A première vue : Renfield du roman Dracula à la psychiatrie

Intrigant, parfois irritant, le personnage de Renfield dans Dracula joue à fond sur l’ambigüité et ce ne sont pas les multiples adaptations du roman qui arrangent les choses.

Le personnage de Bram Stoker

R.M. Renfield est un personnage créé par Bram Stoker dans son roman Dracula. Renfield est un malade du Dr John Seward interné dans l’asile situé près de l’ancienne abbaye Carfax. Il est atteint d’une forme de zoophagie qui s’approche du vampirisme. En substance, il se nourrit d’abord d’insectes (mouches, papillons de type Sphinx tête de mort) puis découvre qu’il peut absorber plus de vies en une seule ingestion s’il nourrit par paliers successifs des prédateurs de ses premières proies : mouches, araignées, moineaux voire, s’il en avait la possibilité, chat.

A l’arrivée de Dracula en Angleterre, il passe sous son contrôle.

Renfield au cinéma

Dans le Dracula classique de Tod Browning incarné en 1931 par Bela Lugosi, Dwight Frye campe un Renfield possédé par Dracula. Le personnage se confond avec celui de Jonathan Harker. Il s’agit d’un travers courant des adaptations du roman. En effet, les scénaristes ont tendance à simplifier l’intrigue en limitant le nombre de personnages et donc leur relation avec Dracula ou avec d’autres personnages. Les changements habituels concernent les trois soupirants de Lucy Westenra ou encore Lucy et Mina, mais Renfield, par la complexité de son rapport au comte est un candidat idéal pour toute entreprise de simplification.

D’une manière générale, la représentation du personnage varie grandement d’une adaptation à l’autre.

Par exemple, chez Coppola, l’emprise de Dracula sur Renfield est expliquée en faisant du malade le prédécesseur de Jonathan Harker auprès du comte Dracula. Incarné par le musicien Tom Waits, Renfield est intimement lié au vampire. Il le sert en espérant que ce dernier lui accordera la vie éternelle.

 

Mais une interprétation plus baroque du personnage se trouve chez Werner Herzog qui livre en 1979 un remake du Nosferatu de Murnaü avec Roland Topor dans le rôle du malade mental.

Croyez bien que l’artiste (qui fut aussi  le créateur de Téléchat) campe un aliéné particulièrement troublant. Comme son prédécesseur, Herzog fait de Renfield le patron d’Harker. Notez, toutefois, qu’il conserve, lui, les noms originels des personnages. Et puisqu’on parle de ce Nosferatu moderne, saviez-vous que Klaus Kinski, qui incarne le comte chez Herzog a également interprété le rôle de Renfield dans un film de 1970, Count Dracula. L’acteur incroyable a su lui donner une présence inédite en le jouant muet.

Renfield sera bientôt de retour sur les écrans (lire notre article),on pourra apprécier une nouvelle interprétation moderne de ce personnage après la très discutable adaptation du roman par Gatiss et Moffat pour la BBC et Netflix (lire notre critique). Notez à ce propos que c’est justement Mark Gatiss qui tient le rôle de Renfield dans cette adaptation.

Et dans la vraie vie ?

En 1992, hasard du calendrier (?), c’est-à-dire l’année de sortie du film de Coppola, un psychologue américain, a utilisé le nom de Renfield pour décrire une pathologie mentale appelée vampirisme clinique. Le clin d’œil amuse et rappelle à quel point l’oeuvre de Bram Stoker est ancrée dans l’imaginaire collectif.

 

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