L’animé La Revanche des Gobots (Machine Robo: Revenge of Cronos (マシンロボ クロノスの大逆襲 Machine Robo: Cronos no Dai Gyakushū) ) arrive sur nos écrans cathodiques le 8 avril 1987, soit un an avant la diffusion des Chevaliers du Zodiaque, l’année 1988 étant souvent citée comme l’avènement de la seconde ère de japanimation en France. Pourtant, à bien y regarder, les années qui ont suivi la diffusion d’œuvres fondatrices comme Goldorak, Candy ou Albator, n’ont pas à rougir qualitativement du contenu proposé, même si elles sont susceptibles d’avoir laissé une empreinte moindre que ces trois exemples. Dans les émissions phares de la jeunesse comme Récré A2, Vitamine ou Amuse 3, certains titres se distinguent comme L’Empire des 5 produit par le studio Kokusai Eigasha, ou encore l’adaptation de L’île au trésor par le studio Tokyo Movie Shinsha.
Selon mon ressenti, La revanche des Gobots appartient à cette sphère de très bons titres titres mais qui ne sont pas spontanément cités lorsqu’on évoque les dessins animés japonais diffusés dans les années 80.
Il faut dire que l’animé surfe sur la vague contestée des œuvres mettant en scène des jouets, en l’occurrence des robots transformables du fabriquant Bandaï, et que sa diffusion en France fait suite à celle de l’œuvre du studio Hanna-Barbera, Le Défi des Gobots. Un dessin animé américain qui déjà mettait à l’honneur les « Machine Robo » de Bandaï et qui bénéficiait d’un excellent doublage du studio Teletota.
En rebaptisant l’animé Machine Robo : Revenge of Cronos, La Revanche des Gobots, les diffuseurs escomptent vraisemblablement capitaliser sur la certaine notoriété dont bénéficient les Gobots en ce milieu des années 80.
A cette époque, j’ai suivi la diffusion des deux dessins animés, programmés respectivement sur TF1 dans les émissions Vitamine et Salut les P’tits Loup !. Dans mes souvenirs, l’illusion n’a pas fonctionné longtemps …
L’animation, le character design, la scénarisation, les musiques, … ces différences sont immédiatement palpables entre Le défi des Gobots et La revanche des Gobots, à l’exception de la reprise des noms français de plusieurs personnages et la présence à l’écran des robots transformables du géant japonais.
Le synopsis de départ de La Revanche des Gobots est le suivant : Sur l’étoile Cronos (selon les sources orthographiée « Cronos » ou « Kronos »), les machines qu’elles soient de nature androïde ou de robot transformable, possèdent une âme et vivent en paix (à l’exception de quelques conflits isolés). Mais cette tranquillité va être rompue avec l’offensive mené par un envahisseur redoutable : les Gyandlar dirigés par Gades ! Dans la tradition des séries sentaï, cet empereur venu de l’espace est soutenu par trois généraux : la cruelle Diondra, l’horrible Grujios, et un personnage qui renferme un secret, le redoutable Garudi. Autour d’eux, des monstres brutaux et malfaisants, et des guerriers dangereux, à commencer par les frères formant le combiner Devil Satan 6, et avec une signe d’allégeance répété, le salut nazi !
Gades convoite l’Hyribead, un secret qui lui permettrait d’accéder à la vie éternelle. Découvrir ce secret forme le fil rouge de la série animée car il n’est prétendument connu que d’un seul personnage … qui perd la vie dès le premier épisode, le sage Kiraï, maître en arts martiaux, père et instructeur de Rom, le héros de l’œuvre, et de sa sœur, la belle Leina. Dans leur lutte pour venger leur père et protéger Cronos, nos amis sont soutenus par trois autres robots, Blue Jet, Rod Drill et Triple Jim. Rom en héritier de l’art martial légué par son père bénéficie en plus de la protection offerte par une épée indestructible, l’épée du Loup, et par la possibilité de revêtir de façon gigogne des armures robotiques : Kenryū (alias Blade Dragon, traduite en version française par « Force du Bien ») et Baikanfu (alias ViKung-fu, traduite en version française par « Courageux »).
Au fur et à mesure que la série avance, marquée par de nouvelles rencontres, Rom et ses alliés vont dresser une véritable résistance face à l’envahisseur, jusqu’à un tournant apocalyptique amorcé à la fin du vingt-neuvième épisode intitulé Escape from the Underground – Pro Truck Racer Appears!, et une bataille finale haletante !
La Revanche des Gobots reprend ainsi de nombreux codes shōnen.
