Pour pouvoir profiter de l’âge d’or, trois possibilités, la manga bien entendu (tomes 3 à 14), l’anime de 1997 en 25 épisodes ou enfin les trois films de 2012. Je n’ai pas lu le manga et je le regrette infiniment car il suffit de l’avoir feuilleté une fois pour se rendre compte du chef d’œuvre graphique sans équivalent qu’il représente. J’espère avoir un jour l’occasion de poser mes mains dessus dans son intégralité, à moindre coût. Il va sans dire que c’est sans doute la meilleure façon de découvrir ce pan de l’histoire, légendaire s’il en est.
Je ne vais pas m’étendre sur les comparaisons entre les deux versions animées. Pour résumer, soit vous êtes de l’ancienne école avec une animation traditionnelle et je vous conseille plutôt la version anime de 1997, soit vous préférez la CGI moderne et comme celle des films est très acceptable pour une production de 2012, c’est celle-ci qu’il vous faut. Si vous avez accroché à l’une à cause de son histoire incroyable, tentez donc l’autre pour prendre une double dose de kiff. Car, comme souvent en ce qui me concerne, ce qui a surtout retenu mon attention, au delà des images, c’est l’histoire que cet arc raconte. Guts, c’est le héros le plus couillu et dérangé de toute l’histoire des mangas et je pèse mes mots. Kenshiro, en comparaison, a vécu au pays de Candy… et n’a pas une épée plus grande que lui ! Le monde de Berserk est le plus violent que j’ai pu croiser dans la jap’animation, pas de discussion possible. On replonge donc dans le passé de Guts qui n’est alors qu’un adolescent vagabond chasseur de prime et qui tue qui doit l’être pour se nourrir. Au fil de ses pérégrinations, il va tomber sur la troupe du Faucon, dirigée par son charismatique leader, Griffith.
Guts et Griffith sont opposés comme le jour et la nuit le sont mais c’est ce qui va les attirer l’un vers l’autre avec une destinée pour le moins funeste. Si Guts est grand, fort et viril, Griffith est fin, particulièrement efféminé et très coquet, exception faite d’un étrange collier que lui a donné un jour une veille femme. Cet antagonisme facile entre deux rivaux et déjà vu cent fois va prendre ici tout son sens car Kentaro Miura n’a pas son pareil pour jouer avec la sexualité de ses personnages. Et il n’a pas peur d’aller très loin dans ce domaine. Le viol, entre autres choses, est particulièrement présent dans son manga, mais pas dans un but exhibitionniste ou juste malsain. Le propos sert l’histoire à merveille et nous éclaire sur la psychologie des personnages. Bien entendu, il manque une femme pour former le fameux triangle amoureux et c’est l’inoubliable Casca qui va tenir le rôle. Et quel rôle ! Tour à tour femme forte, femme indépendante, femme troublée, femme désemparée, femme charmée, femme soumise, elle va jouer tout ces rôles admirablement et avec une grande fluidité dans la narration. Un tour de force étant données les contradictions psychologiques évidentes entre ces différentes facettes.
A compter de ces quelques mots, l’article passe en zone spoiler donc si j’ai réussi à vous convaincre d’aller voir ce bijou de la Dark Fantasy, stoppez net votre lecture. Dans le cas contraire, ou si vous connaissez déjà Berserk, on continue. Guts rejoint bien entendu la troupe du Faucon et apporte une plus-value importante au groupe en termes d’efficacité au combat. Il va grandir, améliorer ses techniques au contact de ses compagnons afin de surpasser Griffith qui lui a mis une grosse branlée lors de leur première rencontre. A force de trancher des têtes et de briser des cranes à tour de bras dans des explosions d’hémoglobine incontrôlées, Guts va attirer l’attention sur lui et la troupe du Faucon. Ils vont être repérés par le Roi, en particuliers Griffith qui ne laissera pas sa fille indifférente non plus. Le Souverain va alors les commanditer pour des missions de plus en plus périlleuses et importantes. A force de victoires et de succès, les membres de la troupe seront même anoblis. Victoire pour Griffith dont l’objectif a toujours été de gravir les échelons afin de s’élever dans la société.
