Les mercredis après-midi sont pour moi l’occasion de mettre en lumière des licences de l’ombre, injustement oubliées, voir même ostracisées. C’est donc avec un plaisir non-dissimulé que je vais évoquer aujourd’hui les jouets Sectaurs à travers une action figure plutôt réussie : Skulk, un humanoïde mutant arachnéen.
J’ai eu la chance durant mon enfance de découvrir la gamme Sectaurs dans un petit magasin de jouets local qui était situé dans mon quartier natal. Je n’oublierais jamais cette petite boutique de proximité qui renfermait de nombreux trésors. Bien achalandée, la superficie de vente assez réduite apparaissait comme une petite caverne aux découvertes où mes yeux s’émerveillaient devant les nombreuses références disponibles : Cosmocats, Maîtres de l’Univers, LEGO ou encore les fameux Sectaurs.
La licence des hommes-insectes a été commercialisée en France autour de 1986. J’ai rapidement pris conscience à cette époque que les jouets Sectaurs n’avaient pas la dimension commerciale d’un Musclor ou d’un Starlion. Le Club Dorothée ne proposait pas le dessin animé qui mettait en scène les aventures des hommes-insectes (diffusé en revanche aux U.S.) mais surtout lorsque j’ai apporté mes Sectaurs à l’école, la plupart de mes camarades n’en avaient jamais vu ou entendu parler.
Au-delà des fameuses montures à animer via un gant, les action figures Sectaurs étaient à la fois originales et qualitatives. Pour autant, l’aspect assez effrayant de certains modèles a largement contribué au succès plus que modeste de la gamme. Pour rappel, les Skeleton Warriors ont connu exactement le même phénomène social aux Etats-Unis en 1994.
Skulk est l’incarnation parfaite de tout ce qui pouvait séduire un enfant dans le milieu des années 80 : d’abord le format, supérieur à celui des standards alors en vogue et représentés par les G.I.Joe ou encore les Maîtres de l’Univers. Ensuite une jouabilité très honorable, avec des articulations suffisantes, mais surtout des harnais amovibles pouvaient supporter de nombreuses armes blanches et autres fusils de guerre.
Parlons du style : on retrouve dans la licence Sectaurs, et précisément à travers le personnage de Skulk, le classique croisement entre archaïsmes et technologies qui a largement contribué au succès de différentes gammes made in eighties comme Dino-Riders ou encore BraveStarr. Cette hybridation des thématiques, visible dans les esthétiques, est également fondatrice en ce qui concerne les scénarii et les backgrounds.
Les Sectaurs ne dérogeront pas à la règle puisqu’ils naîtront d’un accident lors de manipulations génétiques. La dimension catastrophe d’arrière-plan est également un poncif récurrent dans les années 80 concernant les licences animées. La symétrie avec l’univers de Jayce et les Conquérants de la Lumière est assez spontanée.
Quelques lignes concernant l’action figure de Skulk : c’est un quasi un sans fautes. Du code couleurs en passant par le sculpt, tout est harmonieux avec une esthétique très insectoïde, arachnéenne. Le rendu des matières composant Skulk est également intéressant. Le contraste entre le « rubber » de la tête, la brillance carapacée du buste et la teinte mate des membres apporte beaucoup de relief.
Les accessoires s’inscrivent parfaitement dans les thèmes évoquées précédemment. La modernité du pistolet se conjugue à la dimension archaïque du bouclier et de la pointe avec ses ailes sculptées. L’ensemble fonctionne parfaitement et contribue à la qualité esthétique du jouet.
Quelques remarques un peu plus techniques : Skulk, en référence aux araignées, comporte bien 4 paires d’yeux. Les deux crochets buccaux suggèrent des mandibules. Enfin l’aspect granuleux à l’arrière de la tête m’évoque l’araignée loup transportant ses nombreuses progénitures sur son abdomen le temps que celles-ci soient autonomes.
Lorsque j’évoque la licence Sectaurs, je m’éloigne très certainement de l’objectivité avec laquelle une analyse doit être construite. J’ai un affect très particulier pour cette gamme, à la fois en résonance aux souvenirs de jeunesse que j’en ai mais pas que. L’esthétique insectoïde me séduit, tout comme celle des reptiles ou encore des amphibiens. Il est évident que les Sectaurs ne pouvaient pas me laisser indifférents. De telles créatures sont encore aujourd’hui une source d’émerveillement en ce qui me concerne.
Cette sensibilité n’exclut pas de souligner quelques points perfectibles concernant les action figures Sectaurs. D’abord une articulation au niveau des coudes aurait était la bienvenue. Ensuite des personnages plus petits ou plus imposants auraient apporté un peu plus d’hétérogénéité à la gamme.
Ces quelques griefs n’enlèvent rien aux qualités des jouets Sectaurs. L’esthétique générale, les nombreux accessoires, le plastique de bonne facture ou encore la jouabilité sont autant de points remarquables.
Il est temps de refermer notre petite parenthèse récréative du mercredi. Je vous donne rendez-vous samedi afin de découvrir ensemble un nouveau jouet vintage. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à Rocco alias Hachiman.
