Ceci est la deuxième partie d’un article déjà publié ici.
La production de Stephen King ne fut pas en reste depuis le début du siècle.
En 2000, outre l’autobiographie Ecriture: mémoires d’un métier, Stephen King se mit à l’ère numérique. Il publia la nouvelle Un tour sur le Bolid’, qui, avec 400 000 téléchargements dès le premier jour, fut considérée comme le premier best-seller de l’histoire du livre numérique. Cela lui valut de faire la couverture de Time Magazine. Il s’essaya aussi au format épisodique, en proposant au téléchargement le premier chapitre de son roman The Plant au tarif optionnel de 1 dollar. La demande ne fut pas suffisamment soutenue pour pérenniser le projet.
En 2001, King publia Dreamcatcher, premier roman qu’il écrivit suite à un accident survenu en 1999. Souffrant encore des séquelles de son accident, il ne pouvait pas rester assis devant l’ordinateur suffisamment longtemps pour écrire et rédigea donc son livre à la main. Bien que King s’avoua lui-même peu satisfait de la qualité du roman (qui se passe d’ailleurs à Derry et fait allusion aux événements de Ça), le roman fut malgré tout adapté au cinéma en 2003 sous le titre Dreamcatcher, l’attrape-rêves. La présence de Morgan Freeman ne permit pas au film d’atteindre un quelconque succès (à peine 75 millions de dollars au box office, selon Box Office Mojo).
En 2003, King à faire des apparitions à intervalles réguliers dans la publication Entertainment Weekly, en y publiant une colonne intitulée The Pop of King (jeu de mots sur “The King of Pop”, alias Michael Jackson) dans laquelle il parle de pop culture. Il reçut la même année le National Book Award pour sa contribution à la littérature américaine. Ces événements contribuent à consacrer toujours un peu plus Stephen King comme personnage incontournable de la culture américaine contemporaine.
Entre 2003 et 2005, King s’attela avant tout à terminer le cycle de La Tour Sombre, son oeuvre magistrale, en remaniant notamment le premier tome et en la concluant par le roman La Tour Sombre en 2004.
King ne cesse de démontrer qu’il vit avec son temps. En 2006, précédant de peu le boom des smartphones, il publia Cellulaire, roman dans lequel un signal relayé par les téléphones portables transforme les humains en zombies assoiffés de sang. Quelques mois plus tard, en 2007, King étoffa un peu plus son palmarès en étant consacré Grand Maître de la Mystery Writers of America.
Surfant toujours sur l’actualité technologique, il publia en 2009 la nouvelle Ur, à l’occasion de la commercialisation du Kindle de 2ème génération. Ur fut disponible uniquement sur le site d’Amazon.
La même année, King publia Dôme, roman dans lequel une petite ville rurale est coupée du reste du monde du jour au lendemain par un dôme transparent. Ce roman sera adapté sous forme de série TV à succès en 2013 : Under The Dome (3 saisons, 39 épisodes).
King consacra énormément de temps à la recherche, documentation et rédaction de son roman 22/11/63, publié en 2011. Il y narre l’histoire d’un personnage remontant le temps jusqu’en 1958 afin d’empêcher l’assassinat du président JFK. Ce roman fut un énorme succès commercial, avec quatre semaines en tête du classement des ventes du New York Times (plus de 919 000 exemplaires vendus aux Etats-Unis cette année-là).
Début 2012, King rouvrit le cycle de La Tour Sombre avec le 8ème volume, Le Cycle des Vents.
En 2013, King publia deux romans, Joyland, mais surtout Docteur Sleep, qui reprend le personnage de Danny Torrance, l’enfant prodige de Shining. L’ensemble de l’oeuvre de Stephen King peut se caractériser par ses nombreux clins d’oeil à des personnages ou événements survenus dans d’autres romans écrits des décennies plus tôt. Stephen King a créé en quelque sorte un énorme bestiaire dans lequel il n’hésite pas à aller piocher pour conférer complexité et profondeur à ses histoires. Dans Docteur Sleep, Danny Torrance est désormais adulte et affronte des créatures se nourrissant de personnes ayant le même don que lui. Le roman se vendit à 942 000 exemplaires.
En 2014, il publia le roman policier Mr. Mercedes, histoire d’un meurtrier ayant écrasé plusieurs personnes avec sa voiture et narguant les forces de police lancées à sa recherche. Le policier à la retraite Bill Hodges est le héros de ce roman, premier volet d’une trilogie composée également de Carnets noirs (2015) et Fin de ronde (2016).
Consécration ultime, King fut invité à la Maison Blanche pour y être décoré, en 2015, de la National Medal of Arts. Cette distinction est la plus haute accordée par le gouvernement américain à des artistes.
En 2017, King publia entre autres Gwendy’s Button Box et Sleeping Beauties, deux oeuvres pas encore traduites.
Outre la littérature, King trouve également le temps de se consacrer à la musique ! Il fut guitariste pour plusieurs groupes, amateurs ou chevronnés, depuis les années 1970, et collabora même avec John Mellencamp à une comédie musicale, Ghost Brothers of Darkland County.
Travailleur acharné (plus de 2 000 mots par jour au début de sa carrière !), ultra prolifique, Stephen King possède un sens de la narration inouï. Il sait activer chez le lecteur les phobies et les peurs les plus sombres grâce à un imaginaire complexe, qu’il met en situation à travers un réalisme des personnages et des situations saisissant. De nombreuses références à l’actualité et à la culture populaire dans ses romans aident le lecteur à s’identifier à l’univers, et à succomber à l’épouvante, souvent amplifiée par une description acérée des violences sociétales et familiales. Les thèmes récurrents de l’univers de King sont également l’opposition entre le monde des enfants et celui des adultes – ceux-ci ayant une inflence négative voire menaçante sur les enfants – et une méfiance envers les technologies (les téléphones portables, les voitures meurtrières, etc.) et les institutions, souvent associées au Mal.
Malgré un rejet par ses pairs de l’horreur comme genre littéraire, Stephen King continue de produire à un rythme effréné et de glaner toutes les distinctions possibles et imaginables. Son succès n’est en rien usurpé tant son talent est indéniable, tout comme son influence sur la science-fiction et l’épouvante – ce qui fait de lui une des figures prépondérantes de la pop culture des XXème et XXIème siècles.
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