Ne me demandez pas de vous parler du dessin animé Cobra, pour deux raisons majeures d’ailleurs. C’est un D.A que je n’ai pas connu durant ma jeunesse, aussi je n’ai pas développé d’affect particulier avec l’œuvre bien que j’ai pris le temps de regarder seulement quelques épisodes à l’aube des années 2000.
Mais surtout si vous souhaitez lire des choses intéressantes concernant le pirate de l’espace, il faut absolument parcourir les écrits d’Ayorsaint. À mon petit niveau, et selon de modestes compétences professionnelles, je souhaite spécifiquement aborder le générique français de l’œuvre à travers un sommaire décorticage de celui-ci. Bonne lecture à tous.
Certains de nos génériques Hexagonaux dédiés aux dessins animés des années 80 sont devenus des classiques. Je pense spontanément à celui des Cosmocats, des SilverHawks, de Galaxy Express 999 ou encore de Ken le survivant. Liste clairement non exhaustive.
Mais quels éléments contribuent véritablement à rendre un générique de D.A remarquable ? La possible qualité de l’œuvre associée mais sur le plan strictement musical, une composition peut conjuguer plusieurs particularités qui, selon une osmose parfaite, donnera naissance à un petit bijou auditif.
Et c’est en me penchant précisément sur le générique V.F de Cobra que j’ai trouvé un condensé d’éléments dont l’association a produit sans conteste une composition proche de l’excellence.
Les tensions
Le générique en version française de Cobra présente un découpage aux tensions plurielles. D’abord le feeling introductif du morceau est half time. C’est à dire que le tempo est étiré à travers un effet de ralentissement pour vulgariser l’idée. Un débit ternaire est utilisé, précisément en shuffle, lequel supporte parfaitement cette sensation de relaxation à l’A.D.N jazz et qui fait suite à la gravité des premières notes. On notera l’absence de caisse claire sur les troisièmes temps, toujours selon une volonté de relâchement.
La partie suivante, après une transition marquée au clavier, est full time. C’est à dire »deux fois plus rapide » que le tempo de la structure précédente avec un débit désormais binaire. Il en ressort beaucoup d’énergie à travers un découpage linéaire et très pop/rock. Cette seconde partie se clôturera par un break instrumental qui sublimera la voix.
Ces deux structures seront répétées mais une troisième, différente, assurera la fin du morceau. En effet, la partie half time ternaire deviendra full time avec un shuffle aux accents toniques. Toutes ces variations concernant la tension apportent énormément de relief à ce générique VF de Cobra. Il en ressort une dimension travaillée et les fluctuations rythmiques apparaissent comme un véritable voyage musical à l’image d’une petite épopée galactique.
Les sonorités
Voilà un élément crucial sur le plan de la chromatique musicale. Le générique en version française de Cobra évoque le fin fond de la galaxie à travers un panel de sons synthétiques provenant notamment d’un clavier. Les refrains ont, avec une écoute contemporaine, un aspect vintage délicieux.
Le traitement numérique introductif du morceau reproduit des sons qui évoquent clairement des violons, tout comme dans la dernière partie de la composition. Un choix judicieux qui suggère un certain romantisme et une érotisation à corréler avec la dimension féminine de l’œuvre Cobra.
Il est intéressant de mettre ces éléments auditifs en perspective, c’est à dire des sonorités qui se veulent futuristes face à des références davantage traditionnalistes comme le violon. Une autre particularité révélatrice d’une certaine richesse présente dans ce générique VF de Cobra.
L’interprétation vocale
Une composition qui n’est pas qu’instrumentale c’est bien entendu une voix. Et quelle voix concernant cette interprétation française du générique de Cobra. C’est l’artiste Olivier Constantin qui assurera la partie vocale du morceau.
Les variations de tensions et de sonorités évoquées précédemment sont en accord parfait avec l’interprétation d’Olivier Constantin. On est loin d’une linéarité convenue et les parties toniques du générique sont soutenues par une voix marquée là ou les structures ternaires sont swinguées suavement.
Epilogue
Lorsque j’entends le générique VF de Cobra j’ai un petit pincement au cœur et pourtant je n’ai absolument aucun affect avec l’œuvre animée. Voilà peut-être une manière de définir ce qu’est une composition réussie, c’est à dire la captation d’émotions, de tensions et de sonorités parfaitement conjuguées et sublimées par une interprétation vocale remarquable, sans pour autant avoir une connaissance profonde de l’œuvre associée.
