Aujourd’hui je vous propose un nouveau dossier vintage sous le prisme du conceptuel. J’ai choisi de mettre à l’honneur la licence G.I.Joe du cœur des années 80 – dont certains membres de la rédaction sont très friands – selon deux jouets pour le moins exceptionnels.
Il ne s’agit ni plus ni moins que de Cobrador l’Empereur Cobra, avec son Char Aérien. Voilà une action figure et un véhicule qui ont marqué l’année 1988 Hexagonale. Ce pack d’anthologie avait au préalablement vu le jour en 1986 aux Etats-Unis sous la désignation Serpentor, Cobra Emperor with Air Chariot.
Ma production va dont aborder l’action figure et son véhicule selon une grille de lecture conceptuelle. Plusieurs documents préparatoires seront présentés et décryptés au fil des paragraphes. J’évoquerai des noms de designers ainsi que différents travaux – pour le moins originaux – à mettre en perspective avec le développement de Serpentor mais aussi la culture populaire au sens large du terme. Digressions en perspective.
Enfin, je présenterai un exemplaire en loose slipfresh de l’action figure de l’Empereur Cobra avec son Air Chariot. En revanche, je n’aborderai pas la place de Serpentor dans ses déclinaisons animées et comics car ceci a déjà été fait dans le magazine – avec brio je le souligne – par mon acolyte Blaster.
Ma modeste approche ne concernera donc que les coulisses du développement de Serpentor et de son Air Chariot. Pour l’occasion, je vais utiliser un déroulement linéaire des informations. Bonne lecture à toutes et tous.
Comme mentionné en préambule, le pack Serpentor, Cobra Emperor with Air Chariot a connu les étales américaines dès 1986. Une année prolifique pour le marché U.S. – précisément en termes de véhicules – avec notamment de véritables perles à l’image du Cobra Stun, de la Dreadnok Thunder Machine ou encore du Night Raven S³P.
Sans grande surprise, Serpentor et son Air Chariot vont être majoritairement conceptualisés par le designer Ron Rudat. On doit à cet artiste de talent plusieurs action figures, véhicules, planches de stickers et logos façonnés spécifiquement pour la licence G.I.Joe 3 3/4″ des années 80.
Des pièces remarquables comme Big Boa (1987, datation U.S), Destro (1983, datation U.S), le Dr. Mindbender (1986, datation U.S), Snow Serpent (1985, datation U.S), Towax and Xamot (1985, datation U.S), le Cobra Flight Pod (1985, datation U.S) ou encore le Cobra POGO (1987, datation U.S) sont le fait de Ron Rudat.
Dans le cas de l’Air Chariot, Ron Rudat ne sera pas le seul à intervenir sur la conceptualisation du véhicule. Pour autant, les premières ébauches seront bien celles de l’artiste, lequel posera des bases à travers une idée claire : un dispositif volant, de taille réduite, spécifiquement attribué à un personnage maléfique.
Cette configuration ne nous est pas inconnue puisqu’on la retrouvera de manière antérieure dans la culture populaire du comics, notamment à travers le Green Goblin (Bouffon Vert en VF) introduit dès 1964 par Marvel.
Le Bouffon Vert se déplaçait initialement sur un balai volant avant d’utiliser un planeur à l’aura très technologique. On ne peut affirmer de manière formelle que cette configuration a inspiré Ron Rudat, mais on sait que l’artiste a puisé des idées dans de nombreux registres de la culture populaire.
Sont notamment concernés l’art cinématographique avec Star Wars, Mad Max ou encore James Bond. Ensuite le sport avec la NFL (ligue de football aux Etats-Unis) ou encore l’Histoire (avec une grande inspiration basée sur la Seconde Guerre Mondiale), le SAS britannique (Special Air Service) etc.
Il est également capital de préciser que Ron Rudat a travaillé en étroite collaboration avec Kirk Bozigian – un des responsables marketing de chez Hasbro durant la période des eighties – concernant le développement des action figures dont il était en charge.
Serpentor ne dérogera pas à la règle. Il est très complexe de trouver des documents préparatoires concernant ce personnage.
Ci-dessous, un double prélèvement effectué sur deux concept arts différents – que je présenterai dans leur entièreté d’ici quelques paragraphes – mais appartenant à la même temporalité, c’est-à-dire mars 1985. Les croquis on été réalisés par Ron Rudat et supervisés par Kirk Bozigian.
