Les enfants des années 80 ont été marqués de manière indélébile par différentes licences. Parmi celles-ci, se détachent quelques références qui, encore aujourd’hui, font les beaux jours d’un marché juteux. Je pense spontanément à des œuvres comme Retour vers le futur (1985) ou encore Tortues Ninja (1984).
Mais il est impossible – si l’on se place précisément au cœur de la décennie 80 – de ne pas citer la licence S.O.S Fantômes. Voilà un univers qui concentre à merveille une partie des ingrédients à succès propres aux eighties : de l’humour, du surnaturel, de l’horrifique ainsi que de la technologie.
Et bien évidemment, qui dit licence populaire dit produits dérivés. Encore une fois, ce sont les jeunes bambins des années 80 qui seront gâtés avec un gamme de jouets estampillée S.O.S Fantômes, laquelle sera distribuée par la firme Kenner.
Pour cette petite production qui sera à mi-chemin entre l’analyse et les souvenirs d’enfance, je vous propose de (re)découvrir Cent-Os, le fantôme squelettique appartenant à la série des Action Ghosts. Bonne lecture à toutes et tous.
Nous sommes en France au printemps 1988. La série 2 des jouets S.O.S Fantômes s’installe avec notamment les célèbres Cache Démons. Ces entités fantomatiques délurées dissimulées dans des personnages à l’apparence anodine constituent un véritable « best-seller » de la gamme.
Aux côtés des Cache Démons, on retrouvera la série Grand Frisson avec ses chasseurs de fantômes dotés d’action features loufoques. Mais c’est sans compter les Véhicules Hantés avec l’inoubliable Démon des Routes.
Enfin, il faut absolument évoquer Croc ‘n’ Roll, le WC hanté qui symbolise parfaitement l’esprit de la gamme S.O.S Fantômes ainsi que les Action Ghosts, lesquels ont apporté une autre touche de folie selon un prisme horrifico-humoristique.
Justement, Cent-Os appartient à la seconde wave des Action Ghosts (1987 datation U.S) qui comprend parallèlement H2O et Panloeil. Nous avons connu le fantôme squelettique baptisé Bad-To-The-Bone aux Etats-Unis dès 1988 sur le sol Hexagonal, d’où la datation de cette production.
Cent-Os est une création originale qui synthétise plusieurs éléments propres à la gamme S.O.S Fantômes : de la jouabilité, une identité fantomatique/morbide et du fun. Evoquons justement en premier instance cet aspect jouable.
Lors de sa conceptualisation, Cent-Os devait comporter une hypothétique action feature permettant l’éjection d’un cercueil. Je dis « hypothétique » car le concept art original – datant de 1984 – fait état d’une extraction mais pas nécessairement d’un mécanisme permettant celle-ci. Le cercueil aurait très bien pu être une simple boite avec un couvercle amovible manuellement.
Ceci dit, je penche tout de même en faveur de la piste d’une action feature permettant d’éjecter Cent-Os du cercueil. Effectivement, lorsqu’on observe le fantôme squelettique sur le concept art original, il ne semble pas être pourvu d’un quelconque mécanisme.
Il est donc envisageable que la jouabilité propres aux Action Ghosts de la wave 2 ait été pensée à travers cette fameuse éjection du cercueil. Le cas échéant, si il y avait eu une absence totale d’action feature, on aurait pu inclure spontanément Cent-Os dans la première wave des Action Ghosts, aux côtés de Marshmallow et Bouftou.
Il existe d’autres concept arts illustrant Cent-Os dans une forme très proche de sa déclinaison plastique. En ce sens, on retrouve ci-dessous la quasi totalité des particularités du jouet commercialisé, hormis les yeux qui s’exorbitent. Parallèlement, la mâchoire de ce Cent-Os conceptuel ne semble pas être ostensiblement mobile comme sur le jouet.
Le personnage emprisonné dans les ossements de notre fantôme squelettique renvoie esthétiquement aux chasseurs de fantômes appartenant à la série 1. C’est cohérent si on met cette spécificité en symétrie avec la temporalité du document conceptuel, c’est-à-dire entre 1984 et 1985.
Toujours selon cette idée de mise en correspondance avec le Cent-Os définitif, le second concept art qui suit illustre des parties détachables, précisément la tête, les côtes et les deux bras de notre fantôme squelettique.
Pour rappel, le bandeau explicatif – faisant office de notice – au dos de la carte U.S. Kenner de Bad-To-The-Bone met en scène la possibilité de décrocher la tête du personnage mais en aucun cas ses bras ou encore ses côtes de manière exclusive.
