Aujourd’hui je vous propose un travail assez particulier qui implique plusieurs gammes de jouets des années 80. Le point de départ sera un concept art exclusif appartenant à la licence Sectaurs et à partir duquel je vais vous proposer une analyse impliquant certaines notions comme l’influence, l’inspiration et la copie.
A travers un cheminement de symétries, le document conceptuel de la gamme Sectaurs sera mis en correspondance avec la licence des Maîtres de l’Univers ainsi que celle des Power Lords. Plusieurs éléments chronologiques seront confondus afin de susciter des réflexions dont le fondement sera conceptuel, stylistique, technique et terminologique.
Le développement de ce dossier impliquera de nombreuses références dont les thèmes seront de manière systématique reliés avec la gamme de jouets des Maîtres de l’Univers inscrite dans la temporalité des années 80. La pluralité des informations nécessitera parfois des digressions tout en conservant un certain fil conducteur. Bonne lecture à tous.
1985 : concept art Sectaurs
Comme mentionné dans le préambule, l’analyse d’aujourd’hui aura comme origine un document conceptuel et pas des moindres puisqu’il s’agit d’un croquis exclusif réalisé par le designer Dexter Liu pour la gamme de jouets Sectaurs. Daté de mai 1985, le concept art illustre un personnage dont les particularités ne laisseront pas indifférents les amateurs d’action figures ayant été commercialisées durant la première partie des années 80.
Assez spontanément, on identifie des spécificités indissociables des hommes-insectes développés par Coleco. Les antennes sont à mentionner bien entendu mais également les proportions corporelles avec un personnage plutôt longiligne. Les jambes semblent être rattachées au buste via des rotules, un autre élément propre aux action figures Sectaurs, tout comme les yeux monochromes.
Au-delà de ces premières informations, c’est surtout les ventouses situées aux extrémités des bras inférieurs ainsi que la forme des pieds qu’il faut souligner. En effet, ces caractéristiques suggèrent un personnage issu de la licence des Maîtres de l’Univers : Leech/Sansor.
Mises en perspective avec les Maîtres de l’Univers
En termes de temporalité, il faut faire le lien avec l’année 1985 qui concerne le début de la commercialisation de Leech aux Etats-Unis. On peut émettre une première hypothèse à propos d’une éventuelle influence de l’homme-sangsue concernant la réalisation de l’illustration conceptuelle Sectaurs.
Une des premières représentations promotionnelles de Leech est celle relative au catalogue promotionnel Mattel de 1985 destiné aux professionnels (ci-dessous à droite). On peut y apercevoir un prototype de l’homme-sangsue dans une version « simplifiée » sculptée par Eddy Mosqueda. Je dis « simplifiée » car les dents ne sont pas peintes. L’orifice et la ventouse buccale en lien avec l’action feature ne sont également pas présents.
Ceci dit sur le plan général du paintjob, plusieurs détails apparaissent dont les nasaux peints en noir, l’épaulette teintée en orange ou encore la chauve-souris du brassard colorée en rouge.
Pour trouver un lien encore plus pertinent avec le concept art Sectaurs, il faut remonter jusqu’à la période conceptuelle de Leech. L’homme-sangsue sera d’abord imaginé par le chara-designer Charles Zembillas puis réinterprété par Ted Mayer. C’est précisément cette version qui m’interpelle.
Si on examine attentivement l’illustration en la mettant en symétrie avec le document conceptuel Sectaurs du dossier, on peut identifier de manière commune les petites excroissances sur les bras, assimilables à de petites ventouses. On notera également le relief granuleux sur les jambes.
Ci-dessous à gauche le concept art de Leech réalisé par Ted Mayer et à droite la version licensing kit d’Errol McCarthy.
Enfin de manière moins significative mais intéressante, on peut aussi mettre en correspondance le concept art Sectaurs avec deux autres personnages des Maîtres de l’Univers. D’abord Mer-Man/Oceanor, commercialisé dès 1982 aux Etats-Unis, et dont les excroissances céphalées suggèrent celles du personnage représenté sur le document conceptuel Sectaurs.
