Nous avons déjà expliqué ici dans les grandes lignes en quoi la partie Asgard est la quintessence de ce que Les Chevaliers du Zodiaque peuvent proposer. Aujourd’hui, focus sur deux autres particularités asgardiennes qui nous semblaient mériter un éclairage tout particulier. Je laisse de nouveau la parole en préambule à mon acolyte en slip, Nicko.
Pour cette troisième production sous le signe des neiges éternelles, je souhaiterais évoquer un autre guerrier divin, en l’occurrence Mime de Benetnash. Ce chevalier placé sous la protection de l’étoile d’Eta est assez fascinant à bien des égards. Alors, à titre personnel, je ne vais pas aborder ici la partie mythologique du personnage ou encore scénaristique. Tout ceci à déjà été écrit partout sur la toile, et ce depuis au moins deux décennies.
Je vous épargne également l’approche analytique qui inclurait des thèmes convenus comme l’androgynie, l’inépuisable complexe œdipien ou encore le refoulement. Non, chez FulguroPop nous mettons un point d’honneur à proposer un contenu qui ne soit pas des synthèses de ce qui existe déjà. Aussi permettez-moi – notamment sous le contrôle de mon partenaire et ami Aurel alias Ayorsaint – d’évoquer Mime à travers le prisme musical. Voilà un domaine où mes modestes compétences professionnelles pourront peut-être – j’insiste concernant cette potentialité – nous faire redécouvrir le guerrier divin d’Eta.
L’œuvre Les Chevaliers du Zodiaque compte quelques combattants indissociables d’un instrument de musique. Je pense spontanément à Sorrento et sa flûte ou encore à Orphée et sa lyre. Mime fait partie de ces guerriers chevaleresques intimement liés à des mélodies aussi envoûtantes que destructrices. Sur le plan esthétique, le guerrier d’Eta arbore une armure dont la configuration en totem représente une harpe. D’ailleurs l’asymétrie du design – notamment lorsque les parties métalliques recouvrent Mime – apporte une certaine originalité.
Pour autant, le guerrier divin aura comme attribut une lyre et non pas une harpe, comme j’ai pu très souvent le lire lors de mes pérégrinations sur la toile. Pour rappel et de manière très synthétique, la harpe possède un cordage aux longueurs ostensiblement inégales, par opposition à la lyre. Les formats ne sont pas identiques même si les deux instruments appartiennent à la même famille.
Dans la mythologie grecque, la lyre a été créée par Hermès à partir d’une carapace de tortue. Symboliquement, cette partie du reptile offre une protection contre les blessures d’origine humaine. Une particularité à mettre en perspective avec Mime et son background familial.
Les combats qui opposeront successivement le guerrier d’Eta à Shun puis Ikki offriront plusieurs occasions de découvrir comment celui-ci se sert de sa lyre face à ses adversaires. Nous gardons tous en mémoire la musique jouée par Mime dont la douceur et la mélancolie des notes cachent une issue macabre. La nature de la composition est un requiem qui, historiquement dans le culte catholique, constitue un chant accompagnant les défunts, notamment lors de cérémonies funéraires. De Mozart à Berlioz en passant par Verdi ou Britten, voilà autant de compositeurs qui ont accouché d’œuvres mortuaires intemporelles.
Ci-dessous, vous trouverez la partition du requiem joué par Mime dans les séquences martiales évoquées précédemment. La création de ce morceau funéraire (joué d’ailleurs à la harpe) a été assurée par Seiji Yokoyama, un artiste japonais de génie qui a produit de nombreuses compositions pour l’animé Les Chevaliers du Zodiaque.
Sans entrer dans des considérations trop techniques, il me semble tout de même capital de souligner quelques particularités dans la partition, lesquelles ont fait de ce requiem un moment musical d’anthologie dans la séquence Asgard.
D’abord le tempo – qui est mentionné à 180 selon un débit en croches ternaires – est à penser à la noire pointée, soit 60. Celui-ci, qui entre dans la catégorie du lento, est effectivement lent selon le traditionnel dénominatif catégorisant italien. Ce tempo assez bas renvoie à une idée de marche, en l’occurrence funéraire, avec cette idée d’inexorable, qui ne peut être stoppé.
Ce ressenti est d’autant plus soutenu par le débit ternaire de la composition qui a été pensée en 12/8. Les triolets de croches apparaissent comme des battements cardiaques fatalement amenés à se réduire pour finir par disparaître. Une partition de musique, au même titre qu’un texte, est un langage qui exprime quelque chose. Les notes comme les mots, s’ils sont parfaitement choisis et articulés, pourront transmettre avec pertinence des émotions.
Parallèlement, la musique, lorsqu’elle est associée judicieusement à l’image, peut générer des sentiments d’une profondeur sans égal. On parle d’ailleurs dans le jargon des musiciens « d’imagerie musicale ». En ce sens, je voudrais rappeler ces séquences où les cordes de la lyre de Mime viennent encercler le corps de ses adversaires, tels des fils de soie produits par un arachnide. La proie – si je poursuis sémantiquement ma métaphore – se retrouve prise dans une étreinte dont il semble impossible de se défaire.