A cette période, le développement de Serpentor – lequel a d’abord été baptisé Cobra Emperor – est déjà bien avancé. En examinant les deux concept arts, on se rend compte que certains éléments secondaires semblent encore incertains/en discussion comme la présence de la collerette et des deux serpents ornementaux au niveau des épaules ou encore la dimension de la cape.
L’A.D.N. esthétique de Serpentor sera observable dans la zone conceptuelle d’un autre personnage de la licence G.I.Joe des années 80, lequel sera visible dans le film d’animation de 1987 G.I.Joe : The Movie. Il s’agit de la « messagère » de Cobra-La, Pythona, dont les premières ébauches conceptuelles seront réalisées – une fois n’est pas coutume – par Ron Rudat.
Au premier coup d’œil, il est difficile d’établir une quelconque correspondance avec Serpentor, hormis sur le plan scénaristique selon le film d’animation G.I.Joe : The Movie. Le design définitif si spécifique de Pythona – au croisement entre le punk, l’heroic fantasy et le gothique – est le fait d’un homme, Russ Heath.
Ce character designer a largement œuvré sur la partie animée et publicitaire de la licence G.I.Joe, précisément entre 1983 et 1991. Concernant le développement de Pythona, Russ Heath a travaillé en collaboration avec Ron Rudat afin d’adapter les ébauches de ce dernier au domaine de l’animation.
Ci-dessous, un model sheet de Pythona réalisé par Russ Heath pour le film d’animation G.I.Joe : The Movie. Le document date de mars 1986 avec – au moins – une révision.
Pour établir une symétrie esthétique probante avec Serpentor, il faut examiner la période conceptuelle de Pythona, bien avant que Russ Heath adapte le personnage au format animé. Entre août et septembre 1985, Ron Rudat va produire une série de concept arts en lien avec la création de Pythona.
Ci-dessous, une partie de ces croquis, lesquels comportent des éléments constitutifs que l’on retrouvera dans le design définitif de Serpentor comme la cape, la collerette, le masque, le sceptre, la dague ou encore le textile en peau de reptile. Par ailleurs, certains de ces visuels suggèrent l’œuvre Princess of Power (Filmation, 1985).
Au-delà de ces concept arts, il existe une autre représentation transitionnelle de Pythona. Sur le croquis ci-dessous, on retrouve une version du personnage avec un style qui évoque également la licence Princess of Power. Il est très probable que cette Pythona ait été conceptualisée durant l’année d’appariation de la série animée relatant les aventures de She-Ra, c’est-à-dire en 1985.
Je gage également que l’auteur de ce concept art soit Ron Rudat. Des éléments-clés évoqués précédemment comme la cape, la collerette, le textile reptilien, la dague ou encore le sceptre me conduisent sur cette piste. Mais c’est sans compter les bottes montantes de cette Pythona transitionnelle, lesquelles rappellent farouchement celles de la Baroness, un autre personnage de la licence G.I.Joe des années 80 majoritairement conceptualisé par Ron Rudat.
Plusieurs théories ont circulé quant à l’origine de Pythona. Elle pourrait être la première version de Serpentor. Je ne souscris absolument pas à cette idée, essentiellement à cause des temporalités de conceptualisation. L’Empereur Cobra a été développé par Ron Rudat bien avant Pythona. Selon certains, Pythona aurait été pensée -lors de sa conceptualisation – comme une épouse possible pour Serpentor. Rien n’est moins sûr.
Evoquer Serpentor, c’est fatalement faire référence à son Air Chariot. Une fois de plus, c’est Ron Rudat qui sera aux commandes de la conceptualisation concernant ce dispositif volant à la technologie avancée. Pour autant, la finalisation de l’Air Chariot sera le fait d’un autre artiste. Je reviendrai sur ce point dans quelques lignes.
Ci-dessous, un première ébauche préparatoire signée Ron Rudat. La temporalité de conceptualisation avoisine le mois de mars 1985. La silhouette grisée indique que le document est centré sur le développement de l’Air Chariot.
D’un point de vue nominatif, l’Air Chariot avait été initialement baptisé l’Imperial Hovercraft. L’idée d’un engin volant doté d’un dispositif de soufflerie apparait comme un élément constitutif du véhicule. En termes de design, on retrouve cette particularité à travers la partie arrière de l’Air Chariot, circulaire, qui sera dotée d’une ventilation avec une hélice spécifique.
