Aujourd’hui je vous propose de nous pencher sur une série disponible sur Disney+ depuis le lancement de son catalogue adulte Star il y a quelques semaines : The Strain ! C’est l’une des séries que j’ai pris beaucoup de plaisir à revoir. L’une des rares occasions de binge watching que je me suis accordées ces dernières années (je préfère les films aux séries, en général).
Un mix signé Del Toro
La série a été créée par Guillermo Del Toro pour la chaîne américaine FX (filiale de la Fox, rachetée donc par Disney). La série est en fait l’adaptation des romans coécrits par Del Toro et Chuck Hogan pour développer une idée de série initialement rejetée par la Fox en 2006.
Les auteurs empruntent à plusieurs oeuvres vampiriques les grandes lignes de leur histoire.
Bien entendu, l’influence du Dracula de Bram Stoker est centrale. La façon dont le Maître est convoyé à New York rappelle l’expédition de Dracula à bord du Demeter. L’issue finale du voyage est d’ailleurs la même ou presque puisque les autorités américaines découvrent un avion où chaque passager et membres d’équipage ont nourri le principal vampire. La nouveauté de The Strain réside dans l’utilisation d’une fraction de ces humains comme vecteurs de la souche. Face à l’impensable, les autorités sanitaires penchent pour une explication rationnelle. Le rasoir d’Ockham fonctionne à plein et on évoque une épidémie mystérieuse, sans soupçonner l’existence d’un parasite vampire. En effet, après la morsure par un infecté, le corps de la victime se transforme sous l’influence d’un parasite et perd son âme ce que les auteurs manifestent par l’altération de la conscience et de l’apparence humaine.
le vampirisme est décrit comme la cause/conséquence d’un échange de fluides corporels. Bram Stoker envisage un pacte de sang : le vampire et le futur vampire consomment le sang l’un de l’autre. Les victimes normales (consommées par Dracula) n’étant pas appelées à devenir des vampires. Dracula choisit ses pairs (que des femmes) un peu comme le Maître dans The Strain permet à certaines de ses victimes de conserver une part de leur identité (Eichorst, Kelly Goodweather…). C’est d’ailleurs la motivation des humains qui collaborent au départ aux plans du Maître. Eldritch Palmer, le milliardaire facilite l’arrivée du Maître à New York en l’échange de la promesse de la vie éternelle. Un élément qui n’est pas sans rappeler le Renfield du film Dracula de Coppola ou le rôle joué à son insu par Jonathan Harker dans le roman.
On retrouve aussi des idées empruntées aux films comme Blade et Underworld. Ainsi l’idée de seigneurs vampires à la fois rivaux, gardiens des traditions et tenus de coopérer pour maintenir les équilibres figure dans plusieurs de ces fictions. Les disciples humains du Maître chez Del-Toro rappellent également les familiers des aspirants-vampires qui facilitent la vie de leurs maîtres et permettent l’accomplissement de leurs projets.
Bien entendu, l’existence de chasseurs de vampires impose un peu d’originalité. La bande improbable de Stoker (notaire, médecin, noble anglais…) est remplacée chez Del-Toro par des personnages disposant d’un savoir tactique (et académique) inusité : exterminateur, hackeuse, épidémiologiste… Comme chez Stoker, les héros sont d’origines disparates, mais les médecins jouent un rôle central dans les deux oeuvres. L’appui de la science, d’abord incrédule, est en effet essentiel au propos, tout comme celui du vieux sage, l’initié aux mystères du mal qu’affronte la bande de héros. Ici le Van Helsing original est remplacé par Setrakian, Affublé d’un titre de professeur, le curieux prêteur sur gage (un bon moyen pour constituer des stocks d’argent pur).
Ils bénéficient aussi d’alliés inattendus : les Sun Hunters, des vampires au service des Anciens pour contrecarrer les plans du Maître. Del Toro repompe ici légèrement son Blade II en ajoutant un hybride vampire/humain, le Dhampir Quinlan. Des Diurnambules (Daywalkers) figurent aussi dans l’histoire avec Quinlan et quelques rares humains dont Gus et Angel.