Je crois qu’il est impossible de rester insensible au générique français de Cobra qui incarne finalement toute une période dorée où même si des productions étaient destinées à des enfants, les qualités de celles-ci, qu’elles fussent scénaristiques, visuelles ou auditives, ont bénéficié d’un travail et d’un soin parfois exceptionnels.
J’espère que cette petite parenthèse mélodique aura été agréable. Rendez-vous d’ici peu dans votre rubrique FulguroZik afin de partager ensemble d’autres moment musicaux. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est tout particulièrement dédiée à trois personnes.
D’abord à notre Aurélien national alias Ayorsaint et digne représentant dans FulguroPop des animés de notre jeunesse. Ensuite à Jérôme alias Cobra083 qui est notre Joe Gillian du Sud. Et enfin à Olivier alias Elcaballerodelcancer pour toutes les parties de Rugball pratiquées durant son enfance !
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Merci pour la dédicace Nicko.
Ayant bossé sur Cobra et le Rugball il y a peu j’ai revu les épisodes avec mon fils. Ça lui a tellement plu qu’on se fait les autres arcs narratifs importants maintenant. Tout ça pour dire qu’on ne passe jamais le générique. Mon fils me dit pour une fois le générique français est cool. Je lui réponds que non seulement il est cool mais il dépasse la VO. Il ne me croit pas car c’est jamais le cas. On écoute la VO… depuis on écoute la VF en boucle dans la voiture et la VO très chouette aussi parfois. En plus ils sont vraiment très différents l’un de l’autre, un régal !
Il faut rajouter que les paroles ont été écrites par Antoine de Caunes et qu’elles collent tellement bien au personnage. Le gars a vraiment regardé la série avant d’écrire et ça se sent.
Merci pour l’article, tu as bien expliqué ce que je suis incapable de comprendre tant je suis minable en musique mais je crois avoir compris quelques trucs…🤣
Je t’en prie, avec plaisir Aurel 🙂
En écoutant la version originale du générique de Cobra, il m’apparaît assez clairement que celui-ci, en tout cas son esprit, à largement influencé la transposition française. Par ailleurs, l’aspect qualitatif des DA appartenant à l’aube de la décennie 80 que j’évoquais dans ma production semble toucher les spectateurs de manière intergénérationnelle.
Enfin Aurel tu n’es absolument pas minable dans le domaine musical. Tout est une question d’initiation et en ce sens je ne suis pas d’accord avec Serge Gainsbourg. La musique tout court est un art majeur. Si je relis de nouveau une appréciation aussi dure envers toi-même, je publie dans le magazine les photos de ton cosplay sexy en déesse Athéna ! 😀
Je rajoute que le morceau qui me fait encore plus penser à Cobra que les génériques eux-mêmes c’est Shi no Koshin extrait de l’OST et qui revient à chaque épisode. Une reprise d’un standard de jazz je crois bien…
Je suis allé écouter la référence musicale que tu évoques Aurel. Elle est vraiment excellente mais j’avoue sécher, elle ne m’évoque aucun standard de jazz que je puisse connaître. Je passe le flambeau à Nicolas Fleurier si éventuellement il avait une idée.
J’écoute parfois Jazz Radio et à ma grande surprise je suis tombé quelquefois sur un morceau qui m’évoquais fortement Shi no Koshin. Mais vue mon oreille musicale… 🤣☠
C’est appréciable de lire le ressenti d’un musicien à propos d’un générique de dessin-animé que l’on a visionné enfant. Celui de Cobra n’apparaîtra pas dans un top 10, ni même un top 20 de mes génériques préférés mais je l’apprécie quand même. Comme le début du générique d’Albator 84, il traduit bien cette sensation de machines puissantes qui partent vers l’infini spatial.
Merci Pascal. J’ai vraiment synthétisé et condensé mon approche afin que cela reste lisible. L’idée globale est que le traitement en VF du générique de Cobra comporte un véritable travail de modulation concernant les tensions. Par ailleurs ton très juste ressenti évoquant des machines puissantes qui partent vers l’infini spatial rejoint parfaitement les formules épopée galactique et voyage musical.
Merci d’avoir synthétisé et condensé sinon j’aurais fait une surchauffe 🤣🤣🤣
Plus sérieusement tu ne mets pas Cobra dans un top 10 des VF KissFan. J’aimerais connaître ce top 10 du coup car j’ai dû rater des pépites.
