Timothy Zahn : Interview exclusive de l’auteur culte Star Wars

Pour son premier déplacement en France, l’auteur culte de romans Star Wars, Timothy Zahn était au Paris Fan Festival, aussi quand il nous a été proposé de conduire un entretien avec lui, nous ne pouvions passer à côté d’une telle opportunité.

Cette interview a été conduite au Paris Fan Festival, le dimanche 16 avril.

FulguroPop : Bonjour, Timothy Zahn. Merci d’être là avec nous. C’est un plaisir et un honneur de vous rencontrer et d’avoir l’opportunité de vous poser quelques questions à propos de vos livres et des personnages que vous avez créés depuis plus de 30 ans et qui ont eu un impact énorme sur la communauté des fans et le lore Star Wars. Ma première question portera sur vos débuts dans l’écriture de L’Héritier de l’Empire, quels types de sources aviez-vous à votre disposition ? Il y avait peu de romans, mais quelques suppléments au jeu de rôle de chez West End Games, y avez-vous eu recours ou avez-vous inventé ?

Timothy Zahn : Ma principale source d’inspiration furent d’abord les films. Je les connaissais extrêmement bien et je les avais vus plusieurs fois. Quand j’ai commencé à travailler sur le livre mon éditeur chez Bantam m’a envoyé un tas de livres de West End Games gros comme ça et m’a dit qu’ils aimeraient que je me coordonne avec leur contenu. Pendant une demi-heure je suis resté planté là. Je ne voulais pas avoir à me coordonner. Ensuite j’ai ouvert ces livres et pris connaissance de leur contenu. Ils avaient accompli un travail incroyable de contexte sur les planètes, les aliens, les vaisseaux, les véhicules. Autant d’éléments que je pouvais désormais utiliser. Je leur en suis très reconnaissant de me les avoir envoyés. C’était ma matière secondaire pour des détails comme les Rodiens, les aliens, les croiseurs Interdictor qu’a utilisé Dave Filoni avec talent, la façon dont les champs de dissimulation fonctionnent… Pour résumer, mes sources d’inspirations furent les films et les livres de chez West End Games. Tout le reste, je l’ai imaginé.

 

Pourquoi avez-vous décidé de faire de Thrawn un alien et non pas un être humain ?

En fait, une fois que j’avais décidé de créer un « bon chef », quelqu’un qui inspirerait de la loyauté à ses hommes, comme principal méchant, comme les films ne montraient pas de non-humains parmi le haut commandement de l’Empire, j’ai décidé que si Thrawn, en tant que non-humain, était capable d’atteindre la dignité de Grand amiral qui n’est conférée qu’à douze personne à un instant donné, cela soulignerait à quel point il est spécial et compétent. C’est pour ça qu’il n’est pas humain, pour illustrer le fait que l’Empereur l’a choisi personnellement.

Vous avez expliqué que Thrawn inspirait la loyauté chez ses subalternes, mais comment gère-t-il son propre conflit de loyautés entre l’Empire et l’Ascendance Chiss ?

Il inspire la loyauté parce qu’il est juste avec ses hommes. Ses hommes le suivent. Sa loyauté est partagée. Elle va d’abord à l’Ascendance Chiss et ensuite à Palpatine et à l’Empire simplement parce qu’il perçoit l’Empire et sa puissance militaire comme un outil qu’il pourra utiliser à l’avenir pour protéger son peuple. Sa loyauté est partagée, mais ses troupes lui sont totalement dévouées.

Qu’est-ce qui est plus difficile à écrire : l’intelligence supérieure de Thrawn ou comment les héros parviennent à le battre ?

Thrawn est très intelligent, il excelle en matière de tactique et de stratégie. On l’a bien vu dans Rebels car Dave Filoni l’a très bien compris. Pour le battre, il faut lui opposer quelque chose qu’il ne peut contrôler ou anticiper, quelque chose qu’il ignore. Si vous le laissez tout contrôler et tout savoir, il gagnera à la fin. Ce sont des faiblesses classiques pour n’importe quel chef militaire comme l’hiver moscovite qui défait Napoléon ou le fait de ne pas savoir qu’une armée se trouve sur mon flanc derrière une colline. L’inconnu ou un élément incontrôlable va défaire n’importe quel chef militaire. Et c’est comme ça qu’on bat Thrawn également.

