Pour la première fois depuis les débuts de FulgurAnime, je vais aborder une œuvre qu’on ne peut vraiment pas mettre entre toutes les mains. Entendons-nous bien, pas vraiment d’images choquantes ici, rien de très gore ou d’interdit aux moins de 18 ans mais les sujets traités ne sauraient être correctement perçus et compris par un jeune public.
L’anime
Sa diffusion commence le 3 octobre 2006 au Japon et le 2 février 2008 sur MCM en France. Il ne compte que 37 épisodes ce qui est relativement peu comparé au reste de l’animation japonaise mais qui, à cette époque, est souvent gage de qualité (Cowboy Bebop, Samouraï Champloo…).
L’histoire commence avec Light Yagami, lycéen en dernière année blasé par le monde qui l’entoure. Doté d’une intelligence bien supérieure à la moyenne de ses pairs, il a des visions très tranchées concernant le reste de ses congénères. Un jour, il tombe sur un livre rempli de pages vides avec une notice : « la personne dont le nom est écrit dans ce cahier meurt ». En outre, lorsque Light se saisit du cahier, un Dieu de la mort nommé Ryuk lui apparaît clairement alors qu’il reste invisible aux yeux des autres humains. Ce dernier est l’ancien détenteur du cahier mais comme il s’ennuyait ferme dans le monde des Dieux de la mort, il a décidé de venir faire une petite virée sur Terre afin de se divertir un peu. Il va se découvrir une drôle de passion pour les pommes (Eve où es-tu ?)
Avec ses conceptions originales, Light va décider d’utiliser ce Death Note afin de faire sa justice quand celle des hommes n’est pas efficace ou ne lui convient pas. Se prenant rapidement lui même pour un Dieu, il va exécuter tous les meurtriers du Japon. Puis, il va se faire connaître sous le nom de Kira et menacer de mort ceux qui commettront un meurtre.
Arrivé à ce moment là de l’histoire, cet anime va proposer à son spectateur plusieurs réflexions très intéressantes à mes yeux : où se situe la limite entre le bien et le mal ? Que penser de la peine de mort ? La justice des hommes est-elle adaptée à notre société ? L’homme doit-il avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête pour respecter les lois ? Car, bien entendu, la criminalité va très vite descendre en flèche dans la pays. Mais tous les actes de Kira vont bien vite alerter Interpol et leur enquêteur le plus doué, le célèbre L, que personne n’a jamais vu, va de son propre chef décider de se charger de cette affaire qui le passionne.
Ce personnage est probablement l’un des plus atypiques qu’il m’est été donné de voir. Si Light subjugue par ses idées et ses conceptions de la vie humaine ainsi que par sa détermination et son intelligence, L est un personnage complètement novateur et rarement vu tous supports confondus. Timide, replié sur lui même au propre comme au figuré, sans cesse en train d’avaler des sucreries et pourtant maigre comme un clou, arborant constamment des cernes sous les yeux, ce jeune homme de l’âge de Light est au moins aussi surdoué que lui. Va alors intervenir la seconde particularité qui fait de cet anime une perle rare : la rivalité entre L et Light/Kira. Les deux protagonistes vont se rendre coup pour coup mais cette fois-ci, nulle question d’arts martiaux ou autres super pouvoirs. Non, l’affrontement est intellectuel et psychologique entre ces deux-là.
A partir de ce moment, impossible de ne pas avoir envie d’enchaîner les épisodes les uns après les autres tant la tension est palpable entre les deux et qu’on ne sait jamais qui va prendre le dessus à coups de retournements de situation globalement très maîtrisés. Car, on s’en doutait, ils vont très vite finir par se rencontrer mais je n’en dis pas plus… Pour ceux qui connaissent, on se croirait dans les premières saisons de Dexter, un autre tueur en série très célèbre. Les apparitions successives d’autres personnages n’y changeront rien, notre duo reste l’épicentre et l’attraction de l’anime jusqu’à l’épisode 25, pour le meilleur uniquement et leur relation va sans cesse évoluer et nous surprendre.
