Vous l’attendiez, la voici : la critique du film Shazam !
(Il y a une première partie sans spoiler, histoire que vous puissiez vous faire une idée globale, et une seconde où je révèle quelques points importants du film afin d’étayer mes propos – mais vous ne faites pas, je préviendrai )
Alors avant de commencer, il faut savoir que Shazam doit être le personnage que je préfère au sein de l’univers DC. J’adore Batman et Superman, mais c’est plus pour ce qu’ils représentent – l’un étant l’homme qui dépasse sa condition de mortel pour devenir un symbole qui insufflera la peur aux criminels et l’autre une sorte de dieu qui partage les valeurs des humains et évolue parmi eux tout en essayant de les protéger d’eux-mêmes – que pour les personnages directement (tout du moins, dans les versions classiques des persos, car le Superman d’Identité Secrète allie pour moi les deux aspects).
Et pour en revenir à Shazam, c’est vraiment le concept que j’aime. L’idée que n’importe qui pourrait devenir un héros, se transformer, disposer d’un large panel de pouvoirs. Même le costume, je le trouve cool, avec sa grande capuche, qui pour moi sous-entend que l’on a pas besoin de dévoiler son visage quand on agit héroïquement, mais qu’on peut le faire pour obtenir la confiance, etc… Une sorte de mix entre le Kryptonien et la Chauve-Souris.
Donc en ce qui concerne le film, on a quoi ? Et bien en toute franchise, ce film répond point par point à tout ce que j’attendais d’une adaptation sur grand écran de ce personnage. Et par conséquent : ce n’est pas un grand film.
Si vous allez le voir en espérant avoir une allégorie du temps qui passe, la transition qui conduit de l’enfance à l’âge adulte, découvrir ce que veut réellement dire le mot « famille », une analyse sur la peur de l’abandon, ou ce genre de truc, vous faites fausse route. Ce film n’est rien d’autre que la réponse à cette seule et unique question « Que ferait un adolescent de 15 ans s’il disposait de pouvoirs équivalents à ceux de Superman ? »
Voilà, c’est tout.
On découvre donc que Billy Batson est un enfant placé, qui a fui toutes ses familles d’accueil dans le but de retrouver sa mère. Après une énième fugue, il est accueilli par Rosa et Victor Vasquez, eux-mêmes anciens enfants placés, qui ont déjà recueilli 5 autres enfants.
Et suite à divers événements variés, on suit l’apprentissage de Billy Batson, qui se retrouve donc dépositaire de la puissance d’un vieux sorcier, et qui se change donc en héros – adulte – et costumé doté d’une force, vitesse et résistance surhumaines, en plus de pouvoir manipuler la foudre.
On a une Origin Story assez basique, avec tous les gags que la situation « L’esprit d’un ado dans le corps d’un adulte » peut laisser présager. Alors cela peut paraître lourd à la longue, mais pour ma part – mais n’étant pas du tout objectif – ça a fait mouche à chaque fois.
Je crois que le principal souci est que le film ne va pas au bout des choses. Tout est abordé de façon trop superficielle, et on a donc un divertissement plutôt bon, là où l’on pourrait avoir un truc fun, barré et rafraichissant.
Heureusement que les acteurs sont performants et que la globalité des scènes d’action est lisible. On a une ambiance assez sympa, et on parvient assez facilement à s’attacher aux personnages.
Asher Angel parvient à incarner un mélange intéressant entre le Billy des années 40 et la version la plus récente du personnage. Nous ne sommes ni dans la version trop bienveillante, limite niaise, ni dans la version vraiment tête à claques des New 52. Juste entre les deux.
Zachary Levi est quant à lui un excellent « adulte habité par l’esprit d’un ado ». Ses mimiques, sa gestuelle, ses postures. Il est parfaitement convaincant.
Mark Strong, qui est donc le vilain du film, dépoussière le gimmick du vieux savant fou tiré d’un épisode de La Bande à Picsou pour nous offrir un Docteur Sivana limite touchant et dont les motivations sont compréhensibles mais inadmissibles – même si on ne joue pas dans la même catégorie que Thanos.
Les effets spéciaux sont vraiment très réussis, et la galerie de monstres rend bien à l’écran. Les décors en prise de vue réelle nous donnent de très beaux plans de la ville de Philadelphie. Cela nous permet d’ailleurs d’avoir des petites références à la pop-culture, comme Rocky.
Bref, ce n’est pas un grand film, comme je le disais, mais cela reste un divertissement acceptable. Et je pense que le fait de ne pas le voir sur grand écran n’aura pas vraiment d’incidence pour un spectateur lambda, étant donné qu’il n’y a pas de grosses scènes spectaculaires. Il manque « LA » scène. Ce moment qui donne des frissons, et que l’on pourra voir et revoir pendant des années, il aura toujours le même effet – comme le « I’m always angry » de Banner dans Avengers ou l’arrivée de Thor, Rocket et Groot dans Infinity War (oui, des références pour moi).