A l’instar d’autres œuvres produites à la même époque, vous assisterez donc à des leitmotivs lénifiants comme les paroles prononcées par Rom chaque fois qu’il revêt ses armures et obtient donc un gain considérable de puissance. A titre d’exemples également, vous observerez des personnages se faire découper, des jeunes femmes prier pour le salut de leur héros, ou des otages crucifiés …
A ce titre, la filiation avec des titres comme Hokuto no Ken est prégnante avec l’usage d’un vocabulaire amphigourique pour désigner attaques et art martial pratiqué, le tout se concluant par « shinken » en version originale. A ce titre, je vous conseille tout particulièrement le visionnage du dixième épisode intitulé Defeat Bug, the User of Darkness, dans lequel Diondra fait appel à Bug Newman, le maléfique frère d’arme de Rom qui maîtrise à la perfection le Tenkū Chūshin Ken. Bug Newman fait sa première apparition dans la cité de Yearn, près des montagnes, adoptant une stature debout dans son véhicule à l’instar de Shin dans le générique du premier arc de Ken le Survivant. Et comme Shin face à Ken lors de leur première rencontre, Bug Newman triomphe aisément de Rom.
Les comparaisons ne s’arrêtent pas là. Après sa guérison, Rom médite sous une cascade, comme le ferait Shiryu, le chevalier du Dragon, dans l’œuvre Saint Seiya, avant d’enclencher l’opération Revanche, en accord avec le titre français donné à l’œuvre.
C’est surtout la violence digne de certains mangas adapté en animé et destinés à un public adolescent qui peut surprendre, même si La revanche des Gobots n’a pas suscité de polémiques à ma connaissance. Les morts sont brutales. Aucune ellipse lors de ces séquences : Démembrements et têtes qui volent sont nombreux. Les corps de civils ou de soldats tués jonchent le sol. L’animé a été épargnée par la censure probablement grâce à la nature mécanique des protagonistes.
La revanche des Gobots qui se déroule véritablement sur 44 épisodes (la poignée d’épisodes suivants représentant une version hyper condensée de l’œuvre, une sorte de « best-of ») implique un visionnage respectueux de l’ordre des épisodes, c’est le propre de toute série feuilletonesque, même si à l’exception du double épisode 17 & 18 et de l’arc final, chacun peut s’apprécier individuellement puisque chaque épisode s’achève sur la résolution de l’intrigue du jour, à défaut d’avoir levé le secret autour de l’Hyribead.
L’exploration de l’étoile Cronos est assez réjouissante. Dans les premiers épisodes, Rom se sert de son épée comme le ferait le personnage de Rahan avec son couteau pour déterminer la direction à suivre et repérer les différents symboles du Loup répartis sur la planète, sources d’indices pour découvrir l’Hyribead, la source de vie.
Dans cet objectif, au fil des épisodes, plusieurs lieux sont visités comme Asenbush, le plus beau site de la planète (épisode lors duquel le personnage de la jolie Min-Mei est introduit), de nombreuses villes ou villages comme celui de Guweina dont la quiétude n’est qu’apparente puisqu’il est sous le joug des Gyandlar, ou encore les villes d’Apu et d’Andowa en discorde permanente. Ainsi, d’un épisode à l’autre, l’on peut passer d’une ambiance glaciaire comme celle des pôles, au climat d’une région chaude, équatoriale dans laquelle on découvre la cité d’un peuple de pierre (incarné par son représentant Boulder dans la gamme de jouets Bandaï). Le très bon huitième épisode titré The Demon Sea of the Lost Civilization of Mu, possède une ambiance insulaire propice à quelque culte mystérieux. Dans les eaux environnantes sommeille d’ailleurs un monstre légendaire, un dragon des mers. Le plus bel exemple d’originalité se situe à l’épisode suivant, Dash Out, Tank Trancer !, dans lequel le désert traversé prend différentes teintes, chaque couleur étant le reflet d’un danger mortel … De véritables pays peuvent également être évoqués dans l’œuvre La Revanche des Gobots, c’est le cas de Kaleba et Bamela, tous deux en conflits. L’on visite également le territoire sacré de Cronosi, preuve que la religion a sa place dans le monde de Cronos…
Mais un monde imaginaire prend encore davantage de relief lorsque la faune et la flore y sont inventives. Le conflit entre les habitants de Cronos et le clan Gyandlar ne doit pas occulter quelques trouvailles intéressantes comme les monstrueuses créatures aux pattes arachnéennes et aux tentacules ondulantes rencontrées dans le dix-neuvième épisode, Run Through the Race of Death, et plus surprenantes encore, les plantes carnivores géantes du vingtième épisode, The man from Gyandlar, plantes capables de se reconstituer malgré les endommagements subis.