Ensuite Webstor (1984). Les dents et l’expression faciale sont à mettre en perspective encore une fois avec le concept art Sectaurs. Les yeux monochromes et la partie nasale dont la structure plate évoque celle des suidés constituent des éléments marquants. Concernant les canines, Two Bad/Bitete (1985) est également une référence à citer.
Ci-dessous à gauche l’action figure de Mer-Man et à droite le cross-sell art de Webstor.
De Mattel à Revell
Les porosités mises en lumière entre le concept art Sectaurs et les action figures Maîtres de l’Univers évoquées précédemment sont parfois troublantes, tant sur le plan du design que de la temporalité. Je ne peux cependant pas affirmer de manière stricte que Leech a été une source d’inspiration possible pour l’illustrateur qui a travaillé sur le document conceptuel Sectaurs. Pour autant, cette idée n’est pas à négliger. La suite de la production va illustrer mon propos.
Toujours dans cette idée de symétrie avec les Maîtres de l’Univers appartenant à la décennie 80, je souhaiterais aborder la gamme de jouets Power Lords. D’abord à travers un personnage que j’affectionne beaucoup et à partir duquel je vais établir un autre parallèle avec le concept art Sectaurs. Il s’agit de Raygoth, le Destructeur Fou. Ici encore, il faut examiner les bras de cette action figure conceptualisée par Wayne Barlowe en 1982. De petites marques disséminées sont à associer aux excroissances du personnage conceptuel Sectaurs.
Je vous joins ci-dessous le concept art de Raygoth réalisé par Wayne Barlowe en 1982. Notez le nom original Hagoth, la partie amovible en fourrure prévue pour habiller le buste et l’arme qui devait initialement se clipser sur une des pinces.
Cette petite mise en correspondance avec Raygoth est un prétexte pour entamer mon sujet. L’influence ou encore l’inspiration sont intrinsèquement liées à l’histoire des jouets. J’ai coutume de dire que l’on fait toujours quelque chose à partir d’autres choses et ça a été souvent le cas concernant les déclinaisons plastique des années 80. Je ne parle pas nécessairement de recast, au sens de la réutilisation de parties appartenant à une autre licence. Non, dans le contexte d’aujourd’hui, je fais vraiment référence à l’influence, à l’inspiration, qui fleurtent parfois de très près avec l’appropriation d’informations.
Depuis que je m’intéresse aux jouets Power Lords, j’ai souvent constaté des porosités plus que troublantes avec la gamme vintage des Maîtres de l’Univers. Prenons comme point de départ le dépôt des licences, 81 pour les hommes bodybuildés de Mattel, 82 pour les guerriers extra-terrestres de Revell (qui sera absorbé par Ceji en 1984).
On sait désormais que la gamme des Maîtres de l’Univers avait été initialement baptisée Lords of Power. Je fais bien sûr référence aux diapositives provenant de l’artiste illustrateur John Youssi (partagées par son fils) qui illustrent plusieurs prototypes de jouets Maîtres de l’Univers.
C’est assez intéressant de constater la particularité nominative incluant les termes « Lords » et « Power » même si ces vocables n’ont pas été retenus pour identifier les action figures de Mattel. L’analogie terminologique avec les guerriers extra-terrestres Power Lords est assez saisissante.
1983, des Maîtres de l’Univers à Disguyzor
Les jouets Maîtres de l’Univers ont commencé à être conceptualisés dès 1979, Man-At-Arms ou le Battle Cat étant deux exemples possibles. La distribution commencera en 1981 (et non pas en 1982 comme tout le monde le pense), soit une année avant que les Power Lords naissent officiellement à travers les documents conceptuels de Wayne Barlowe ainsi que le dépôt de licence par Ned Strongin et Len Mayem.
De manière plus technique et toujours dans cette volonté de parallèle, je voudrais évoquer Disguyzor, le Meurtrier aux 4 Visages, appartenant à la série 2 des jouets Power Lords. Sa commercialisation date de 1984 aux Etats-Unis et le personnage a été officiellement « posé sur papier » en 1983, toujours par Wayne Barlowe.
