1989. Une année cruciale pour tous les fans de l’homme chauve-souris. Tim Burton va marquer l’histoire en réalisant le film Batman, point de départ d’une longue saga cinématographique. Le film est inscrit au Panthéon du grand écran, non seulement en raison du thème très populaire mais surtout pour l’esthétique si particulière que Burton a insufflé dans son œuvre.
Plusieurs scènes restent inoubliables avec des interprétations exceptionnelles, dont celle de l’acteur Jack Nicholson. Vous vous souvenez très certainement de la séquence où le Joker et ses sbires investissent le Flugelheim Museum. Ce musée exposant des œuvres d’art est un clin d’œil nominatif au célèbre Guggenheim Museum de New York.
Dans les plans rythmés par une musique dynamique, le Joker et ses hommes dégradent volontairement les différents tableaux de maitres et les sculptures que le lieu abrite. Une œuvre sera épargnée, selon la volonté du Joker, la toile Figure with Meat de Francis Bacon.
L’idée de cette séquence où le tableau de Francis Bacon est préservé serait le fait de Jack Nicholson, passionné d’art. L’œuvre de Bacon, surréaliste et morbide, s’inscrit parfaitement dans la dimension excentrique, macabre du Joker.
Sur le plan analytique, Figue with Meat est iconoclaste, avec une représentation sombre du Pape Velasquez sur son trône. La bouche ouverte du pontife évoque un sourire à mettre en perspective avec le Joker. La souffrance, la mutilation (les deux pièces de viande) et la douleur qui se dégage de l’œuvre sont également des thèmes en lien direct avec l’ennemi n°1 de Batman.
Dernière remarque : lors de son rendez-vous dans le musée de Flugelheim avec Vicki Vale, interprétée par la sublime Kim Basinger, le Joker est cadré avec en arrière-plan le tableau de Francis Bacon.
Certains éléments d’un film constituent des références de second plan très intéressantes. Figure with Meat de Bacon est devenue une œuvre indissociable du Joker de 1989. J’espère que cette petite digression cinématographique vous aura amusé. Merci à tous pour vos lectures !
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J’aime aussi son goût pour la photographie lol. En VF c est très bon : « de la merde, de la merde, de la merde, ha… celle-ci y’a du talent »
Effectivement je me souviens de la séquence lol
Joli, et moi qui pensais qu’il s’agissait d’œuvres imaginées pour le film.
Tu as bien JP des œuvres « authentiques » dans la séquence du musée de Flugelheim. On peut notamment apercevoir la toile « L’Enfant Bleu » de Thomas Gainsborough.
Tim Burton et Batman, une sacrée coopération quand on y pense… C’était un pari osé quand même. J’aimerais que le MCU ou le DCU ait les cojones de nous refaire un truc pareil.
Burton/Batman c’est l’association parfaite. La tragédie, l’atypisme et le surréalisme sont parfaitement transposés à l’écran par le réalisateur. L’esthétique est réellement remarquable.
Très bel article, Nicko. J’adore toujours autant la vision de Burton pour son Batman, même si le montage manque parfois de fluidité. L’interprétation de Keaton n’est pas parfaite, mais quel génie d’avoir fait de Jack Nicholson le Joker !
Merci beaucoup Ju 🙂
Je suis un afficionados de l’esthétique à la Tim Burton. Et Jack Nicholson reste mon incarnation favorite du Joker à ce jour même si Heath Ledger était vraiment exceptionnel dans le rôle. Encore une fois je contextualise. Nicholson a véritablement transcendé l’interprétation du personnage à une époque où nous avions surtout en tête l’image de celui relatif à l’année 1966. Je trouve le film de Burton assez avant-gardiste sur le plan esthétique mais également concernant la performance de Jack Nicholson. L’acteur a ouvert une brèche dans la manière d’appréhender à l’écran le Joker.
Heath Ledger a placé la barre tellement haute… Je ne sais pas si quelqu’un pourra un jour s’en approcher.
« Non, celui-là il me plait, Bob. Laisse-le »
Il est à noter qu’encore une fois, c’est Bob qui est sur le devant de la scène avec le Joker dans cette séquence. Mais quoi de plus normal pour un « super bras droit » après tout 🙂
Quel homme ce Bob!
On notera aussi que si le tableau est derrière le Joker quand il discute avec Kim, c’est que c’est sa « vraie » place (= la table est vraiment dans l’axe du tableau) et pas un déménagement entre 2 scènes pour avoir ce qu’on veut dans le cadre.
Dernière chose, je ne dirais pas que les hommes du Joker dégradent les œuvres d’art du musée (même s’il y a un peu de casse ^^ ), je dirais plutôt qu’ils les revisitent, qu’ils y apportent leur touche personnelle pour les « améliorer ». Une façon de transformer un peu le monde pour le rendre plus proche de l’image qui est la sienne. Un peu à la manière de ce qu’il fera ensuite sur les gens avec les produits de beauté.
D’ailleurs, le Joker ouvre la séquence en disant « Chers amis, que nos esprits s’épanouissent! »
Merci Thomas pour tes remarques 🙂
On sent bien que dans le cadrage, la volonté du réalisateur est de faire en sorte que le tableau de Bacon soit visible, sans qu’il n’ait été changé de place effectivement. C’est ce qu’il me semble en tout cas.
« Dernière chose, je ne dirais pas que les hommes du Joker dégradent les œuvres d’art du musée » « Je dirais plutôt qu’ils les revisitent, qu’ils y apportent leur touche personnelle pour les améliorer » Ces remarques sont supers intéressantes mais je pense que le Joker ne voit le monde qu’à travers le prisme du chaos. Par essence donc il détruit même dans ce qui pourrait être une révision esthétique selon ses propres codes.