Pour aborder honorablement ces quatre gais lurons, il faudrait faire un dossier complet en plusieurs parties tellement le sujet est vaste. Mais je ne connais pas suffisamment l’œuvre dans sa pluralité pour me lancer dans une telle entreprise. Modestement, je ne ferai qu’aborder les composantes les plus célèbres et creuserait un peu celles que je connais le mieux. Mais commençons par le commencement. Le point de départ de ce phénomène est un comics américain crée par Peter Laird et Kevin Eastman en 1984 de façon quasi artisanale en tirant eux-mêmes les premiers exemplaires. Le succès est très rapide et va entraîner la folie que l’on sait aux states.
Le comics a la particularité d’être en noir et blanc, ce qui le rapproche de l’esprit manga et qui n’est pas pour me déplaire. Le style graphique est très sombre et l’histoire particulièrement mature. Il est quasi diamétralement opposé à ce que la plupart des 30/40 ans connaissent le mieux, à savoir son adaptation animée qui verra le jour en France en 1989 sur Canal+ avant de connaître la consécration populaire en 1990 sur FR3 et Antenne 2. Cocorico, ce dessin animé est en partie français et résulte de quotas de productions françaises imposés à la fin des années 80 (coucou Dorothée…).
Le ton est donc résolument différent de l’œuvre originale. L’humour est omniprésent et les intrigues très légères. L’anime est extrêmement coloré, exception faite du générique qu’on a tous encore en tête et qu’il suffit d’entendre une seule fois pour le fredonner toute la journée, que ce soit en VF ou en VO.
C’est d’ailleurs là que chacun de nos batraciens préférés va obtenir une couleur qui lui est propre puisqu’au départ ils ont tous un bandeau rouge. La France découvre alors ces quatre mutants fans de pizza créés à base de mutagène et tous les protagonistes qui vont évoluer autour d’eux. Je pense qu’aujourd’hui, la plupart d’entre nous a ce design en tête quand on prononce le nom des Tortues.
Je dois confesser que j’étais un anti Tortues Ninja quand j’avais dix ans car je faisais déjà partie de l’école japonaise à l’époque sans le savoir vraiment. En tout cas, pour moi, Les Tortues Ninja c’était pour les petits gosses et les grands comme moi, on regardait Les Chevaliers du Zodiaque. Mais, en réalité, je regardais quand même chaque épisode sans l’avouer à mes potes. Le côté ninja avec les armes cultes que sont les katanas et le nunchaku ainsi que leur goût prononcé pour les sports de glisse me faisaient de l’œil.
Et je pense que mes potes faisaient de même car lorsque les jeux vidéos estampillés Tortues ont envahi nos salons, on a été les premiers à les acheter et à y jouer assidûment. Et je peux vous dire qu’en fait, on connaissait tous les persos sur le bout des ongles ainsi que leurs aptitudes. Mais on reviendra aux productions vidéoludiques plus tard. Car avant, il faut bien entendu s’attarder quelques instants sur l’autre raz de marée qui a suivi celui du dessin animé, je parle bien entendu de la gamme de jouets.
On avait été ensevelis sous les Bioman, on a croulé sous Les Chevaliers du Zodiaque et on va être emportés par Les Tortues Ninja. Comme pour l’animé, je n’en ai jamais acheté, restant fidèle aux Chevaliers d’Or et de Bronze plutôt qu’à ceux d’écailles et de vinyle. Mais chaque fois que j’allais chez mon petit cousin, je peux vous dire que je ne me faisais pas prier (pour une fois) pour le rejoindre dans sa chambre et aller manipuler ses nombreuses figurines.
