Avec Falcon et le Soldat de l’hiver, DisneyPlus loupe-t-il le coche ?

Après l’expérience super rafraichissante de WandaVision, la série consacrée à Falcon et au Soldat de l’hiver s’annonçait plus convenue. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose, mais la série Disney+ ne remplit que partiellement son objectif de convaincre les fans des Avengers.

Falcon et Bucky sont bien différents de Wanda et de Vision. Les limites de leurs pouvoirs ont permis aux frères Russo de les utiliser à plein dans tous leurs films : Captain America : The Winter Soldier, Captain America : Civil War, Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame. Bien moins puissants que nos deux tourtereaux, les compères de Steve Rogers se prêtent plus au format série d’action, mais cela suffit-il ?

Premier constat : le format. La série est très courte. Six épisodes (on en a déjà vus quatre), ce n’est pas énorme surtout quand on essaie de développer plusieurs sous-histoires en même temps.

En effet, la complexité du propos est assez déconcertante pour cette série. J’avoue toujours essayer de comprendre ce que veulent vraiment les Flag Smashers et comment ils se proposent d’atteindre leur but. Le jeu de piste qui se déroule dans les quatre premiers épisodes est assez décevant pour ne pas dire ridicule (c’est cool la Lettonie, tout le monde y parle anglais). Les événements s’enchaînent sans grande fluidité avec beaucoup de chance et peu de construction et avec en toile de fond le monde d’après l’ultime défaite de Thanos. Un monde où le Global Rapatriation Council semble disposer d’une autorité supérieure à celles des Etats dans un contexte où la moitié de la population revient subitement cinq ans après avoir disparu. Tout cet arrière-plan reste très flou dans cette série, alors que ce devrait être l’un des éléments clés de compréhension de l’histoire tant du point de vue des Flag Smashers que des héros qui cherchent à les arrêter.

Les personnages enfin offrent un spectacle mitigé. Si Bucky (dont la question de la rédemption disparaît bien vite une fois la série lancée) est plutôt efficace et son duo avec Sam Wilson fonctionne bien, on ne peut pas en dire autant des personnages sauvés des limbes du MCU. La reconversion de Sharon Carter serait même improbable dans un comic book des années 60 (avec un personnage masculin à la place) et Zemo… Comment dire ? Le Baron Zemo est probablement l’antagoniste le plus intéressant de Captain America, mais son passage dans le MCU en avait fait un méchant jetable. Il le reste malgré un changement de statut assez peu compatible avec sa biographie officielle dans les films et séries Marvel.  Venons-en à John Walker, le nouveau Captain America/US Agent semble dès le début tout mettre en oeuvre pour incarner une nouvelle menace. C’est à ce demander si l’histoire avec les Flag Smashers qui trafiquent des fioles de serum de super-soldat comme s’il s’agissait de missiles Stinger n’ont pas d’autre fonction que de fournir à ce héros contesté justement ce qu’il lui manquait… pour devenir un méchant. C’est-à-dire… Oh trois fois rien ! Le trauma et les pouvoirs. Je pense que je vais aussi râler sur le fait qu’Erin Kellyman campe dans la série une nouvelle Enfys Nest. Tout cela me semble un peu trop convenu.

J’oubliais de mentionner l’acteur québécois Georges Saint-Pierre qui, bonne nouvelle, continue d’incarner Batroc et qui, mauvaise nouvelle, n’a pas perdu son accent aussi risible qu’horripilant dans les circonstances.

Bien sûr, la série affiche quelques bonnes idées comme l’introduction d’Isaiah ou la thérapie de Bucky, mais c’est à chaque fois zappé rapidement au profit d’une scénario mené à marche forcée. On comprend ainsi mal ce que fiche le Lt Torres à Genève à enquêter sur les Flag Smashers alors qu’il sert de soutien à Falcon dans le premier épisode. Les scénaristes multiplient les artifices pour faire avancer l’histoire et la qualité générale de la narration s’en ressent grandement.

La bande-annonce diffusée à deux épisodes de la fin est je pense censée redonner envie aux fans.

Je ne sais pas si ce sera suffisant, mais peut-être que la révélation ultime de l’identité du Power Broker se révélera intéressante malgré tout. Enfin, on croise les doigts.

6 comments

Julortk says:

Pour moi, cette série a le cul entre 2 chaises :
– parler société et les problèmes humains engendrés par le retour de tout le monde
– il faut de l’action car ce sont des Avengers quand même.

Je ne sais pas, j’ai l’impression que la série n’a pas osé aller à fond dans un sens ou dans l’autre et ça donne un résultat un peu biscornu.
Parce que l’épisode 1, une fois passée l’intro, tu passes ton temps chez le psy ou à la banque. Moi j’aime bien mais je ne pense pas que c’est ce qu’attendent les fans des Avengers.

Exactement et en 6 épisodes, c’est un peu compliqué

jp says:

Merci pour l’article blaster. Je rejoins grandement ce qui est écrit plus haut et dans l’article mais je rajouterais quelques éléments. Ca ramène les héros à ce qu’ils étaient à la base, des humains, mais le fait qu’ils aient participé à sauver le monde et se retrouve à simplement devoir travailler pour vivre/survivre (leur famille également) sans aucune vrai reconnaissance c’est étrange. J’apprécie beaucoup le tandem Bucky-Sam et comme c’est écrit, c’est dommage que le chemin de rédemption soit si vite envoyé, et le passé du nouveau captain est également vite torché, ancien soldat en Afghanistan, décoré , mais qui a vu des horreurs. J’ai eu deux soucis dans les épisodes, le premier c’est comment le nouveau captain s’entraine à l’aise avec le bouclier alors qu’il n’a même pas de super pouvoirs à ce moment, et le deuxième est la scène sur le pont en Indonésie pour avoir des infos sur le serum de super soldat. Ils sont à pieds juste pour la scène et à discuter sur un pont réserver aux voitures, mais il n’y a aucune voiture à part celle qui les attends il me semble, mais alors qui les a amenés jusqu’au pont, pourquoi pas le traverser avec la même voiture…. J’ai pu lire dans un dico des super héros (édition hachette que j’ai pu emprunter) des infos sur bucky et captain america, et zemo est dans les comics un très vieil ennemi de cap et pas un baron de sokovie mais bon le mcu est ce qu’il est, et selon ce que j’ai lu j’ai une idée de ce qui pourrait arriver à la fin de la série. Concernant power broker on aurait une petite idée à la maison de son identité car la famille suit la série, mais pas un mot ici, suspense 🙂

Merci JP pour ta réponse très détaillée et argumentée. Oui je n’ai pas voulu faire l’inventaire des trucs bizarres dans cette série. Au fond, je ne désespère pas d’être agréablement surpris. 😉

jp says:

C’est fini, et cela aura été parfois pénible à regarder. Pour power Broker, c’est exactement la personne à laquelle on pensait à la maison. Niveau scénario et dialogue on attendait mieux.

Ouh la la oui. C’était assez éprouvant et pas super bien ficelé cette histoire de GRC (son articulation avec le gouvernement US) et de Flag Smashers. Je me demande ce que ça va donner comme conséquence pour le MCU.

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