Stephen King, le maître de l’horreur – 1970-1990

Que l’on aime ou que l’on n’aime pas son style, les faits sont là : avec une soixantaine de romans et plus de 200 nouvelles à son actif, Stephen King est l’un des auteurs les plus prolifiques de ces quarante dernières années. A l’occasion de la sortie de Ça dans les salles, on vous propose un retour rapide sur son œuvre (étant donné la production prolifique de l’auteur, certains seront inévitablement déçus de ne pas voir leurs œuvres préférées…). Ce premier article se concentre sur les années 1970-1990.

Stephen King est né au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, dans l’état du Maine aux Etats-Unis. Il s’inspirera souvent de sa propre jeunesse dans les années 1950 et 1960 pour planter le décor de ses romans. C’est sous l’inspiration de Ray Bradbury, H.P. Lovecraft et Les contes de la crypte entre autres que Stephen King écrit ses premières histoires.

Carrie fut son premier roman publié, en 1974. Il fut adapté au cinéma dès 1976 par Brian De Palma, avec un casting non négligeable (Sissy Spacek, John Travolta, Nancy Allen). Ce roman constitua l’élément déclencheur de la carrière de l’auteur. Il y raconte, à travers quelques scènes très visuelles pour l’époque, les douleurs et cruautés de l’adolescence, avec pour héroïne une jeune femme aux pouvoirs télékinésiques.

Son deuxième gros succès suivit très rapidement : Shining, en 1977. King y narre la descente aux enfers d’une jeune famille à travers l’alcoolisme du père et l’isolement géographique. Le roman fut adapté au cinéma par Stanley Kubrick (avec Jack Nicholson en tête d’affiche). Critiqué à sa sortie par Stephen King lui-même, qui lui reprocha de passer complètement à côté de la psychologie des personnages, le film a néanmoins des visuels saisissants, confère une ambiance captivante à l’hôtel Overlook, et réussit à véhiculer un sentiment d’oppression du débit à la fin. Qui n’a pas été marqué par l’irruption de Jack Torrance à travers la porte de la chambre où se sont réfugiés sa femme et son fils ?

En 1978, King publia Le Fléau, roman post-apocalyptique et considéré comme l’un de ses chefs d’oeuvre. Ces oeuvres ne sont pas ses uniques productions puisqu’il publia en parallèle de nombreuses nouvelles et d’autres romans, certains en son nom, d’autres sous son pseudonyme de Richard Bachman.

C’est au cours des années 1980 que sa popularité a atteint son apogée. En 1980, il publia Charlie, l’histoire d’une fillette au pouvoir de pyrokinésie qui va être traquée par le gouvernement U.S. En 1981, c’est Cujo, l’histoire d’un Saint-Bernard enragé piégeant dans leur voiture une femme et son enfant. Cujo s’est vendu à plus de 350 000 exemplaires dès la première année.

 

En 1982, King publia sous le pseudo de Bachman le roman fantastique Running Man, adapté au cinéma en 1987 avec, dans le premier rôle, Arnold Schwarzenegger. Il est question dans ce roman d’un jeu télévisé dont les participants doivent échapper pendant un mois et survivre à leurs traqueurs. On oubliera le film qui a très mal vieilli, mais le roman aura par ailleurs vraisemblablement inspiré certaines références du genre survival comme Battle Royale ou Hunger Games.

Quelques mois plus tard, King publia Le pistolero, précurseur d’une série de 8 livres intitulée La tour sombre. Cette oeuvre, écrite sur plus de quatre décennies, est le véritable “multiverse” de Stephen King, reliant entre eux plusieurs de ses autres romans (le film éponyme est sorti au cinéma en 2017).

Plus anecdotique, 1982 vit aussi la publication de Différentes saisons, recueil de quatre récits dont les trois premiers ne comportèrent aucun élément relevant du fantastique. Parmi ceux-ci, Le Corps fut adapté au cinéma et donna le merveilleux Stand by me de Rob Reiner, avec un tout jeune River Phoenix à l’écran (frère de Joaquin Phoenix). Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank fut quant à lui adapté en 1994 par Frank Darabont sous le titre Les évadés, avec Tim Robbins et Morgan Freeman. Ne jouissant pas d’un succès commercial à sa sortie, ce film est néanmoins devenu culte par la suite (n°2 au classement des 100 meilleurs films de tous les temps de l’Internet Movie Database).