Ce qui me plaisait le plus, c’était le niveau d’articulation des bestioles et le nombre conséquent d’accessoires. Et puis, j’avais toujours été fasciné par les ninjas, et même si je trouvais ceux-là un poil ridicule, la magie opérait quand même. En plus, il y avait aussi toute une série de véhicules pour accompagner les personnages et je trouvais ça franchement cool. Je ne développerai pas plus mon propos sur cette gamme fantastique aujourd’hui devenue cultissime puisque Nicko le fait bien mieux que moi très fréquemment dans nos colonnes et sur feu ToyzMag.
Le vrai moment de bascule pour moi, le début de mon histoire d’amour avec les Tortues, c’est certain, c’est la sortie du jeu sur Super Nintendo en 1992. Le film m’avait un peu laissé de marbre il faut bien le dire. Je trouvais les costumes ridicules, je n’arrivais pas du tout à rentrer dans cet univers et je crois qu’aujourd’hui encore c’est ce sentiment qui domine quand j’essaye de le visionner. Pourtant je sais à quel point il est un objet de culte pour beaucoup. Bref, je passe sur les jeux NES que je ne possédais pas et sur celui de la Game Boy que j’avais fait (j’adorais sa jaquette dessinée par Eastman lui même je ne cessais de l’admirer) mais qui était vraiment trop facile et trop court, pour arriver directement au monumental Turtles in Time sur Super Nes.
Adaptation du jeu d’arcade éponyme, le jeu de Konami (l’un de mes deux éditeurs de cœur à cette époque avec Capcom) mettait des baffes au propre comme au figuré à chaque niveau parcouru. Les graphismes splendides, les animations des Tortues, la fluidité du gameplay, la maîtrise absolue du mode 7 de la Super Nintendo, tout y était. Si en plus vous rajoutez à cela l’originalité de certains niveaux en skate hydroglisseur dans les égouts ou façon F-Zéro dans une ville futuriste, de la baston préhistorique ou sur un bateau de pirates, vous obtenez un pur chef d’œuvre que je place encore, à l’heure actuelle, dans mon top 10 de la machine. J’ai ensuite enchaîné avec Tournament Fighters mais le style VS Fighting allait moins bien aux Tortues que le Beat them all et surtout Street Fighter 2 était un gros cran au-dessus, donc je l’ai assez vite revendu ou échangé.
A la suite de ça, je crois qu’un gros vide de Tortues a eu lieu dans ma vie de jeune adulte. Le dessin animé de 2003 allait d’ailleurs passer totalement inaperçu à mes yeux dans un premier temps. Je finirai par le visionner en partie par la suite et je sais que beaucoup l’adulent pour son ton plus sérieux et ses intrigues plus sombres qui le rapprochent du matériau d’origine mais je n’ai jamais vraiment accroché de mon côté. C’est en 2012 que je l’ai découvert en parallèle avec la série de Nickelodeon.
Je dois dire que celle de 2003 a sûrement beaucoup souffert de cette comparaison en ce qui me concerne. Pourtant je suis un fervent défenseur de la 2D et je n’étais pas spécialement fan de la patte artistique de la nouvelle série quand je l’ai découverte avec et pour mon fils. De plus, je pensais me retrouver face à un truc niaiseux comme on en voyait par palettes sur Gulli ou autres. Mais je ne savais pas encore que Laird et Eastman étaient aux manettes. Les deux compères ne voulaient sûrement pas qu’on salisse la mémoire de leur œuvre et ils ont mis les bouchées doubles, il faut bien l’avouer. Si Toriyama avait su/pu être un tel gardien du temple pour Dragon Ball…
A part quelques épisodes un peu bouche trou, c’est un vrai sans faute. Il y a de l’humour pour tout le monde mais surtout pour les grands avec un second degré assumé et maîtrisé. La technique est excellente et les combats sont d’un dynamisme fou. Et surtout ! Surtout ! L’histoire n’est pas en reste et on vient piocher dans toute la mythologie des Tortues pour faire un mélange à l’intérêt sans cesse renouvelé même si certaines esthétiques pourront heurter. Mention spéciale à la dualité Splinter/Shredder que je n’avais jamais vue à un tel level. Je me mouillerai en disant qu’on a d’ailleurs, dans cette série, la meilleure itération du maître rat et d’assez loin à mon goût.
