Les Dents de la mer (Jaws en V.O) est un film iconique pour beaucoup de cinéphiles. À juste titre, car ce premier opus d’une longue saga qui proposera le meilleur comme le pire ouvrait une brèche, celle d’une configuration où l’homme devenait la proie de créatures marines toujours plus imposantes et affamées. Anacondas, crocodiles et autres piranhas allaient déchiqueter, démembrer et dévorer sans concession durant les futures décennies cinématographiques.
Le film de Spielberg a très certainement marqué l’été de l’année 1975. Les estivants américains ont du s’y reprendre à deux fois avant de se jeter à l’eau. À titre personnel, je considère Les Dents de la mer comme un ambassadeur de choix dans ce que l’on pourrait identifier comme le registre du suggéré.
Et si nous savons tous aujourd’hui que les séquences mettant ostensiblement en scène Bruce étaient sciemment restreintes pour des raisons techniques, il n’en reste pas moins que ce qui est réellement effrayant dans le film Les Dents de la mer, c’est ce que nous ne voyons pas. Un sentiment d’autant plus accentué par un visionnage contemporain qui ne fait que mettre davantage en lumière un requin parfois très proche du papier mâché.
Qu’importe, l’opus introductif de la saga Les Dents de la mer c’est avant tout une peur, celle de voir surgir un squale à n’importe quel moment, et celle-ci est suffisante pour garantir un subtil paradoxe, celui de craindre tout en souhaitant voir. C’est probablement l’A.D.N profond du spectateur amateur de cinéma horrifique, lequel est pris au piège entre sadisme et répudiation.
Il faudrait des kilomètres de lignes pour évoquer de manière exhaustive le film Les Dents de la mer. Spielberg a réalisé un travail remarquable souligné par une bande sonore tout aussi exceptionnelle. Le choix des acteurs n’est pas en reste avec des personnages désormais emblématiques, notamment à travers le trio Quint, Hooper et Brody.
Une véritable alchimie dichotomique, si j’ose dire, va se créer, notamment dans la seconde partie du film, entre l’expérience de Quint, la science/jeunesse de Hooper et l’initiation du chef Brody. Aussi je souhaiterais aujourd’hui aborder ce trio incarné par des acteurs de haut vol – Robert Shaw, Richard Dreyfuss et Roy Scheider – à travers une scène marquante, celle du discours évoquant la tragédie de l’Indianapolis.
Le décor est campé, intimiste, de nuit, dans la cabine de l’Orca dont l’éclairage se balance au grès de la houle. Quint, Hooper et le chef Brody se retrouvent dans un moment où la traque du grand requin blanc tueur s’accorde une courte trêve aux accents de détente alcoolisée. Le repas est terminé et les restes présents dans les assiettes nous renvoient en filigrane à une chaine alimentaire où l’homme est à la fois le consommateur et le potentiel consommé. D’ailleurs le chef Brody qui n’a pas le pied marin n’a que peu touché à sa ration.
Le concours de cicatrices entre Quint et Hooper est parfaitement mis en scène selon une volonté humoristique. Le duel – sous fond de celui qui aura la plus grosse – va être écourté sans le vouloir par le chef Brody qui, tout en triturant un nœud de cordage aussi emmêlé que ses connaissances dans le domaine nautique, remarque un reliquat de tatouage sur le bras de Quint.
Celui-ci fait référence au cuirassé l’Indianapolis et par conséquent à la tragique histoire qui lui est associée. À cet instant précis, on entre dans le second acte de la scène où le rire va laisser place à l’effroi. Pour rappel, l’USS Indianapolis livrait en 1945 à la base américaine de Tinian une partie des composants pour les bombes nucléaires qui seront lancées sur Hiroshima et Nagasaki.
Quatre jours après, le funeste convoi est torpillé par un sous-marin japonais et coule en un temps record. Quint va relater avec son inimitable gouaille les interminables journées d’attente avant que lui et les autres naufragés ne soient secourus.
Lorsque Quint évoque sa présence sur l’Indianapolis, il annihile immédiatement la dimension humoristique de la scène. Un scission matérialisée par sa main qui saisit le bras de Hooper, à l’image d’un père qui contrôlerait l’excès d’assurance de son fils. Le simili d’affrontement avec la comparaison des cicatrices est définitivement remporté par Quint.
