La musique electro est représentée internationalement à travers différents artistes dont la notoriété est parfois très importante. Des Daft Punk en passant par des vétérans comme Giorgio Moroder ou Jean-Michel Jarre, les références connues appartenant à la culture populaire sont nombreuses.
Mais il existe aussi des musiciens, moins célèbres, qui n’ont rien à envier aux noms les plus talentueux. En ce sens j’avais déjà évoqué la formation Nerve dans un précédent FulguroZik. Selon cette idée de « pépites undergrounds », je vous propose aujourd’hui de (re)découvrir la formation The Bloody Beetroots à travers le titre Rocksteady. Bonne lecture à tous.
Des Betteraves rouges à Venom
Quelques mots très succincts pour définir le groupe The Bloody Beetroots, littéralement les Betteraves Sanglantes. Le projet est au départ le fait d’un artiste, Robert « Cornelius » Rifo rejoint ensuite par Tommy Tea. La formation naîtra officiellement en 2006. Ces deux italiens sont des inconditionnels de la musique électronique bien qu’ils soient aussi attachés aux instruments traditionnels.
Selon cette idée, différents batteurs, plus ou moins célèbres, viendront jouer sporadiquement sur certaines scènes lors des représentations en live. Il y a quelque chose de punk rock dans les compositions des Bloody Beetroots. La musique électronique dont ils sont friands s’est clairement agrégée à l’énergie ainsi qu’à la nervosité qui caractérisent ces deux styles.
Les Bloody Beetroots se définissent également par une tendance à reprendre des titres existants afin de les remanier selon leur sensibilité électronique. On parle plus communément de remix. Enfin Bob « Cornelius » Rifo et Tommy Tea utilisent des masques de Venom, la Némésis de Spider-Man, lorsqu’ils s’affichent publiquement. Cette pratique identitaire nous rappelle spontanément les Daft Punk.
Rocksteady, la charge du rhinocéros
Pour ceux qui ne connaissaient pas les Bloody BeeTroots, j’ai sélectionné une composition qui me semble assez représentative de la formation. Il s’agit du titre Rocksteady. Les inconditionnels de la Pop Culture auront immanquablement une référence en tête, celle du mutant à cornes aux ordres de Shredder.
Et bien le morceau Rocksteady est au moins aussi intense qu’une charge de rhinocéros ! Nous sommes bien loin de la traduction littérale qui signifie « rock modéré » ou bien du légendaire style jamaïcain aux accents de ska et de reggae. Non, Rocksteady est une composition énervée, dynamique, avec un tempo élevé.
Les sons synthétiques introductifs ont un côté très roots. On bascule ensuite sur un traitement beaucoup plus agressif des sonorités. La variation des tensions est intéressante avec un pont central très planant. Rocksteady est un morceau immersif qui se prête parfaitement aux fêtes sauvages en extérieur comme à une écoute chez soi. Je suis totalement fan.
En termes de références, vous pouvez retrouver le titre Rocksteady en single ou bien dans l’album Hide commercialisé en 2013.
Epilogue
Les Bloody Beetroots sont une synthèse punk, rock, electro et roots. Le style du groupe, au sens large du terme, est à l’image de ses compositions : déjanté, dynamique, intense. Aussi je vous laisse en lien ci-dessous le clip du morceau Rocksteady. Vous y retrouverez des atmosphères dignes de Mad Max ou encore de l’œuvre La Colline a des Yeux. Une manière de traduire en partie ce que sont les Bloody Beetroots.
J’espère que cette (re)découverte musicale vous aura plu. Je vous donne rendez-vous très bientôt dans votre rubrique FulguroZik. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à Alexis Braconnier alias Sixelar.
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Je ne connais pas, et même si perso ce n’est pas tout à fait mon style, j’y retrouve des sonorités d’un groupe sulfureux mais tellement talentueux : Prodigy, avec leur « smack my bitch up« . Au final, tu me diras sûrement qu’ils sont « cousins-germains ». Vu le clip on est un peu dans le même délire ne trouves-tu pas ?
Je suis curieux de connaitre ton avis là dessus, pour voir si je m’égare ou si j’ai pris un coup de vieux 😁
Merci Jérôme pour ta lecture et ton message ! 😀
Comme toi, j’ai découvert les Bloody Beetroots assez récemment et j’apprécie beaucoup ce groupe. Je dois encore parcourir la discographie mais certains titres sont désormais dans ma playlist comme disent les jeunes lol Je pense comprendre ce que tu veux dire quand tu évoques Prodigy et son morceau d’anthologie « Smack My Bitch Up ». Il y a effectivement un ADN commun, très rock, punk, même si rythmiquement les deux morceaux ne sont pas vraiment identiques. Rocksteady a un beat très linéaire là où le titre de Prodigy est bien plus syncopé, avec une résonance presque « drum and bass ».
Mais je rejoins parfaitement ton idée de filiation musicale. Alors deux hypothèses se présentent : soit je m’égare comme toi, soit j’ai pris également un coup de vieux lol
Rrrrhaaaa ! J’adore quand tu rentres dans les détails pour illustrer tes propos. Tu as vraiment une très bonne culture musicale et cela te permet d’être explicite dans tes idées. « résonance drum and bass » c’est tout à fait ça, « punk » bien sûr. Perso je trouve que The Bloody Beetroots surfe un peu trop sur… comment dire… le cradingue, une espèce d’anarchie mais sans poésie. Tu vas me dire : « sérieux ? Tu trouves les Prodigy poétiques ? » et tu n’as pas tort si tu le penses, mais je trouve qu’il leur manque un brin de mélodies lassives, ou planantes pour faire le « break ». Ceci dit c’est très efficace je le reconnais.