Puis, une sorte de nouvel arc débute avec l’introduction de nouveaux personnages et à partir de là je ne sais plus vraiment quoi en penser. En effet, lors de mon premier visionnage, je n’ai tout simplement pas pu continuer plus avant la série et l’ai arrêté au bout de quelques épisodes par déception. Lors de mon second visionnage, il y a peu, je me suis forcé à continuer et finalement, la fin n’est pas si désagréable. Il faut laisser une chance à cette dernière partie même si je trouve que jamais plus le suspens et la tension ressentis dans les deux premiers tiers de l’anime n’atteignent le même paroxysme. Il en va de même pour l’ingéniosité des adversaires et parfois même, quelques ficelles sont un peu grosses. J’y reviens avec spoilers dans la partie « La Fin ».
Je ne peux pas ne pas mentionner la réalisation qui n’a aucun défaut, c’est juste visuellement énorme et aujourd’hui encore ça n’a pas pris une ride.
Le manga
Desu Noto est un Shonen écrit par Tsugumi Ohba et dessiné par Takeshi Obata. Cette collaboration en fait une œuvre à part dans le paysage du manga. En effet, de manière générale, le mangaka dessine et écrit son œuvre et a des assistants. Ici, on est dans le cas d’une collaboration qui est plus de coutume dans la bande dessinée occidentale.
Il est publié entre décembre 2003 et mai 2006 dans le Weekly Shonen Jump. Au départ, sa cible est donc le jeune adolescent mais finalement je trouve que les thèmes abordés en font une œuvre bien plus mature que la plupart des Shonens. Par conséquent, si vous trouvez d’habitude les Shonens trop légers, sachez que dans le cas qui nous occupe, vous aurez de quoi vous creuser un peu plus les méninges si vous le souhaiter ou prendre l’histoire au premier degré sans vous casser la tête outre mesure.
Je ne parlerai pas plus du manga pour la simple et bonne raison que je ne l’ai pas lu et que je ne me permettrai donc pas de l’aborder plus précisément. Je sais simplement que les fins diffèrent mais je ne peux pas en dire plus.
La fin
Par conséquent, je n’aborderai que la fin de l’anime et même un peu ce qui se passe dans le fameux épisode 25 qui fait la bascule avec un nouvel arc. Ceux qui ne connaissent pas peuvent donc s’abstenir et passer direct à la suite, les spoilers commencent. Déjà, le fameux épisode 25 qui aurait pu (dû?) marquer la fin de cet anime. En effet, lors de celui-ci, le duel sur le fil du rasoir que se livrent Light et L prend fin avec la mort de ce dernier. Incroyable surprise pour tous ceux qui pensaient que le bien allait triompher, c’est finalement le tueur en série qui parvient à se débarrasser de son redoutable adversaire qui est passé plusieurs fois à un cheveu (c’est le cas de le dire, ceux qui connaissent comprendront) de le confondre.
Cela vient confirmer, si besoin était, que Light est juste un mec désenchanté totalement imbu de lui-même depuis le tout début et qui déteste le monde tel qu’il est. Il ne se contente plus de tuer uniquement les meurtriers mais bien tous ceux qui se dressent sur son chemin sans distinction, ce qu’il n’avait déjà pas hésité à faire au préalable. Mais quand ça vient toucher son meilleur ennemi qu’il fait crever comme un vulgaire serial killer, on reste un peu sur sa faim. L méritait une fin plus grandiose à mes yeux. Il meurt un peu dans l’indifférence finalement, si on considère l’importance qu’il avait jusque là. Mais tant pis, ce qui se passe avant est tellement génial qu’on le pardonne à cette série qui prend en plus le risque de faire gagner le Mal à ce moment là.
