Le Nindo de Naruto, ode à l’amour et une leçon à la société

Beaucoup s’accordent à dire que Naruto est une œuvre qui a fortement baissé en intensité au fil de sa publication, altérant ainsi sa qualité globale. Je souscris à ce constat. Il n’en reste pas moins que ce manga nous a beaucoup apporté et qu’il continue encore aujourd’hui à avoir beaucoup de succès dans notre pays (numéro un des ventes en 2022). Je voudrais aujourd’hui faire un petit focus sur son personnage principal. Plus précisément sur sa façon d’aborder les épreuves de la vie et de concevoir les relations humaines.

Au début du manga, Naruto est un orphelin rejeté par tout le village de Kohoha dans lequel il vit. Parfois en proie à de vives réactions de rejet, il oscille entre la colère, l’abattement et l’envie de s’accrocher pour qu’enfin on le reconnaisse au même titre que les autres. Mais le démon renard qu’il abrite en lui est une menace potentielle pour la population. Il ne rêve alors que d’une chose, devenir le Hokage du village. Chef reconnu et respecté de tous, la position de Hokage lui permettrait d’obtenir enfin la reconnaissance qu’il souhaite ardemment. Toute la première partie du manga s’articule autour de ce postulat et de cet objectif. Avec, en parallèle, la relation que Naruto va peu à peu tisser avec Sasuke, son rival et ami. Nous sommes nombreux à avoir préféré cette première partie de l’œuvre que l’on pourrait surnommer sobrement « Naruto enfant ». Il est vrai que son rythme est bien meilleur et que l’envie de tourner toujours une page de plus pour savoir ce qui vient ensuite est très forte. Or, cette dimension est primordiale pour qu’une histoire se démarque véritablement. Elle est même pour moi le gage de qualité numéro un, ce qui fait toujours de Dragon Ball une œuvre à part tant Toriyama a longtemps excellé sur ce point. Cette digression terminée, revenons à nos moutons.

C’est vers la fin de cette première partie que l’objectif principal de Naruto va changer. Alors que Sasuke bascule peu à peu dans la folie de la vengeance sous le poids du fardeau qui l’accable, Naruto va faire du sauvetage de son ami une nécessité absolue. Dans un premier temps, un grand nombre de ses amis shinobis va lui prêter main forte afin de mener à bien cette mission. Cependant, au fil des tomes, les uns et les autres vont se détourner de Sasuke qui commet de plus en plus d’actes impardonnables. Mais les liens que Naruto a tissé avec lui sont trop importants à ses yeux, indéfectibles. Quand ses compagnons vont décider d’aller eux-mêmes assassiner Sasuke, il sera le seul à rester fidèle à son Nindo, la voie qu’il a tracée. Les autres sont formatés par les codes de leur société gangrenée par des règles et des messages séculaires, mais pas lui. A partir de là, la relation Sasuke Naruto et les péripéties qui l’accompagnent vont malheureusement traîner en longueur. Mais ce qui importe dans le cas qui nous occupe ici, c’est le fin mot de l’histoire. On dit souvent que c’est le voyage et non la destination qui prime. Ici, c’est l’inverse. C’est la morale de l’histoire qu’il faut retenir et pas la façon dont les deux protagonistes ont cheminé vers son inéluctable dénouement.

Car vous le savez, ou vous l’avez déjà compris à la lecture des lignes précédentes, Naruto va bel et bien ramener son ami vers la lumière. Dans une société actuelle ou les liens tissés entre les gens sont de plus en plus superficiels, dans une société où l’on pense d’abord à soi avant de penser à son entourage, aidés en cela par tous les discours préconçus des réseaux sociaux et autres psychologues en herbe, Naruto est une bouffée d’oxygène salutaire. Lui aussi aurait pu se dire qu’il n’était pas enchaîné à Sasuke. Qu’ il aurait été bien plus facile d’opter pour la solution consistant à l’abandonner et de laisser ses compagnons s’occuper de son sort. Mais Naruto est ainsi, il ne peut pas se refaire, il est tel qu’il est et ne peut en démordre. Même en proie aux pires doutes et à la confusion, il finit par rester fidèle à son Nindo. Il continue à donner de sa personne même si c’est à son détriment, même si il doit se retrouver seul face à tous. C’est ainsi qu’il aidera son ami qui pourra enfin tourner la page et mener une nouvelle vie auprès des siens. Une vie vouée à l’absolution de ses nombreux pêchés. Naruto, lui, deviendra bien évidemment Hokage et réalisera son rêve au travers de son chemin de dévotion, de confiance et d’amour donné aux autres.

Il pourra ensuite profondément modifier les codes du monde ninja. J’aurais pu de la même façon aborder le problème avec Gaara, le petit orphelin devenu monstrueux ou Tsunade la femme qui ne croyait plus en l’amour. Naruto a su les ramener sur le chemin des sentiments et leur permettre de s’ouvrir au monde à nouveau. Si seulement Naruto pouvait infuser son Nindo dans notre société, nul doute que celle-ci deviendrait toute autre…

Je dédie ce papier à tous ceux qui continuent à se préoccuper de leurs proches et qui ne se sont pas encore recroquevillés sur eux-mêmes, enfermés dans une cage de peurs de colère et de doutes. Merci à eux !

 

Ayorsaint

2 comments

jp says:

Si ce genre de passage t’a plu dans Naruto, je pense que Radiant te plairait aussi.

ayorsaint says:

J’ai vu la saison 1 en animé
C’était sympa mais je n’ai jamais lancé la saison 2. Il faudra que je m’y remette

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