Quand Starship Troopers sort en 1997 sur les écrans, le film de Verhoeven se voit qualifié de « Barbie au pays d’Alien ». Le parallèle, facile prend probablement trop au sérieux un film qui se veut une satire de la propagande militariste américaine. l’évocation d’Alien ne tenant qu’à l’affrontement d’une menace extraterrestre.
Pourtant il existe des points communs entre la franchise à succès lancée par Ridley Scott et le film de Paul Verhoeven.
Le principal se rapporte au second volet des aventures de Ripley. En effet, pour réaliser son shoot’em up, James Cameron militarise la réponse au problème xénomorphe. Or la référence ultime en matière de militarisme dans le champ littéraire de la science-fiction, c’est justement le livre Starship Troopers (Etoiles, Garde à vous en VF) écrit par Robert Heinlein en 1959.
Cameron puise donc dans cet ouvrage fondateur (et polémique, on le verra) pour créer ses Colonial Marines. Mieux, il demande aux acteurs qui les incarneront de lire le livre de Heinlein.
Cette anecdote est rapportée dans le script illustré, Aliens: the Illustrated Screenplay, publié chez Orion en 2001. A la lecture du roman de Robert Heinlein, on perçoit l’objectif que Cameron visait. En effet, dans Starship Troopers l’auteur développe une vision très réaliste de la vie et des motivations de soldats de l’espace. Une valeur ajoutée certaine pour camper un Colonial Marine.
Pourtant, les deux univers dystopiques de Starship Troopers et d’Aliens diffèrent pourtant nettement par le mode de gouvernement qu’ils envisionnent pour le futur. Le premier place la Fédération terrienne aux mains d’une élite de citoyens vétérans militaires, le second met les gouvernements sous la coupe de mega-corporations comme la Weyland-Yutani.
Robert Heinlein place son héros (John Rico, incarné par Ken, euh par Casper Van Dien à l’écran) dans un monde où seuls les vétérans ont le droit de voter. A la sortie du lycée, il quitte le cocon familial (plutôt douillet) et s’engage dans l’armée de la Fédération. Las, ses faibles capacités le conduisent tout en bas de l’échelle militaire dans l’Infanterie mobile.
A la différence du film, les classes du jeune Rico occupent une bonne partie du livre car elles permettent à l’auteur de dévoiler sa vision du monde. Un monde plutôt sévère où les châtiments corporels sont la clé de l’éducation et de la formation et où seuls ceux qui ont servi sous les drapeaux sont aptes à décider ce qui est bon pour la communauté puisqu’ils ont été prêts au sacrifice ultime. Bref, assez rapidement et malgré la qualité de l’écriture et le côté novateur du roman, les critiques surgissent envers cette version idéalisée d’un gouvernement néo-fasciste. Verhoeven lui même ne goûte guère la thématique (il ne finit même pas le roman) et livre une satire éminemment drôle et moderne en y ajoutant une critique de la société américaine et de ses médias.
Le réalisateurs néerlandais joue même sur l’aspect politique de Starship Troopers en forçant le trait du fascisme supposé de l’œuvre. En effet, il n’hésite pas à doter l’armée de la Fédération d’uniformes rappelant le nazisme.
Malgré les polémiques le livre Starship Troopers a influencé tout un pan de la SF moderne. Heinlein a ainsi introduit le concept d’exosquelettes de combat repris dans les films comme Elysium, District 9 ou Edge of Tomorrow. Mais ça c’est une autre histoire…
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Super article, bravo.
Un point au sujet de la satire que manifeste Verhoeven dans le film, il s’était fait la main dans RoboCop.
Absolument, ce réal est hallucinant d’éclectisme (surtout quand on compare son oeuvre européenne à ses films US).