Mais bien entendu, la série ne peut pas se contenter de nous montrer Light exécuter tranquillement ses plans durant les douze épisodes restant. Il faut lui opposer de nouveaux adversaires. M et N font donc leur apparition. Mais ils vont avoir bien du mal à prendre le relais de L, pas tellement faute de malice mais plutôt parce que la série va commencer à s’enliser un peu dans le même schéma et peiner à se renouveler complètement. Et puis, après nous avoir fait croire que Light resterait intouchable et que sa nouvelle justice allait devenir la norme pour le genre humain, que nenni, finalement N en vient à bout. Et comme le principe du Death Note était infaillible entre les mains d’un génie tel que Light, il va falloir user d’un poncif lassant : le méchant va lui même se trahir par excès de confiance et mégalomanie… Je trouve que la série méritait mieux. Comme par exemple, faire gagner Light face à L d’une façon plus classe et basta.
Mais, il ne faut pas cracher dans la soupe, ça reste quand même très regardable et puis les 25 premiers épisodes suffisent amplement à faire passer Death Note à la postérité.
Le Générique
Pour une fois, je ne vous parlerai pas de l’opening 1 car très convenu et faisant trop penser à un Shonen Nekketsu. D’ailleurs, en ne regardant que cet opening, on pourrait penser que Light est le héros qui doit détruire des gros monstres comme Ryuk qui seraient manipulés par L. Bref, ce n’est pas mauvais mais ça rate le coche. Et je pense que c’est à cause de cela que nous avons eu un opening 2 qui est génialement adapté à Death Note. Très sombre et inquiétant visuellement, sur fond de musique Metal Rock jouissif, ce générique fait mouche et colle exactement à ce qu’est Death Note. On dit merci au groupe de Metal japonais Maximum the Hormone pour le morceau What’s up, people ?! Et au studio qui l’a mis en images.
Le mot de la fin
Vous l’aurez compris, malgré une fin qui m’a quelque peu déçu et qui empêche cette série d’être parfaite, je ne peux que vous la recommander. Vous allez prendre un panard d’enfer à découvrir le concept du Death Note et pourtant, un cahier qui tue, ce n’était pas gagné d’avance sur le papier (…) Et que dire du duel entre L et Light ? (Dexter aurait bien eu besoin d’un tel adversaire après la saison 4…) Grâce à Death Note, le manga vient s’aventurer sur le terrain des séries US de fort habile manière en utilisant leurs codes tout en gardant les siens. BRAVO !
Cette production est tout particulièrement dédiée à Max et Camille.
Je vous laisse avec le petit cadeau figurines maintenant habituel. Elles sont mignonnes non ces Nendoroïds ?
Excellent anime (le live se regarde pour les curieux). Concernant la ou plutôt les fins, mieux vaut oublier celle de la série qui est fade et laisse sur une impression bancale. Mieux vaut préférer la seconde (film) tiré du manga et vraiment excellente.
Quand au second film je l’avais trouvé moyen.
Une série / manga à voir.
Merci Fury pour ton commentaire qui permet d’avoir un autre éclairage sur la fin du manga qui m’est inconnue. Quand tu dis que la fin du film est comme celle du manga, tu parles de quel film ?
Il y a 2 films, c’est le premier qu’il faut voir, c’est un résumé de la série mais avec la vraie et bonne fin (manga).
Le second film est sur la relève de L, j’ai pas accroché.
J’ai lu et vu Death Note et je ne sais plus lequel raconte quoi. Je me souviens qu’il y a une œuvre où l’action de Kira est montrée de façon plus forte avec son influence sur la société, ses partisans etc. Je vais devoir relire ça.
( mon message précédant a été posté sans le vouloir ). Pour terminer, je confirme par contre que quelque soi le support, le duel L/Light est le summum et tout ce qui suit semble fade et déjà vu. Voilà, là, j’ai fini. Merci pour l’article.
Merci pour ton commentaire. Tous les gens avec qui j’ai eu l’occasion de parler de Death Note ont eu le même ressenti pour la suite de la série une fois que L n’est plus dans le game.
Je plussoie c’est insipide.
