G.I.Joe Made in France, petite histoire des jouets Hasbro

Qui se rappelle du lancement de G.I.Joe en France ? Si vous êtes un lecteur fidèle de Fulguropop, vous avez certainement une idée de la façon dont cela s’est passé, mais rien ne vaut un petit récap. Plongeons dans l’histoire de la gamme en France.

Je vous parle d’un temps…

Dans les années 80, les petits Français découvrent officiellement G.I.Joe grâce à la diffusion du dessin-animé Sunbow sur TF1. En ce début d’année, avant l’arrivée du Club Dorothée, le transfert de la star des émissions pour enfants depuis Antenne 2 n’a lieu qu’à la rentrée, les premiers épisodes sont diffusés au printemps 1987 le samedi après-midi à compter du 11/04. Cette diffusion intervient avant la prise de contrôle officielle de la première chaîne privatisée par le groupe de BTP Bouygues.
Au même moment, Hasbro France lance les jouets G.I.Joe sous sa propre marque après quelques années de distribution par Palitoy/Meccano sous la marque Action Force. Pour l’anecdote, Palitoy et Meccano sont deux la propriété de General Mills via sa filiale Kenner Parker (rachetée en 1967), à l’époque grand rival de Hasbro et de Mattel sur le segment des figurines d’actions. En 1987, Kenner est vendu à Tonka, société elle même rachetée par Hasbro en 1991.
Le retard à l’allumage à des conséquences sur les produits disponibles dans l’Hexagone. En effet, la première année, le fameux catalogue noir, très graphique, présente des jouets sortis plusieurs années auparavant aux États-Unis.

1987 forever

Ainsi, en 1987, Hasbro France propose surtout des jouets issus des séries américaines de 1984 et 1985. Une partie des figurines de 1982-84 a certes déjà été distribuée par Meccano. Certains personnages, jugés particulièrement importants, font cependant leur retour en 1987 sous l’étiquette G.I. Joe : le Cobra Trooper par exemple. Mais le décalage entre le dessin-animé et les jouets disponibles sous la marque éponyme est patent : chez Hasbro France pas de Duke ou de Scarlett, ni de Baroness, par exemple. On a un peu l’impression de prendre le train en marche.
D’entrée de jeu, G.I.Joe en France joue la carte Village People : Bazooka, Loup des mers… Les figurines sont colorées et représentent des archétypes très différents de la première expérience qu’en ont eu les jeunes Américains en 1982. Les rangs de Cobra profitent aussi nettement de ce décalage. Si l’on perd Cobra Commander (réservé à l’offre promotionnelle mail-away) et le Cobra Officer, on conserve Destro auxquels s’ajoutent des personnages essentiels comme Tonnerre, Zartan et ses Matamores, Xamot/Tomax et les Gardes pourpres.
Le décalage entre la France et les USA engendre pas mal de frustrations avec des personnages du DA introuvables et des illustrations sur les boîtes qui servent sans grande efficacité leur fonction cross sell (lire cet article). A l’heure des loisirs mondialisés et des diffusions internationales quasi instantanées, ce décalage étonne, c’était pourtant la norme pour la plupart des dessins-animés et des jouets à l’époque. Mais je crois bien que G.I.Joe, du fait de la concession européenne accordée à Palitoy et à Meccano, décroche la première place en la matière.
Mais en 1988, Hasbro France accélère d’un coup. La diffusion de la saison 2 de la série Sunbow dans le Club Dorothée coincide avec la sortir des jouets qui lui correspondent.  La wave de 1986 arrive donc avec Serpentor, les Vipers, le Sgt Slaughter, Scout, Orca, Casse-cou, Samu…
Cette convergence permet de retrouver le concept original de G.I.Joe : une gamme de jouets soutenue par un DA.
Alors que les G.I.Joe sont, à l’origine des soldats 100% américains, qui renouent avec la tradition patriotique près de 10 ans après le traumatisme du retrait US du Viêt-Nam, la déclinaison internationale de la marque voit sa base line « A Real American Hero » se transformer en « Héros sans frontières ». Les file cards, ces fiches d’identité à découper et à collectionner sont aussi transformées avec l’invention de nationalités alternatives pour les G.I.Joe. Bien sûr, les noms de véhicules et des personnages, même des factions (comme les Dreadnoks devenus Matamores en VF) sont traduits. Le sujet a déjà été abordé à plusieurs reprises par l’ami Nicko dans ses dossiers vintage. Je vous renvoie ainsi à l’article qu’il a consacré à l’emblématique cas de Langue de vipère sorti en 1988 dans l’Hexagone.