Les stigmates ne sont plus physiques mais psychologiques et on rejoint subtilement cette idée du suggéré, du métaphysique bien plus traumatique que tous les hectolitres d’hémoglobine qui pourraient être déversés dans l’océan à travers des images maculées d’un rouge vif.
Le visage de Hooper se fige car il connait la tragique histoire relative à l’Indianapolis. Un homme de science sait par essence en opposition au chef Brody qui vit un véritable parcours initiatique. Ce dernier va découvrir l’horreur à travers le récit de Quint.
Et quel récit bon sang ! Le baroudeur des mers enlève sa casquette avant de commencer son long monologue, comme pour entamer un effort, celui de la remémoration, à l’image d’une lame qui va rouvrir une plaie incurable. Le tatouage que Quint a essayé de se faire enlever est toujours présent, comme une fatalité indélébile. Les traces de l’encre corporelle résonnent tel un oubli impossible car on ne gomme pas des souvenirs qui ont côtoyé la Mort.
Le cadrage se resserre sur le visage buriné de Quint et l’on se perd dans le gris bleuté de ses yeux, à l’image d’un océan infesté de requins. Les sourires nerveux du baroudeur des mers, révélant l’absence d’une dent et entrecoupés de gorgées encourageantes, contrastent avec les expressions médusées de Hooper et du chef Brody.
Sur le plan des sonorités, Les Dents de la mer c’est un grand requin blanc personnifié par un thème musical, à l’image d’une marche funèbre inarrêtable. Cette configuration a été reprise durant le monologue de Quint, précisément lorsqu’il évoque les hordes de requins qui attaquent les survivants de l’Indianapolis échoués en mer.
Les notes des violons apparaissent comme des dents de squales qui lacèrent de la chair humaine. L’atmosphère pesante de la séquence devient littéralement asphyxiante et on s’imagine à la place des naufragés, impuissants, blottis les uns contre les autres, en espérant être ignorés par les requins.
Quint tapera trois fois sur la table avec ses phalanges comme pour sonner la fin du premier round d’un combat qui semble perdu d’avance. La suite sera fatale pour le vieux copain Robinson dévoré jusqu’à la taille par les requins. Les détails que donnent Quint concernant la mort du maître d’équipage sont glaçants de réalisme, toujours avec cette gouaille à la fois familière et si représentative des baroudeurs.
Mais Quint est loin d’être un simple mercenaire des mers ex militaire et chasseur de requins. Non, il y a dans son discours des bribes de culture comme la référence à la bataille de Waterloo ainsi qu’aux configurations carrées des troupes Napoléoniennes.
La dernière partie du monologue affichera au compteur des morts quasiment huit cent hommes. Quint ne manquera pas de souligner brièvement le jeune âge de Hooper en évoquant celui du pilote qui va repérer en mer les survivants de l’Indianapolis, comme pour rappeler furtivement une position hiérarchique dominante.
Le monologue, où Quint apparaît désormais comme un vétéran de guerre, va se clôturer par une promesse, celle de ne plus jamais porter un gilet de sauvetage. Le dispositif sensé préserver la vie a finalement transformé son propriétaire en véritable appât flottant. Pour Quint, il valait mieux être emporté au fond des eaux qu’être grignoté en restant à la surface.
La tragédie de l’Indianapolis peut être perçue comme un véritable sacrifice d’humains qui servira à sacrifier d’autres humains. Cette dimension apparaît en filigrane dans la phrase conclusive de Quint : « Enfin, on aura livré la bombe ». Le ton résigné du baroudeur des mers résonne comme un terrible tout ça pour ça.
On pourrait dire beaucoup d’autres choses concernant cette séquence du monologue que j’ai essayé de synthétiser. Hooper n’a plus ses lunettes à l’image d’un scientifique qui a cessé d’analyser pour se laisser aller à un moment de détente. La couleur rose de son polo est à mettre en perspective avec l’infantilisation produite par Quint. Seul Brody arborera ses lunettes, comme pour rappeler qu’il est l’élève, celui qui, en quittant la Terre ferme, ne sera plus véritablement le chef.
Enfin on peut évoquer la peur de Quint avant de monter dans l’héliporteur, un sentiment exacerbé par une attente empreinte d’un objectif décisif et une prise de conscience au dernier moment concernant une incertitude où la Mort peut surgir des profondeurs à n’importe quel instant.
