Bonjour à tous.

Le quatrième film de la franchise Thor doit sortir le 13 juillet 2022, mais de nombreuses salles proposaient le film en avant-première dès ce vendredi 8 juillet. L’occasion d’aller voir ce second opus réalisé par Taika Waititi.

Vous êtes ici dans la zone sans spoiler. Je vous préviendrai dès que des éléments « clés » du film, si tant est qu’il y ait des choses réellement importantes à relater, avec une très grosse balise SPOILER.

Ce film m’a fait l’effet un peu de Black Widow. Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai été séduit par un visuel, par des costumes, mais que l’histoire et sa mise en place ne fonctionnent pas sur moi. C’est un film que je voulais aimer, mais qui n’arrive pas à m’emballer.

Il faut savoir que je suis un grand fan de Thor – Ragnarok (vous pouvez retrouver la déclaration d’amour que j’avais fait pour ce film ici ). Et que pour moi, la « Waititi Touch », c’est une plus-value.

Mais là ? C’est « trop ». Je suis loin de l’overdose de films de super-héros – il y a quelques semaines, je me régalais devant le Docteur Strange de Sam Raimi. Je pense simplement que Love and Thunder place les éléments que les détracteurs du MCU mettent en avant à leurs paroxysmes. Humour, blagues lourdes, désamorçage de situations tendues de façon loufoques, gags à répétition.

On se rend aussi malheureusement compte que l’absence de Loki est un coup dur pour l’univers asgardien. Il manque quelque chose. De la malice, de la profondeur, quelqu’un qu’on va aimer/respecter/craindre.

Et c’est dommage, parce qu’il y a des choses qui vont m’attirer, me faire plaisir (le look assez 80’s du Thor Ravager, le costume de Jane/Thor, certains choix musicaux, et la première scène post-générique). Mais sur deux heures de film – ce qui est assez court compte tenu des nouveaux standards – ce n’est pas assez.

 

Pas pour Thor. Et qui plus est, pas pour un Thor post-Endgame. Ce personnage qui a eu une évolution qui me plait au sein du MCU ne peut pas être réduit à une farce dès qu’on revient à des aventures en solo, dont l’enjeu pourrait être fantastique – le pitch de départ l’est – mais qui se trouve n’être rien d’autre qu’une sorte de conte pour enfants.

J’ai bien conscience que ce que je vous raconte, sans rentrer dans les détails, peut être un peu vaporeux. Nous allons donc passer dans la zone SPOILER ! Donc vraiment, si vous ne souhaitez pas connaître des éléments « importants » de l’histoire, revenez dans quelques jours, après avoir vu le film. Mais franchement, c’est tellement creux que je n’ai pas grand chose à divulgâcher.

 

C’est tout bon ? Vous savez que vous êtes en zone SPOILER ? Alors allons-y !

Thor – Love and Thunder est un film pour enfants.

Déjà, dans la « forme ». Les aventures du héros nous sont racontées par Korg (le monstre de pierres) tout au long du film. Comme lorsqu’un adulte lit un livre à un enfant le soir avant de se coucher. Dans l’absolu, ce n’est pas grave, si le contenu de l’histoire et les événements vont tenir en haleine un public large. Mais ce n’est pas le cas.

Dès la première scène où Thor intervient, on a comme un arrière-goût de « trop ». Nous sommes avec le Dieu du Tonnerre, qui déclenche un pouvoir fantastique contre Hela, qui dégage quelque chose de puissant dans la bataille finale d’Endgame malgré son état. Et là ? Grand écart facial et roundhouse kick façon JCVD. Nous sommes loin du « Guerrier ». Et ce n’est que le début.

 

L’histoire ? Le postula de départ est super attrayant : un père nommé Gorr voit sa fille mourir dans le désert, alors qu’il prie son Dieu de lui apporter de quoi survivre. Quand il tombe sur ledit Dieu, ce dernier se moque de lui et du fait qu’il ait dédié sa vie à le réverrer. Gorr parvient à l’éliminer à l’aide d’une arme magique surpuissante, et déclare que tous les Dieux doivent mourir. Si ça, c’est pas une mission pour Thor et ses comparses ! Pour arriver à ses fins, Gorr (interprété par Christian Bale) possède la Nécrolame, seule arme capable de tuer les Dieux.