Je ne pense pas que tu aies raté des « pépites » Ayorsaint, la musique est simplement une question de sensibilité. Et même si j’apprécie le générique de Cobra, je peux spontanément citer des titres de feuilletons ou de dessins-animés diffusés dans nos émissions jeunesse qui sont plus galvanisant à mes oreilles : Rahan, Il était une fois l’espace, Les Mondes engloutis, Les Maîtres de l’Univers, L’île au trésor, Silas, Zora la rousse, Les Mystérieuses cités d’or, Cosmocats, Albator 84, Goldorak Et l’aventure continue, Capitaine Flam, X-Or, Gobots (oui, une chanson interprétée par Bernard Minet), Le secret des Sélénites, la chanson de Groucha, Barrières, Bioman (l’adaptation VF du générique original), Le Prince Saphir, Le petit Lord. Je me suis arrêté à vingt, mais je pourrais creuser davantage 😉
Ne le prends pas mal, je suis toujours à l’affût d’un souvenir enfouit que j’aurais oublié et je pensais que tu pouvais en faire ressortir car j’avais du mal à trouver 10 génériques VF du niveau de Cobra. 20, n’en parlons pas…
Du coup j’avais raison de te demander (même si apparemment je m’y suis mal pris… désolé) car j’avais zappé Les Mondes engloutis qui est effectivement ce que j’ai appelé une pépite sans vouloir te blesser. Après les sensibilités de chacun sont notre richesse et beaucoup parmi celles que tu cites me semblent inférieures à Cobra qui fait bien partie de mon top 10 auquel je pourrai maintenant grâce à toi incorporer Les Mondes engloutis. Merci et encore pardon.
Le générique VF des Mondes engloutis c’est quelque chose. Et là encore je n’ai absolument aucun affect avec cette œuvre animée. Je rejoins Pascal concernant la version française du générique de Rahan. Exceptionnel.
Et j’ajoute celui de Signé Cat’s Eyes ! Il y a dix minutes en l’écoutant, j’ai esquissé une danse avec mon balai en faisant mon ménage. Je vous laisse imaginer la scène -_-‘
Il ne faut pas s’excuser Ayorsaint … Je n’ai aucunement la prétention de faire ressurgir dans les mémoires un générique qui serait à la fois exceptionnel et longtemps tombé dans l’oubli. Les compilations autour des génériques de notre enfance se sont multipliées depuis les années 2000, sans compter un ouvrage comme La belle histoire des génériques télé paru il y a deux ans où le travail de youtubeurs comme Eddy Archangel ou encore tous ceux qui ont mis en ligne sur YouTube des versions intégrales de ces génériques. On peut aussi ajouter les diffusions d’une radio comme Superloustic, etc … Pour aller plus loin, il faut sortir des génériques proprement dits et inclure des chansons appartenant à la bande originale de telle ou telle œuvre. C’est ainsi que j’adore des chansons comme le thème de Zia ou le thème de Tao sur la bande originale des Mystérieuses cités d’or. J’adore également des titres comme Les croc’monstres au grand cœur, Laissez faire le Funk ou Fais moi peur sur la BO des des Croque-Monstres (merci à Télé80 pour avoir commercialisé ces bandes originales).
Merci pour la dédicace, Nicko !! J’ai dû subir quelques traumatismes crâniens durant les championnats inter-écoles… Ceci expliquerait mes troubles de la mémoire actuels !! MDR !! Chapeau pour cet article, Nicko !! Ayant été largué par une première lecture, j’ai mis le générique en fond sonore lors d’une seconde… Ceci m’a permis de mettre des notes, des mélodies, du rythme sur tes mots… Il y a encore des termes qui m’échappent mais j’ai trouvé l’exercice génial !! Je te rejoins quant au fait que l’on peut adorer un générique sans pour autant en apprécier l’œuvre dont il provient et inversement. J’ai des intros de génériques qui tournent en boucle sur mes playlists alors que je connais à peine le contenu des séries dont ils sont tirés. Pour ma part, j’ai un petit faible pour le générique original de Cobra… Selon mon ressenti, l’aspect érotique dégagé par la série et ses atours féminins dont tu parlais pour le générique français se ressentent encore plus à travers la sublime orchestration et la voix de la chanteuse de l’intro nipponne. Le générique français reste plus « masculin » mais je l’adore tout autant !! Encore merci pour cet article génial, Maestro Nicko !!
