Les Jouets du Mercredi : Power Lords Arkuss (Ceji/Revell 1983)

 

C’est mercredi après-midi, il est temps de déposer les cartables et de retrouver nos jouets préférés. Pour ce nouveau numéro j’ai choisi de revenir succinctement sur une licence que j’affectionne particulièrement, celle des Power Lords, et ce à travers l’action figure d’Arkuss, le dictateur démoniaque.

J’avoue que j’écris toujours avec un certain engouement lorsque j’évoque les guerriers extra-terrestres. Et pour cause, ils ne sont que très rarement mis à l’honneur sur la toile, assez injustement d’ailleurs. La marginalité que la gamme de jouets a connu durant les années 80 semble perdurer de manière inexorable.

Qu’importe, il reste encore de quoi alimenter de nombreuses productions qui, je l’espère, susciteront un intérêt ainsi qu’une re-découverte de ces jouets surnaturels.

J’avais déjà rédigé un dossier concernant l’action figure d’Arkuss avec une étude de style et des documents conceptuels. L’approche d’aujourd’hui se voudra plus sobre, plus axée sur une expérience personnelle.

 

 

Le dictateur démoniaque est avant tout une créature qui a été conceptualisée par Wayne Barlowe. Le maître de la thématique extra-terrestre a imaginé un être filiforme, insectoïde, dont le design torturé semble provenir d’une dimension parallèle cauchemardesque. Il est vrai que la gamme de jouets Power Lords, et essentiellement en termes d’action figures, pourrait sans complexe figurer dans n’importe quelle production horrifique.

Arkuss est au croisement du bestiaire mantidé et lépidoptère dont les lignes évoquent le linéal du phasme. Ses membres, qui semblent décharnés, suggèrent des ossements effilés, acérés et incisifs. Les cornes démesurées juxtaposant la tête du dictateur sont du plus bel effet. Elles apportent de l’envergure ainsi qu’une dimension démoniaque, occulte et obscure. Je trouve par ailleurs que la tête du dictateur évoque les crânes mortuaires de buffles indissociables du far-west.

Enfin le code couleurs d’Arkuss est, à titre personnel, très esthétique. L’assemblage du violet et du rouge vif inspirent les poisons les plus nocifs, les substances les plus vénéneuses.

 

 

Le dictateur démoniaque comporte de nombreux points d’articulation qui le rendent très jouable. Une petite molette située dans le dos d’Arkuss permet d’actionner les ailes. Une action feature simple et amusante qui contribue, encore une fois, à accentuer la dimension « playable » du jouet.

On soulignera également la présence des deux armes chromées qui se clipsent sur les avant-bras. Celles-ci apportent du relief, tant sur le plan de la chromatique que du design général, et font intuitivement référence à l’univers de la science-fiction. Je souhaiterais par ailleurs évoquer le plastique translucide utilisé pour les yeux d’Arkuss qui contribue largement à incarner le personnage.

Enfin, tous les petits points blancs qui parcourent le buste du dictateur démoniaque m’évoquent la granulosité de l’amanite tue-mouches et, en résonance au paragraphe précédent, une certaine toxicité.

 

 

Notre petite parenthèse récréative se referme ici. Arkuss, à travers son élégance maléfique, est une représentation suprême et sublime du style Barlowe. Le maître est un véritable génie de la création et a nourrit avec talent aussi bien le thème de la science-fiction que celui du surnaturel, de l’effrayant, de l’extra-atmosphérique. Je reviendrai très prochainement sur la licence Power Lords avec un plaisir toujours non-dissimulé.

Nous vous donnons rendez-vous samedi pour découvrir ensemble un nouveau jouet vintage. Merci à tous pour vos lectures et vos retours très encourageants.

