La licence Alien est d’une richesse incroyable. Ce truisme me permet de rejoindre l’ouvrage que j’ai choisi de vous présenter aujourd’hui et qui contient beaucoup d’éléments fondateurs vis-à-vis d’un univers aux ramifications plurielles.

Il s’agit d’Alien, le scénario abandonné aux éditions Vestron. Publiée en 2020, la bande-dessinée d’environ 128 pages renferme quelques perles visuelles comme certaines informations scénaristiques parfois surprenantes. Aussi, laissez-moi le temps de quelques lignes pour vous donner envie d’acquérir la B.D si ce n’est déjà fait. Bonne lecture à tous.

 

 

Introduction et concept

On doit le scénario initial du film Alien, le huitième passager à Dan O’Bannon. Le scénariste, en collaboration avec Ronald Shusett, a posé sur papier en 1976 une histoire nommée Star Beast qui allait bousculer le monde du cinéma et plus particulièrement le crédo de la science-fiction horrifique. Surtout que quelques années avant la sortie d’Alien, le huitième passager, un film avait fait parler de lui et pas nécessairement en bien. Il s’agit de Dark Star, coécrit justement par Dan O’Bannon et John Carpenter.

Sans réduire de manière caricaturale la science-fiction horrifique des années 70 à l’œuvre Dark Star sortie dans les salles en 1974, il est évident qu’un monde sépare le premier opus de la saga Alien et tout ce qui a été fait auparavant. Particulièrement le film Dark Star malgré la présence d’O’Bannon et de Carpenter aux commandes.

L’intérêt de l’ouvrage que je vous présente aujourd’hui est de mettre en perspective le traitement en B.D du scénario originel d’Alien, le huitième passager avec le film sorti en 1979. Le tout en contextualisant ce scénario dans sa décennie d’existence. En toute franchise, le seul mot qui me vient à l’esprit est avant-gardiste pour qualifier ce que vous allez découvrir dans l’ouvrage Alien, le scénario abandonné.

Reste justement à savoir pourquoi certaines idées de départ ont été mises de côté. Une des raisons majeures est d’ordre économique. Il était impossible d’implanter dans Alien, le huitième passager toutes les propositions évoquées dans le scénario abandonné, certaines nécessitant des sommes hors normes pour un film qui, rappelons-le, ne bénéficiait pas d’un budget conséquent tout comme d’une notoriété préalablement établie.

 

 

Format et couverture

Alien, le scénario abandonné apparait clairement comme un comics. Avec ses dimensions avoisinant les 23cm X 16cm, l’ouvrage propose des pages à la superficie suffisante pour inclure tantôt plusieurs cases, tantôt des visuels plus importants.

La couverture est souple mais néanmoins très qualitative. Les inscriptions comme les visuels ont été réalisés dans un papier brillant plastifié du plus bel effet. L’artwork de la première de couverture est particulièrement déroutant lorsqu’on l’adjoint à la licence Alien et il annonce en filigrane de nombreuses surprises. A titre personnel, j’associerais beaucoup plus spontanément cette illustration à une œuvre comme The Thing (1982, John Carpenter).

Il semblerait que la collaboration d’O’Bannon avec Carpenter dans Dark Star ait laissé quelques traces stylistiques dans les descriptifs de créatures du scénario abandonné. La deuxième de couverture s’inscrit à nouveau dans l’idée précédemment évoquée avec un artwork qui apparaît comme une masse organique tentaculaire difficilement assimilable à une créature du premier opus de la saga Alien.

En revanche la quatrième de couverture propose une illustration centrale suggérant assez ostensiblement la séquence du Space Jockey dans le film de 1979.

 

 

Auteurs et illustrateurs

L’ouvrage Alien, le scénario abandonné a été possible grâce au travail de plusieurs artistes talentueux. Le scénario original provient bien évidemment de Dan O’Bannon mais il a été adapté par l’auteur de comics Cristiano Seixas afin qu’il entre parfaitement dans le cadre de la bande-dessinée.