Je vous joins ci-dessous un concept art signé et daté par la main de l’artiste ainsi qu’un visuel de l’action figure.
Si on confronte la temporalité conceptuelle de Disguyzor avec les action figures Maîtres de l’Univers déjà présentes sur le marché du jouet, là encore on va retrouver des analogies très marquées, essentiellement en termes d’action features.
En ce sens, il faut faire références aux action figures Maîtres de l’Univers qui appartiennent aux années 1982 et 1983. Les action features de Disguyzor ne sont en fait qu’une synthèse de celles déjà présentes sur certaines action figures MOTU promotionnées et commercialisées en 1982 et 1983.
Ainsi on relèvera la multiplicité des visages de Man-E-Faces ou encore les différents yeux de Tri-Klops. Ces modifications faciales renvoient aux quatre visages de Disguyzor qui peuvent s’alterner via un système de swicth.
Ci-dessous les cross-sell arts de Man-E-Faces et Tri-Klops.
Ensuite il faut évoquer dans la gamme des Maîtres de l’Univers Ram Man et Mekaneck. Le concept de parties extensibles est à mettre en perspective avec les jambes et le buste étirables de Disguyzor. En effet, Ram Man a bien des jambes rétractables et Mekaneck peut allonger son cou.
L’homme périscope apparait aux Etats-Unis dans le catalogue promotionnel Mattel de Noël 1983. Il a été conceptualisé autour de 1982 avec un premier personnage baptisé Spy Man. C’est en 1983 que le concept du cou extensible verra son brevet officiellement déposé.
Je vous joins ci-dessous les cross-sell arts de Ram Man et Mekaneck.
Terminologies et identités
Parlons vocables et personnages. S’il existe un lien indéfectible entre les Maîtres de l’Univers et les Power Lords, c’est aussi à travers le dénominatif Adam. Ce nom est une référence théologique forte qui renvoie aux origines de l’humanité. Selon cette idée matricielle, le Prince Adam pour les Maîtres de l’Univers et Adam Power pour les Power Lords sont intrinsèquement réunis par un ADN commun.
En effet, au-delà de la réverbération nominative, il faut souligner la double-identité relative à chacun de ces personnages. Le Prince Adam est He-Man/Musclor et Adam Power, selon le gimmick phare de la licence Power Lords, arbore deux formes physiques différentes, en devenant le Lord Power. On revient de nouveau à cette désignation désormais indissociable des Lords of Power de Mattel.
Pour que les temporalités soient en adéquation, il faut faire référence au DC comic publié en 1982 qui met en scène le crossover He-Man/Superman : « From Eternia with Death ! » Dans l’ouvrage, la double-identité Prince Adam/He-Man est clairement illustrée.
Toujours sur le plan terminologique, et de manière plus anecdotique, citons le suffixe « or » en référence à Skeletor et Webstor ou aux traductions françaises Musclor, Oceanor, Maskor, Fakor, Etor, Lezor. Ces références, qui s’inscrivent entre 1981 et 1984, sont à mettre en perspective avec les dénominatifs Disguyzor (1984 datation U.S) ou encore Spyzor (1984 datation U.S) pour les Power Lords.
Ci-dessous les action figures du Prince Adam et d’Adam Power.
Artistes et temporalités
Tous les éléments chronologiques, nominatifs, techniques et stylistiques de ce dossier sont parfois très troublants lors de la confrontation par symétrie. Il est évident que les Maîtres de l’Univers ont posé une empreinte fondatrice à partir de laquelle d’autres choses se sont développées. C’est ce que l’on appelle communément l’influence ou encore l’inspiration. Les hommes bodybuildés de Mattel constituaient une véritable référence sur le plan commercial dans le cœur des années 80, une particularité que j’avais déjà illustré à travers des coupures de presse d’époque.
