Sorti au début du mois d’octobre, Venom vient d’engranger 450 millions de dollars de recettes sur son troisième week-end d’exploitation aux Etats-Unis. Toutefois, le film de Ruben Fleischer souffre d’une mauvaise presse, alors qu’en est-il vraiment ?
En sortant de la salle de cinéma, après pas loin de deux heures de films, il est difficile de faire abstraction des incohérences, de l’aspect incomplet mais aussi du côté paradoxal du film.
Sans surprise, le film fait le choix d’être indépendant de l’univers de Spider-Man.
En effet, le Symbiote (la créature extraterrestre portée par Eddie Brock/Tom Hardy) est étroitement lié à l’Araignée, mais ici, nous n’avons que de très rares éléments pour faire la connexion avec l’univers de Peter Parker. Et honnêtement, ce n’est pas un souci en soi. On garde les grosses lignes, puisque le monstre visqueux est toujours un être venant d’une autre planète. Cela dit, il aurait aussi bien pu être une création terrienne, comme dans sa version Ultimate, ce n’était pas dérangeant.
Si ce n’était que la seule chose négative à dire sur le film, ça irait. Malheureusement, l’histoire étant déjà assez classique à la base dans sa construction, on se retrouve plombé par de nombreuses incohérences qui sont difficiles à ignorer.
Eddie Brock est, d’après le grand méchant du film, l’hôte parfait pour le Symbiote. Pourtant, il passe le plus clair de son temps à suer à grosses gouttes, à délirer, se sentir mal… Alors que d’autres personnes moins compatibles avec la créature ne sont pas aussi affectées par le fait d’être parasitées par Venom. Le fait que Brock ne fusionne pas facilement avec une entité extraterrestre était crédible, et montrait que malgré la compatibilité, ce n’était pas donné à tout le monde. Mais on vient contredire cela avec deux petites scènes qui n’apportent qu’un peu de pathos à un ensemble qui n’en avait pas besoin.
Venom est une entité malfaisante, qui souhaite asservir la Terre. Il va tout de même protéger un groupe d’humains lors de sa fuite avec Eddie, alors qu’il n’affiche aucune sympathie pour les terriens, et que Brock n’a clairement pas le contrôle des pouvoirs du monstre à ce moment-là. Mais ça, c’est avant que notre chère petite bête noirâtre décide que, finalement, il va se battre pour défendre le genre humain simplement … parce qu’il a passé un peu de temps dans la tête d’Eddie. De la même manière qu’Eddie, qui cherche par tous les moyens à se débarrasser du parasite, décide que finalement, ils sont bien ensemble.
Tout ceci se passe de façon bien trop rapide et on se retrouve dans des situations inversées d’un coup de baguette magique.
Venom est dans la tête d’Eddie. Il comprend, il sait tout sur lui et peut communiquer directement dans son esprit sans avoir à se montrer physiquement. Et quand Brock doit se rendre à un endroit particulier mais qu’on lui refuse l’accès, le Symbiote prend les choses en mains. Seulement, il n’amène pas du tout son hôte là où il le souhaite, et on nous offre donc une scène qui expose l’une des faiblesses de la créature. C’est assez mal amené, un peu grossier dans le procédé.
A de nombreuses reprises, Venom se nourrit. Pour cela il gobe tout simplement la tête des humains qui le menacent. Tout est suggéré, on ne voit rien – question de classification, par rapport au public. Soit. En revanche, lorsque l’on passe sur des plans larges, il n’y a aucun cadavre, pas de traces de sang, rien. Comme si le monstre avait gobé sa victime en entier. Cela ne relève que du détail, mais quand on est un peu attentif, c’est perturbant de voir un enchainement d’événements qui ne se font pas de façon logique.
Malgré la durée du film, il est clairement possible de ressentir les manques, les trous dans l’histoire. De voir qu’il est incomplet. Sans spoiler, il sera difficile d’exposer les points clés qui seront certainement présentés et développés dans la version longue du Blu-Ray. Selon les propos tenus par Tom Hardy lui-même, qui incarne Brock à l’écran, il manquerait trente à quarante minutes de scènes tournées. Peut-être que dans ces passages, on accentuera l’aspect religieux, ainsi que le coté sportif de Brock, qui sont des parts importantes dans la version classique du personnage, qui sait ? Cela permettrait d’épaissir un peu le personnage, qui serait un peu plus nuancé et partagé qu’il ne l’est dans Venom. Il s’agirait malheureusement des meilleures scènes, toujours d’après la tête d’affiche. On n’a vraiment pas de chance …
Le coté paradoxal du film repose principalement sur le fait qu’en sortant de la salle, on a toujours l’impression d’être dans l’introduction. Brock semble faire l’imbécile, Venom plaisante avec lui, on n’est pas pris par un enjeu important (même à la fin du film), bref … le genre de truc que l’on tolère pendant quelques minutes quand le personnage principal découvre ses pouvoirs. Mais on étire cette ambiance sur les deux heures de spectacle. On ne voit donc pas le temps passer, mais on sort en se disant « Comment peut-on dire aussi peu de choses en prenant tout ce temps ? » , ce qui est dommage.
Il n’y a donc rien de bon dans ce film ? Si, ne vous en faites pas.
Visuellement, Venom ‘est une réussite. Le Symbiote n’est pas qu’une flaque gluante qui se déplace en coulant en direction de sa proie. Non, lorsqu’il est dépourvu d’hôte, la créature est animée de façon super dynamique et assez dégoutante (dans le bon sens du terme).
Les acteurs, Tom Hardy en tête, campent bien les personnages à l’écran. Le rendu global est donc suffisamment intéressant à suivre pour que l’on ne décroche pas complètement de l’histoire.
Qui dit film de super-héros, dit scènes post-générique. Et celles qui nous sont offertes mettent clairement l’eau à la bouche, et satisferont peut-être même plus le spectateur qui connait le Spider-Verse que le film qu’il vient de voir. Pour ceux qui ont moins de connaissances sur le sujet, au moins l’une des deux sera plaisante à voir, quand l’autre ne parlera clairement pas du tout aux néophytes.
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Voilà deux semaines que je me tâte et ta critique ne va pas m’aider… en effet je rêvais d’un venom digital digne de ce nom depuis plus de 10 ans et ma déception lors de spider 3 de sam raimi.
Du coup la seule vue des trailers avait suffit à faire monter ma hype très très haut en plus de tom hardy dans le rôle titre.
Puis les premiers retours sont tombés et comme j’accorde beaucoup d’importance au scénario et/ou à l’histoire qu’on me propose ma hype a chuté de façon drastique.
Mais il reste ce foutu plaisir de voir mon symbiote préféré aussi beau sur grand écran.
Est ce que je me contenterai d’un visionnage tv lors de sa sortie blu ray ? Vais je craquer un froid jour de pluie?
Dans tous les cas je ne peux que pester (une fois de plus…?) contre marvel pour être passé à côté de quelque chose de vraiment bien.
Reste plus qu’à attendre la suite de avengers en espérant une fin en apothéose à la hauteur du 3 et de ce que marvel peut (trop rarement ? ) proposer.
Merci pour la critique Blaster.
De rien, mais ce n’est pas ma critique, c’est Ji-Day qui l’a écrite. 😉
Waw tellement habitué à ne converser qu’avec toi sur le site… ce qui est bien dommage… mais ne remet pas en cause la qualité de nos échanges 🙂