S’en est suivi ensuite, vous vous en doutez, le début d’une chouette collection de figurines, la première d’une longue série que j’ai pu entamer avec mon fils. L’esprit de celle de 1990 est préservé en ce sens où l’on retrouve les nombreux accessoires et un bon niveau d’articulations pour du 12cm à 15 euros.
A noter que les quatre premières figurines des tortues sortiront avec un design différent de celui de la série. C’était a priori le design qu’ils auraient dû avoir au départ, moins enfantin, moins anguleux, plus détaillé. On aime ou pas mais pour un fan de l’accurate, je peux vous dire que j’ai été aux anges lorsqu’ils ont sorti la deuxième fournée que j’ai même customisée avec pupilles et iris pour les yeux. Les véhicules en tout genre sont aussi de la partie et on a même eu droit à un playset des égouts assez fantastique tant par sa taille que par sa conception.
Je ne sais plus trop où en est la série à l’heure actuelle car je l’ai arrêté à la – SPOIL – résurrection de Shredder – SPOIL – car ça m’avait semblé tirer sur la corde inutilement. Pour la peine, je vais essayer de trouver la fin et de me replonger dedans un de ces quatre. Pour terminer, impossible de ne pas mentionner un film en images de synthèses sorti en 2007 au cinéma et dont le DVD de mon fils a tourné en boucle pendant deux ans comme j’avais pu le faire avec une VHS des Chevaliers du Zodiaque en mon temps. Je retiendrai surtout une confrontation Leo VS Raph qui vaut le détour.
J’espère que cet article vous aura rappelé des souvenirs agréables. Je m’excuse d’avance pour les pans de la saga que je n’ai pas abordés mais je me suis cantonné à ceux que je maîtrisais un minimum et avec lesquels j’avais un affect particuliers, histoire de ne pas vous resservir un copié collé bidon de ce qui a déjà été écrit ailleurs mille fois. N’hésitez pas à aborder en commentaires vos propres souvenirs et meilleures itérations de nos ninjas préférés et à bientôt pour un nouvel épisode.
Cet article est dédicacé à Benjamin avec qui j’ai partagé des heures de jeu sur Turtles in Time à la belle époque et je me demande si, comme moi, il va craquer pour le prochain TMNT Shredder’s Revenge qui sortira dans l’été sur toutes les plateformes. Un jeu Dotemu qui a commis Streets of Rage 4 il y a deux ans et dont il faut que je vous parle à tout prix…
Quel plaisir de lire un papier aussi personnalisé sur la licence Tortues Ninja au sens large du terme. Les quatre Tortues ont marqué mon enfance, précisément ma dernière année d’école primaire, entre 1990 et 1991.
J’ai eu beaucoup de jouets Tortues Ninja lorsque j’étais enfant, provenant majoritairement de la première série et quelques uns de la seconde. Baxter Stockman a bien entendu figuré dans mes personnages favoris selon ma sensibilité « insectoïdienne ». Bebop, Rocksteady, Splinter, le Général Traag, le Soldat Foot, voilà des modèles inoubliables en ce qui me concerne.
Je suis heureux de voir dans ton article une ancienne photo issue de la collection de Geoffrey alias Jouck. Cela me rappelle de très bons moments en sa compagnie lorsque nous écrivions ensemble. Son implication et ses connaissances à propos de la licence Tortues Ninja étaient sans égal à l’époque. Son retrait public du monde des jouets vintage a été une perte majeure, je pèse mes mots. J’ai cependant la chance de communiquer avec lui en privé et très régulièrement. Nous devrions nous revoir physiquement cette année si tout va bien.
Je n’ai connu que tardivement le jeu Turtles in Time sur Super Nintendo mais quelle claque !!!! J’y rejoue assez régulièrement car c’est une configuration multi-players qui permet de bien se marrer avec les copains.
