Petite révélation indie à laquelle je ne m’attendais pas, Hue est une production du studio londonien Fiddlesticks. Il s’agit d’un jeu de plateforme – puzzle en 2D vous mettant dans la peau de Hue (prononcez « you »). Hue est un petit garçon dont le nom veut dire « teinte » quand on le traduit en français, et cet emprunt au champ lexical chromatique n’est pas anodin car le thème de la couleur est la colonne vertébrale du jeu.
Hue vit dans un monde en noir et blanc qui n’est pas sans évoquer Limbo. Il va partir à la recherche de sa mère disparue alors qu’elle menait des travaux scientifiques sur les couleurs et qu’elle venait d’inventer un anneau chromatique permettant de les contrôler. Une histoire révélée à partir de notes récupérées en chemin dans les niveaux du jeu expliquera qu’à la suite d’un différend avec le Docteur Grey, la mère de Hue devint peu à peu invisible et l’anneau explosa en plusieurs fragments. Ce sont ces fragments qu’il s’agira de retrouver afin de pouvoir rendre la mère de Hue de nouveau visible.
Le game design de Hue est simple et néanmoins ultra robuste : vous allez jouer avec les couleurs afin de révéler certains éléments du décor ou au contraire les faire disparaître, en ayant toujours plus de couleurs avec lesquelles interagir. Ce principe dicte à la fois le gameplay du jeu ainsi que sa direction artistique. Je m’explique : vous allez très vite mettre la main sur le premier fragment de l’anneau, la couleur bleue, et d’autres qui suivront. Un peu plus loin, l’activation de cette couleur bleue rendra tout votre environnement bleu et vous permettra dès lors de fondre dans le décor des obstacles bloquant votre chemin (des rochers bleus, par exemple, qui, avec l’activation de la couleur, vont se fondre dans le décor).
Au même titre, l’activation d’une couleur pourra faire apparaître une passerelle qui était invisible autrement. L’activation du bleu révélera en même temps tous les autres éléments qui ne sont pas bleus : par exemple des obstacles roses, des lasers oranges, etc.
Le jeu est un enchaînement de tableaux sous forme d’énigmes qu’il vous faudra résoudre pour passer au tableau suivant. Il y a huit couleurs à retrouver en tout. Le jeu est linéaire et chaque tableau vous fera composer avec les couleurs que vous possédez. Il n’y a en général qu’une seule manière de résoudre chaque énigme, ce qui limite la créativité du joueur, mais la contrepartie positive de cette linéarité est que vous ne vous retrouverez jamais sur un tableau que vous ne pourrez pas franchir sous prétexte qu’il vous manque une couleur.
Dans les faits, une pression sur la gâchette activera la molette des couleurs et vous choisirez au stick droit la couleur à activer, tandis que vous vous déplacerez avec le stick gauche. C’est relativement simple dans les séquences statiques, mais dans les séquences dynamiques mêlant lasers et précipices, et invoquant votre dextérité au platforming, le jeu peut se révéler un peu plus ardu puisqu’il faudra parfois sauter par dessus un précipice et changer de couleur en plein air, ou se faufiler entre plusieurs lasers et les activer/désactiver au bon moment pour éviter une désintégration immédiate. Les déplacements sont néanmoins très précis et les contrôles ultra réactifs, aucune frustration de ce côté-là.
La direction artistique de Hue est sombre et minimaliste : la musique notamment, au crédit d’un certain Alkis Livathinos, est très mélancolique mais néanmoins assez envoûtante et très relaxante. Cela confère un côté assez intimiste au jeu et implique le joueur d’autant plus dans cette quête d’un être cher disparu.
La difficulté du jeu est bien dosée et la progression assez bien rythmée : il faut compter 5 à 6 heures pour terminer le jeu. Les derniers niveaux s’avèrent logiquement un peu plus compliqués que les premiers. On peut néanmoins regretter une fin à rallonge qui arrive comme un contre-rythme par rapport au reste du jeu, là où on s’attend à un épilogue plus rapide.
Hue est néanmoins une très bonne expérience à faire seul(e) ou à plusieurs à tour de rôle, et adaptée à toute la famille.
Hue est disponible sur Steam, Xbox One et PS4.
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Extra, le concept !