En dehors du champ de la fiction vampirique (quoique), Guillermo Del Toro semble aussi s’inspirer du Hellboy de Mike Mignola. Le réalisateur connaît bien cette oeuvre pour avoir signé deux adaptations cinématographiques du comic book et il utilise une partie de la légende de la Main de la mort pour expliquer la création des Strigoi. Dans The Strain, les Anciens sont nés du corps démembré d’Ozryel un archange déchu. Dans Hellboy, sa main droite lui a été greffée à sa naissance par son père, le démon Azzael. Elle est le seul vestige d’Anum, l’une des créatures (spirituelles, de type angélique) chargées au commencement des temps de veiller sur la Création et qui fut mis en pièce par ses pairs après avoir créé les Oghru Jahad. La thématique des anges déchus est un classique de la littérature dont l’archétype se trouve chez Milton dans Le Paradis perdu. Il trouve une résonance particulière dans les mythes modernes où l’homme se prend pour Dieu et s’affranchit des lois de la nature, et rappelle le Prométhée de la mythologie grecque.
Des vampires envahissant
La saison 4 prend des accents de V, la série TV culte des années 80. La société militarisée et contrôlée par les Strigoï et leurs collaborateurs qui. On retrouve même l’analogie avec la Solution finale, autre point commun avec V. Certes, plus de 30 ans après, Guillermo Del Toro est obligé de ruser : son témoin de l’horreur des camps, son rescapé de l’extermination est un combattant voire un leader de la résistance aux Strigoï. Ce lanceur d’alerte très âgé s’est maintenu en forme grâce à une décoction de vers parasites, alors que le survivant de V est déjà un vieillard fragile malgré une détermination sans faille.
Il faut dire que le parallèle avec la Seconde guerre mondiale commence très tôt dans la série avec le développement de l’histoire entre Eichorst et Setrakian, entre l’officier SS apprenti Strigoï et le juif ukrainien luttant pour sa survie. La traque d’Eichorst et de son maître par Setrakian résonnent avec d’autres bien réelles voire déjà portées à l’écran. L’assimilation des nazis au Mal n’est pas une idée neuve du point de vue littéraire et audiovisuel, mais Del Toro en quelque sorte approfondit le concept. Ainsi le Maître se nourrit des corps et corrompt les esprits à l’image de la Solution finale qui consommait les hommes et dévorait les âmes.
Une chronologie déroutante
Le déroulement des quatre saisons de la série a de quoi dérouter puisque les trois premières se déroulent dans l’espace de quelques semaines après l’arrivée du Maître en Amérique. En revanche, la quatrième se passe plusieurs mois après le déclenchement de l’hiver nucléaire, une espèce d’accélération du temps qui bien que pratique du point de vue scénaristique, n’est pas toujours très heureuses. Jusqu’alors le rythme de l’histoire était lent et contenu dans le temps comme dans l’espace (quelques jours à New York principalement), mais en opérant un bond temporel les auteurs ont dû vouloir présenter de nouveaux défis aux héros, un nouvel environnement également puisque les chasseurs de vampires sont désormais des résistants dans une Amérique devenue le garde-manger des strigoi. Le parallèle avec V est alors évident et les usines à bétail humain prennent tout leur sens. A ce moment de l’histoire, Goodweather découvre d’ailleurs des camps « New Horizons » où sont expédiés des humains déportés voire, pour certains, trompés par des publicités.
Pour conclure, ajoutons à ce panorama un petit air d’Aliens avec, au cours de la saison 3, l’introduction d’une unité de Navy Seals traquant le Maître aux côtés de Fet.
Quelques idées de figurines
J’avais évoqué l’an dernier l’intérêt de voir des figurines sortir pour certaines séries cultes, je profite donc de ce nouvel article pour développer cette idée.
- Gus
- Angel (avec tête alternative masque de Lucha Libre et poings américains/crucifix)
- Fet (avec dynamite, fer à béton)
- Setrakian vec canne épée et cloueur spécial
- Quinlan
- Vaun & un Sun Hunter
- Eichorst
- Et bien entendu plein de Strigoi, Feelers & Stingers
En attendant de voir ces figurines un jour, je vous recommande de regarder la série sur Disney+.
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