Par ailleurs, toute la seconde partie du film Les Dents de la mer apparaît comme un huis clos et l’Orca nous renvoie fatalement à l’œuvre Moby Dick d’Herman Melville. Quint est une vision possible du capitaine Achab, les deux hommes finissant emportés par les monstres qu’ils ont pourchassé.
À ce propos, la mort de Quint est presque décevante lorsqu’on la met en perspective avec la séquence de l’Indianapolis où le baroudeur des mers survivra à l’impossible. Ironie du sort, Quint finira comme le vieux copain Robinson, cisaillé au niveau de la taille, avec cependant deux privilèges, si j’ose dire.
Il pourra affronter le regard de la Mort – des yeux de nounours sans vie – et avoir la possibilité d’en découdre malgré une bataille perdue d’avance.
Avant de conclure, je tiens une nouvelle fois à préciser que les différentes grilles de lecture présentes dans cette courte analyse ne proviennent d’aucun site spécialisé. Je mets un point d’honneur à produire un contenu qui soit strictement personnalisé.
Vous trouverez en lien ci-dessous la scène du monologue en espérant que sa (re)découverte sera intéressante. Rendez-vous lundi prochain afin de décrypter ensemble une autre séquence du petit comme du grand écran. Merci à tous pour vos lectures.
Je voudrais dédier cette production à Nicolas Fleurier, fine lame dans le domaine cinématographique.
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BRA-VO Nicko pour cette évocation d’une des scènes (qui s’intègre en fait dans un ensemble de scènes qui forme une bonne partie de l’acte 3 du film comme les illustrations le montrent brillamment) d’un de mes films préférés.
Merci Ju ! 🙂
Je t’avoue que le choix concernant l’extraction d’une scène n’a pas été facile. Le film regorge de moments tantôt drôles, tantôt poignants. La séquence du monologue évoquant la tragédie de l’Indianapolis s’est finalement présentée à moi comme la plus adaptée à un décryptage, de part sa densité émotionnelle bien sûr mais également vis-à-vis des qualités d’interprétation dont Robert Shaw a fait preuve. Sans compter la somme de petits détails disséminés ça et là. J’ai tenté, à mon modeste niveau, de les souligner.
Tisane de tisane !! L’un de mes films de chevet préférés. Culte, culte, culte… Quelle prose, Nicko!! Merci d’avoir rédigé si brillamment l’analyse de cet inoubliable moment. Pour ma part, c’est le speech de Quint après avoir fait crisser ses ongles sur le tableau noir que j’adore. Je ne résiste pas à le replacer ici: “Vous me connaissez tous… et vous savez de quoi je vis. Je le capturerai vot’ bestiau moi mais ça s’ra pas du tout cuit… Parce que c’est un filou… Sortir un requin c’est pas taquiner l’ablette dans l’étang ou la perchette… Le requin, il avale tout ce qui voit… Un coup de dent, un coup d’attendrisseur et ça descend… Ch’ai bien qu’y a urgence… Faut faire rappliquer le touriste vu que le pékin y met du beurre dans l’plat d’épinards… Mais ce s’ra tout sauf de la rigolade… Ma peau, elle vaut davantage que 3000 $, pas vrai Chef? Pour 3000$, j’vous l’trouverai… Mais pour l’attraper et le zigouiller, c’est 10000 qui m’faudra… La balle est dans votre camp, à vous de jouer… Ou vous voulez cracher et vous refaites surface… Ou vous bloquez les fonds et c’est la soupe populaire pour le p’tit commerce… Je veux pas de volontaire, je veux pas de mousse, y’a déjà bien trop de capistons dans notre île… Je veux 10000$ pour ma pomme et personne d’autre… Contre ça vous aurez la tête, la queue et tout le saint bataclan… M’sieur le Maire… Chef… Au r’voir Messieurs, Dames…”. Pittoresque !! Chapeau aux dialoguistes de l’adaptation française du film… Encore mille fois merci, Nicko!! Au revoir et adieu, jolie fille madrilène… 😉
Encore une fois, Elcaballerodelcancer, pigiste chez FulguroPop envoie un commentaire génial ! C’est effectivement ce monologue qui m’a toujours marqué lorsque je visionne Les Dents de la mer. Merci d’avoir reproduit ici ce moment fort !