- Dossier Vintage : Joker Farceur – LOTDK (Kenner 1997) - 2 décembre 2023
- Dossier Vintage : Cobra Terreur – G.I.Joe (Hasbro 1988) - 25 novembre 2023
- SilverHawks : variante dans la distribution française (Kenner 1986) - 18 novembre 2023
KissFan
•4 ans ago
Thématique de la mutation ? Je ne connaissais pas cette figurine Tortues Ninja !! Un jour Nicko, il faudra que tu listes tous les jouets que tu apportais à la cour de récréation (en + de ton chevalier d’Andromède !). Personnellement, à l’école, je me souviens d’avoir amené … des billes (forcément, LOL), mes figurines Guerres Secrètes Serval et l’Homme-Araignée (avant qu’elles ne soient boulotées par l’épagneul breton de la famille !!), et des Gobots. Cette figurine de Skulk ne devait pas tellement plaire à mes parents. J’apprécie l’influence arachnéenne effectivement (même le vert métallisé me fait penser aux chélicères de la segestrie florentine femelle, cette gentille petite bête correspondant à mon pseudo eBay depuis des années ^^). Si tu as des insectes ou des arachnides indésirables chez toi Nicko, je t’invite à adopter un chat ! Tu verras, ces félins sont efficaces pour les traquer, qu’ils soient rampants ou volants 😛 Merci pour la découverte de cette figurine. Je vois passer les jouets Sectaurs au détour de pages de catalogues de Noël d’époque, mais je ne mémorise guère leur visuel. Je retiendrai celui de Skulk !
Nicko
•4 ans ago
Merci Pascal pour ta lecture et ton humour 🙂
Les jouets ont marqué ma jeunesse de manière indélébile. Sur les photos de famille où j’apparais assez jeune, entre 4 et 12 ans, il y a de nombreuses prises m’illustrant avec des jouets, comme s’ils étaient mes compagnons. Il y avait des robots transformables, des petites voitures ou encore des action figures. Un projet est d’ailleurs en cours de préparation dans le magazine afin de présenter des photos d’enfance comportant des jouets vintages. J’espère que le succès sera au rendez-vous car certaines photos valent vraiment le coup d’œil. A voir dans les prochaines semaines, nous tiendrons informés les lecteurs.
Cette proximité avec les jouets m’a tout naturellement conduit à en apporter à l’école, très souvent même. Que ce soit à la fin du mois de juin qui marquait l’arrêt des leçons ou bien durant l’année scolaire, en cachette afin de les montrer à mes camarades dans la cour de récréation, il y avait très souvent un ou plusieurs jouets qui trainaient dans mon cartable. Les échanges étaient aussi monnaie courante. Parmi les modèles que j’ai apporté à l’école il y avait Krolor des Cosmocats, différents Gobots, des S.O.S Fantômes, des Tortues Ninja et bien entendu des Sectaurs. D’autres licences des années 80 ont très certainement visité mon école primaire mais je ne me souviens pas de tous les détails. Il y avait aussi les jouets des copains, dont le fameux chevalier d’Andromède et sa chaîne égarée dans la cour de récréation.
Il n’y aura pas de chats chez moi Pascal lol Les araignées ne me dérangent pas. Elle sont importantes pour l’écosystème, il faut les préserver. Elles éliminent de nombreux parasites volants, notamment les moustiques.
Merci de nouveau pour ta lecture. Et c’est avec plaisir pour la découverte de Skulk 🙂
Ryuzo
•4 ans ago
Encore une revue écrite de qualité, qui me donnerait envie de l’acheter et de retourner dans le passé. Ces petites boutiques de jouets de notre enfance me manquent 👌.
Nicko
•4 ans ago
Merci mon Geronimo 🙂
J’ai une machine à voyager dans le temps au garage. On ira faire un tour ensemble si tu veux dans le passé. Je te propose 1979 pour commencer afin de voir Alien, le Huitième Passager, au cinéma. Puis un petit détour par 1986 pour la suite. Ensuite 1987 et 1988, deux années que j’aime beaucoup en termes d’action figures… Je récupérerais quelques slips vintages au passage pour ma collection bien entendu. On ferait quelques emplettes avant de rentrer sagement en 2020 et écrire des articles pour FulguroPop. Les frais de « fluide spatio-temporel » permettant le déplacement sont bien sûr à la charge de notre Julien national 😀
Seb Ulba
•4 ans ago
Merci pour cette review d’un autre âge !!! J’adorais les Sectaurs même si je n’en avais que 2, Dargon et Waspax, ainsi que la grosse mouche Dragonflyer. Le concept, le design et la réalisation étaient excellents et les persos bien fournis en accessoires. J’ai rêvé d’en avoir d’autres mais la gamme n’a pas dû durer assez longtemps…et internet n’existait pas…
Nicko
•4 ans ago
Merci beaucoup Seb pour ta lecture et ton message 😀
Effectivement, c’est une production qui évoque des jouets d’un autre temps, celui de l’âge d’or concernant les action figures, à savoir le cœur des années 80. Je rejoins totalement ton ressenti, notamment sur le plan de la conceptualisation et du design. La gamme de jouets Sectaurs est vraiment très originale, atypique, même si la thématique humanoïde/insectoïde était déjà présente autour de 1984, date du dépôt de la licence Sectaurs, dans d’autres gammes vintages. Je peux citer spontanément Buzz-Off des Maîtres de l’Univers ou encore Meuton pour Blackstar. Je présenterai d’ailleurs bientôt un prototype Sectaurs datant de 1985 et très fortement inspiré d’une autre action figure bodybuildée commercialisée la même année.
La gamme Sectaurs n’a pas eu une durée de vie très élevée, c’est une évidence. En France, deux années ont été notables, 1986 et 1987. Au-delà de cette chronologie très réduite, la gamme n’était plus mise en avant de manière significative et ce jusqu’à ce qu’elle disparaisse totalement des étales. Tu peux trouver des jouets Sectaurs encore facilement aujourd’hui. Avec un peu de patience et de recherches, les modèles les plus intéressants peuvent être acquis pour un prix relativement raisonnable.
Merci encore Seb pour ton intervention 🙂