Le document conceptuel qui suit – daté du 7 mars 1985 – a été également réalisé par Ron Rudat. Serpentor est représenté dans une version assez épurée. On distingue bien à l’arrière du véhicule le dispositif circulaire de soufflerie évoqué précédemment, lequel justifie l’appellation Imperial Hovercraft.
Parallèlement, l’armement fait son apparition sur cet Air Chariot transitionnel. On notera que la tête reptilienne située à l’avant du véhicule a été réduite.
Ci-dessous, un troisième concept art qui a été réalisé le 8 mars 1985 par Ron Rudat. C’est probablement la représentation conceptuelle de Serpentor et de son dispositif volant la plus aboutie que l’on connaisse. On est extrêmement proche des modèles définitifs de l’Empereur Cobra ainsi que de son Air Chariot.
Il existe cependant un autre document conceptuel, toujours signé de la main de Ron Rudat, et datant du 7 mars 1985. On y découvre une version alternative de l’Air Chariot, laquelle présente deux particularités bien spécifiques. Le guidon/poste de commande semble avoir été totalement réduit au profit d’un siège doté d’un dossier ainsi que d’un système de ceinturage.
Cette idée provient probablement de la prise en compte d’une contrainte, c’est-à-dire un potentiel manque de stabilité de Serpentor sur l’Air Chariot. En finalité, l’Empereur Cobra sera fixable à son dispositif volant via un plug situé sous son pied gauche.
Les concept arts précédemment évoqués ne concluent en rien le développement de l’Air Chariot. En effet, la finalisation du dispositif volant de Serpentor n’a pas été le fait de Ron Rudat mais d’un autre designer, Guy Cassaday.
Cet artiste – très prolifique j’insiste – a travaillé de près avec Hasbro – précisément de 1983 à 1997 – concernant le développement de plusieurs déclinaisons plastique, avec une spécialisation dans le registre du véhicule. Guy Cassaday a œuvré – entre autres – sur le Conquest X-30, le Persuader, le Rolling Thunder, le Dreadnok Swampfire, l’Hammerhead ou encore le Mobile Command Center.
Comme mentionné précédemment, on doit à cet artiste l’affinage de l’Air Chariot. La base du travail de Guy Cassaday a bien entendu été les concept arts de Ron Rudat. Comme je dis souvent, on fait toujours quelque chose à partir d’autre(s) chose(s).
Guy Cassaday a apporté au design de l’Air Chariot une certaine fluidité ainsi que de l’épuration. Le concept art central ci-dessous – réalisé le 16 juillet 1985 par l’artiste – insiste sur la partie circulaire du véhicule, laquelle est dotée d’une soufflerie. Les annotations manuscrites dépendantes font bien état d’un Imperial Hovercraft. Parallèlement, la tête de serpent du poste de commande se réduit mais surtout elle semble devenir mobile. Un élément constitutif de la déclinaison plastique définitive de l’Air Chariot.
D’un point de vue moins technique, il est intéressant d’examiner le sublime artwork du packaging Hasbro de Serpentor, Cobra Emperor with Air Chariot. Je gage que cette incroyable réalisation soit le fait d’Hector Garrido.
J’attire votre attention concernant le nombre « 116 » présent sur les canons latéraux noirs. Cette référence numérique est en fait un clin d’œil au mois ainsi qu’au jour de naissance de Guy Cassaday, précisément le 6 novembre. On sait aujourd’hui que les allusions cachées aux designers de la gamme de jouets G.I.Joe 3 3/4″ sur les déclinaisons plastique elles-mêmes constituaient une pratique courante.
Ainsi le visage de Ron Rudat devenait celui de Leatherneck et le pilote du H.A.V.O.C. affichait les traits de Guy Cassaday. Liste clairement non-exhaustive.
C’est indéniable, l’action figure de Serpentor ainsi que son Air Chariot dégagent une aura assez luxueuse. L’omniprésence de la chromatique dorée métallisée y est très certainement pour quelque chose. Parallèlement, on soulignera de nombreux ornements, une autre composante qui suggère une certaine richesse.
Le portage en jouet de Serpentor est une belle réussite, avec notamment la présence de nombreux détails de sculpture. La cape en tissu – qui peut être retirée – est un autre élément évoquant le faste comme la royauté, surtout que celle-ci arbore un effet pailleté du plus bel effet.
La collerette, laquelle est amovible, apporte beaucoup d’envergure à l’action figure de Serpentor. En termes d’accessoires, on notera la présence d’une petite dague ainsi que d’un cobra moulé dans un plastique souple. D’autre part, le code couleur de Serpentor est superbe, mêlant majoritairement l’or, le jaune et le vert. Des teintes qui m’évoquent d’ailleurs une espèce de serpents particulièrement venimeux, le Mamba vert de l’Est.