Au revoir et adieu, jolie fille d’Espagne… 😉
Merci infiniment Olivier pour ce message exceptionnel. La scène que tu évoques est également remarquable et finalement, en globalisant, n’est-ce pas l’incarnation de Quint qui est tout bonnement fantastique ? Cet autre monologue du baroudeur des mers est effectivement jouissif par bien des aspects. Une intrusion stridente, une attitude cavalière, la séquence introduit un véritable cowboy des mers. Ceci dit je ne l’ai pas retenu dans ma sélection pour la rubrique FulguroTube car le monologue évoquant la tragédie de l’Indianapolis est, à mes yeux, davantage intéressant sur le plan analytique à bien des égards. On retrouve toujours la gouaille de Quint mais surtout les émotions fluctuent, la force de l’imaginaire est omniprésente et la froideur du récit glace le sang lorsqu’on s’imagine à la place des naufragés.
La séquence est lourde, intense, et elle sacralise définitivement Quint comme un vétéran de guerre, un homme d’expérience, un survivant de l’impossible. Cette aura est à mettre en perspective avec un visage marqué, taillé à la hache, entamé par le sel marin.
Merci de nouveau Olivier car j’ai pris un plaisir fou à lire et relire le discours de Quint que tu as méticuleusement relevé. Un autre moment d’anthologie pour un film à croquer, si j’ose dire 🙂
Encore une fois, comme lors de ton article sur Alien, tu as su mettre le doigt sur l’essentiel de ces films. Le suggéré… Ce procédé qui était une obligation, faute de moyens à cette époque, est tellement plus efficace que de tout montrer (c’est bien connu…)
Cela dit, les « effets spéciaux » de ce film sont toujours efficaces je trouve. Même mon fils qui est élevé au tout numérique et au MCU n’a pas trouvé les moments avec Bruce grotesques. Par contre, on fait pas mal de paddle et les deux trois sorties qui ont suivi le visionnage n’ont pas manqué de mordant… pourtant on était sur un lac… Preuve que ce film fait toujours son petit effet et que le suspense qu’il manie à merveille fonctionne aussi bien, voire mieux, qu’un tour de passe passe numérique.
Enfin, impossible de ne pas dire un mot sur le jeu des acteurs, tous géniaux, Quint et sa gueule cassée en tête.
Je te rejoins pleinement mon Aurel, le film fonctionne toujours bien qu’une certaine affection me fasse possiblement manquer de discernement. Le suggéré a un potentiel fabuleux et il converge avec mon amour pour les livres. Lorsqu’on dévore des lignes, à l’image d’un grand requin blanc, c’est notre esprit qui fabrique les images auxquelles les textes renvoient. Ainsi les représentations imaginées sont parfaites selon des codes, des sensibilités et des esthétiques qui nous correspondent pleinement. La force du psychique est incroyable.
D’où la nécessité absolue de lire l’ouvrage qui a donné naissance au film Les Dents de la mer. Chose que je n’ai pas encore faite mais qui ne saurait tarder. Seul bémol, je crains que ma vision lors de la lecture soit parasitée par les images du film que j’ai en tête. Il aurait fallu lire l’ouvrage en premier. Qu’importe, je suis certain qu’il est possible de redécouvrir l’œuvre et que le plaisir sera au rendez-vous.
Hitchcock disait «il n’y a rien de plus angoissant qu’une porte fermée». Justement parce que comme on imagine, l’investissement personnel est plus important. Regardez Psychose : tout dans l’ambiance et le suggéré, aucune violence montrée directement, et il est flippant uniquement grâce au jeu des acteurs, au brio de la mise en scène et, là encore, à un thème simple mais ultra efficace, et devenu encore plus culte que le film.
Psychose est un excellent exemple Mindmaster. Les discussions sous cette production m’évoquent un concept que j’avais lu dans un papier sur la sophrologie et que l’on peut corréler avec le développement personnel : celui de la suggestion/projection mentale. L’esprit a cette capacité de visualiser ce qui n’est pas, à tel point que le cerveau en sécrétera des substances chimiques.