Je n’ai vraiment aucun mérite Jérôme, j’ai eu la chance d’avoir une formation musicale, ceci dit merci pour ta remarque ! 😀
Je comprends tout à fait ce que tu veux transmettre. Et à vrai dire je pense commencer à bien identifier ce qui te plait dans la musique électronique. Les références que tu as déjà cité comme Massive Attack ou Björk illustrent le fait que la musicalité a beaucoup d’importance pour toi mais surtout les « atmosphères ». En ce sens les deux références précédemment citées excellent dans ce registre parfois « planant » ou encore « lassif » pour reprendre tes formules. Ce sont des créateurs « d’atmosphères » et c’est peut-être ceci que tu rattaches spontanément au terme « poésie ».
Les Bloody Beetroots sont effectivement plus « hardcore », plus froid, notamment via cette fameuse linéarité que j’évoquais mais aussi selon les particularités que tu as souligné : « anarchisme » ou encore « cradingue ». N’hésite pas à me dire si je suis dans l’erreur, ce n’est qu’une réflexion spontanée mais elle me semble capturer l’idée que tu évoques et à laquelle je souscris encore une fois 🙂
Tu as tout bon mon cher Nicko ! Björk, Massive Attack, Morcheeba, Laurent Garnier, Jean-Michel Jarre, Archive, Lorn (Acid Rain par exemple), voila globalement mes goût en matière de musique électronique. Je confirme ton analyse sur ce qui m’attire dans ces groupes, l’atmosphère… bien sûr ! J’aime le son particulier des machines qui peuvent nous transporter sur une autre planète, et l’association d’une mélodie plus classique dans la réalisation. J’aime les mélodies tristes ou mélancoliques (mon premier gros coup de cœur était Mylène Farmer avec le titre « ainsi sois-je », j’avais 14 ou 15 ans !).
Je trouve que les musiques à résonnances joyeuses sont moins profondes, moins « organiques » si je puis m’exprimer ainsi. En tout cas, j’aime beaucoup le style « dark » que les groupes cités plus haut retranscrivent très bien. Mais c’est un peu pareil dans le monde du cinéma, les films qui se terminent par un « happy end » ne me passionnent pas des masses, j’aime les fins à la Léon (Luc Besson à son apogée) ou Breaveheart, ou La leçon de piano (de Jane Campion) même si la fin n’est pas dramatique par contre.
Bref, j’aime quand c’est fort, quand il y a du fond et de la forme, et surtout de la MELANCOLIE ! 😁 Cela rejoint par ailleurs nos dessins animés comme par exemple Albator 78 et ses musiques tellement « spleen ». Si ça ça ne te prédispose pas aux musiques planantes et tristes ! On en revient toujours aux racines tu vois !
Morcheeba ! Je suis absolument fan du morceau Tape Loop. De mémoire il avait même été utilisé pour le jeu GTA V. La voix de Skyes Edwards est juste incroyable. Je retombe amoureux, inexorablement, à chaque fois que je l’entends. Morcheeba est pour moi indissociable du style trip hop avec une touche d’électro « ambient ».
Archive est une référence exceptionnelle. J’aime beaucoup les titres Again et The Empty Bottle. Il y a quelque chose de rock et même de progressif dans l’identité musicale de cette formation. Je suis heureux de constater que nous partageons beaucoup de points communs musicaux, notamment dans les ref ! Concernant Mylène Farmer, je suis un hérétique et, comme beaucoup d’entre nous je pense, je suis très friand de sa période 80.
Léon a été mon film de chevet pendant plusieurs années. Je l’ai découvert tardivement, au tout début des années 2000. Quelle claque. Le scénario et la distribution sont incroyables, avec un Jean Reno fantastique. Je suis toujours très ému lorsque j’entends Sting interpréter Shape of My Heart, notamment durant le générique de fin.
La plante de Léon circonscrite dans son pot est le symbole d’un enracinement fragile, précaire, à l’image de son propriétaire. Nous avons tous besoin de racines pérennes, profondes. La symbolique est forte à la fin du film lorsque Mathilda extrait la plante de son pot pour la mettre en pleine terre. C’est une nouvelle vie qui commence pour elle comme pour la plante, avec cette fois un ancrage solide. Et c’est bien entendu Léon qui survit à travers le végétal. Cette brève réflexion rejoint ta remarque conclusive sur les racines Jérôme.
Merci à toi pour ces échanges nourrissants 🙂
Je t’en prie Nicko, j’ai plus à prendre de ton savoir que ce que j’ai à t’offrir, mais un échange entre passionnés est toujours un plaisir.
Je te remercie à mon tour pour les productions si qualitatives que tu nous proposes 😊
Je crois Jérôme que pour une rare fois nous serons en désaccord. Tes interventions ainsi que tes connaissances valent les miennes et comme tu le soulignes, ce qui est capital ce n’est pas la somme des savoirs, mais l’échange et le plaisir. En ce sens, je suis heureux d’œuvrer dans FulguroPop car les intervenants, dans les commentaires comme dans les productions, apportent beaucoup de fond. Ce trésor vivant d’expression, de découverte et de partage a bien plus grande valeur à mes yeux qu’une quantification/hiérarchisation de connaissances et ce peu importe le domaine.
Toujours dans cette continuité de racines et de champs lexical végétal, permets-moi Jérôme de partager avec toi une phrase du romancier et essayiste Maurice Chapelan : « L’instruction ce sont des pierres dans un sac, la culture c’est une graine dans un pot ». Tu auras compris ma volonté d’illustration à travers ce prélèvement.
Selon cette idée, chacun d’entre nous peut venir « nourrir » cette petite graine qui est une sorte de patrimoine commun, fédérateur et source de fond. Voilà ma perception des connaissances et des échanges qui peuvent en découler. C’est donc moi qui te remercie de nouveau Jérôme 😀