On pourrait limiter l’analyse à cette conclusion mais ça me semble un peu trop simpliste. A titre personnel, je pense que l’on pourrait envisager, à partir des documents de ce dossier, bien plus qu’une simple influence des Maîtres de l’Univers sur les Power Lords. Il est effectivement possible que certaines informations conceptuelles aient fuité.
Ca n’est pas à exclure dans le sens où, durant les années 80, plusieurs gammes de jouets ont bénéficié des services d’artistes freelance qui œuvraient sur plusieurs projets avec des firmes différentes. Je pense spontanément à la sculptrice Mary Butcher. Dans le cadre de notre analyse, on peut évoquer Mark Texeira qui a illustré les mini-comics Maîtres de l’Univers de la série 2 (1982) mais qui a également travaillé sur les DC Comics Power Lords publiés dès 1983 (avec son nom orthographié Texiera pour les versions U.S).
Attention, je n’avance aucune thèse claire et certifiée mais ce sont des éléments qui prêtent à la réflexion, surtout lorsqu’on les associe à certains documents de ce dossier. Je sais que la firme Mattel prenait des précautions drastiques pour préserver la confidentialité des projets en cours. En ce sens, Rudy Obrero devait, lorsqu’il traversait les bureaux et les locaux de Mattel, renfermer ses illustrations dans une grande chemise cartonnée afin que strictement personne n’aperçoive le moindre visuel.
Epilogue
Le travail que j’ai choisi de partager avec vous aujourd’hui est une forme d’investigation que j’apprécie particulièrement mener. Au-delà de la recherche d’informations et de documents, c’est la réflexion et la compréhension qui motivent ma démarche. Il faut appréhender chaque gamme, chaque jouet et mettre en correspondance les périodes conceptuelles. C’est une approche qui nécessite de la minutie ainsi que du décryptage.
Encore une fois, je n’apporte aucunes réponses claires et définitives aux réflexions générées par cette production. Mais il est tout à fait légitime de se poser des questions, rationnelles et constructives, lorsqu’on examine l’ensemble des données. C’est en tout cas une configuration analytique qui me passionne et qui me fait sans cesse redécouvrir les jouets que j’affectionne.
Enfin sur le plan rédactionnel et structurel, je trouve intéressant d’avoir un point de départ finalement assez périphérique à la teneur du dossier. En ce sens, le concept art Sectaurs convenait parfaitement, bien au-delà du plaisir que l’on peut éprouver en le découvrant. Merci à tous pour vos lectures.
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Une exposition originale, des situations nombreuses, une fin ouverte, le scénario de cet article a été écrit pour une exploration à suspense, celle de la zone tampon qui s’insinue entre les licences, et où apparaissent des coïncidences parfois troublantes. On revient sur la terre ferme avec le doute, celui qui donne envie d’en savoir plus et d’en lire davantage !
Merci infiniment Nicolas d’avoir parfaitement synthétisé en quelques mots l’esprit de cette production 😀
Effectivement, j’ai beaucoup de dossiers déjà rédigés en lien direct avec les périodes conceptuelles des jouets vintages. C’est un thème passionnant qui suscite parfois certains questionnements. C’est aussi une manière, certes un peu technique, de redécouvrir les jouets que l’on apprécie. J’aime les histoires et anecdotes périphériques aux jouets qui relatent les déboires des grandes firmes. Mais ce qui me passionne d’avantage ce sont les jouets eux-mêmes. Il est assez facile en quelques clics de trouver tout un tas d’informations/anecdotes sur le net à propos des « coulisses » et autres « secrets » concernant nos déclinaisons de plastique favorite.
Ce qui m’intéresse vraiment au final, et je le mentionne dans l’épilogue, c’est la recherche, l’analyse, le travail de symétrie impliquant les périodes conceptuelles. Ca requiert de l’application et une volonté farouche de compréhension, j’insiste sur ce terme. C’est à dire se mettre dans la peau de ceux qui ont pensé un projet et imaginer comment celui-ci a été abordé, avec quels outils, sous quelles formes et à travers quels modèles. C’est, encore une fois, passionnant.