En termes d’illustrations, c’est le dessinateur Guilherme Balbi, d’origine brésilienne tout comme Cristiano Seixas, qui interprètera graphiquement le scénario original d’O’Bannon. Une tâche extrêmement complexe car l’artiste a dû faire abstraction des références esthétiques de Giger, Moebius ou encore Ron Cobb afin de repartir sur une approche la plus vierge possible et surtout la plus fidèle aux descriptions, parfois sommaires, du document scénaristique originel d’O’Bannon.

Enfin la mise en couleurs sera assurée par la coloriste Candice Han. Le travail qu’elle a réalisé pour l’ouvrage est vraiment remarquable.

 

 

Esthétique et fond

Justement parlons visuels. La bande-dessinée Alien, le scénario abandonné est fabuleuse, je pèse mes mots. Alors je suis certainement de parti pris car je chéris viscéralement la licence Alien, mais ceci n’exclut pas une certaine objectivité, car cet amour des xénomorphes ne m’a pas aveuglé au point de considérer Alien : Covenant (Ridley Scott 2017) comme un bon film. Bien loin de là.

Les artistes qui ont travaillé sur l’ouvrage Alien, le scénario abandonné ont su parfaitement retranscrire une atmosphère asphyxiante, angoissante, et ce jusqu’à certaines séquences clairement horrifiques. Nous sommes littéralement projeté dans un cauchemar, à l’image du premier opus de la saga Alien.

Alors on retrouve bien entendu de nombreuses références qui sont présentes dans le premier film de 1979, qu’elles soient nominatives ou bien scénaristiques. Mais attention, le traitement esthétique dans la B.D propose clairement une autre vision avec des créatures, des environnements et des design singuliers.

Les fines lames identifieront tout de même quelques éléments stylistiques que l’on retrouvera notamment dans Prometheus (Ridley Scott 2012). Le scénario originel d’O’Bannon a bien été utilisé pour le premier préquel – oui c’est un préquel – de la licence Alien.

 

 

Le traitement graphique d’Alien, le scénario abandonné est à la fois ésotérique, occulte, futuriste et organique. Un savant mélange d’identités qui ont donné une forme illustrée au cauchemar que vont vivre les passagers du Snark.

Je suis très frustré de ne pouvoir vous donner davantage de détails scénaristiques comme nominatifs car ce serait gâcher le plaisir de la découverte. Sachez simplement que, selon l’idée originelle d’O’Bannon qui suggérait qu’un personnage pouvait être aussi bien masculin que féminin, vous découvrirez des protagonistes très différents. Les environnements seront également pluriels, tantôt exigus, tantôt grandioses. L’ensemble est soutenu par des textes très fluides et parfaitement adaptés.

Par ailleurs, la fin de l’ouvrage proposera une petite galerie de dessins plus sublimes les uns que les autres. Pas moins de 6 visuels grand format vont nous replonger dans l’univers d’Alien. Spécifiquement pour ces illustrations, les auteurs seront différents. Les dessins naîtront de l’artiste Walter Simonson et la mise en couleurs sera assurée par Dave Stewart.

 

 

Quelques mots pour conclure

Je recommande absolument à tous les mordus de xénomorphes l’ouvrage Alien, le scénario abandonné. Au-delà des qualités esthétiques, il est très jouissif de découvrir comment les choses ont été pensées initialement sur le plan scénaristique. C’est également une manière de revivre l’œuvre Alien, le huitième passager. On se surprend même à imaginer des scènes supplémentaires ou différentes dans le film, le tout pour 17,95 euros.

Dans la même collection, je vous suggère la bande-dessinée Alien 3, le scénario abandonné par William Gibson. Un ouvrage remarquable à mettre en perspective avec l’accouchement douloureux de l’opus cube.

J’espère, à travers ce modeste papier, vous avoir donné envie de parcourir la B.D Alien, le scénario abandonné. Je vous donne rendez-vous très bientôt dans votre rubrique FulguroBook afin de (re)découvrir ensemble d’autres petites perles littéraires. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à Thibault alias TasmanT, Blaster et Luc Francini.