Solo : A Star Wars Story – Critique garantie sans spoiler

Sorti cette semaine, on découvre le deuxième spin off de Star Wars. Solo A Star Wars Story de Ron Howard met en scène un jeune Han Solo au début de sa carrière de contrebandier. Tout y passe, son passé sur Corellia, ses premiers coups, sa rencontre avec Lando et Chewbacca, le raid sur Kessel…

Solo A Star Wars Story : un film de gangsters

Là où Rogue One jouait clairement en 2016 la carte du film de guerre et d’espionnage, Solo s’affirme assez naturellement comme un film de gangsters. On y découvre l’envers du décor de l’Empire. Entre zones industrielles pourries, égouts, spatio-ports et bouges, Han Solo donne parfois l’impression d’un Oliver Twist passé par Ocean Eleven.

Han Solo : un héros à part

On attendait beaucoup de ce premier spin off autour d’un personnage aussi important et finalement assez mystérieux. En tant que héros de la trilogie originale, Solo est l’aiguillon et le guide de Luke Skywalker. Un faux-cynique trop fier pour avouer sa passion pour le bien. C’est d’ailleurs l’un des intérêts (et peut-être aussi son échec) du film : tenter de montrer Han Solo comme un personnage bravache et naïf à la fois. Ron Howard semble vouloir montrer comment le personnage a évolué vers le contrebandier irrésistible de l’Episode IV. Pourtant, il n’arrive pas à résoudre une certaine contradiction. Comment un jeune adulte exploité depuis l’enfance par des criminels pourrait-il être aussi naïf ? D’une certaine manière, ce film fait penser à La Menace fantôme et à son héros, Anakin, à la fois trop jeune et trop vieux.

« Han Solo is that character that we always wished we could be. I think most of us felt like Luke Skywalker, but we would have loved to have been Han Solo.« 

Peter Jackson

Cependant, Alden Ehrenreich s’en sort bien. Passer après Harrison Ford n’était pas facile. Les premières réactions des fans n’ont d’ailleurs pas été tendres avec le jeune acteur, mais il réussit par son attitude corporelle et certaines expressions à incarner Han Solo. La silhouette sans être parfaite crée l’illusion : mains sur les hanches ou le doigt pointé en direction de son interlocuteur. Il coche pas mal de cases sans toutefois réussir le tour de force d’un Ewan McGregor marchant dans les pas d’Alec Guiness.

La pléthore de seconds rôles le sert bien : Donald Glover, Woody Harrelson et Emilia Clarke sont parfaits dans leur rôle.

 

Star Wars : une saga musicale

Là où Rogue One s’affranchissait avec peine des sonorités de John Williams, Solo A Star Wars Story joue une carte différente. La reprise du thème développé pour le personnage joue certainement beaucoup, mais les nouveaux morceaux fonctionnent bien et rappellent la musique originale de The Clone Wars.

Du Fan Service, en veux-tu, en voilà !

Probablement conscient de l’épée de Damocles suspendue au-dessus de la franchise, Ron Howard, en bon enfant de Lucasfilm, a décidé de faire plaisir aux fans les plus anciens.

L’Empire retrouve une infanterie en dehors de Stormtroopers. Ce qu’on croyait avoir perdu avec le développement de Rebels et de Rogue One, revient enfin. On retrouve, en effet, un corps militaire distinct des stormtroopers. C’est l’une des vraies bonnes surprises du film pour les fans un peu anciens qui ont joué au jeu de rôle West End Games ou simplement dévoré chaque livre publié à l’époque. Les casques et armures de ces troopers rappellent ceux portés par le général Veers dans l’Empire contre attaque. A l’image de ce que les fans du jeux de rôle imaginaient. On peut donc envisager sereinement que les Stormtroopers forment bien un corps d’élite fanatisé et que l’Empire s’appuie au quotidien sur une infanterie classique (et exclusivement humaine).

Mais Ron Howard ne s’est pas contenté de piocher dans les suppléments de West End Games. Il s’inspire aussi grandement de la technique de Dave Filoni pour rendre cohérente la galaxie et ajouter par petites touches des marqueurs classiques de l’univers Star Wars. Le lien avec Star Wars Rebels et The Clone Wars apparaît aisément, on retrouve certains vaisseaux comme le C-ROC Cruiser.