Super article Nico. J’aime beaucoup les références auxquelles tu fais appel. Les hypothèses que tu avances sont plutôt séduisantes. C’est d’autant plus cocasse que Mattel a rencontré quelques difficultés à faire reconnaître que les MOTU étaient une oeuvre originale différente du projet de jouets Conan.
Merci beaucoup Ju 🙂
D’abord je dois encore te remercier pour me laisser publier des dossiers comme celui-ci. C’est une forme de travail qui n’est pas en vogue et qui est marginalisée de manière automatique par les différentes approches plus actuelles du jouet vintage. Mais j’accepte cette règle. Je pense même que la pluralité des visions est nécessaire, c’est très bien ainsi.
Oui, Mattel avait bataillé et remporté de mémoire cette opposition juridique.
La question de l’influence concernant l’œuvre Conan le Barbare sur la création des Maîtres de l’Univers est délicate et peut-être plus complexe qu’il n’y paraît. Mark Taylor fait référence à une inspiration d’origine Viking ainsi qu’à l’homme sous sa forme préhistorique concernant le design initial de ce que sera He-Man/Musclor. Ensuite Roger Sweet a toujours démenti le fait que Conan soit à l’origine du personnage He-Man/Musclor. Il évoque en détail les premiers concepts du personnage dans son livre dont je parlerai bientôt via la rubrique FulguroBook.
En revanche l’œuvre Star Wars a constitué un forme d’inspiration. Il faut examiner le tout premier concept du Monstre. Il suggère un personnage célèbre de la saga relative à George Lucas ou encore le Vykron dans une tenue futuriste évoquant Boba Fett.
L’idée de produire des action figures en lien avec le film Conan le Barbare arrive bien après les premières ébauches concernant le design du personnage qui deviendra He-Man/Musclor. C’est en tout cas les éléments que j’ai pu accumuler. C’est intéressant et c’est en lien direct avec mon modeste dossier. Les évidences peuvent être trompeuses et les parties conceptuelles renferment des informations/explications qu’il faut parfois décrypter.
Je ne suis pas sûr que ce type de production soit marginalisé. Les dossiers comme celui-ci ont toute leur place dans un média comme le nôtre. Ce qui est difficile en revanche c’est de tenir les lecteurs au-delà de quelques phrases. Tu remarqueras que pour beaucoup de jouets vintage, les réactions (en général, je ne parle pas des lecteurs de fulguroPop qui interagissent avec nous) sont du style : « je l’avais quand j’étais petit » alors que l’univers du jouet est bien plus complexe qu’une simple approche nostalgique. C’est d’ailleurs une forme de complexité qui est toujours d’actualité pour ceux qui s’intéressent au jouet moderne.
Oui, je sais bien que ce genre de dossier a sa place dans FulguroPop, et je t’en remercie encore. Je pensais en fait a deux types d’approches concernant le vintage : celle qui, comme tu le soulignes, est strictement nostalgique. Et je n’ai aucun problème avec ça, il en faut pour tous les goûts. Puis celle qui se veut instructive et qui n’est au final qu’un condensé d’informations récupérées sur le net et centralisées, que ce soit à l’écrit ou en vidéo d’ailleurs.
Et finalement l’approche analytique, au sens de recherche, de décryptage, de compréhension, est moins présente, presque absente. C’est en ce sens que je soulignais le caractère marginal de ma modeste production. Mais ce n’est rien de bien grave et puis ce que j’ai rédigé n’est peut-être pas si intéressant, ce que je peux tout à fait concevoir. Le plaisir d’écrire, de partager une vision, est toujours là en tout cas 😀
Tiens Nicko, j’ai retrouvé un vieux papier écrit pour ToyzMag à propos du procès qui a opposé Mattel et CPI. J’y évoquais justement les travaux préparatoires de Roger Sweet.
Merci pour le lien Ju ! Les traductions des CR juridiques sont très intéressantes.