J’ai seulement lu le manga, et ce il y a des années, donc je ne m’ne souvient pas avec une acuité exemplaire, mais la fin, quoique convenue, m’avait semblé plutôt bonne. Car même si Ayorsaint aurait aimé finir sur le triomphe de Light (comme, peut-être, un bon nombre de spectateurs), on peut difficilement imaginer qu’une parution mainstream, qui plus est pour jeunes ados, laisse passer l’idée qu’un serial killer puisse finir par changer le monde et l’améliorer. Sérieusement, vous imaginez le message envoyé aux jeunes ? Une telle fin pourrait peut-être passer dans une œuvre pour adultes (et encore, je pense que même là, l’auteur et l’éditeur s’attireraient des foudres, voire la censure), mais sûrement pas dans un shönen. A partir du moment où non seulement Light tue, mais où il tue uniquement pour se protéger (non seulement L, mais aussi un inspecteur de police qui se rapproche dangereusement de lui), il ne peut plus être un modèle, et doit donc nécessairement finir par chuter, c’est-à-dire non seulement par perdre, mais par être décrédibilisé. Moralement (et, disons-le, également commercialement, pour éviter des représailles d’associations et d’organismes de surveillance divers), c’est la seule option possible. Partant de cette analyse, je me rappelle que le manga s’en tirait plutôt bien, montrant bien cette « chute » du personnage qui, quoique mis à bas de son piédestal, conserve néanmoins des « disciples » à la fin de la série, qui forment apparemment une sorte de secte, ce qui laisse la fin ouverte et renvoie donc le lecteur à sa propre réflexion.
Ma préférence n’aurait pas du tout été une victoire de Light mais ça aurait pu être plus intéressant que la façon dont il se trahi lui même après avoir fait montre de tant d’ingéniosité tout au long de la série. Mon souhait aurait plutôt été que L le démasque d’une façon bien maline et tordue à souhait.
Si dans le manga ça se termine avec une fin un peu ouverte comme tu l’exprimes dans ton commentaire, je trouve ça déjà plus satisfaisant car j’aime les fins ouvertes et ça colle bien avec cette œuvre il me semble.
Merci pour ton commentaire et tes éclaircissements concernant le manga 😉
Mes excuses pour t’avoir mal compris, Ayorsaint.
Comme je le disais, il faudra que je relise le manga, mais la fin m’était apparue satisfaisante en ce que non seulement Light est démasqué par les enquêteurs restants, mais surtout finit par se révéler tel qui est au fond : un être narcissique et prêt à tout pour ne pas être arrêté, donc pour ne pas avoir à faire face à la réalité et subir les conséquences de ses propres actes.
C’est en cela que la fin du manga m’apparaît intéressante, surtout comme je le disais au regard du public auquel il s’adresse. Car si L avait seulement démasqué Light, même de manière brillante, la défaite serait venue de l’extérieur, et le personnage de Light aurait pu continuer à fasciner le lecteur. Avec l’approche qu’a choisie le manga, Light finit par se décrédibiliser lui-même en tant que modèle et qu’être « supérieur », car même s’il est bien plus intelligent, ou voit que sa psyché est fondamentalement malsaine. Donc même si, à la fin du manga, certains continuent de rendre hommage à Kira, dont l’identité n’a pas été rendue publique pour éviter un scandale supplémentaire (il est, après tout, fils de policier), ceux qui ont vu qui il était vraiment peuvent difficilement l’admirer.
Je comprends ton point de vue. Mais pour moi Light n’a jamais été ni crédible, ni admirable. Je n’ai vu en lui qu’un être méprisable depuis le début quasiment. L est plus en nuances, parfois génial parfois bien tordu lui aussi à sa façon.
Mais effectivement un public plus jeune peut se mettre à aduler Light. Bien vu 😉
« et finalement, la fin n’est pas si désagréable »
C’était clairement mon sentiment à l’époque. La période post-L n’est pas extra, la série aurait mieux fait de s’arrêter à ce fameux épisode, mais finalement, ça n’est pas « si pire »…
Très bonne série en tout cas. J’en garde de bon souvenir. Il va falloir que je cherche le film dont parle FurySanctuary.
Sinon, pas un mot sur le film de Netflix? 😀
Non pas un mot sur le film Netflix car je n’ai pas voulu être désagréable… 😌