 

Mais comme arpenter l’univers et les tuer un par un est une tâche un peu fastidieuse, il veut trouver Eternity, qui est une entité cosmique incarnant le Temps, parce que la première personne qui trouvera Eternity pourra faire un voeu – il pourra ainsi éliminer tous les Dieux d’un coup.

Donc Thor doit empêcher cela. Et ça pourrait être bien. Mais…

L’humour est omni-présent. Mais c’est un humour lourd, sans subtilité. Il n’a qu’un seul niveau de lecture qui ne permet pas à l’adulte d’apprécier plus que ce que le réalisateur lui sert. Et c’est vraiment dommage et facile.

D’ailleurs, en parlant de facilité…

Afin d’attirer Thor et lui voler Stormbreaker – dont il a besoin pour trouver Eternity – Gorr enlève les enfants de New Asgard. Ni Thor, ni Jane, ni Valkyrie n’ont les moyens de savoir où ils se trouvent. Pas grave ! On sort du chapeau « le fils d’Heimdall » dont on a jamais parlé, et coup de bol, il a les yeux de son père et Thor peut donc voir à travers ceux du gamin pour deviner dans quel coin de l’univers les enfants sont détenus.

Pour expliquer que Jane est digne de Mjolnir, Korg nous raconte qu’en fait Jane et Thor ont vécu une vraie histoire d’amour. Plus profonde et longue que ce que nous laissent croire les deux premiers films, et que Thor a enchanté sans faire exprès Mjolnir, qui a pour mission de protéger Jane, quoi qu’il arrive. Et quand Jane apprend qu’elle est atteinte d’un cancer, le marteau la lance sur la piste de la magie.

 

D’ailleurs, si on doit parler des armes…

Il y a une relation « dérangeante » entre Thor, Stormbreaker et Mjolnir, avec des sortes de scènes de jalousie que fait la hache au Dieu du Tonnerre parce qu’il revoit son marteau. Cela conduit à des scènes ridicules où Stormbreaker n’est plus fiable, et je trouve ça vraiment dommage. Car on se souvient tous de l’entrée de Thor au Wakanda dans Infinity War.

Et Mjolnir peut donc être utilisé, même en morceaux. Thor n’est jamais revenu sur les lieux où son père a disparu pour récupérer les restes de cette arme fabuleuse qui fonctionne toujours ? Hum…

 

Pour combattre Gorr, Thor se dit qu’aller là où tous les Dieux se réunissent pour leur Hérogasme (ceux qui suivent The Boys auront la ref) annuel est une bonne idée. Là, nous croisons Zeus, incarné par Russel Crowe, et toute une ribambelle de Dieux qui refusent d’aider Thor et qui en vient même à « tuer » Korg. Mais n’oubliez pas, nous sommes dans un conte, un film pour enfant, donc en fait Korg n’est pas mort, il ne reste que son visage.

Thor parvient donc à tuer Zeus avec son propre éclair et à lui voler sa foudre pour aller affronter et sauver les enfants d’Asgard sans l’aide des autres Dieux.

Alors lu comme ça, cela ne semble pas aussi lourd. Mais dites-vous qu’il y a des vannes tout le temps, et pas toujours d’un super niveau. Voir Jane chercher sa phrase d’accroche en tant que super-héros est sans intérêt. Sans oublier le running gag des Chèvres Géantes qui ne font que hurler (bon, qui me plaisent parce que le cri qu’elles poussent est horrible, mais je sais que cela va en gaver plus d’un).

Même le retour de Sif est tourné en ridicule. On pense qu’elle va mourir, mais nous sommes dans un conte pour enfant. Donc non, et on tourne la perte de son bras en dérision.