ps : quelques ajouts à nos pépites partagées : Jayce et les Conquérants de la Lumière, Sherlock Holmes, Tao Tao, Le Vent dans les Saules, Spectreman, Bomber X, La Bataille des Planètes, Edgar de la Cambriole… Merci pour le rappel du Croque-Monstres Show, KissFan !!
psbis: certains génériques ont ma préférence pour leur version originale tout en aimant leur pendant français : Lady Oscar, Ken le survivant, Les Chevaliers du Zodiaque, SilverHawks …
pster : Nicko en train de faire des entrechats sur le générique de Cat’s Eyes ?!! On a bien vu Mammouth déguisé en gentille dame, alors pourquoi pas !! 😉 The show must go on !!
Je t’en prie Olivier, le plaisir était véritablement pour moi ! 🙂
J’ai essayé de rendre l’approche qui évoque des notions de solfège rythmique la plus digeste possible. Ce ne fut pas évident mais c’était important à mes yeux de parler de ce générique de Cobra selon un langage musicologique. Non pas pour jouer au savant, certainement pas j’insiste, mais plutôt pour illustrer le fait que des génériques de dessins animés ont pu bénéficier d’un véritable travail de fond malgré cette aura intimement liée à l’enfance.
J’ai beaucoup apprécié le générique nippon de la série animée Cobra lorsque je l’ai découvert. Au même titre que plusieurs autres compositions dites originales comme celle d’Hokuto no Ken par exemple. Dans la liste que tu évoques Olivier, je souhaite absolument mettre en relief le générique français de Bomber X ainsi que celui de Jayce et les conquérants de la lumière. Je joue très régulièrement ce dernier à la batterie. Il est réellement incroyable.
Merci encore Olivier pour ta présence que j’apprécie de manière inconditionnelle 😉
Ah tiens, j’avais du retard sur le site dis donc, j’avais loupé ton article mon Nicko !
J’aime beaucoup ton approche musicale et c’est marrant ce coté éloigné de l’affect que j’ai pour avoir vibré à l’époque et encore maintenant. Quand j’entends ce générique, je ne peux m’empêcher de le chanter encore aujourd’hui… (Faux certainement mais osef ! )
La puissance vocale quand le Psychoroid décolle dans le générique est un truc qui m’a toujours marqué et le coté mystérieux du personnage est bien retranscrit.
Le générique est aussi riche que le DA , c’est un vrai plaisir.
Bon choix pour ton très bon article Amigo !
Gros Poutoux d’ailleurs.
Rider / T.
Je suis très heureux de te lire mon Tibo ! 🙂
Merci pour ta présence et la lecture. Selon ma formation professionnelle, j’ai une tendance à décortiquer tout ce que j’entends dans le domaine musical. Aussi j’ai deux manières de percevoir un générique de DA : d’abord vis-à-vis d’un affect essentiellement lié à l’enfance mais pas que. Certaines compositions d’animés me replongent spontanément durant les années des émissions télévisées dédiées à la jeunesse. Ensuite ma modeste formation musicale me conduit nécessairement à une écoute fondée sur la compréhension où je vais assez naturellement poser des valeurs, débits et autres métriques en imaginant une partition.
Dans les deux cas, le plaisir est là tout en étant différent. Ta remarque concernant le décollage du Psychoroid et l’envolée vocale qui l’accompagne est très intéressante. Elle rejoint l’idée que l’image et le son – lorsqu’ils sont en harmonie parfaite – ont le pouvoir de générer des sentiments remarquables. D’ailleurs il existe un concept en musique qui peut être défini comme « l’image auditive ».
Merci de nouveau mon Tibo pour ton message !
Arrête de faire ton modeste.
Après y’a un petit détail à savoir… Là en regardant le petit topo d’Ayorsaint sur le Rugball, j’ai regardé son lien YT…
Mais en fait depuis quelques années, il y a eu un remodelage du générique. Ils ont remixé et décalé la chanson par rapport aux images, le refrain qui monte en puissance et qui fait une belle partie de la force de la chanson était calé sur le décollage du Psychoroid. Ce n’est plus le cas et je trouve vraiment que le générique y perd bcp !
C’est un détail perso évidemment mais je trouve que c’est un beau ratage…
Allez à plus mon Nicko, à bientôt !
Rider / T.
Je ne fais pas le modeste mon Tibo. Lorsque je vois tout ce qu’il me reste à apprendre/travailler dans le domaine musical, dix vies ne suffiraient pas 🙂