Une première césure va alors se produire car Guts ne va pas comprendre ce choix et va préférer faire cavalier seul. Griffith ne va pas le supporter et va à nouveau le défier. Mais cette fois-ci c’est lui qui va prendre une branlée. Et il ne s’y attendait pas le moins du monde. Il n’avait pas vu à quel point Guts était devenu le pilier des Faucons, un guerrier accompli et dur au mal que rien ne peut stopper, tant il était concentré sur ses propres desseins. Il va alors complètement disjoncter, se glisser dans la chambre de la fille du Roi, et lui ôter sa virginité. Il sera découvert, mis au cachot et sauvagement torturé. En fait, sauvagement n’est pas le mot, mais je ne trouve celui qu’il faudrait utiliser pour décrire ce qu’il va subir.
Même en anime, c’est assez insoutenable, alors je me dis que si un jour il devait y avoir une adaptation live (Dieu nous en préserve, vu la merde que fait régulièrement Netflix), il serait impossible d’y relater la même chose. Ses compagnons vont alors demander à Guts de les aider à le sortir de sa geôle. Et c’est au moment où ils y parviennent et que l’on pense que le pire est derrière eux que se produit l’événement le plus marquant que j’ai pu visionner à ce jour, j’ai nommé L’Éclipse. Qui a vu L’Éclipse ne peut plus jamais oublier. Si vous avez poursuivi la lecture et que là, vous vous dites : « faut vraiment que j’aille regarder cet anime finalement », cessez de lire, je vous en conjure.
Pour ceux qui sont restés, vous savez de quoi je parle. L’Éclipse, c’est juste indescriptible. Difficile de trouver les mots pour un truc aussi viscéral, qui te prend littéralement aux tripes. En même temps, tu es écœuré et en même temps, tu ne peux pas détourner les yeux. En même temps, c’est le truc le plus laid qui existe mais c’est aussi d’une beauté toute spécifique qui te subjugue. Ça met tellement mal à l’aise au travers de ce que ça propose mais ça propose aussi tout ce qu’est foncièrement la vie et la condition humaine. Bref, c’est vraiment déroutant et ça ne peut pas laisser indemne. Le principe en lui-même est déjà complètement fou. En réalité tout était prédéterminé, l’Éclipse étant un événement incontrôlable qui arrive quand il doit arriver et puis point barre. Sortent alors de nul part tout un tas de monstres dont quatre sortes de divinités, les démons de la main de Dieu. A noter que leur esthétique va influencer tout un tas d’autres créations par la suite, je vous laisse imaginer lesquelles à la vue de ces images. Ils sont venus chercher la cinquième en la personne de… Griffith.
Il prend alors le nom de Femto et son apparence va changer du tout au tout, passant de semi-humain qui ne peut plus tenir debout suite aux sévices vécus, à une sorte de magnifique ange de la mort. Toute sa rancœur envers Guts et Casca, qui sont entre temps devenus amants, va alors s’exprimer dans l’apogée de L’Eclipse, un moment insoutenable. En effet, ce dernier va violer Casca sous les yeux de Guts, qui va lui-même s’arracher violemment le bras avec son bout d’épée cassée afin d’essayer, en vain, de sauver son amour.
Traumatisant… pour le spectateur comme pour les protagonistes. Suite à ces événements, Casca perdra la raison et ne pourra plus parler tandis que Guts ne sera plus que haine, souvent incontrôlable, en quête de vengeance. La genèse de ce trio à travers l’arc de l’âge d’or reste, à ce jour, le moment le plus culte de l’œuvre d’art (oui je n’ai pas peur des mots, allez feuilleter le manga) que le regretté Miura laisse inachevée pour l’éternité, je l’espère, derrière lui. Paix à son âme…
On pourrait croire que seule la violence et l’horreur font la force de cette œuvre mais ce serait commettre une erreur en ne restant qu’à sa surface sans vouloir en gratter le vernis.
J’ai commencé par la série, un peu le manga mais devant l’extrême lenteur de sortie (1 volume par an voire 2ans), je me suis tourné vers l’horrible CGI qui tente un rendu crayonné pour faire « dessin papier » du plus mauvais goût avec une fluidité absente dans les mouvements… J’ai couru redécouvrir le manga et quel plaisir.
J’ai juste un peu décroché lors du voyage vers un certain lieu. Comme beaucoup j’ai mal de savoir que cela à pris fin de manière si tragique mais j’espère aussi que personne ne tentera de continuer, des fois il faut savoir abandonner et laisser mourir une licence que de continuer à outrance (One Piece, Naruto, Saint Seiya, Dragon Ball, Bleach … coucou c’est vous que je vise les raclures).