D’un point de vue culturel, Serpentor est une incarnation parfaite du mal, notamment selon le prisme théologique. Le visage de l’Empereur Cobra – littéralement enfermé dans une tête de serpent – symbolise parfaitement l’emprise de la bête sur l’homme. La référence est claire d’un point de vue religieux, avec le serpent qui domine l’humain, notamment à travers l’épreuve de la tentation.
A titre personnel, Serpentor m’évoque un autre personnage issu de l’animation pour enfants, précisément Iramon (Wrath-Amon en VO) du DA Conan l’Aventurier (1993, datation FR). En effet, le serviteur de Seth présente des particularités esthétiques qui reprennent des éléments constitutifs de Serpentor.
La casque en forme de tête de serpent bien entendu, mais également la cape et les apparats reptiliens. En examinant méticuleusement l’action figure de Serpentor, on identifie un paire de pointes blanches – assimilables à des crochets de serpent – au niveau des mains. Une spécificité que l’on retrouvera – de manière augmentée – sur la déclinaison animée d’Iramon.
L’Air Chariot s’harmonise à merveille avec l’action figure de Serpentor. La déclinaison plastique du dispositif volant apparait quasiment monochrome – moulée dans un plastique doré – avec un effet brillant. Seuls les deux canons et les ailettes latérales seront teintés différemment – précisément en noir – apportant ainsi un certain relief chromatique, à l’instar des stickers.
A ce propos, on retrouve bien le chiffre « 116 » faisant référence au mois et au jour de naissance de Guy Cassaday. Les deux stickers portant l’indication numérique n’auront pas leur place sur les canons – à l’image de l’artwork du front box – mais sur le carénage de l’Air Chariot.
Autre détail pour les initiés, le logo Cobra – réparti sous la forme de quatre stickers – sera spécifiquement adapté pour le dispositif volant de Serpentor. En effet, la tête de reptile représentée se verra surmontée d’une couronne. Voilà une habile référence à la position hiérarchique de l’Empereur Cobra.
Je l’ai très souvent précisé lors de mes interventions dans FulguroPop, les déclinaisons plastique G.I.Joe 3 3/4″ c’est avant tout une volonté farouche de valoriser la jouabilité. L’Air Chariot s’inscrira pleinement dans cette véritable tradition, notamment à travers plusieurs petites parties mobiles.
Ainsi les canons noirs seront orientables latéralement. Attention, les deux points d’attache qui relient ces derniers au carénage semblent assez fragile. La tête reptilienne du poste de commande pourra également s’orienter de droite à gauche et inversement. On doit spécifiquement cette particularité au designer Guy Cassaday.
Autre élément mobile, l’hélice de la soufflerie située à l’arrière de l’Air Chariot. Une excroissance placée sous le véhicule permet manuellement de faire tourner les pales internes. Globalement, ce dispositif apporte beaucoup de charme à l’Air Chariot.
D’un point de vue technique, on arrive parfaitement à imaginer que ce système de soufflerie puisse générer un décollage vertical du véhicule.
Si je devais tout de même émettre quelques griefs à l’encontre de l’Air Chariot, je dirais que c’est un petit véhicule qui apparait très léger une fois en main. On a véritablement une sensation de creux. Alors je n’irais pas jusqu’à dire que l’Air Chariot est cheap, non, mais il manque un peu de densité.
Ensuite on aurait aimé que la partie avant du poste de commande, laquelle accueille la tête de serpent, soit plus imposante. Des proportions augmentées aurait pu faire un parfait bouclier afin de réduire la vulnérabilité de Serpentor lorsqu’il pilote.
Pour autant, ces remarques défavorables sont largement compensées par un design incroyable qui confère à l’Air Chariot une dimension assez extra-atmosphérique. L’originalité est probablement la première qualité du dispositif volant de l’Empereur Cobra.
Epilogue
Serpentor et son Air Chariot constituent des jouets iconiques de la gamme G.I.Joe 3 3/4″. J’ai eu la chance de découvrir au pied du sapin – précisément pour le Noël de l’année 1988 – un conditionnement Hasbro France de Cobrador l’Empereur Cobra, avec son Char Aérien. Je garde un souvenir impérissable de ce moment qui – par chance – a été immortalisé sur plusieurs photos. Celles-ci seront probablement publiées dans la rubrique Back to the Past de notre webzine.
