Si vous n’avez pas encore vu le film et que vous souhaitez conserver intacte l’émotion liée à son visionnage, bien que cette critique s’annonce sans spoilers (comprenez sans dévoiler des aspects importants de l’intrigue), nous vous conseillons raisonnablement de ne pas la lire et de vous arrêter là : vous reprendrez votre lecture après.
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Pour les autres, comment vous dire ? Un souffle. Un renversant voyage démesuré dans l’univers connu maintenant depuis 40 ans, qui ne devrait laisser personne indifférent tant il ouvre de portes (et en ferme aussi, incontestablement). Car, à l’instar des critiques des journaux, que l’on aime (plutôt Libération, Le Parisien, Le Monde) ou que l’on déteste (La Croix, Les Echos, des fans…), ce film porte la marque de Rian Johnson et offre de nombreuses perspectives et grilles de lectures rendant assez vertigineuses nos perceptions des multiples facettes qui composaient déjà cette riche saga. Est-ce encore d’ailleurs un Star Wars au sens où on l’entend (ou on l’espère ?) ?Rien n’est moins sûr ! Pour celles et ceux qui pensent que Lucas a cassé son jouet il y a déjà bien longtemps, on est sur « autre chose » sans doute mais est-ce vraiment ce qui compte aujourd’hui ?
Le bien, le mal, bien sûr, mais aussi l’Amour avec un grand A (courtois et respectueux : on est chez Disney, pas chez Harvey !), la mort, la vie, la solitude ou l’esprit d’équipe, ces thématiques universelles sont abordée à travers le prisme de la logique Star Wars certes, mais il nous semble que Rian Johnson, derrière le cahier des charges imposé, va au-delà et transcende un mythe pour mieux se l’approprier, le renouveler, et finalement s’en extraire par le haut.
Nos schématisations binaires en prennent un sérieux coup, à l’instar d’une fameuse scène « fondatrice », montrée en flashback qu’on verra « relatée » pas moins de trois fois (mais jamais de manière identique) au cours du film, comme une ponctuation impaire venue rompre une mise en scène savante binaire, construite essentiellement autour de symétries (verticales comme horizontales), de couples, de paires. Planètes et vaisseaux divisent ainsi l’espace tandis qu’une idée de génie vient sublimer à plusieurs reprises les dialogues entre deux protagonistes. Le spectateur a le sentiment parfois de percevoir… la Force…
Certaines critiques semblent déplorer que Rian Johnson délaisse en apparence les échos à l’actualité qui faisaient le sel de précédents opus par le passé (les références aux contextes internationaux notamment). Il n’en est rien ! Le réalisateur n’hésite pas à parler des rapports humains tels qu’ils sont en 2017, aussi bien en ce qu’ils ont de plus bas : les traîtrises ou les arrangements avec la vérité, que l’entraide, la solidarité, l’espoir et l’esprit de Résistance, fondé sur une étincelle qui viendra (viendrait ?) tout ranimer (le terme étincelle est répété plusieurs fois). Qu’importent aussi les distances, les protagonistes se parlent, se confrontent, se touchent et s’affrontent comme on le fait sur les réseaux sociaux ou dans un café autour d’un verre : on aborde juste des sujets graves… pour Star Wars !
Les Derniers Jedi font écho en permanence à nos modes de communication et la mise en scène introspective ne souhaite cacher aucune fêlure, aucune cicatrice réelle ou virtuelle. Le recours aux gros, voire très gros plans sur les visages, les mains, les objets du quotidien (des Jedi) est omniprésent, sans parler de ce petit détail presque imperceptible et pourtant présent du bruit fait par un grattement de sourcil d’un pilote rebelle en plein doute existentiel…
En restant à ce niveau de décryptage, difficile de passer sous silence la prestation d’un acteur dont le jeu, tout en regards sombres et salvatrices respirations pince-sans-rire, vient apporter au film une dimension, osons-le mot, de « film à Oscars ». Mark Hamill, car c’est de lui dont il s’agit, est tout bonnement grandiose sous la direction de Rian Johnson. Mieux : on a parfois l’impression que la subtile partition du Maestro John Williams se construit autour de Luke/Mark, appelant (et rappelant) des thèmes musicaux oubliés à la simple évocation par lui d’un nom ou d’une situation. Nous ne nous attarderons évidemment pas sur une scène clef dévoilée précocement par le score de Williams mais sachez qu’elle nous semble s’adresser directement aux fans (et à une certaine actualité aussi pour le coup). Il se passe « un truc » et ce n’est pas le seul moment : un « miroir sonore » sans fin ou un « silence assourdissant » (Supersonic ?) sont autant de signes fédérateurs innovants démontrant qu’après les fans et les anciens films, le mythe Star Wars tend vers une philosophie universelle.
