Fulguropop a eu la chance, vendredi 9 février au soir, de pouvoir assister à une avant-première du film franco-canadien Ghostland (Incident in a Ghost Land), qui ne sortira que le 14 mars 2018. Ce qui va suivre ne dévoile rien du film mais si vous voulez conserver intact votre visionnage dans un bon mois, ne lisez pas ce qui suit.
Ghostland, de Pascal Laugier est LE film en passe de devenir mythique et culte dans les prochaines semaines tant l’aura qui le précède est grande : grand prix du festival international du film de Gerardmer après sa diffusion le 3 février dernier, il a raflé aussi les prix du public et du jury SyFy, excusez du peu !
Surtout, le film signe le grand retour de Mylène Farmer au cinéma après l’échec de Giorgino de Laurent Boutonnat en 1994 et le doublage voix de Sélénia dans Arthur et les Minimoys. La mystérieuse chanteuse, sans logique, ne pouvait que revenir au cinéma par une porte dérobée, via un tel film. Car Incident in a Ghost land (on préfère ce titre bien plus adapté aux circonstances) correspond en tout point à l’univers de l’artiste ou, à tout le moins, à une certaine image qu’on se fait de cet univers, rempli de poupées étranges et de faux-semblants…
Autant vous dire qu’hier soir la tension était à son comble avant la projection (à 22h : idéal pour avoir bien les chocottes…) : file d’attente conséquente et bigarrée dans la respectable enceinte de la cinémathèque, émoi sur le site Mylene.net qui annonçait (à tort) la séance complète, caméras infrarouges pour interdire toute captation, stricte interdiction aux moins de 16 ans et speach introductif du réalisateur lui-même !
Pascal Laugier annonce d’emblée la couleur : le parcours de son film, il le sait, ne sera pas facile : il s’imaginait -comme nous- les années 2000 remplies de voitures volantes et de rencontres extra-terrestres : l’époque est à la frilosité, au « néo-puritanisme » et aux procès d’intention : il s’attend à ce qu’on juge son film misogyne, sexiste, réac ou que sais-je encore… Pas simple… Non : son film est un modèle du genre ! Mais lequel ? Horreur ? Slasher ? Torture porn ? Oui il y a un peu de tout ça mais avec une french Touch qui n’est jamais ridicule ou « cheap » et qui semble – oh surprise- commencer à séduire les institutions journalistiques comme Télérama, Libération et Le Figaro…
Bref, le sulfureux Ghostland se prépare à se faire une place légendaire allant de Mad Movies aux journaux plus « littéraires » en passant par la presse people qui parle déjà de ghostland comme « le film de Mylène Farmer (même si Chrystal Reed lui vole clairement la vedette) mais gare aux réseaux sociaux et leurs possibles déchaînements incontrôlés faiseurs et défaiseurs de rois…
Place au film et là : le miracle s’accomplit. Chef d’oeuvre ! On ne dévoilera rien si ce n’est que l’univers entre le réel et l’imaginaire vous scotchera à votre fauteuil. Vous allez flirter avec HP Lovecraft (ses premiers écrits horrifiques), Gaston Leroux (pour la French Touch of course !) massacre à la tronçonneuse et d’autres références « millénaires » et clipesques qu’on préfère vous laisser découvrir. Mais Laugier installe un climat qui lui est propre et qu’on a rarement vu au cinéma : ambiances familières et étranges à la fois : les contes de fées de l’enfance sont là : revisités, révélés. Vous ne lirez plus jamais Hansel et Gretel ou le Petit Poucet comme avant…
Autour de 5 personnages (essentiellement féminins, on n’en dira pas plus) de dédoublements et de quelques poupées r(o)usses, de mise en scène rusée, l’insoutenable se produit et le pire c’est qu’on en redemande ! Violence, traitements à la limite du supportable, folie : il faut IMPERATIVEMENT voir Ghostland sur grand écran et surtout pas sur un portable ou téléviseur ridicule, on passerait à côté du film et ce serait un… crime.
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Seb Ulba
•5 ans ago
Waouh !
Quelle élogieuse critique. Ça donne très envie d’y aller et de découvrir cette ambiance-dont-personne-ne-semble-pouvoir-parler-sans-devoiler-le-twist… mais je déteste les « torture porn » : ()