Merci mon Aurel pour ce papier que j’ai beaucoup apprécié 🙂
Héhé de rien 👍
Je serais ravi de me faire un petit Turtles in time avec toi 🐢
Très chouette article. Je ne suis pas un super adepte des TMNT, mais je reconnait que leur univers est assez sympa.
Surtout la manipulation du sarcasme et leur humour décalé de gamins. L’ambiance école ninja me fait parfois penser à Naruto.
J’avais hâte de me poser pour lire ce papier très personnel et je découvre des infos à chaque fois.
La photo de Jouck rappel effectivement pas mal de souvenirs. Un chouette hommage à cette période d’écriture que nous avons connu chez ToyzMag.
Bravo Aurel
Et merci à toi aussi.
Pour ce qui est de l’analogie avec Naruto, j’avoue qu’à part le nom de ninja il y a peu de ressemblances à mes yeux. Mais j’adore ces deux univers alors peut être que je ne vois pas ce qui les relie mais que des passerelles que tu as su voir et ressentir existent bel et bien.
Merci pour ta lecture et ta bienveillance
Ha les Tortues Ninja.
Le dessin animé, j’aimais beaucoup, même si la très rude concurrence de l’époque n’en faisait pas mon préféré. Mais j’aimais bien. Surtout avec ce générique.
Les jouets, j’en ai jamais eu, là aussi faute à l’énorme concurrence de l’époque. Leur format plus musclé que le dessin animé me plaisait moins.
Le 1er film, j’avais adoré, et après avoir été « has ben », aujourd’hui, il passe étonnamment bien, pur produit des années 80.
La série du début des années 2000, j’avais suivi, j’aimais bien. Comme le film 3D, sympa sans plus.
La série de 2012. Je suis très agréablement surpris. Déjà, je trouvais le générique entraînant. Puis, oui, une fois fait au design, c’était très très cool à voir.
Les films, je n’ai pas aimé le 1er, que j’ai trouvé pauvre pour le scénario. Du coup, j’ai vu le 2eme par hasard et je l’ai trouvé bien mieux.
Aujourd’hui, niveau jouets, j’en ai quelques uns, quelques Lego issu de la série de 2012, des Bandai Classics, des Neca issues du film mais mes préférées sont les Neca issues du comics. Car entre temps, j’ai découvert et apprécié les comics, même si comme beaucoup de comics, entre suite, prequelle, variante et reboot, j’ai beaucoup de mal à suivre et à comprendre.
Salut Julortk
J’ai volontairement omis les fils des années 2010 dans mon article mais j’espérais secrètement que quelqu’un les mentionne. J’ai détesté en bloc. Pas d’histoire, humour pourri, design raté (surtout Raph)… un Michael Bay en définitive. Et pourtant il n’est pas le réalisateur, mais seulement producteur mais ça renifle sa patte à plein nez. Je me demande si tu n’as pas apprécié le 2 car ça ne pouvait pas décevoir plus que le premier et finalement on s’est dit « pas pire ça va ça passe ». Je suis sévère mais ma déception a été tellement vive en voyant ça. encore une fois, c’était tellement facile de faire un truc stylé avec les moyens de notre époque mais non, il a fallu tout foirer comme avec la prelo star Wars et d’autres. POurtant, écrire un scénar sympa avec les Tortues, ça se fait les doigts dans le nez quitte à ne pas être original. Le cinéma d’aujourd’hui est vraiment malade à quelques rares exceptions.
Xe que tu décris pour les comics est tellement vrai, je finis toujours pas abandonner et ne rien pousser à fond sinon je vous aurais déjà écrit un paquet de FulgurAnime sur les comics mais comme toi, je décroche. Surtout que dans ton longue liste tu as omis les crossover…
Merci pour le com en tout cas c’est toujours un plaisir de te lire 😉