On notera cependant que le bandeau évoqué auparavant comporte une illustration qui indique que la partie vertébrale inférieure de Cent-Os peut « saisir » un personnage. Cet aspect concernant la jouabilité de notre fantôme squelettique ressort en filigrane sur le troisième concept art précédemment illustré.
L’action figure de Cent-Os est une réussite. Elle synthétise – selon moi – une certaine sobriété/uniformité ainsi que de la jouabilité, au même titre qu’un Mon*Star. En effet, l’aspect monochrome de notre fantôme squelettique fait parfaitement ressortir ses yeux, les seules parties teintées du jouet.
Toujours selon une symétrie avec la terreur de Limbo, la teinte blanche immaculée de Cent-Os contraste superbement avec le violet de la carte S.O.S Fantômes par Kenner.
C’est également le cas de Mon*Star lorsque celui-ci est emprisonné – non pas sur la Penal Planet 10 – mais dans la bulle de sa carte européenne. Le rouge de l’action figure est sublimé grâce au fond noir étoilé du blister.
En termes d’action features, Cent-Os conjugue à la perfection originalité, jouabilité et humour. Des composantes profondes de la licence S.O.S Fantômes comme évoqué précédemment. Mais c’est sans compter beaucoup d’ergonomie avec un mécanisme actionnable via deux excroissances osseuses subtilement dissimulées dans le dos de Cent-Os. Un système de pince très simple – à actionner manuellement – mais qui permet de saisir un personnage.
Lorsque la tête de celui-ci s’insère dans celle de notre fantôme squelettique, la mâchoire osseuses et les yeux jaunes/rougeoyants deviennent mobiles.
Justement, le point le plus intéressant réside dans cette interactivité possible avec d’autres action figures de la gamme S.O.S Fantômes. Ceci dit, si on reste chez le géant du jouet Kenner, on peut – selon la mise en correspondance précédente et spécifiquement pour cette production – occasionner une rencontre entre Cent-Os et Mon*Star !
Epilogue
Cent-Os a marqué mon enfance au fer rouge, telle une lame chauffée à blanc. Je garde des souvenirs impérissables d’heures de jeu avec mes jouets S.O.S Fantômes. Cette gamme est véritablement un ambassadeur de la décennie 80 selon une certaine insouciance mêlée d’humour, d’extravagance et de déluré.
D’autre part, la dimension fantomatique, mortuaire et même cadavérique de la gamme S.O.S Fantômes représentait quelque chose d’assez transgressif pour les enfants que nous étions. Au même titre que des productions cinématographiques horrifiques, ces jouets proposaient l’épouvante – toute proportion gardée – comme une thématique divertissante.
J’espère que cette petite parenthèse vintage fut agréable à parcourir. Rendez-vous d’ici peu afin de (re)découvrir ensemble un nouveau jouet des années 80. Merci à toutes et tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à mon petit frère Geoffrey alias Jouck.
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KissFan
•11 mois ago
Merci Nicko pour cet article sur Cent-Os. Comme ce fantôme a été évoqué dans le topic dédié aux Skeleton Warriors sur Eternia Antique (cf : l’expression « Bad to the bone »), j’ai naturellement partagé l’article. Je suis heureux de découvrir le croquis avec le cercueil que tu évoquais. Cent-Os apparaît plus effrayant dans les dessins préparatoires que dans sa version finale plus fun, plus proche de l’Empereur Bonaparte dans le Croque-Monstres show.
Au moins si cette action figure jaunit, il n’y a qu’à protéger les yeux avant de la raviver au peroxyde d’hydrogène ou à l’Oxi Action.
Nicko
•10 mois ago
Merci beaucoup Pascal pour ta lecture ! 🙂
Il existe un autre visuel plus ostensible concernant ce fameux cercueil. Je le partagerai dans le magazine. Il est très largement envisageable que ce concept très morbide n’avait pas trouvé grâce aux yeux des personnes qui ont validé le Cent-Os définitif. En ce sens, on peut faire un autre lien avec les Skeleton Warriors, lequel soulève la problématique d’une imagerie mortuaire parfois trop marquée dans le domaine du jouet pour enfant.
Pour ma part, je ravive les blancs avec de l’eau oxygénée volume 130. Un bocal en verre dans lequel j’immerge la pièce concernée puis exposition aux U.V. autant que nécessaire.
Merci de nouveau Pascal pour ton intervention 🙂