Parmi ses autres oeuvres des années 1980, citons la Plymouth hantée dans Christine, et Simetierre (1983), roman extrêmement dark et horrifique sur la difficulté pour un parent d’accepter la mort de son enfant – et les terribles décisions qui peuvent être prises pour y remédier. Brume (1984) est un petit chef d’oeuvre dans le genre fantastique : il s’agit d’un recueil de nouvelles contenant la nouvelle du même nom adaptée au cinéma en 2007 puis à la télévision en 2017 sous le titre The mist. Cette nouvelle raconte l’histoire d’une petite ville prise dans une brume meurtrière, et le huis clos opppressant des habitants réfugiés dans le supermarché local.

Autre chef d’oeuvre, Ça fut publié en 1986 et reste l’une des oeuvres magistrales de King. Il est resté 35 semaines sur la liste des best-sellers du New York Times, dont 14 à la première place, rien que ça. Histoire sur l’adolescence et la transition vers l’âge adulte, le roman met en scène un groupe d’enfants terrorisés par une créature prenant la forme de leurs pires phobies, mais apparaissant le plus souvent sous la forme d’un clown, Pennywise. La ville de Derry, décor du roman, est largement inspirée de Bangor, ville du Maine dans laquelle King vécut enfant…

Le livre fut adapté en téléfilm en 1990, avec un Tim Curry terrifiant dans le rôle de Pennywise. Le téléfilm a quelques qualités notamment au niveau des scènes horrifiques, mais souffre néanmoins d’un acting assez limité et d’un manque de budget heurtant le “look ‘n feel” final. Ça fait souvent cheap.

L’adaptation cinématographique de 2017 va beaucoup plus loin et s’inscrit d’emblée comme un chef d’oeuvre de l’épouvante. Bill Skarsgård transcende Pennywise et lui fait atteindre des sommets de monstruosité. Chacune de ses apparitions n’équivaut pas nécessairement à un “jump scare”, mais s’accompagne de suffisamment de tension pour nous river à notre siège.

 

Misery, publié en 1987 et adapté au cinéma en 1990 par Rob Reiner (avec l’excellente Kathy Bates), fut un autre succès de King dans cette décennie. Véritable huis clos angoissant dans lequel un écrivain paralysé est séquestré par une admiratrice, le roman aurait été par ailleurs un symbole de la dépendance à l’alcool de Stephen King. Cette dépendance l’envoya par la suite en cure de désintoxication…

 

Dès 1990, ce sont Minuit 2, Minuit 4, et une nouvelle édition du Fléau qui ont trusté les meilleurs ventes de fictions aux USA.

En 1992, King écrivit les deux premiers piliers d’une trilogie féministe dénonçant les violences conjugales et les inégalités sociales à travers Jessie, puis Dolores Clairborne. Les deux romans sont des portraits de femmes s’extirpant avec douleur de la domination masculine. Ils figurèrent tous deux en tête de la liste des best-sellers du New York Times. Le troisième opus, Rose Madder, fut publié en 1995.

En 1996, King publia entre autres L’homme au costume noir, rencontre d’un jeune homme avec le diable, puis La ligne verte, histoire carcérale d’un condamné à mort possédant un don curateur. King y traite de thèmes sociaux comme la peine de mort et le racisme. Ce film fut adapté au cinéma en 1999 par Frank Darabont, et interprété par Tom Hanks et Michael Clarke Duncan.

 

En 1999, King revint sur un autre thème majeur dans les consciences américaines avec Coeurs perdus en Atlantide, ouvrage dans lequel il traita de la guerre du Viêt Nam. L’année suivante, Stephen King distilla ses meilleurs conseils d’écriture dans Ecriture: mémoires d’un métier. Il y prodigua comme recommandations, entre autre, de “ne pas être obsédé par la grammaire”, de “laisser tomber les passages qui tiennent à coeur” (afin d’accélérer le rythme), et “d’écrire avec la porte fermée” (pour ne pas être dérangé… ou pour se soustraire à la vue du monstre rôdeur ?)

 

A suivre…

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