Plusieurs remarques : les premières conceptualisations pour la (future) gamme des Maîtres de l’Univers datent de 1979 (pas de 1980). C’est important car ça éloigne encore un peu plus l’historique avec le film Conan le Barbare. Le personnage Vikor pensé par Mark Taylor était effectivement prévu pour une gamme de jouets officielle en lien avec le film de John Milius. Mais Vikor est bien postérieur aux premières ébauches et idées sur ce que deviendra He-Man/Musclor.
Je sous-entendais dans une précédente réponse que les origines de He-Man/Musclor étaient plurielles et qu’il était un peu simpliste, voire même erroné, de prendre l’œuvre Conan le Barbare, notamment à travers les comics, comme base fondatrice fondamentale. Je pense que c’est un lieu commun qui réduit les inspirations et les multiples sources qui ont servit de terreau aux Maîtres de l’Univers.
Tarzan, Prince Valiant, la préhistoire, la culture Viking sont autant de références fondatrices possibles. Vykron et ses trois suggestions esthétiques illustrent mon propos. Il n’y avait pas une volonté précise et unique lors des toutes premières étapes conceptuelles. Le « Jungle He-Man » et sa forme primitive rejoint la référence préhistorique ainsi que l’œuvre Tarzan.
Ces considérations soulèvent la problématique délicate de la nuance parfois millimétrique entre inspiration, influence et plagiat. Je vais reprendre un mot que tu as utilisé Ju et qui me semble parfait : il a un « environnement » à toute création. L’œuvre Conan a certainement apporté une forme d’influence mais elle est loin d’être la seule et pas nécessairement à un degrés tel qu’elle serait la matrice profonde, unique et fondamentale, comme certaines approches le suggèrent. Ce n’est qu’un point de vue mais je pense être plutôt dans le juste à travers cette grille de lecture. Je laisse le soin aux spécialistes d’apporter d’autres éléments.
Bravo pour cet article passionnant.
Les années 80 c’était pas la même ambiance. Aujourd’hui avec le genre d’analogies que tu exposes, tu as les avocats de l’un qui attaquent l’autre pour plagiat. Allez j’abuse un peu… mais pas tant que ça.
Merci beaucoup Aurélien pour ta lecture et ton retour motivant 🙂
J’avais évoqué le sujet des brevets dans le dossier BraveStarr concernant Fulminor. Les grandes firmes qui œuvraient dans le jouet durant les années 80 notamment trouvaient toujours un moyen de « personnaliser » un concept afin qu’il n’entre pas dans la forme juridique du plagiat. J’avais évoqué par exemple le système « Battle-Matic Action » de la gamme Cosmocats « réutilisé » pour certaines action figures BraveStarr ou encore Galaxy Rangers mais avec de petites subtilités permettant une différenciation suffisante avec le modèle original. Je trouve cette thématique passionnante.
Encore un superbe article rédigé par monsieur Nicko.
Extrêmement riche en détails et en anecdotes et vraiment très technique.
Un vrai régal d’avoir lu ce dossier et d’avoir appris des choses.
Notamment que Les Maitres de l’univers s’appellaient à l’origine les Lords of Power.
Intéressant aussi les similitudes entre le personnage Sectaurs et Leech et aussi au niveau des noms entre Prince Adam et Adam Power.
Tant d’éléments que je ne connaissais pas et qui sont agréables à découvrir.
Cet article m’aura également permis d’apprendre un peu de vocabulaire dont je ne suis pas très familier. Comme les termes anglais cross-sell arts, concept art et chara-designer.
Et les illustrations sont magnifiques et riches.
Vraiment du beau travail Nicolas.
Digne d’un vrai professionnel !