Merci pour vos compliments, les gars!! C’est Blaster qui m’avait donné l’envie de transcrire ce monologue il y a un an déjà suite à l’article rédigé de sa plume : « A première vue : Robert Shaw d’Istanbul à Amity Island ». Je l’avais placé dans les commentaires. Je ne sais pas si l’exercice avait déjà été effectué par quelqu’un (certains passages ou petites répliques cultes de Jaws et d’autres films sont reprises sur certains sites). Pour ma part, j’ai pris un énorme plaisir à le faire…
ps: Ayorsaint, tu me fais une nouvelle fois rougir (et ce n’est pas parce que tu as revêtu l’habit d’Athéna!!). J’espère que tu avais lu ma réponse suite à ton premier compliment dans les commentaires de ton article sur Grimlock… Géniale l’anecdote avec le fiston sur les paddles!!
psbis: « Cowboy des mers »… C’est tout à fait ça!!
Oui j’avais lu ce commentaire l’ami. Il m’avait énormément touché car tu as mis le doigt sur ce qui me pousse à continuer cette belle aventure sur FulguroPop.
J’avais même fait lire ton commentaire à mes proches qui savent pourquoi je suis là.
Et d’ailleurs, j’ai toujours dit que je serais heureux de redonner un peu de tout le plaisir que ce site m’a donné. La fameuse bulle de bonheur qui fait du bien quand le quotidien se fait plus dur.
Merci Elcaballero, vraiment merci. Je ne savais pas trop quoi répondre le jour même car ton commentaire m’avait touché profondément. 🙏
C’est beau, les mecs ! Une super aventure avec des lecteurs au top que demander de mieux ?
Ha Les Dents de la mer. Considéré comme le 1er blockbusters de l’Histoire même si ce terme n’existait pas à l’époque. Je trouve également qu’il fonctionne toujours aussi bien, au moins jusqu’à la mort de Quint justement où le requin en carton a un peu vieilli.
J’ai d’ailleurs du mal à le trouver dans sa version VF d’origine. La VF a été refaite il y a quelques années et même si elle est bonne, elle ne résonne pas de la même façon à mon oreille.
Merci Julien pour ton message 🙂
Je souscris de manière absolue à ta remarque concernant le nouveau doublage dont a bénéficié le film Les Dents de la mer. Cette version n’a pas la saveur de l’originale que j’ai précieusement conservée sur un disque dur.
J’aime beaucoup les deux premiers films Les Dents de la mer. L’extrait sélectionné par Nicko est révélateur du talent de comédien de Robert Shaw et de la qualité d’écriture autour des personnages principaux. Scène poignante en effet. Fruste et rempli de suffisance sous les premiers abords, on imagine mal le personnage de Quint « se mettre à nu » ainsi. J’ai lu les romans Les Dents de la mer de Peter Benchley et Les Dents de la mer, deuxième partie de Hank Searls (je les ai toujours, il faudrait que je les dépose dans des boîtes à livres)… Et bien, dans les deux cas, j’ai une préférence pour les films… le premier s’englue de longues pages dans une histoire d’adultère, le second prend un virage très éloigné du film en développant une histoire autour de la mafia d’Amity, sans compter que le personnage de Brody, excellemment travaillé dans le long métrage de Jeannot Szwarc, apparaît loin d’être perspicace, le trauma des « évènements » comme sont souvent désignées les tragédies causées par le premier requin, est moins palpable chez lui que dans le film. Il faut dire que Roy Scheider est un très bon comédien.
Le « Enfin, on avait livré la bombe » est symptomatique du décalage entre les ordres militaires à l’échelle régalienne… et la réalité à l’échelle humaine. Dans la magnifique chanson « When the tigers broke free », Roger Waters chante que le pont d’Anzio a été sauvé au prix de quelques centaines de vies humaines banales (« And the Anzio bridgehead Was held for the price of a few hundred ordinary lives »). La bombe chargée sur l’Indianapolis a été livré pour un prix tristement similaire…
Merci Pascal pour toutes ces précisions. Ton ressenti concernant l’ouvrage fondateur du film Les Dents de la mer m’a clairement refroidi. Je sais que tu es comme moi un lecteur et que nos sensibilités se rejoignent dans beaucoup de domaines. Aussi je lirai quand même le livre Les Dents de la mer mais avec un apriori, celui d’une déception quasi programmée. Je te transmettrai à l’occasion mon avis une fois la lecture achevée.