Je pense que vous en savez maintenant assez pour décider si oui ou non vous allez voir ce film. Je vais donc maintenant attaquer la partie incluant des spoilers, histoire de mieux faire comprendre ce que j’ai abordé dans la première partie.
Attention. 3. 2. 1. C’est parti !
Alors j’ai beau être un grand fan du personnage, être ravi de voir le run de Geoff Johns dont le film s’inspire en très grande partie adapté sur grand écran, je ne mets pour autant pas mon cerveau sur « off » et forcément, on capte les défauts. Et quand on est fan du truc, c’est encore pire.
L’un des premiers éléments qui m’a fait tiquer, c’est la VF. Je ne parle pas de la qualité du travail des comédiens de doublage, qui va d’excellent (Sivana, Shazam) à passable (Darla, même si en général, le doublage des enfants rend toujours les scènes beaucoup moins vivantes et naturelles). Je fais ici référence à la traduction, au choix des termes choisis.
Quand le Sorcier lègue ses pouvoirs à Billy, et les lui présente. Il faut savoir que chaque lettre composant le nom « Shazam » est l’initiale d’un être considéré comme étant un Dieu de la Magie dans l’univers DC. Ainsi nous avons :
Salomon, pour la Sagesse
Hercules, pour la Force
Atlas, pour l’Endurance
Zeus, pour le Pouvoir
Achille, pour le Courage
Mercure, pour la Vitesse
Mais là, dans le film, on nous parle de « la Puissance de Zeus ». Je ne comprends pas que l’on ait pu mettre ce mot pour traduire « Power », surtout que l’on n’y fait référence qu’une seule fois dans le film, à ce moment précis de la scène d’exposition. « Puissance » est pour moi un terme trop vague, qui pourrait se rapporter à la force, mais il y a déjà Hercules pour ça. D’autant qu’aucun autre Dieu de la Magie n’est lié à l’utilisation de la foudre. Et en parlant du « Pouvoir » de Zeus, cela aurait été plus clair.
Billy doit affronter les Sept Péchés Capitaux. Si on vous demandait de les citer, vous diriez certainement Envie, Paresse, Gourmandise, Colère, Luxure, Orgueil et Avarice. Bah dans le film, on nous parle « d’Avidité ». C’est assez dérangeant à l’oreille, quand on a l’habitude de l’autre terme.
Alors oui, cela tient de l’ordre du détail … Mais bon.
D’ailleurs, en parlant des pouvoirs de Shazam …
On a une très bonne représentation de la Force, de l’Endurance, de la Vitesse et du Pouvoir du Héraut. Malheureusement, et c’était prévisible, la Sagesse de Salomon et le Courage d’Achille passent un peu à l’as. Bon, on a bien une petite scène où Shazam réfléchit et se souvient des paroles du Sorcier, ce qui lui permet de trouver la clé pour vaincre Sivana, mais c’est plutôt léger comme Sagesse légendaire. Et en ce qui concerne le Courage, là, on a même le droit au contraire, et on voit alors Shazam fuir devant son ennemi. Le seul moment où il fait véritablement preuve de courage, c’est quand il choisit de retourner chez lui pour affronter Sivana qui détient ses frères et sœurs … Mais il n’est pas en Shazam, c’est « simplement » Billy. Bon, au moins, cela nous offre une scène plutôt cool où on le voit sauter d’un toit et se transformer en vol.
La théorie, c’est que comme pour le vol (qui fait partie des pouvoirs octroyés par Mercure), Shazam doit apprendre à utiliser la Sagesse et le Courage. Mais de là à ce qu’ils ne soient pas du tout représentés ou utilisés …
Pour revenir sur les Sept Péchés Capitaux, je les trouve absolument magnifiques, même s’il n’est pas facile d’identifier qui est quoi (mis à part Gourmandise, évidemment. D’ailleurs Billy fait une vanne sur ça et sur le fait que Luxure aurait pu être mieux gaulée, et je suis plutôt d’accord, dans le sens où je ne sais même pas lequel c’était). Vraiment terrifiants. Presque « trop ».
Ce que je veux dire par là, c’est que nous avons un film qui cible principalement des enfants, qui peuvent facilement s’identifier au héros. Le truc, c’est que les monstres présents sont tellement bien faits, qu’il me semble pas forcément qu’emmener des enfants de moins huit ou neuf ans soit une bonne idée. Après, y en a toujours qui a cet âge ont vu des trucs bien chelous, mais c’est mon ressenti. D’autant qu’on les voit faire des trucs un peu violent, comme dévorer une tête. Alors c’est suggéré, mais on comprend très bien. Et c’est là qu’on en revient à ce que je disais dans la première partie : le film est dans la superficialité. Nous ne sommes ni dans le « tout gamin », ni dans le « tout adulte » ce qui fait que l’on se retrouve avec un gars qui se fait arracher la tête … mais pas de sang. Vous voyez ce que je veux dire ?