Sous tout cet habillage typiquement shōnen, je reconnais que quelques situations tragiques provoquent le désarroi chez le téléspectateur. Les décès de plusieurs personnages, masculins et féminins, sont sources d’émotion. Je ne les citerai pas pour ne pas gâcher le plaisir de visionner cette œuvre.
Cependant, je trouve dommage que leur mémoire ne soit pas entretenue dans les épisodes qui suivent… Et pour cause, les personnages sont tellement nombreux ! Il y a bien sûr ceux qui sont au centre d’un épisode en particulier, mais surtout tous les Gobots sont susceptibles d’exister en de multiples exemplaires (par exemple, les insulaires de l’épisode 8 appartiennent tous au modèle Dive-Dive, à savoir un sous-marin) et forment en cela une masse d’anonymes dont le sort est quelque peu indifférent au téléspectateur, et puis il y a les nuances, des représentants de tel modèle Gobot ou même des Rock Lords, qui peuvent jouer un rôle prépondérant le temps d’un épisode et réapparaître par la suite là encore dans un relatif anonymat. Cette complexité rend donc difficilement attachant pléthore de personnages.
D’ailleurs au sein même des cinq héros, Rom n’est pas le plus finement brossé. Il est sérieux, plutôt sage, mais manque soit d’un grand de folie, ou bien d’humour, voire de défauts, en tout cas d’un véritable relief pour que l’on ressente davantage d’empathie pour lui. Heureusement, pour contrebalancer le profil de ce héros, l’on peut parfois compter sur quelques méchants savoureux. L’animé n’en manque, et ce sera l’occasion d’un prochain article de les évoquer.
Enfin, je cite mes épisodes préférés en guise de conclusion. Tous présentent des qualités auxquelles je suis sensible : un lore étonnant, un scenario bien travaillé, une mort tragique qui ne laisse pas insensible, des révélations étonnantes…
Après réflexion, voici la sélection retenue :
- L’épisode 09. Dash Out, Tank Trancer ! Un épisode qui coche toutes les cases : des lieux fantastiques, des personnages à l’identité réelle surprenante, et un scenario qui ne se devine clairement pas à l’avance.
- L’épisode 16 : Phantom Monk Preacher’s Challenge . Un épisode qui réussit l’exploit de présenter un adversaire plus effrayant que Grujios, le tout dans une ambiance mystique pesante.
- L’épisode 18 : The Demonic Castle – Farewell Grujios . La suite directe de l’épisode précédent. Jamais Grujios se s’est montré aussi redoutable. La scène où il quitte son enveloppe robotique reste dans les mémoires.
- L’épisode 20: The man from Gyandlar. Un must have tant par la flore terrifiante qui est développée dans cet épisode que par l’apparition des mauvais Rock Lords.
- L’épisode 21 : The Heart of a Protecting Angel. Tant la révélation de l’apparence réelle de l’ennemi à combattre que la conclusion tragique rendent cet épisode mémorable.
- L’épisode 22. Rockgiran versus Rockdon. Les Rockasaurs sont introduits dans cet épisode. Ils incarnent une forme de monstres primordiaux qu’il convient de ne pas réveiller…
- L’épisode 27 : Knights of the Devil’s Mountain, Mask Rock. L’épisode qui marque l’apparition des personnages connus dans la gamme Bandaï sous les noms de Slimestone et de Marbles en protecteurs d’un site mystérieux, la montagne du Démon ! Parmi la faune environnante, des monstres dignes de ceux observés dans l’épisode Run trough the Race of Death. Un épisode qui souligne la prudence adoptée de la part de Gades avec son général Garudi dont il a lavé la mémoire …
- L’épisode 31 : Curse of the Demon Sword Medusa. Un épisode mémorable pour son artefact maléfique avec une référence originale à la Méduse mythologique !
- L’épisode 34 : Baikanfu Disappears in Space. L’épisode qui marque l’introduction des « Pierres Précieuses » dans l’animé, et le retour du terrible Grujios. J’aurai l’occasion d’y revenir au détour d’un prochain article.
- Le triptyque formé par les épisodes 42, 43 & 44 : Baikanfu – Cry of Anger!; Mighty Fortress, Heavenly
Sword – Jet Don’t Die!; The Final Battle of Cronos. Je ne peux rien révéler si ce n’est que quatre artefacts doivent être réunis pour former l’Hyribead. L’heure de la bataille finale a sonné, avec son lot de révélations autour de Gades ou de Garudi. La conclusion à l’animé est absolument magnifique mais je n’en dis pas davantage.
A l’occasion d’une prochaine participation, je m’attarderai sur quelques ennemis rencontrés dans le courant de la série animée.
