un mini storyboard commercial où Poubel-Frousse est représenté.

 

 

Épilogue

De nombreuses choses restent encore à évoquer concernant cette édition Fr/Nl de Poubel-Frousse, notamment en termes de packaging : la couleur jaune du code-barres, le logo triangulaire à tête de lion, les nuances de violets des cartes Cache Démons.

Ce sera donc l’occasion d’apporter d’autres informations techniques lors des prochains dossiers dédiés à la gamme de jouets S.O.S Fantômes.

J’ai pris plaisir à rédiger ce petit dossier concernant Poubel-Frousse. Plus j’écris et plus je me rends compte que les années 87 et 88 reviennent très souvent dans mes productions. Deux dates extrêmement prolifiques sur le plan de la créativité, et ce dans de nombreuses licences.

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine avec un nouveau dossier vintage. Merci à tous pour vos lectures. Cette analyse est dédiée à Geoffrey ainsi qu’à sa famille.