Noms français des G.I.Joe

Pour conclure, voici un florilège des noms de personnages traduits directement par Hasbro. Notez que la VF du dessin-animé peut différer (mention spéciale pour la prononciation du Dr Minbender par le narrateur dans le cycle d’épisodes introduisant la saison 2 avec la création de Serpentor).
Alpine : Alp
Airtight : Oxygène
BAT : Crabe
Beach Head : Scout Crazy Legs : Staccato
Big Boa : Tête brûlée
Crimson Guard : garde pourpre
Croc Master : Alligator
Dial Tone : Transistor
Dr Mindbender : Dr Cortex
Eel : Anguille
Frostbite : Brise-glace
Hawk : Vaillant
Hit n Run : Fonceur
Jinx : Spectra
Law and Order : Vigilor et Crocs d’acier
Leatherneck : Casse-cou
Lifeline : Samu
Mainframe : Cobol
Monkeywrench : Dynamite
Outback : Survival
Quick Kick : Pied blindé
Raptor : Aigle noir
Red Dog : Barouge
Roadblock : Barricade
Road Pig : Bruto
Sci-Fi : Laser
Serpentor : Cobrador
Shipwreck : Loup des mers
Snake Eyes : Oeil de Serpent
Storm Shadow : Tonnerre
Snow serpent : Serpent des neiges
Tele Viper : Vipère
Trasher : Bagarre
Tunnel Rat : Furet
Viper : Langue de vipère
Wet Suit : Orca
Wild Weasel : Rapace
WORMS: Vermine

11 comments

Merci pour ce papier et l’évocation de l’arrivée de nos G.I.Joe 3 3/4″ en France. C’est toujours la même émotion me concernant, je ne peux pas me défaire d’un souvenir, celui du Cobra Moray arrivé au Noël 1987 à la maison. Mais aussi de ces moments intenses dans les rayonnages de jouets – la même année – à faire défiler les blisters Hasbro France sur les broches en espérant dénicher un Destro ou bien un soldat Cobra. Au lancement de la gamme 3 3/4″ dans l’Hexagone, certains personnages ont rencontré un vif succès : Tonnerre, Destro, Œil de Serpent, les soldats Cobra ou encore Tomax et Xamot. Et pour cause, ces protagonistes devenus de véritables icones aujourd’hui occupaient un espace notable à l’écran mais aussi d’un point de vue scénaristique. Ceci dit c’est sans compter une théorie que je martèle depuis plusieurs années maintenant. Je pense en effet que Hasbro France a véritablement sous-estimé le succès de la gamme à son lancement avec des quantités mal ajustées pour certains personnages. J’avais d’ailleurs déjà abordé cette probabilité pour la gamme Visionaries.

Parallèlement, J’ai eu de nombreuses discussions avec des amateurs de jouets des années 80 et finalement assez peu d’entre eux se souviennent avoir vu par exemple un Destro lorsqu’ils étaient enfants. En fait il faudrait dresser une cartographie française à partir de documents et de témoignages indiquant la présence – plus ou moins marquée – de certains personnages G.I.Joe 3 3/4″ sur le sol français. C’est un travail minutieux que j’ai partiellement réalisé pour la gamme de jouets Cosmocats.

Merci pour ce billet ainsi que pour l’évocation du lancement des jouets G.I.Joe 3 3/4″ en France. Encore une fois, c’est toujours la même émotion me concernant, indéfectible <3

Ludosith says:

Salut Nicko 🙂 J’espère que tu va bien.
J’ai le souvenir dans le 78 à l’époque,d’avoir vu en 87,pour la première fois un énorme rayon de blisters Gi Joe à Carrefour et il yen avait même par terre tellement c’était blindé. C’est la seul fois,où j’ai vu d’ailleurs une tige complète de Destro V1 en blisters,et de l’avoir vu tout court. Pour Tonnerre,ça été la même chose,et j’ai du attendre d’en voir 1 dans un Monoprix un samedi soir..je sais pas ce qu’il faisait là tout seul. En tout cas,le début de la gamme en France c’était très compliqué même pour les véhicules. En 89,il y’avait plus du tout ce problème et la nouvelle wave était beaucoup plus simple à avoir.

