J’ai déjà à deux reprises évoqué l’un de mes livres préférés qui se trouve aussi être une œuvre majeure dans la littérature contemporaine italienne.
Le Nom de la Rose est l’une de mes grandes passions littéraires. La qualité et la subtilité de l’écriture d’Umberto Eco m’ont séduit à 20 ans et ne m’ont jamais quitté depuis. C’est donc assez naturellement que j’ai choisi un personnage certes secondaire mais ô combien central, de l’intrigue pour ce nouveau rendez-vous de la rubrique A première vue.
Jorge de Burgos ou Jorge Luis Borges ?
Le personnage créé par Umberto Eco est un hommage vibrant bien qu’un peu vache à Jorge Luis Borges. L’écrivain argentin est tout le contraire du vénérable Jorge. Son ouverture d’esprit et sa capacité de travail prodigieuses en ont fait un phare de la littérature mondiale du XXème siècle et un modèle pour Eco. Sa nouvelle La Bibliothèque de Babel a également servi d’inspiration à Umberto Eco pour la bibliothèque labyrinthique.
Le texte décrit une bibliothèque gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles et dont toutes les salles hexagonales sont disposées d’une façon identique. Cette bibliothèque contient tous les ouvrages déjà écrits ainsi et tous ceux à venir parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n’être constitué que d’une succession de caractères ne formant rien de précis dans aucune langue). On retrouve plusieurs aspects de l’œuvre d’Umberto Eco dans ce texte. Outre le labyrinthe et les difficultés que semble poser la compréhension de l’agencement des pièces voire celle de certains livres inaccessibles, on remarque la forte influence de la kabbale sur ce jeu de permutations littéraires. Un jeu auquel se livrera plus tard Eco dans un autre roman culte : Le Pendule de Foucault.
On se surprend parfois à voir une ressemblance entre l’idée qu’on se fait de l’apparence physique d’Abbon, l’abbé dans Le Nom de la Rose, et certains clichés de Borges autour de la cinquantaine… C’est probablement plus dû à l’impression durable laissée par Michael Lonsdale qui joua Abbon dans l’adaptation cinématographique qu’à une interprétation du texte d’Eco, mais j’ai trouvé intéressant de relever la ressemblance.
L’interprétation étrange du film et de la série
Justement, revenons sur les deux adaptations au cinéma et à la télévision du roman phare d’Umberto Eco. Dans la série comme dans le film, le nom du personnage, Jorge de Burgos, n’est pas prononcé à l’espagnole (notamment la double jota en phonétique : xorxe), mais avec un intonation plus germanique.
Une méprise étonnante, probablement par souci d’exotisme et pour retracer le conflit entre les moines italiens et leurs frères étrangers qui trustent les postes à responsabilité au sein de l’abbaye.
Alors que dans le film, le vieillard aveugle semble fidèle à l’idée qu’on se fait du personnage du roman, dans la série James Cosmo campe un Jorge un brin plus physique, moins crédible et pour le coup moins flippant aussi. A certains moments, la subtilité de jeu requise pour incarner le vieillard bénédictin manque à cet acteur habitué aux rôles de vieux guerriers (Game of Thrones, Troy).
A titre personnel, je trouve extraordinaire d’avoir pu, à deux reprises précédemment et pour la troisième fois aujourd’hui, évoquer ce livre et ces adaptations dans les colonnes d’un site web dédié à la pop culture. Je remercie d’autant plus les lecteurs qui je l’espère ont trouvé autant de plaisir à lire ces articles que j’en éprouve à les écrire.
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Excellent.
Merci, j’ai voulu changer un peu de sujet pour une fois.
Tu as bien fait.
J’aime cette approche qui implique le littéraire, le cinématographique et les ponts culturels. On redécouvre l’œuvre au final. Et il y a des références annexes qui sont des suggestions intéressantes pour les personnes curieuses. Vraiment top.