Si vous avez lu le Run de Johns ou que vous vous intéressez aux sorties Toys/Funko Pop, vous avez dû comprendre comment Shazam parvient à vaincre son ennemi. Il donne en fait une part de ses pouvoirs à ses frères et sœurs, formant ainsi une Shazam family avec un petit coté Power Rangers (pour moi, c’est un bon point). Jusqu’à ce point, tous les acteurs collaient parfaitement aux personnages pour moi.
Que l’on parle des protagonistes principaux ou des seconds rôles, tout allait bien. Même les parents adoptifs de Billy sont géniaux et crédibles. Et lorsque les enfants se retrouvent investis des pouvoirs de Shazam, on a l’agréable surprise de voir Adam Brody (Newport Beach) ou Ross Butler (Riverdale) incarner leurs versions âgées. Et tout colle bien, sauf pour Mary. A mon sens, elle est bien plus rayonnante « jeune » que lorsque son potentiel est pleinement révélé.
D’ailleurs, dans le comics, Shazam offre ses pouvoirs de façon temporaire à sa famille. Là, il semble le faire de façon irréversible. Si suite il y a, il faudra donc expliquer pourquoi ses frères et sœurs n’interviennent pas (syndrome « Broly » – comprendra qui pourra).
Je ne suis pas d’habitude très regardant sur le montage. Mais dans l’affrontement final, il y a une scène dont le découpage casse le coté fluide de l’action. Nous sommes sur le travelling arrière que l’on peut voir dans la bande-annonce, quand Billy se transforme en Shazam. Et bien là, on a une petite coupure, pour revenir genre trois mètres plus loin et reprendre l’action comme si de rien n’était. Cela fait un peu genre « Gilbert, recule, recule, recule … Putain, fais gaffe aux câbles. Et voilà, il est tombé ce con ! Bon, on a pas le temps de reprendre du début, donc on continue, et Jean-Kevin coupera au montage. » Pour que cela me choque, faut vraiment que cela casse l’immersion, car je suis plutôt souple sur ce point en général. Mais là …
Bon, y a quand même des trucs que j’ai adoré comme par exemple les délires entre Shazam et son acolyte/frère Freddie, qui l’aide à maîtriser ses pouvoirs, ou quand ils font ce que n’importe quels ados feraient. L’achat de l’alcool, la boite de strip-tease, etc …
Puis il y a la scène où Billy retrouve sa mère biologique et qu’elle lui révèle qu’elle l’a tout simplement abandonné. C’est l’un des rares moments touchants du film, et qui nous permet de vraiment apprécier le jeu de Asher Angel. Surtout qu’après, on a le droit à la scène où il se jette du toit pour se transformer, donc combo !
D’ailleurs, en gros, tout le monde dans ce film joue bien. Les parents adoptifs, notamment. Même la fratrie, qui est une grosse galerie de clichés tourne bien.
Alors ce film cadre vraiment avec tout ce que j’imaginais. Il est cependant parvenu à me surprendre. Sur les cinq dernières secondes. Ce n’est pas une façon de parler.Vraiment, c’est imprévisible tellement cela vient de nulle part, ce qui rend cela d’autant plus énorme. Si vous l’avez vu venir, je vais avec vous remplir une grille de loto, parce que là …
Niveau musique, du Queen – je crois qu’on va en avoir dans pas mal de blockbusters, maintenant -, et Cherry Pie, que Darla qualifie de bonne musique. Je suis d’accord avec elle, mais bon, je suis pas une référence fiable.
Nous avons deux scènes post-générique. La première laisse comprendre qu’il pourrait y avoir une suite, et que Mister Mind pourrait être l’antagoniste du prochain opus. La seconde fait plus l’effet d’une scène coupée tirée du film et rajoutée à la fin. Rien de bien fou, mais un clin d’oeil sympa.
Voilà, je crois que j’ai fait le tour. Je ne suis pas déçu comme j’ai pu l’être avec Suicide Squad. Pas parce que j’ai revu mes attentes à la baisse, mais plus parce qu’une sorte de sixième sens m’a permis de capter ce qui allait arriver.
Alors vous pouvez aller vous faire une idée en allant voir le film, ou attendre une sortie en VOD ou une diffusion télé. Il reste sympa à regarder même si bon, hein. On va pas se mentir : vu ce qui arrive dans trois semaines, si vous devez faire un choix, gardez vous sous et réservez-vous pour Avengers : Endgame.
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Merci pour ta critique très intéressante de mon point de vue car je connais mal le personnage et le peu de ce que j’ai vu dans les bandes-annonces m’a un peu refroidi. Je comprends bien l’intérêt du héros décalé par rapport à Superman, et à titre personnel j’ai toujours un peu de mal avec les héros ciné qui sont trop 1er degré. Dans les comics, c’est l’inverse, mais au ciné ce type de recul sur l’oeuvre me semble nécessaire.
Pour en revenir à Shazam, j’ai vraiment un souci avec le produit car pour le coup entre le floss et l’attitude générale, il me donne l’impression d’être une tête à claques… C’est probablement un problème générationnel, mais les ados j’en peux plus. 😀 😀
Je l’ai regardé, et contrairement à joueur du grenier, je l’ai trouvé pas si mal que ça, même préféré à captain marvel.