Thrawn a une particularité. Il apprend de ses ennemis à travers leur art et leur culture et y trouve les moyens d’anticiper leurs actions.

Oui il a plus de connaissances que n’importe qui et il les met au service de ses capacités stratégiques et militaires ce qui le rend quasi imbattable.

Pensez-vous qu’un personnage comme Mara Jade aurait sa place dans le canon Star Wars ?

Je me demande régulièrement si les personnages que j’ai créés ressemblent à ce qui se fait dans Star Wars. Ces dernières années, on a vu des personnages comme Rey ou Jyn [Erso, NDLR] et d’autres encore qui sont des femmes fortes, de bons personnages, mais qui diffèrent de Mara Jade. En effet, Mara était un assassin impérial, un agent impérial et à cause de ça certaines personnes de la Nouvelle république ne lui feraient jamais confiance. Elles ne croiraient jamais qu’elle a rejoint leur camp. C’est ce qui change la dynamique. Personne ne pense ça de Rey ou de Jyn. En ce sens, elle est unique et elle aurait sa place dans Star Wars. Elle n’est le doublon de personne.

Dans la première trilogie de Thrawn [rebaptisée en VF La Croisade du Jedi fou], la partie impériale dirigée par Thrawn est centrée sur l’action. Il n’y a que peu de place pour la politique et les luttes de pouvoir alors que c’est l’inverse pour la Nouvelle république. Est-ce voulu pour montrer l’efficacité du commandement de Thrawn ? Dans la duology La Main de Thrawn, c’est très différent.

Dans la trilogie originale de Thrawn, ce dernier est aux commandes.  Il n’a pas besoin de s’encombrer de politique, il est la voix de l’Empire. La Nouvelle république est plongée dans la politique, comme l’ancienne république l’était. Dans La Main de Thrawn, la politique refait surface car il n’y a plus de leader naturel. Thrawn la neutralisait par sa présence dans les premiers livres. On le remarque aussi dans les nouveaux livres que j’ai écrits sur Thrawn. On y voit beaucoup de politique et ce n’est pas une activité dans laquelle il excelle. Dans mes premiers livres, il est dans une situation unique de commandement total, n’importe où ailleurs, même sur Terre, la politique s’immisce.

Parmi vos personnages qui ont intégré le canon, que pensez-vous de la façon dont Rukh est présenté dans le dessin-animé Star Wars Rebels ? Il diffère nettement de votre propre description du personnage et sans être un personnage central, c’est l’un des plus proches de Thrawn dans vos livres.  

Je pense pas qu’il s’agisse du même Ruhk. Ce n’est pas la même époque. De mon point de vue, soit Rukh est un nom très commun comme Pierre, soit il s’agit d’un titre comme pharaon. C’est un personnage différent. Il meurt dans Rebels.

Si ça se trouve ce n’est même pas un Noghri dans Rebels ?

C’est comme ça que je vois les choses, on verra si Filoni pense de même.

Je l’espère. Merci beaucoup, Timothy Zahn.

 

Merci à Laurent TFToyBox pour son soutien audiovisuel (et ces superbes photos et vidéo) et à Lucile de chez Pocket pour cette opportunité incroyable d’interview du grand Timothy Zahn.

MAJ : Merci à Nico Kalhaan pour sa relecture attentive et efficace.

2 comments

Sith says:

Belle interview. Je salue le travail de cet homme mais je resterai toujours sur ma faim car je trouve que même si les idées des uns et des autres sont remarquables pour donner un « après » ROTJ , elles ne me satisfont pas. A croire, qu il est peut-être impossible de donner une suite digne de ce nom à la trilogie.

exarkun02 says:

reste une mini coquille à corriger au début : « j’ai ouvert ces lires et »

c’est vraiment trop cool d’avoir eu la chance de le rencontrer 🙂
merci pour les questions pointues c’est vraiment top d’avoir des réponses sur ces différents sujets.

sa remarque sur mara est pertinente !

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