Louis de Funès était un maître du rire. L’acteur a sacralisé avec brio la caricature en la portant au grand écran à travers des personnages dont les excès comiques sont devenus une sorte de patrimoine du cinéma français.
Certains films sont de véritables institutions à l’aura familiale et nous gardons tous en tête des périodes festives de fin d’année où il était monnaie courante de retrouver un de Funès programmé à la télévision.
Les Aventures de Rabbi Jacob, La Soupe aux choux, Le Gendarme de Saint-Tropez, Le Corniaud, La Grande vadrouille, une liste de succès populaires qui serait interminable. Aujourd’hui j’ai choisi de revenir sur une scène extraite du film Le Tatoué, une œuvre à laquelle on pense moins spontanément que les références citées précédemment lorsqu’on évoque Louis de Funès. Bonne lecture à tous.
De Gérard Oury au Tatoué
Certains duos du grand écran ont marqué les esprits. Bud Spencer et Terence Hill, Arnold Schwarzenegger et Danny de Vito, Jean Reno et Christian Clavier ou encore Danny Glover et Mel Gibson, pour ne citer que ceux-là, sont indissociables de personnages dont les interactions ont généré des séquences parfois inoubliables.
Ce modèle du binôme a été savamment introduit par le réalisateur Gérard Oury dans deux films. C’est en 1965 que le couple sacré Louis de Funès et Bourvil naîtra dans Le Corniaud. Des physiques, des caractères et des tempéraments littéralement en opposition à l’écran, pour le meilleur et pour le rire.
La recette ayant parfaitement fonctionnée, Gérard Oury récidivera l’année d’après avec La Grande Vadrouille (1966). La configuration est toujours la même, un Bourvil affichant une gentillesse à toute épreuve et un Louis de Funès surexcité, vénal et capricieux.
Le réalisateur Dennys de La Patellière, selon ce modèle d’association à succès, proposera un autre binôme de ténors en 1968. Cette fois Bourvil sera remplacé par le mastodonte Jean Gabin dans l’œuvre Le Tatoué. Autant dire que Louis de Funès, alias le marchand d’art Félicien Mézeray, allait connaître quelques difficultés pour obtenir le tatouage de l’ancien légionnaire Legrain.
Il n’a rien compris !
La séquence que j’ai choisi d’extraire aujourd’hui met en scène Félicien Mézeray qui reçoit dans son appartement cossu les acheteurs américains souhaitant acquérir le fameux tatouage de Legrain. Mézeray va expliquer en quoi la signature de l’ancien légionnaire sur le document de concession diffère du nom de ce dernier.
Tout un patatras de vocables difficile à entendre pour l’un des deux américains férus d’art, précisément celui qui lit et parle très bien le français. Le second, à la barbiche grisonnante, prétend avoir parfaitement compris les élucubrations verbales de Mézeray alors qu’il ne semble absolument pas maîtriser la langue de Molière aussi bien que son acolyte.
Une situation comique irrésistible naîtra avec un Louis de Funès qui va tester les aptitudes de compréhension de cet américain à la barbiche grisonnante. Et c’est là que le génie opère : avec trois fois rien, seulement quelques gestes et un sens aussi aiguisé que précis de la mise en scène, Louis de Funès tournera en dérision son interlocuteur avec maestria.
Epilogue
Parfois quelques images valent mieux qu’un long discours. Aussi je vous laisse en lien ci-dessous la scène que j’ai évoqué aujourd’hui. Louis de Funès appartient à un autre temps, celui où la simplicité apparente d’une scène comique cachait une véritable minutie du rythme. À l’image d’un horloger Suisse, notre de Funès national génèrera le rire à travers une précision et une justesse hors normes.
Par ailleurs, le réalisateur Claude Zidi utilisera à son tour le concept du binôme sacré en associant cette fois Coluche et Louis de Funès dans le film L’aile ou la cuisse (1976). Il en ressortira quelques moments savoureux.
J’espère que vous avez pris plaisir à redécouvrir la séquence cinématographique du jour. Rendez-vous lundi prochain afin de partager ensemble un autre moment du petit ou du grand écran. Merci à tous pour vos lectures.
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Ouh la la quel film ce Tatoué ! Du culte à bien des niveaux !
Complètement Ju ! La scène de la découverte du château, qui s’avèrera être la ”maison de campagne” du comte, est exceptionnelle. Louis de Funès feint avec un tel talent l’émerveillement alors que son personnage n’a qu’une idée en tête : faire signer l’acte de concession du tatouage par Legrain. Formidable.
Épatant. Sans oublier La Folie des Grandeurs avec Yves Montand.
Tout à fait ! Bien vu JP 🙂