A la demande de lecteurs fidèles (qui ne manqueront pas de laisser un petit commentaire j’espère), voici la ressortie d’archives secrètes issues de feu le site Toyzmag sur un sujet culte ! Il s’agit d’un gros dossier qui avait demandé un certain temps d’investigation à l’époque et qui comporte peut-être depuis, à l’aune de nouvelles recherches, quelques incertitudes. Merci de votre indulgence et compréhension. Bonne lecture !

   

Mettons aujourd’hui de côté le toys Star Wars pur et dur, pour vous parler d’un à-côté pourtant puissant dans notre enfance : l’autocollant, la vignette, le sticker (rayez les mentions inutiles à votre convenance). Toute une institution qui allait en parallèle avec nos jouets et les moments les plus animés dans les cours de récré ! Rare sont celles et ceux en effet qui échappèrent aux célèbres PANINI qui, avant d’être des sandwichs, étaient une source de revenus des bureaux de tabac et des boulangeries. Soyons francs, nous avons tous adoré ça : collectionner les petits autocollants et tenter de finir un album via des échanges entre copains/copines. Les excédents se retrouvaient parfois collés sur la porte du frigo au grand désespoir des parents…

Nous sommes en 1980 et l’Empire Contre-Attaque sort à la fin août sur les écrans français. A la rentrée, un album magnifique paraît en kiosque  pour 4 petits francs (même pas un euro). Il fut aussi offert, notamment dans PIF GADGET. Méga surprise : ce n’est pas Panini qui s’occupe de la juteuse licence mais un concurrent français: A.G.E. (Agence Générale d’Editions) dont le siège est situé à… Bayonne en plein Pays Basque !

Etonnante licence pour un produit qui se décline pourtant internationalement : on a trouvé les mêmes vignettes en Espagne, aux Etats-Unis… Pourtant les pochettes sont 100% françaises et les autocollants français se distinguent par le verso avec le logo du film… en français.

L’album AGE est très pittoresque : on y découvre des photos de scènes coupées, des indications semi-farfelues comme Dark Vador qualifié de « démon » ou de « bourreau« , rien que ça !

Et puis une seule très belle faute d’orthographe sur la fin : « Dark Vador trionphe ».

Nous avons droit parfois à un texte « maison » particulièrement inventif sous certaines images donnant lieu à quelques perles… Exemples :

• une photo montre Yan Solo tournant le dos au Probe Droïd. Elle est légendée « sur la piste du probot » (un peu comme quand guignol arrive derrière le gendarme, quoi…)
• Chiquetaba recouvert de la neige de Hoth est sous-titré « dans les intempéries »… pourquoi pas ?
• la scène coupée avec 2-1B qui s’occupe d’un Taun-Taun mort (tué par des Wampas) est tirée « le « Tauntaun » de Luc » , avec des guillemets à Tauntaun. A côté, c’est « la mort blanche » quand le Taun Taun de Yan s’effondre… Victor Hugo n’aurait pas dit mieux
• les Mynocks sont rebaptisés « les êtres chauve-souris » (sic). Pourquoi pas chauve-souris tout court tant qu’à faire ?
• la bataille de Hoth en page 6 donne lieu à des commentaires lyriques : « les soldats du bien« , « dans les tranchées« , « le son de la peur« .. Brrrr
• les « vieux complices  » Yan et Lando sont montrés dans des postures assez inédites
• certaines images ont des couleurs magnifiques dans des tons « sépia » tels une belle photo de Yan dans le Faucon

On découvre aussi que Vador n’annonce pas à Luc un quelconque lien de parenté (non, je ne spoile pas !) mais lui demande de le haïr et de le tuer… Curieux… Serait-ce le fameux dialogue initial qu’on demanda à David Prowse de déclamer pour préserver le secret du twist final ?

Maintenant, passons à la comparaison avec Motta…

Un an plus tard, en 1981, des stickers quasi similaires à ceux de l’album AGE virent le jour : ils étaient distribués par Motta, en principe pour tout achat bâtonnet glacé aux fruits rouges. C’était les autocollants produits par Extension 21 et imprimés en Italie (exactement comme les cartes Papou-Palmito). Ces stickers sont parfois confondus avec les AGE alors qu’ils sont un peu différents et qu’il faut apprendre à les reconnaître : images plus floues, de moins bonne qualité et surtout cadrées différemment (cf notamment l’exemple de R2).

On  trouve cependant paradoxalement des dénominations similaires entre AGE et Motta comme ce Ugnaught rebaptisé chez AGE et chez Motta : « pion de Dark Vador » … C’est la traduction pure et simple de la carte US Topps sorti à la même époque : « pawn ». Le pion vient de là !

Chez Motta aussi, on trouve des scènes inédites comme cette photo de Luc et Han ensemble sur Hoth. Ce qu’il faut bien retenir c’est la teinte grisée des autocollants Motta et leur qualité moindre par rapport aux autocollants AGE lorsque ceux-ci ne sont pas collés. Ils se dégradent différemment au cours du temps, étant particulièrement réceptifs aux tâches d’humidité…

Les autocollants Motta étaient au nombre de 30 et devaient garnir un poster que (presque) personne ne songea à commander.

Il y eut également un PLV destiné aux marchands de glace l’été et invitant à retirer un autocollant. Ces glaces étaient elles mêmes vendues dans un emballage superbe particulièrement difficile à se procurer évidemment.

On voit également sur le panneau d’époque Albator, Goldorak, Astérix et la Panthère Rose réunis autour de Vador… Il existe au moins un autre modèle de ces panneaux. A noter que des autocollants Albator exactement au même format que ceux présentés furent aussi édités (avec aussi des glaces et emballages spécifiques). Ils sont tout aussi difficiles à trouver.

Les promos étaient aussi accompagnées de jeux concours dont on sait peu de choses sinon que de beaux visuels apparaissaient dans PIF. Il semblerait qu’Extension 21 en ait prévu encore plus que ceux qui ont réellement eu lieu.

Enfin, des « gros » autocollants Motta étaient aussi fabriqués par Extension 21 sans doute à destination des vendeurs pour les apposer sur leurs PLV (Motta mais aussi Gervais ou Miko) ou leurs vitrines. Il y en avait sans doute pas plus de 3, imprimés sur des grandes planches : Vador, le X-Wing et les Droïds (visibles ici). Pour ceux qui veulent poursuivre les recherches, d’autres autocollants Motta à moi et tout plein d’autres sont visibles sur ce site (en anglais).

Alors à vous de vérifier désormais si vous possédez chez vous des stickers AGE ou Motta… ou les deux !

Jetez aussi un œil sur la porte de votre frigo : on ne sait jamais…

Dernière chose et non des moindre : ces objets décryptés ici participent, avec les cartes en relief Papou-Palmito et d’autres précieux trésors, de par leur rareté et leur présence dans le temps très éphémère, à plonger les nostalgiques dans un état second : mystérieux et féérique à la fois. Cette époque a-t-elle réellement existé ? Sachez qu’à force, certains collectionneurs quadra ont l’œil aiguisé pour repérer les Motta au premier coup d’œil sur les sites de vente et parviennent même à faire des échanges, comme au bon vieux temps dans les cours de récré…