Par ailleurs, je souhaite rappeler que cette modeste production n’avait pas pour vocation d’établir une fiche détaillée de Serpentor et de son Air Chariot. Non, ma volonté était d’aborder l’Empereur Cobra – ainsi que son dispositif volant – à travers un prisme conceptuel. Ceux qui me lisent depuis plusieurs années le savent, j’attache beaucoup d’importance aux coulisses créatives de nos jouets d’enfance ainsi qu’aux variantes.
A ce propos, il est possible de trouver des action figures de Serpentor comportant des nuances plus ou moins significatives de couleurs comme de sculptures. Parallèlement, le cobra qui accompagne la déclinaison plastique de l’Empereur Cobra peut également connaitre des variations de teintes.
Enfin, j’ai été très heureux d’être en mesure de présenter des exemplaires slipfresh de Serpentor et de son Air Chariot. C’est toujours un immense plaisir de manipuler des jouets issus de la décennie 80 qui soient dans un état irréprochable.
J’espère que cette petite bulle vintage fut agréable à parcourir. Rendez-vous d’ici peu afin de (re)découvrir ensemble un autre jouet de la décennie 80. Merci à toutes et tous pour vos lectures. Cette production est dédiée à Ludovic L. alias Bruce Banner.
A special thank you to Tim Finn and 3DJoes.
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Merci de me faire découvrir cette gamme ainsi que les artistes qui ont œuvré afin de lui donner vie, c’est vraiment très instructif et c’est ce qu’on aime.
On peut citer le film Flash Gordon des eighties comme source d’influence pour le Air chariot (on a tendance à oublier ce film dans les inspi parce que devenu nanard depuis mais il a marqué toute une génération de futurs artistes en tous genres).
Avec plaisir ! 😀
Plus le temps passe, plus je prends conscience à quel point la licence de Flash Gordon a été fondatrice dans bien des œuvres de la pop culture. En ce sens, le dossier réalisé par Blaster, lequel mettait en correspondance nos MOTU et Flash Gordon, est à (re)lire.
D’autres dossiers estampillés G.I.Joe 3 3/4″ sont en cours d’écriture. Je rattrape finalement un « temps perdu » puisque je n’ai réellement mis à l’honneur – publiquement – la licence des héros sans frontières qu’à partir de 2019. Lorsque j’écrivais pour ToyzMag, je me souviens avoir rédigé un dossier évoquant Hydro-Vipère, mais rien d’autre. C’est assez curieux car j’ai littéralement grandi avec les G.I.Joe 3 3/4″. De plus, mon parcours de collectionneur n’a été nourri que très tardivement par ces jouets.
Lorsque j’ai souhaité acquérir un jouet G.I.Joe vintage pour ma collection afin d’avoir un « exemple » de cette licence culte dans mes vitrines, Serpentor faisait partie des quelques personnages présélectionnés… Au final, mon achat a été celui de Raptor. J’ai hésité néanmoins… Serpentor possède de belles qualités, le clinquant de l’aspect doré, une cape en tissu véritable, la présence du véhicule dénommé Air Chariot… mais il fallait faire un choix. Je suis aussi parfois partagé quant à la découverte des visuels pré-conceptuels, les exhumer excessivement peut contribuer à effacer un peu de magie de la gamme de jouets (je pense particulièrement à un visuel du Prince Adam dans la gamme des Maîtres de l’Univers, un mythe s’est écroulé quand j’ai posé mes yeux dessus), mais heureusement, il n’y a qu’un seul Nicko dans l’Hexagone 😛 Et pour le coup, la découverte des premiers croquis de Ron Rudat (très aboutis d’ailleurs) concernant l’Air chariot me plaisent davantage que la version finale : le véhicule est plus léger, semble plus furtif que la version commercialisée… En ce sens, ces concept arts sont plus proches de l’esprit du planeur du Bouffon Vert (ou du Super-Bouffon, j’ai découvert ce personnage dans les pages de Strange avant le Bouffon Vert) qui misait sur une haute maniabilité, avec une capacité impressionnante à prendre les virages, malgré l’absence de commandes manuelles. Un très beau jouet quand même ce Serpentor et son véhicule, je ne fais pas la fine bouche. Le serpent doré qui l’accompagne pourrait d’ailleurs garnir l’épée de Plun-Darr car sa garde est habillée de petits serpents entrelacés du même aspect doré dans le dessin animé. Merci Nicko !