On ne saurait terminer cette première critique sans spoilers (vous l’aurez compris, largement enthousiaste, en grande partie du fait de sa mise en scène) par les quelques aspects plus déroutants du film, à commencer par sa longueur, 2h30, inhabituelle pour un Star Wars. En dépit du brillant montage qui ne laisse place à aucun temps mort, il est vrai qu’une telle durée peut surprendre : quelques scènes de bataille peuvent parfois paraître un peu longuettes. Une autre scène avec un personnage dont on croyait clairement le destin scellé de par le tragique destin de l’acteur (ou plutôt l’actrice) qui l’incarne en déroutera plus d’un(e). Rian Johnson a d’ailleurs dû s’en expliquer dans divers entretiens précisant avoir tourné intégralement ce qu’il avait prévu « dès l’origine ». Nous avons tout lieu de le croire même si du coup une scène prend une étrange dimension onirique assez déconcertante, entre 2001 Odyssée de l’Espace et Marry Poppins !… Pourtant, n’en déplaisent aux uns et aux autres, on est bien dans Star Wars…
D’une manière générale et en conclusion, l’ensemble du film ainsi que sa scène finale vous entraineront bien plus loin que vous ne pouvez l’imaginer (et peut-être même Disney aussi – quoique…) : Rian Johnson a réussi un coup de Maître (Jedi) en parvenant à la fois à préserver l’héritage de l’ancienne Trilogie et en offrant des perspectives insoupçonnées… Bravo !
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Merci d’en dire autant sans rien dévoiler.
Bien que fan de la première heure et fervent défenseur de la première trilogie, je n’ai pas eu l’occasion de me jeter sur les premières séances et j’espère pouvoir le voir au moins une fois ce week-end.
En attendant, cette critique me rassure enfin sur le devenir de cette saga mythique que je voyais mal engagée avec l’Episode VII.
J’ai hâte de pouvoir me faire mon avis.
Nul doute qu’il sera plein d’espoir en l’avenir de cet univers fantastique, dans tous les sens du terme.
😉
On n’a pas du voir le même film. Scénario inexistant et dans vrais enjeux, manque de cohérence entre les films. Sentiment d’avoir vu 2h30 de peloche numérique pour faire de la peloche numérique.
C’est bien la première fois que je regarde plusieurs fois ma montre pendant un Star Wars.
Ça m’en ferait presque apprécier les épisodes 1,2 et 3 !
Grosse déception.
L’avantage d’une oeuvre comme celle-ci, c’est qu’elle ne laisse pas indifférent.
Pour le coup, Johnson prend le contre-pied des critiques adressées à Joss Whedon et joue à plein la carte de la nouveauté. C’est déroutant, mais ce n’est pas désagréable, loin de là.
Malheureusement très déçu. A part les relations entre Luke, Rey et kylo ren qui sont assez bien construites. Ce dernier y gagne une densité qui lui faisait cruellement défaut dans le 7. Le côté esthétisant du film est également très intéressant. Malheureusement tout cela est noyé dans un fatras de scènes sans aucune tension dramatique, systématiquement désamorcé par un humour malvenu. Je passerai sur la honte ressenti à certains moments. Quant a la dernière scène elle me laisse a penser que l’on a assisté au premier Starwars de l’ère Disney. Pas sûr que ce soit pour le meilleur.
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