A quelques semaines de l’arrivée de la série Ahsoka sur Disney+, je vous ai déjà proposé plusieurs articles pour vous préparer qu’il s’agisse de mieux saisir le personnage de Thrawn ou la chronologie Star Wars, mais il reste un point que je souhaite aborder (en attendant de trouver d’autres inspirations), c’est la relation ambigüe que j’entretiens avec le personnage éponyme.

Quand Ahsoka Tano a fait son apparition dans l’univers Star Wars en 2008, ma réaction devant le film The Clone Wars fut immédiate et négative, à tel point que j’ai longtemps mis de côté la série animée, n’arrivant pas à m’intéresser au propos. C’est un débat que j’ai eu régulièrement avec l’ami Ayorsaint.

Vous le savez probablement. Je n’aime pas la prélogie Star Wars et je trouve que la série qui compte un long métrage et sept saisons ne fait que diluer l’histoire de la guerre des clones censée durer trois ans dans la chronologie officielle.
Pourtant, quand mon fils a été assez grand, j’ai voulu lui montrer la série.
J’ai dû pour cela me fader tous les épisodes de 5 ou 6 saisons à l’époque pour identifier ce qui lui était accessible en fonction de son âge. Et là, quelle surprise ! J’ai constaté l’évolution notable du personnage d’Ahsoka. Une évolution qui m’a séduit et que je vais vous expliquer.

 

Les raisons de la colère

Pourquoi Ahsoka m’a tellement dérangé en 2008 ? La première des raisons tient à la place qu’elle occupe dans l’univers Star Wars.
Nulle part auparavant n’avait été évoquée la possibilité qu’Anakin Skywalker ait pu avoir un Padawan. Le simple fait que ce personnage soit introduit après la bataille de Geonosis et disparaisse avant celle de Coruscant rendait son existence improbable. De plus, le personnage d’adolescente espiègle ne m’a pas du tout convaincu ni intéressé. Son impertinence et sa manie de donner des surnoms à tout le monde m’ont rapidement lassé. Pire, l’architecte de la série, Dave Filoni pousse le personnage dans un registre extrême d’insubordination qui conduit à des catastrophes. Et ce de manière répétée. On se souvient de l’épisode 19 de la saison 1, Tempête sur Ryloth, où son entêtement et son mépris pour les ordres de ses supérieurs provoquent la perte d’un Star Destroyer de classe Venator et de son équipage.

Toutes les erreurs du perso semblent n’avoir que trop peu de conséquences. Malgré les enjeux, les sanctions qu’elle encourt restent mineures. On a bien un moment où elle se retrouve au chevet de l’amiral Yularen blessé par sa faute, mais on n’est loin de rendre le personnage aimable. Même dans Le Vol de l’holocron (S02E01), son incompétence crasse ne lui fait endurer qu’une sanction mineure qui a le mérite, pour elle, de la replacer au cœur d’un épisode essentiel : l’introduction du perso de Cad Bane qui vole un artefact dans les archives Jedi.  Les choses évoluent pourtant lentement et je ne saurais dire si c’est le fruit d’un plan délibéré de Filoni ou un hasard complet. Après plusieurs épisodes où la catastrophe ambulante s’en sort miraculeusement et met du temps à apprendre de ses erreurs, il faut attendre Le Sabre-laser perdu (S02E11) pour que s’autonomise la Padawan irritante en se confrontant à une autorité alternative, celle du Maître Jedi Tera Sinube.

Un Jedi dont la dépouille est conservée dans les oubliettes de l’Inquisitorius à l’époque de la série Obi-Wan Kenobi.

 

Retournement de situation

A partir de ce moment, l’évolution du personnage d’Ahsoka devient sensible. Elle évolue physiquement et mentalement. Ce double passage de cap lui donne le dessus sur son propre maître qui demeure immature en dépit de ses propres transformations physiques (croissance, cicatrice sur le visage, amputation d’un bras…). Au fil des saisons 3, 4 et 5 les arcs narratifs autour Ahsoka gagnent en efficacité et en intérêt. Elle se distingue par sa relation à la Fille dans les épisodes (15, 16 et 17) de la saison 3 qui conduisent Anakin, Obi-Wan et elles sur Mortis au plus profond des mystères de la Force. De fait, Ahsoka demeure associée à cette figure symbolique du côté lumineux de la Force via la chouette Convor, Morai, qui l’accompagne.

Celui qui conclut la saison 5 en est l’apogée. Accusée à tort par un ordre Jedi manipulé, Ahsoka comprend qu’il est temps pour elle de quitter cette institution manifestement dépassée.

Cette démission apporte aussi une solution au problème créé par l’absence d’Ahsoka dans toutes les sources canon dès La Revanche des Sith Il fallait lui faire quitter la scène et ce n’est qu’à la faveur de la saison 7 qu’elle reviendra pour assister à la disparition des Jedi et de la République.

 

 

Le risque de l’usure ?

Ahsoka devient un gimmick des productions de Dave Filoni, presque une mascotte. elle apparaît dès la première saison de Star Wars Rebels,  bien entendu aussi, dans la deuxième de The Mandalorian, et dans ce qui restera, je l’espère, la seule du Livre de Boba Fett.
Paladin de la Force, libérée des carcans de l’ordre Jedi, elle excelle dans son art et dans son rôle d’agent secret rebelle. C’est une réussite tout au long de la saison 2 de Star Wars Rebels, cela devient un peu plus gênant quand elle échappe par magie à la mort parle truchement du Monde entre les mondes découvert par Ezra Bridger au cours de la saison 4. Son retour, salué par une partie des fans, ne ravit pas tout le monde. Il interroge sur la nature définitive de la mort dans l’univers Star Wars.

 

Un sujet déjà abordé dans La Revanche des Sith comme moteur de la conversion au côté obscur d’Anakin Skywalker par Palpatine. A titre personnel, je crains toujours ces artifices qui permettent de faire revenir des personnages par magie. Ils trahissent souvent des facilités scénaristiques et relativisent toute disparition. C’est d’ailleurs le problème fondamental du Sith Eternel dans L’Ascension de Skywalker. De plus, il existe déjà des moyens d’interagir entre les morts et les vivants à travers la Force. Dès 1977, l’écho de la voix d’Obi-Wan Kenobi puis l’apparition de son fantôme sur Hoth puis sur Dagobah en 1980, offraient des possibilités d’échange avec des mentors disparus. Alors pourquoi s’embarrasser de tels artifices ? Probablement pour ressusciter un personnage devenu culte et bien marketable.

Alors qu’il m’avait fallu pas mal de persévérance pour découvrir l’intérêt du personnage d’Ahsoka Tano, le recours aux solutions de facilité par l’équipe de scénaristes de Lucasfilm atténue un peu ce qui fait son piment. C’est bien dommage, mais cela ne m’empêche pas d’être impatient de découvrir la série Ahsoka sur Disney+ cet été. Peut-être plus pour voir le Grand Amiral Thrawn en action…