C’est moi qui te remercie Pascal pour ton intervention 🙂
Je comprends sans difficulté que Serpentor ait pu te séduire. Au-delà du design de l’action figure elle-même – lequel est réussi au point de faire quasiment l’unanimité chez les amateurs de la licence G.I.Joe 3 3/4″ – je pense que la thématique reptilienne a possiblement contribué à cet affect selon un parcours que nous avons en commun. En effet, les serpents sont très bien représentés chez nos Maîtres de l’Univers, mais aussi de manière plus subtile dans d’autres licences de la décennie 80 comme celle des Cosmocats ou encore M.A.S.K. D’autre part, si ton choix s’est porté sur l’action figure de Raptor – laquelle est également très intéressante – c’est peut-être aussi vis-à-vis d’une sensibilité envers le domaine animalier. Si c’était le cas, je t’encourage à examiner Hydro-Vipère, un modèle qui fait partie de mes favoris dans la gamme de jouets G.I.Joe 3 3/4″. Ce plongeur d’élite Cobra chirurgicalement modifié est accompagné d’une raie manta.
Je parle de mémoire, mais en évoquant le concept art du Prince Adam, tu dois faire allusion à la version « nobleman ». Celle-ci, de mémoire encore une fois, arbore un grand chapeau et fait partie des premiers croquis de Mark Taylor concernant ce personnage. Tu me le confirmeras. Si nous parlons bien de la même source, je comprends que celle-ci ait pu te désappointer. A titre personnel, le Prince Adam est une action figure qui ne m’a jamais plu, et ce dès l’enfance. Mais je sais qu’elle rencontre un certain succès auprès des amateurs de la première heure de la licence MOTU. J’ai toujours préféré au Prince Adam des références maléfiques à l’aura monstrueuse comme Webstor, les Snake Men ou encore la plupart des action figures composant la Horde.
Plus globalement, je comprends tout à fait ta remarque concernant l’impact que peut avoir la découverte répétée de dessins conceptuels sur notre perception des jouets appartenant notamment à la décennie 80. Je pense que cette réaction est à corréler possiblement avec ta sensibilité pour les œuvres animées. L’aspect fantastique d’un univers et de ses personnages pourrait être mis en perspective avec un tour de prestidigitation : lorsque l’on connait la technique utilisée et bien la magie s’envole.
Pour ma part, je suis – en tant qu’adulte – assez hermétique aux DA de notre enfance sans pour autant être totalement réfractaire. De ce fait, mon approche beaucoup plus « technique » des jouets qui en découlent est littéralement nourrie par les zones conceptuelles. Au final, tout est une question de perception selon des grilles de lecture plurielles.
Pour en revenir aux concept arts de Serpentor, je suis certain qu’il existe des croquis antérieurs et bien différents de ceux que j’ai présentés. Malheureusement je n’ai pas ces sources à disposition. Enfin, ta dernière remarque qui met en symétrie le reptile accompagnant Serpentor et le manche de l’épée de Plun-Darr fait écho à l’introduction de ma réponse : les serpents forment une boucle qui relie beaucoup de nos DA d’enfance.
Merci encore pour ton message 🙂
Oui Nicko, le visuel auquel je fais référence représente bien le Prince Adam arborant un large chapeau, il est notamment publié sur le site (référence !) Battle Ram blog : https://battleramblog.com/prince-adam-heroic-secret-identity-of-he-man-1984/ Ce dessin me pique vraiment les yeux 😱 !!! Je confirme ton appréciation de mon rapport aux licences Pop Culture qui me sont chères : je place ces mondes imaginaires (qu’ils se déclinent en jouets, dessins animés, histoires illustrées, etc.) et l’émerveillement qui en découle quasiment au dessus des acteurs qui ont contribué à leur donner vie. C’est peut-être excessif pour certains, pour moi c’est le propre de l’évasion… même si pour cela, je suis sélectif, je n’adhère pas à tout, et je me préserve de certaines dérives.
Je ne pense pas que ce soit excessif, mais tout simplement subjectif. On peut percevoir nos DA d’enfance ainsi que les produits qui en sont dérivés de mille et une façons. Ainsi, je dis souvent qu’il existe autant de collectionneurs que de manières de collectionner. Cette pluralité des approches est applicable dans bien des domaines. Au final, tout est une question de sensibilité. Ce qui me semble tout de même capital, c’est de conjuguer ces sensibilités sans tomber dans l’écueil de l’opposition.