Tu te feras ton opinion Nicko 😉 Il faut dire que j’ai lu le roman en connaissant parfaitement le film, forcément on est en terrain (aquatique) connu. C’est l’aléa de découvrir une même histoire sous deux formats artistiques différents. Les Dents de la mer, le film de Steven Spielberg, je le possède en DVD depuis quelques temps, sa suite que j’adore (malgré un côté trop soft et quelques faux raccords), je l’ai acheté en Blu-ray cette année. Comme quoi. Les films 3 et 4, je les déteste ouvertement. Je les trouve vraiment, mais vraiment médiocres. Aucune séquence de ces deux films n’est comparable, même de loin, à celle que tu as choisie de mettre en lumière à travers ton article.
Effectivement, lorsqu’on connaît bien le portage d’une œuvre, en l’occurrence cinématographique, et que l’on envisage de découvrir le support original qui l’a rendue possible, on se heurte à une vision préétablie. C’est une problématique qui était abordée dans mon papier visant à mettre en lumière la BD Alien, le scénario abandonné.
Le dessinateur Guilherme Balbi a dû réitérer plusieurs fois son interprétation crayonnée du scénario original qui donna naissance à Alien, le huitième passager. Nous sommes nécessairement orientés par des visions popularisées et il est parfois difficile de s’en défaire pour redécouvrir une œuvre. Concernant le 3ème et le 4ème opus de la saga Les Dents de la mer, je te rejoins pleinement. Ce sont de très mauvaises suites.
C’est aussi valable pour Running Man, la différence entre le livre de Stephen King et le film sont frappantes. Et encore je ne parle pas de l’adaptation du Prix du danger, d’Yves Boisset (d’après la nouvelle de Robert Sheckley). Un bel imbroglio juridique dont il faudra qu’on reparle un jour sur le site.
C’est effectivement un véritable sujet. Pourquoi ne pas en faire un ou plusieurs papiers en abordant différentes œuvres ? Je pourrais apporter ma contribution en parlant, entre autres, de Vingt mille lieues sous les mers.
Ce serait rudement bien. A creuser, donc.
Pour moi cette scène, c’est un film dans le film : quand on me parle de ce monologue, j’ai les images qui apparaissent dans ma tête, mais pas Quint en gros plan, je vois les scènes des marins dans l’eau se faisant happer par les requins ! Et pourtant, ces images n’existent absolument pas dans le film.
D’ailleurs c’est un test à faire à ceux qui connaissent le film : leur demander s’ils se rappellent de cette scène et de la décrire, je suis sûr que beaucoup vont décrire le discours et non les vrais images du film.
Merci beaucoup MacGivre pour cette intervention aussi intéressante que pertinente 🙂
Nous en revenons une fois de plus à la force de l’esprit, de l’imaginaire, qui est capable de façonner des visions incroyables alors absentes des écrans. La transposition du discours de Quint selon des représentations et des références qui nous sont propres feront de celui-ci « un film dans le film ». Le pouvoir des mots est insoupçonnable et notre langue française est réellement exceptionnelle en ce sens. D’ailleurs les vocables employés par Quint sont extrêmement impactants et un véritable sens de la formule, notamment selon la traduction Hexagonale, permet d’apporter beaucoup de charge émotionnelle comme de puissance au discours. Une forme parfaitement mise au service d’un fond qui fait froid dans le dos.
Merci de nouveau MacGivre pour ton message 🙂
Étant née dans les années 80 j’ai grandi avec les dents de la mer je l’ai vu des dizaines de fois. Cette semaine, il était diffusé à la télé alors j’étais devant !! Je n’avais jamais vraiment fais attention à cette décence et elle m’a marqué , avec l’âge nous avons une autre vision, on voit le film autrement et merci pour votre article car on ne parle pas vraiment de cette scène très prenante. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai trouvé votre blog en faisant des recherches sur l’Indianapolis. Cependant j’ai remarqué aussi quelque chose qui je pense n’était pas prévu lors du tournage. Et j’ai repassé la scène plusieurs fois sur Netflix. A 1h 36 min du film il passe quelque chose dans le ciel à une vitesse fulgurante avec une traînée de couleurs ! Quelques secondes après sur le plan du bateau, il repasse dans le ciel. L’avez vous vu ? Si oui j’aimerai bien avoir votre retour .
Merci de m’avoir lu
Bonjour. Pour les étoiles filantes dans les dents de la mer, on en parle dans cet article : https://www.fulguropop.com/2023/09/26/a-premiere-vue-spielberg-et-les-etoiles-filantes/
Bonjour Vi et bienvenue sur le site.
J’espère que tu y trouveras d’autres articles qui te plaisent.