Après un affrontement où Jane, Valkyrie et Thor sont mis en déroute par Gorr qui parvient à récupérer Stormbreaker, on apprend que Jane ne peut pas utiliser trop longtemps Mjolnir parce « qu’il puise dans ses forces vitales ». Je trouve l’explication bancale. Jane se met en quête du marteau parce que – spécifiquement, on le voit à l’écran – il apporte bonne santé. Donc pourquoi il la rendrait encore plus faible ? Surtout si un enchantement non maîtrisé de Thor lui ordonne de la protéger ?

L’explication donnée dans les comics est plus cohérente : la chimio consiste à injecter du poison dans le corps pour combattre le cancer. Mais lorsque Jane devient Thor, Mjolnir la soigne de tous les poisons qui l’infecte, et donc fait reculer sa chimio, et par conséquent avancer son cancer.

Dans le film, les wagons ne se rattachent pas bien entre eux, et la conclusion de tout cet amas ne relève pas le niveau.

 

Gorr finit par trouver Eternity. Mais Thor lui fait juste remarquer qu’en fait, il veut pas vraiment tuer tous les Dieux, juste retrouver sa fille. Et Gorr fait donc revenir l’enfant qu’il avait perdu. Tout ça « pour ça » ? Bon, à la fin la situation fait que Thor se retrouve papa célibataire et doit gérer la fille de Gorr, ce qui ouvre un nouveau champ de possibilités pour le Dieu du Tonnerre, mais honnêtement, ce n’est pas ce qui va me faire vibrer, étant donné les autres choses que j’ai pu voir au sein du film.

Car oui ! Malgré une lourdeur affligeante et une histoire dont la résolution se joue sur une suggestion, il y a des éléments qui m’ont plu dans ce Love and Thunder.

La première : le visuel. Les costumes, notamment. Pas tous, hein – le Thor en armure fait trop cosplay – mais une bonne partie. Mighty Thor (c’est ainsi que l’on nomme Jane quand elle est transformée en Déesse du Tonnerre) est très, très bien. Tout comme Gorr – les transformations physiques de Bale sont toujours au top pour les rôles qu’il doit incarner. Thor quand il est avec les Ravagers me plait beaucoup, c’est très 80’s et j’adore ça. Le domaine des Dieux aussi rend plutôt pas mal.

La seconde : la bande-son. Mais c’est presque trop facile. Waititi pose « Welcome to the Jungle » sur une scène de baston qui se veut épique. Alors ça marche, mais selon moi, Megamind a fait mieux avec le même morceau des Guns. Et ça, on peut dire qu’on en mange tout le long du film, du Guns n’ Roses. C’est pour cela que je dis que c’est trop facile.

La troisième : la scène post-générique, qui voit l’introduction d’un personnage que j’aime beaucoup dans les comics ! Le Lion de l’Olympe, l’indomptable Prince du Pouvoir : Hercule. Et ça ! Ça, ça me fait vraiment plaisir.

Malheureusement, il n’y a que ça a sauvé pour moi. Et c’est trop peu. Et c’est dommage. Car je suis un fan du MCU, mais être fan ne veut pas dire « être incapable de voir les choses qui ne fonctionnent pas ». Peut-être que j’en attendais trop, pensant que Waititi allait confirmer l’essai marqué avec Ragnarok (qui divisait déjà le public). Mais je voulais vraiment aimer ce film. Qu’il soit une ode, un chant magnifique à la gloire d’un personnage intéressant – si on sait quoi en faire. Je n’ai pas ma scène « I’m always angry », mon Steve qui soulève Mjolnir, mon Thor qui arrive au Wakanda, cette scène qui me donne des frissons, me fait vibrer et me fait dire « S’il y a une chose qui fait que je suis venu voir ce film, c’est ça ! ».

Je vais donc faire comme pour Black Widow : prendre les figurines que je trouve sympa et continuer d’imaginer un univers qui me convient, en ne tenant pas compte de la vision d’un réalisateur qui vient de décevoir l’un de ses fervents admirateurs.