Salut Ludo, toujours un plaisir de te lire 🙂

Merci infiniment pour ton témoignage. Celui-ci permet d’apporter un peu d’eau à mon moulin, si j’ose dire, concernant le lancement de la gamme de jouets G.I.Joe 3 3/4″ en 1987 sur le sol français. Il ne faut d’ailleurs pas oublier le différé avec les Etats-Unis, qui comporte précisément cinq années ainsi que les « cartes transitionnelles » estampillées Action Force. Nous connaissons tous l’histoire de ce parcours européen plutôt chaotique avant d’arriver à nos conditionnements Hasbro France 3 3/4″ frappés du logo G.I.Joe. Parallèlement, un lien est à établir avec le lancement de la gamme de jouets Cosmocats dans l’Hexagone selon une certaine impréparation, notamment en termes de timings, de quantités et de zones promotionnelles. Je rappelle que certains catalogues de jouets français proposaient au lancement des deux gammes des packagings U.S. comme visuels illustratifs. Tout un sujet qu’il faudrait détailler et illustrer. J’ai d’ailleurs à cet instant en ma possession des documents promotionnels insoupçonnés concernant la distribution française des jouets Cosmocats. On en découvre véritablement tous les jours concernant nos jouets des années 80 /90, et c’est ce qui est véritablement magique.

Héhé mon Nicko, c’ets toujours un plaisir.
Faut qu’on se parle de cette théorie, tu me connais ^^

Plaisir toujours partagé Boss ! <3

On en parle de vive voix quand tu veux

Greg says:

Salut Nicko, j’espère que tu vas bien (C’est Greg que tu as interviewé il y a presque 2 ans ;))
Pour info, j’ai eu Destro quand j’étais gamin. J’habitais à l’époque à Lyon, mais j’avais de la famille à Annecy donc j’y allais souvent, et donc il se peut qu’il puisse venir de là aussi…
Les frangins Tomax et Xamot, c’est sûr, venaient de Lyon, tout comme le Panthero Cosmocats (mais ça c’est une autre histoire ! 😉
A bientôt !

Je suis très heureux de te lire Greg ! Merci pour tes témoignages. Destro en carte FR c’est un sacré sujet avec un élément symptomatique à corréler d’ailleurs avec Pantéro en blister FR : ce sont des conditionnements Hexagonaux que nous avons vus circuler en extrêmes petites quantités ces 25 dernières années. Le tout début des années 2000 avait proposé des cartes FR de Destro chez Bertrand de mémoire et Sébastien Carletti m’avait confié avoir vu une carte FR de Pantéro également au commencement de la décennie 2000 (si mes souvenirs sont bons). Ceci dit chez nos amis félins de l’espace c’est davantage une carte FR de Tigro accompagné de WilyKat que j’aimerais bien avoir entre les mains un jour.

Sith says:

Mes 4 premiers en juillet 87 : Tonnerre, soldat cobra, œil de serpent, garde pourpre…… jamais eu Destro mais je me rappelle avoir reçu le cobra commander par la poste contre les points étoile ( souvenir indélébile !) je me rappelle aussi avoir acheté un starcom au lieu du water mocassin….. erreur de débutant car plus tard, je n’ ai eu aucune affinité avec cette gamme

Merci Chris pour ton témoignage 🙂

On retrouve dans ta liste des références iconiques avec un abonné absent : Destro. Le Water Mocassin et Copperhead c’était quelque chose. Voilà un modèle qui a toujours été très complexe à dénicher neuf/scellé en conditionnement Hasbro France. Au plaisir de te lire !

ayorsaint says:

Il me semble bien qu’un pote avait ce fameux Destro mais les souvenirs étant ce qu’ils sont… je ne saurais trop en faire une certitude.
Snake Eyes et Storm Shadow c’est sûr que je les ai cherchés un moment et quelle joie de les trouver. J’en avais fait un papier dans « les jouets du mercredi dans leur jus » à l’époque.
Ces souvenirs lorsque je revois ces dépliants et ces blisters sont gravés à jamais en moi aussi. Éternel sentimental…

Les « ninjas » c’était quelque chose aussi ! Victimes de leur succès, télévisé comme en termes de design, à l’instar de Destro. D’ailleurs l’armurier qui œuvre pour Cobra fait partie de ces action figures qui n’ont pas été rééditées en 1988 en France, tout comme Barbecue ou encore Anguille pour ne citer que ceux-là, par opposition aux deux ninjas.

Je crois bien qu’on ne se défera jamais de ces émotions vis-à-vis de nos jouets d’enfance. Quelque chose s’est véritablement cristallisé autour de ces déclinaisons plastique, lesquelles sont indissociables d’une temporalité et d’un contexte incluant notamment des personnes, des lieux etc. Des souvenirs indélébiles tout simplement.. Eternel sentimental bis…

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