Et puis quel pied de découvrir Kessel ! Une planète mentionnée, comme Corellia, dès 1977. Mais pour les planètes, le film se risque parfois à des références plus cryptiques comme l’académie de Carida ou Mimban. En effet, ces deux mondes ont respectivement apparu dans la trilogie Jedi Academy et dans le 1er roman Star Wars de l’UE, Splinter of the mind’s eye.

Un audacieux plongeon dans l’univers étendu

Assez courageusement, le film emprunte ainsi à une série de trois romans écrits au début des années 90 par Kevin J. Anderson. Constituant la Jedi Academy trilogy, ces livres offrent quelques similitudes avec Solo. En effet, une partie de l’action se passe sur Kessel, dans les mines d’épice où sont exploités des esclaves. Mais le plus grand point commun entre le film et ces livres demeure l’existence, à proximité de Kessel, d’un amas de trous noirs appelé la gueule (the maw), un labyrinthe mortel pour les vaisseaux qui s’y aventurent. Visuellement, cela s’apparente un peu à  la région de la galaxie explorée par Ezra Bridger et ses rebelles à la recherche d’un sanctuaire pour les réfugiés Lasat.

Les autres clins d’oeil concernent la pègre galactique. On entend parler d’un gros bonnet sur Tatooine, des Pikes ou encore d’Aurra Sing. Les fans ne sont pas à plaindre au final. On aperçoit aussi un Decraniated au service de Dryden. Ces cyborgs sont pourtant censés avoir été créés par le Dr Evazan. On imagine donc assez difficilement comment l’une d’entre eux pourrait se trouver au service d’un caïd de la pègre…

Avec un dernier regard dans le rétro, Solo puise aussi dans des sources plus anciennes. Une source en particulière à laquelle Ron Howard ne peut être que très attaché. Il se dégage de certaines scènes, une impression d’American Graffiti. Le speeder anguleux volé par Solo au début du film rappelle les Cadillac de l’Amérique des années 60. Une Amérique où l’arrogant Bob Falfa pilotait une Chevy 55.

solo a star wars story

 

Pourtant, malgré tous ces clins d’oeil, Solo A Star Wars Story pourrait presque ne pas être un film Star Wars. On peut donc comprendre que certains fans soient déçus. C’est cependant un bon film d’action, divertissant en dépit de quelques incohérences et plot holes. Un film qui donne une idée de ce que Disney nous réserve une fois la saga Skywalker bouclée.

Blaster
A suivre

10 comments

sith says:

C’est en effet un film très honnête et loin de l’échec commercial et cinématographique dont certains journalistes ont parlé….
Perso, je trouve que les stand alone sont finalement bien meilleurs que la saga en cours !

Fansolo says:

Déconcertant tout ça… Excellent article !

jb says:

Bizarrement le film était pas déplaisant jusqu’au « décasquement » de Enfys Nest, et à la décision que prend Solo suite à cet évènement. Décision qui m’a paru être en contradiction avec le caractère cynique du personnage. A partir de ce moment le film m’a perdu. Dommage c’était pas si mal.

Blaster says:

Je dois avouer que son côté gentil m’a un peu saoulé… Cette partie m’a fait penser à Mad Max 3.

jb says:

@Blaster, exactement ce que j’ai pensé sur le moment.

Blaster says:

Dans mes bras !

ayorsaint says:

Après tout ce que j’ai lu vous me redonnez un peu envie les mecs… mais il se peut quand même que j’attende le blu ray. Je sais plus… déconcertant comme le dit Fansolo mais peut être pas pour les mêmes raisons que lui!?

JB says:

Laisse toi tenter ! En l’état il y a quand même de belles scènes qui justifierait presque un deuxième visionnage sur grand écran, la scène de guerre sur Mimban( épique), le braquage du train, le Kessel run, la rencontre avec Chewie. Malgré ses défauts j’y ai quand même pris plus de plaisir que sur TFA et TLJ.

ayorsaint says:

OK. Bon en plus je critique allègrement la postlogie mais il y a aussi de chouettes moments dans ces films. Je trouve juste que le 8 a gâché tout le potentiel qu’il y avait dans le 7 qui lui même était trop calqué sur le 4 dans sa première partie.
Je vais peut être aller faire un saut ce week end si il pleut…

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