Bienvenue à la Bibliothèque nationale de France pour une exposition hors normes consacrée à l’oeuvre de JRR Tolkien.
Outre le Hobbit et le Seigneur des anneaux, l’exposition retrace les oeuvres posthumes comme le Silmarillion. Certains fans pourront être surpris de découvrir la traduction retenue par les commissaires. Il ne s’agit pas de la version la plus répandue signée Francis Ledoux, mais celle de Daniel Lauzon, réputée plus proche de l’intention originale de Tolkien d’après sa correspondance et surtout dépourvue des coquilles et erreurs d’interprétations du traducteur.
Le choix de cette traduction perturbera probablement encore plus ceux qui ne connaissent que les films puisque la VF s’est appuyée sur le texte de Ledoux. C’est d’autant plus dommage que la traduction Lauzon possède à mon sens moins de charme que celle de Ledoux. Une simple correction des erreurs de Ledoux aurait probablement suffi, mais la francisation (partielle, Ledoux ne l’a pas étendue au Hobbit par exemple) de certains appelait visiblement aussi des corrections (alors que l’ajout du « n » final aux noms en « o » semble bien ancrée (Néron, Othon, Drogon…). Peut-être aurons-nous l’occasion d’en reparler dans ces colonnes.
Passée la surprise de lire Fendeval au lieu de Fondcombe ou Barbebois au lieu de Sylvebarbe, on peut donc s’engouffrer dans une expo riche et en totale intertextualité avec l’histoire médiévale (à travers de nombreux objets, armes et armures présentés) et les mythes occidentaux transposés dans nos contes.
En s’appuyant sur les archives Tolkien, l’expo met le processus créatif en valeur avec moult brouillons et repères chronologiques et linguistiques.
Outre la présentation de l’oeuvre et de l’auteur qui dévoile son talent d’artiste, la BnF propose de se plonger dans les inspirations, parfois évidentes, parfois moins, de Tolkien. Ainsi on admire ses notes sur la liste des noms des personnages tirés pour la plupart de l’Edda poétique et d’autres poèmes scandinaves ou germaniques (Tolkien était le grand spécialiste de Beowulf).
Croquis, manuscrits et même tapisseries rappellent la richesse visuelle de l’oeuvre de JRR Tolkien.
Le plus beau demeure probablement à mes yeux cette illustration de la conversation avec Smaug.
Convoquant Piranese dont les Carceri ont servi à penser la Moria, l’expo montre l’éclectisme de Tolkien, même si tout cela semble homogène visuellement tant on voit de gravures (de Doré, notamment) dans les vitrines.
Ici, la traversée du Cocyte gelé par Virgile et Dante dans cette gravure de Gustave Doré rappelle les Marais morts (Dead Marshes) que traversent Sam et Frodon.
A ce propos, on note quelques détails communs à l’oeuvre présentée par Tolkien et la production du film Dracula de Coppola.
Ainsi, outre les Carceri cités plus hauts et les visions presque gothiques que reprendra le cinéaste pour le château de Dracula et l’asile de Carfax, on remarque ce projet (refusé) de couverture pour le Retour du roi.
Le bras de Sauron qui étend son emprise sur la Terre du milieu rappelle étrangement les ombres portées de celui de Dracula sur le plan de Londres au début du film.
En insistant sur la construction de la géographie propre à la Terre du milieu, l’exposition fait écho à une marotte de l’auteur de ces lignes évoquée dans un précédent dossier sur la Fantasy.
Au terme de ce voyage en Terre du milieu, les commissaires de l’exposition s’attèlent à dépeindre Tolkien, philologue, créateur et père. C’est probablement l’aspect le plus touchant de l’expo. Les lettres du Père Noël qu’il rédigeait pour ses enfants comptent parmi les merveilles de la collection Tolkien exposée à Paris…
Infos pratiques
Du 22 octobre 2019 au 16 février 2020.
Du mardi au dimanche
10h-19h (nocturne le jeudi jusque 21 heures)
Bibliothèque François-Mitterrand
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13
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