Comme chaque année, FulguroPop propose du 1er au 24 décembre une série d’articles allant de la vignette nostalgique à l’analyse plus en profondeur. La mouture 2021 sera sous le signe des génériques de séries, qu’elles soient live ou animées.
Certains génériques de notre enfance – je m’adresse essentiellement aux jeunes quadragénaires – se sont installés dans nos mémoires sans pour autant que l’on ait vu le moindre épisode du support dédié. J’avais déjà abordé ce cas de figure spécifique dans la production qui évoquait le générique en version française de l’animé Cobra.
À titre personnel, j’ai la même relation avec le DA des Snorky (les Snorks en V.O – 1984) – vous savez cette version sous-marine des Schtroumpfs – c’est-à-dire que je n’ai que quelques souvenirs de visuels sans être capable de les corréler avec ne serait-ce qu’une infime parcelle scénaristique ou bien une quelconque référence nominative.
Pour autant, je garde parfaitement en mémoire le générique en VF des Snorky que j’ai entendu à plusieurs reprises durant mon enfance. Cette composition, qui apparait d’une légèreté incroyable, est bien plus travaillée qu’il n’y parait.
D’abord et avant tout, le générique en VF des Snorky s’associe à une expression sous la forme d’une répétition/résonnance syllabique : « Qui, qui, qui sont les Snorky ? » Lorsqu’il est question d’évoquer ces petits êtres des profondeurs océaniques ainsi que leur DA respectif dans sa version française, c’est probablement la phrase que chacun d’entre nous fredonnera spontanément.
Le jeu de mots associé à l’air de la composition offre une configuration entêtante dont il est complexe de se défaire. C’est précisément un modèle que les publicitaires utilisent depuis l’aube des réclames, le classique gimmick dont la substance profonde est d’être marquant avec astuce et ingéniosité.
Sur le plan musical, le générique en VF des Snorky c’est une voix, celle de la regrettée Claude Lombard, qui a littéralement bercé notre jeunesse. Son timbre immédiatement reconnaissable est en harmonie parfaite avec la dimension miniature et cute des petits personnages aquatiques. Un effet vocal est d’ailleurs habilement utilisé sur les refrains afin de souligner davantage un certain aspect enfantin.
Il est également important de mentionner que la composition commence immédiatement par un refrain. Une configuration qui contribue pleinement à sacraliser le gimmick évoqué précédemment en le proposant d’emblée aux auditeurs.
De manière un peu plus technique, le générique en VF des Snorky a bénéficié des compétences d’un véritable orchestre. Exit les compositions assistées par ordinateur ou bien les sons synthétiques. Ici vous retrouverez le talent de musiciens expérimentés dont la maîtrise instrumentale est remarquable.
Le morceau repose sur ce que l’on appelle communément un fast pop/rock, c’est-à-dire une version très rapide d’une rythmique – notamment à la batterie – qui présente toutes les caractéristiques de la musique pop/rock. En termes de vitesse, nous sommes sur une pulse qui oscille autour des 180 bpm à la noire et qui entre dans la catégorie du up tempo (presto).
Pourtant, lorsqu’on écoute ce générique en VF des Snorky et que l’on se laisse porter par l’orchestration, il s’en dégage quelque chose de très latinisant, évoquant la samba ou encore la bossa nova. Les harmonies utilisées sont certainement en cause, tout comme la présence de la flûte traversière dont les envolées de notes suggèrent des courants marins virevoltants.
En fait il y a bien une autre explication, notamment sur le plan rythmique. Sans entrer dans des démonstrations trop complexes, lorsqu’on révise le tempo du morceau en le divisant par deux selon un séquençage half time, les notes s’étirent et on retrouve partiellement les appuis d’une samba ou encore d’une bossa nova.
C’est assez intéressant de mettre en perspective ce feeling sous-jacent avec les harmonies, l’orchestration et la rythmique. On découvre finalement une composition qui en appelle une autre. D’ailleurs la configuration du générique VF des Snorky m’évoque clairement le titre It’s not unusal (1965) interprété par Tom Jones. On retrouve une identité principale, en l’occurrence pop avec un tempo fast, ainsi qu’un esprit en filigrane assez latinisant.
Je vous laisse le lien ci-dessous du générique en VF des Snorky en espérant que vous prendrez plaisir à le (re)découvrir. Merci à tous pour vos lectures et bonnes fêtes de fin d’année.
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Et bien tu m’apprends que c’est Claude Lombard qui l’avait interprétée, je l’ignorais. Super article Nicko 👌.
Merci à toi mon Géronimo 🙂