4 comments

Ludosith says:

Encore un numéro bien complet et super intéressant 🙂
Juste à coté de chez moi, il y avait une Foir’Fouille qui vendait des Power Lords. J’ai eu la chance d’avoir Sydott le Suprême que j’aimais énormément (c’était mon compagnon et je l’emmenais partout avec moi) ainsi que Ggripptogg, la grosse brute.
Et malheureusement j’ai jamais eu la chance d’avoir Arkuss… tout simplement parce que je l’avais jamais vu une seule fois en rayon. Il y avait tous les personnages sauf lui.
Donc soit il a (peut être) été moins produit que les autres ou alors il est plus rare. Mais c’était le seul qui était absent et que j’avais jamais vu en vrai. Ce qui est bien dommage car ça aurait été bien sympa de l’avoir dans les mains.
Encore merci Nicko pour ce travail excellent 😉

Nicko says:

Merci Ludo pour ta lecture et ton message 🙂

Les Power Lords ont été largement commercialisés en solderies, c’est un fait. Ceci s’explique en grande partie par un succès très mitigé qui a généré beaucoup d’invendus. J’ai eu vent il y a quelques années d’une anecdote qui relatait la présence du mini-playset Trap-Rock dans une solderie justement. Celui illustré avec Tork emprisonné dans les catalogues promotionnels. Je n’ai jamais vu, à titre personnel, d’autres photos de ce mini-playset.
Les Power Lords étaient par ailleurs très présents dans les papeteries/journaux. Toujours dans cette idée de stocks restants à écouler. 1984 sera une année majeure en termes de visibilité pour la licence des guerriers extra-terrestres en France.

Concernant Arkuss, je ne pense pas qu’il ait été moins produit. Il appartient à la première série regroupant 6 action figures au total. Le dictateur démoniaque est très présent dans les publicités françaises, notamment pour 1984 encore une fois. Question rareté, c’est clairement un personnage courant là où un Bakatak serait par opposition nettement moins disponible de nos jours.

Arkuss, lorsqu’on le tient dans les mains, donne vraiment une impression d’arthropode. Comme si on tenait un insecte filiforme. C’est très particulier comme ressenti. On ose serrer de trop les doigts par crainte de casser les ailes du papillon. C’est vraiment comme ça que je le perçois en tous cas.

Merci encore Ludo pour ton intervention 🙂

KissFan says:

Encore un très beau jouet pour illustrer cette séquence « Jouet du mercredi »! Chez ces créatures Power Lords, il y a toujours cette appartenance à un imaginaire plus inquiétant que dans d’autres gammes sf-fantasy, à cause de l’aspect très éloigné de l’anatomie humaine comme tu le soulignés très bien, et puis à cause du peu de supports de promotions. Enfant, je devais ressentir avec cette gamme un peu la même chose qu’avec Golden Girl (le côté effrayant de persos comme Vultura), voire Bravestarr (les illustrations des boîtes d’Intimidor ou de Scuzz) car je n’avais pas connu à l’époque le dessin-animé qui dédramatise souvent de façon loufoque ces créatures. Si Power Lords avait eu droit à un tel animé, le côté dérangeant injecté par la contribution de Wayne Barlowe aurait peut-être perdu de sa force … même si les ventes de jouets auraient pu être meilleures.

NB: Nicko, si tu as peur de prendre ta figurine d’Arkuss dans les mains, je te propose d’utiliser ta chaîne d’Andromède façon toile d’araignée comme le fait Shun contre l’abeille de Scylla.

Nicko says:

Merci Pascal pour ta lecture 🙂

J’ai envie de te dire tant mieux qu’il n’y ait pas eu de support animé dans la mouvance Filmation pour les Power Lords. Les comics ont su implanter un background plus vraisemblable à la fois dans le scénario mais également dans le profil des personnages extra-terrestres. Cette dimension plus « mature » a contribué à accentuer et préserver l’esprit horrifique des Power Lords. Comme souvent, ce qui est « underground » présente des qualités majeures mais une mise à l’écart des masses. Cela me convient tout à fait.

N.B : Pascal, j’envisage fortement de pratiquer la technique de l’aiguille écarlate sur ton chat. Je te laisse deviner où ira se loger Antarès, la quinzième piqûre.

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