Je ne suis qu’un professionnel du slip Benjamin ! lol
Mais merci pour ton retour très encourageant. Je suis très heureux si tu as pu apprendre des choses, notamment sur le plan du champs lexical 🙂
Un très bon sujet… qui explicite ou qui suggère en quoi les Maîtres de l’Univers ont influencé les autres gammes de figurines articulées, pendant et après leur commercialisation. Ce point avait déjà été souligné dans l’article n°5 de Dixième Planète, ainsi que dans la vidéo bonus du coffret DVD des films Filmation des Maîtres de l’Univers. Mais là, Nicko, tu en as vraiment fait la démonstration. Bien sûr, comme c’est exprimé dans les commentaires, je ne pense pas que cette approche soit destinée au grand public des collectionneurs, mais à une minorité friande d’anecdotes plus obscures. Finalement, c’est une façon de renouer avec la perception des Maîtres de l’Univers à la fin des années 90 et au début des années 2000 : une gamme de jouets à collectionner… mais de façon underground. Ce n’est pas pour me déplaire !
Merci Pascal pour ton retour favorable 😀
Je pense vraiment me détacher du cadre de l’anecdote obscure. Hormis peut-être concernant l’évocation de Rudy Obrero ou Mary Butcher. Mais ces références et la manière dont elles sont présentées ne synthétisent en rien la démarche du dossier. J’insiste encore sur le fait que le net regorge d’anecdotes « croustillantes » (j’ai horreur de cette formule très marketée), plus ou moins fiables d’ailleurs, qu’il est facile de s’approprier afin de générer un contenu « accrocheur ».
Ma volonté est tout autre. A partir d’un matériel commun constitué de référencements, de documents conceptuels, de témoignages, d’interviews, j’engage une mécanique de confrontation, de recherche et d’analyse, afin de comprendre comment certaines choses ont été pensées. Tout un programme qui, encore une fois, repose sur la compréhension et la minutie, dans une idée de produire un contenu personnalisé que l’on ne retrouve pas tous les deux ou trois clics sur la toile.
Ne voit aucune prétention dans ma démarche Pascal, j’ai tout à apprendre et à faire. Seul le travail et la recherche m’animent. Finalement ça rejoint la partie conclusive de ton message : on retrouve peut-être dans ma modeste production l’esprit de la fin des années 90/début 2000 où les Maitres de l’Univers étaient plus underground. Cette période, intéressante et parfois très fructueuse sur le plan informatif, a généré des discutions nourries avec des personnes très impliquées. C’était aussi une temporalité où les évolutions que l’on constate actuellement concernant les jouets Maîtres de l’Univers n’étaient pas pensables. Permet-moi de reprendre ta formule Pascal : ce n’était pas pour me déplaire.
Passionnant merci Nicko ! C’est effectivement très troublant ces coïncidences (qui à n’en presque pas douter n’en sont pas !).
Merci pour le partage des idées et des découvertes !
Merci à toi Christophe pour ta lecture et ton retour passionné ! 😀
Bonjour Nicko 🙂
Qu’est-ce que ça manque de plus revoir ces magnifiques jouets dans les rayons..
Nous avons eu une chance incroyable d’être nés au bon moment.
C’était vraiment une époque géniale qui me manque énormément.
Merci pour tes dossiers qui sont excellents à chaque fois 🙂
Bonjour Ludo ! 😀
Merci pour ta lecture et ta présence que j’apprécie beaucoup. Merci également pour ton avis favorable. Oui, cette époque d’insouciance manque terriblement et je crois que tu as finalement raison en disant que nous avons eu une chance incroyable de la vivre. Voilà un moyen de se consoler et puis d’une certaine manière les années 80 continuent à exister sur le net à travers différents sites, blogs, forums, projets, vidéos etc…
D’autres dossiers et analyses sont en cours de rédaction. Je vais prendre quelques jours de repos puis, si tout va bien, ces travaux seront publiés prochainement dans le magazine. J’espère qu’ils susciteront autant d’intérêt et de retours favorables que durant cette saison 2019 – 2020. Merci encore à toi Ludo et merci à tous les lecteurs de FulguroPop.
Oui,c’est vrai que grâce au net nous pouvons revoir tout ce que nous avons connu dans les années 80 et c’est vraiment agréable.
Je te souhaite un bon repos Nicko, profites-en bien 🙂
Merci Ludo !