Kaamelott fait partie des références humoristiques que je chérie. Son retour au cinéma au coeur d’un été tourmenté par une pandémie mondiale ne pouvait que me séduire me disais-je. Mais le film sobrement intitulé Kaamelott premier volet, allait-il être à la hauteur de mes espérances ?
Alexandre Astier livre une oeuvre étonnante à la fois ancrée dans la vérité historique et empreinte d’une rare et efficace fantaisie. Ainsi, pour la première fois, l’aventure est datée. Le film se déroule en 484. C’est relativement raccord avec la concomitance de la chute de l’Empire romain d’occident (476) qu’on percevait dans la série dans les rapports avec Caius ou à l’évocation de Romulus Augustule. Pour la première fois de l’épopée Kaamelott, les Saxons, ennemis jurés d’Arthur et des brito-romains, sont présentés à l’écran et d’une manière incroyable. Leurs chefs, Horsa et Wulfstan, sont joués par Sting et Jehnny Beth.
Les costumes de leurs troupes n’ont rien d’historique – ils rappellent presque les chasseurs dans l’adaptation de Pierre et le Loup par Disney, mais la cession de l’île de Thanet au chef saxon Horsa est considéré par l’historiographie comme étant le point de départ de l’occupation saxonne du sud de l’île de Bretagne. Une domination qui durera jusqu’à l’invasion normande menée par Guillaume le Conquérant en 1066.
Les costumes d’une manière générale sont assez loufoques. Si ceux des Burgondes gagnent en éclat, ceux de Lancelot, du Père Blaise ou encore d’Alzagar (incarné par Guillaume Galienne) tranchent par leur modernité voire leur côté Sword & Sorcery.
On est toutefois loin des armures anachroniques de la série, même si le costume du Duc d’Aquitaine, l’excellent Alain Chabat, pour médiéval qu’il semble fait plus penser à un monarque de la fin du Moyen-âge comme Louis XI.
Certes, à la façon des saison 5 et 6 de la série, le film n’a pas le rythme effréné des premiers livres diffusés sur M6 à partir de 2004. Le temps s’écoule différemment puisque le produit n’est plus calibré de la même façon. La distension du temps permet à Alexandre Astier de donner libre cours à un talent qu’on ne lui imaginait pas forcément au visionnage de la série : celui d’un metteur en scène. Les décors, les cadrages et le montage, lui aussi dû à Astier, décidément homme orchestre (ah oui, il a composé et dirigé la musique du film également !), sont sublimes et viennent souligner à la fois le comique des dialogues et offrir un écrin magnifique au romantique voire au tragique de l’aventure humaine qui se dessine. Jamais las de métaphores christiques, totalement dans le sujet de la geste arthurienne, Alexandre Astier remet en selle son Arthur toujours en proie au doute, portant les stigmates de sa propre passion et contraint de se racheter devant ses chevaliers qui – à l’image des fans étaient eux en proie à l’ennui – attendaient son retour.
Pour répondre à cette exigence née de la longue gestation du film, ce premier volet se paie parfois quelques oeillades un peu faciles et trop appuyées aux répliques cultes de la série. La sortie de Perceval, par exemple, sur les nombres ordinaux dans le film fait écho à ses remarques passées sur la latéralité et les points cardinaux.
Par certains aspects, les jeunes personnages introduits dans le récit ne sont pas sans rappeler les albums récents d’Astérix. On les accepte sans trop y regarder, sans être sûr non plus de vouloir/pouvoir s’y attacher. De toute façon, qu’importe ? Ils sont les faire-valoir des personnages cultes dont on guette la moindre débilité prononcée. D’aucuns sont issus d’Acting Studio, l’école de comédie fondée et dirigée par Joelle Sevilla alias Dame Séli dans l’univers Kaamelott et accessoirement mère d’Alexandre Astier dans la vraie vie.
Tout cela n’émousse pas le plaisir, au contraire, de retrouver nos vieux complices de fous rires. J’ai hâte de voir les deux prochains volets.
Pari réussi donc pour Alexandre Astier.
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Julortk
•2 ans ago
Grand fan de Kaamelott ( c’est ma série favorite entre toutes), j’ai adoré le film, les moments drôles, les moments sérieux, les échos à la série parfois appuyés parfois plus subtiles ( dont notamment la scène post générique).
Rien que la scène de La Tour justifie l’existence du film.
Et j’ai trouvé Sting ( Le petit nouveau) très très bon, avec des répliques cinglantes.
Blaster
•2 ans ago
C’est marrant, la scène de la tour m’a également beaucoup marqué, même si j’ai bien passé deux minutes à me dire que l’architecture ne collait pas avec l’époque. ^^
Du grand ouvrage.