Je remercie Julien d’avoir accepté de publier ces quelques lignes !
N’hésitez pas à consulter la fiche dédiée à La Revanche des Gobots sur le site Planète Jeunesse dont l’équipe a réalisé un travail remarquable au fil des années.
- Capitaine Flam : restauration du Professeur Simon (Popy) par Davemantoys - 15 novembre 2024
- Libre Antenne : Review Amazing Yamaguchi Batman (Arkham Knight) par Seb - 12 novembre 2024
- Libre antenne : Review Marvel Legends spécial Halloween par Seb - 31 octobre 2024
L’Empire des Cinqs c’était MON dessin anime d’enfance, le générique, le robot (çà doit bien faire 10ans que Bandai tease un ThornRock en SoC sur les salons via un proto non peint/gris).
C’est pour cela j’aime Baxinger, ou plutôt le Knockoff qu’on trouvait enfant dans les 3Suisses/Redoute (Motor Jumbo pour la France). J’ai trouvé 3 variantes en nom (selon les pays/continents) avec les années mais gardé qu’un pour remettre à neuf mon exemplaire d’enfance.
Concernant la Revanche des Gobots, j’ai toujours le générique en tête et chéri mon premier SoC acheté, Baikanfu.
La séquence de « transformation » restera toujours dans ma tête.
Même si ces 2 anime ont très mal vieilli, ils restent la nostalgie.
Le robot Thorn Rock a déjà fait l’objet d’un jouet imposant dans les années 80. Claude, le gérant de la boutique qui était installée rue des Boucheries St Ouen à Rouen https://www.toyzmag.com/2016/03/09/reportage-sbs-collections-et-vintage-toys-rouen-rouen-76/ (et qui a pris sa retraite depuis,même s’il vend toujours un peu sur le net à ma connaissance), en avait un très exemplaire en rayon. Lors de ma dernière visite, je me souviens avoir soulevé la boîte et l’avoir regardée sous tous les angles ainsi que le robot à travers la fenêtre pour me faire une idée de la qualité.
Je le sais, c’est bien pour ça que je voudrais une version actualisée.
Et je suis un ancien de Toyzmag et Fulguropop donc je connais l’article. Merci de continuer à garder en mémoire Toyzmag ça fait chaud au coeur.
Je crois avoir des souvenirs de cette série dans Salut les p’tits loups présenté par une enfant, Orly.
Je me souviens bien dOrly car elle était dans le Guinness Book des Records pour être la plus jeune animatrice TV.
C’est vrai que concernant certaines émissions, j’ai davantage à l’esprit l’image des « présentateurs » que le contenu des programmes proposés. Je peux citer comme exemple Le village dans les Nuages, ou La vie des Botes (à l’exception d’une petite poignée d’animés pour ce dernier).
Génial cet article madeleine de Proust.
J’ai particulièrement apprécié les analogies avec d’autres animés.
J’ai plus de souvenirs du Défi des Gobots et de l’Empire des cinq pour ma part.
Merci ayorsaint. Malheureusement, pour le Défi des Gobots, pas d’édition DVD proposée en France, c’est regrettable … Je préfère voir le verre à moitié plein en me disant qu’on a quand même bénéficié d’une multitude d’intégrales d’animés des années 70/80. Concernant l’article ci-dessus, j’ai adressé la suite par mail à Julien pour qu’elle soit publiée sur le webzine 🙂
Super article qui rafraîchit un peu ma mémoire vu que je pense n’avoir pas vraiment bien suivi à l’époque… un peu déçu par le titre quelque peu trompeur .. et c’est sympa aussi les précisions sur tes éléments marquants .. Sans compter pour finir le lien avec les articles de Slipman sur les Rock Lords .
Très sympa Bravo ça donne envie de retourner regarder de plus près !
R!
Ah effectivement, on assiste à une belle présence des Rock Lords dans ce dessin animé … Du moins, les « Regular », les « Pierres Précieuses » et les Rockasaurs. Pas de Narlies, ni d’Action Shock Rocks. Sabrestone & Spearhead ne sont pas non plus présents à l’écran.
J’adorai cet animé (plus que le Défi des Gobots). La musique western pendant le discours du héros ! Existe-t-il un coffret BR ou DVD ?
Malheureusement non … Et je ne crois pas un instant qu’une édition VF puisse être en projet. Après au Japon, c’est sûrement différent. Il y a une fan base, puisque de nouveaux produits sortent de temps à autres, le personnage de Leina est même assez populaire me semble t-il.
Il y a un coffret Blu-ray au Japon avec sous-titres en Anglais. Egalement un album avec 16 titres de la série (chansons et musiques d’ambiance) qui existe en vinyle et en CD.