Lorsque je mets en perspective cette imagerie d’encerclement lacérant avec le requiem joué par Mime, et bien la composition apparait comme une ronde envoutante. Cette dimension circulaire me renvoie spontanément aux mouvements opérés par une araignée lorsqu’elle enroule littéralement sa proie dans le fil de soie qu’elle produit. Pire, la lenteur du tempo traduit une longue agonie – douce amère – dont la victime se voit emportée dans les méandres d’un infini macabre.
Cette notion de temps, en l’occurrence alangui, m’évoque d’autres séquences martiales de l’œuvre Les Chevaliers du Zodiaque, précisément à travers des personnages comme Milo du Scorpion et son interminable succession de piqûres ou encore Aphrodite des Poissons et le parfum de ses roses dont l’inhalation engendre une lente perdition fatale.
En ce qui me concerne, je vais aborder le combat asgardien sous le prisme de la fraternité. Les jumeaux, Syd et Bud d’un côté contre nos deux frangins préférés, Ikki et Shun (à moins que ce ne soient les Elric…). Je le trouve en tout point fascinant.
Le premier tour de force que réalise ce combat, c’est de passer après celui contre Albérich qui avait déjà mis la barre assez haut en termes de suspense et de longueur malgré quelques redondances et lourdeurs. On n’a pas vraiment le temps de reprendre notre souffle que Shun arrive déjà au château d’Asgard. Il est le premier à s’y infiltrer et c’est Syd de Mizard, Guerrier Divin de Zeta qui lui barre la route. Pour rappel, Syd, c’est le premier Guerrier Divin que l’on aperçoit au début de l’arc, celui qui se rend au Sanctuaire pour apporter la déclaration de guerre de Hilda et terrasser Aldébaran en un seul coup. Donc, on se doute que Shun va passer un sale moment.
Et en réalité… on se trompe. Certes, Syd est puissant et charismatique, mais finalement ce répétitif combat va tourner court lorsque le pacifique chevalier d’Andromède va laisser exprimer toute sa puissance et déchaîner la tempête nébulaire qui avait eu raison d’Aphrodite des Poissons. C’est à ce moment précis que le combat, jusque là sans réelle saveur, va prendre une tournure inattendue et nous offrir moult rebondissements. En effet, alors que le Guerrier Divin de Zeta s’apprête à succomber sous les coups du Chevalier Andromède, un éclair déchire l’espace et frappe ce dernier. Un sosie de Syd en armure blanche fait alors son apparition.
Stupeur… Et on n’est pas au bout de nos surprises… Le nouveau venu, qui répond au nom de Bud d’Alcor, n’est autre que l’étoile jumelle de Zeta. En effet, sur la constellation de la grande ourse, dont sont issus les sept saphirs d’Odin ornant les Armures Divines, une étoile est double. Et son double, qui brille d’un faible éclat, se confond avec elle. Voici donc le destin de ce Guerrier Divin mystérieux. Sa mission est de rester dans l’ombre de son homologue. Peu réjouissant… Par dessus le marché, on s’en doutait depuis qu’on l’avait vu et que sa ressemblance physique nous avait sauté aux yeux, les deux bougres sont jumeaux.
Mais, l’ironie du sort ne s’arrête pas là. En effet, au royaume d’Asgard, lorsque deux jumeaux voient le jour, la famille se voit contrainte d’abandonner l’un des deux, probablement afin de se prémunir d’un conflit concernant le statut d’héritier principal. Cruelle loi aussi rude que le pays qui l’a vu naître. Ainsi, Bud sera abandonné et élevé par de pauvres paysans alors que son frère vivra dans une riche famille de l’aristocratie asgardienne. Les années passant, Bud va, par hasard, croiser la route de son frère tandis qu’il chasse un lapin et le reconnaître alors que ce dernier lui offre son couteau afin qu’il épargne sa proie. Le couteau est la copie conforme de celui qu’il a en sa possession depuis toujours. C’est de cette façon qu’il comprend qu’un lien les unit et que c’est lui qui a été sacrifié.
La jalousie comme l’envie sont de puissants moteurs et désormais il n’aura de cesse de s’entraîner afin de devenir Guerrier Divin. Alors qu’il croit avoir réussi, le sort s’acharne encore, il devra à nouveau rester dans l’ombre de son jumeau né sous une bonne étoile. Mais, alors que son frère agonise, l’heure a enfin tourné, il va pouvoir affronter les Chevaliers de Bronze et apporter leurs têtes à Hilda pour enfin être couvert de gloire. Et on comprend vite que le bougre a les moyens de ses ambitions. Il est infiniment plus puissant que Syd et Shun va rapidement en faire les frais. Sans l’intervention providentielle de Ikki, encore lui, le combat aurait tourné court. On comprend également comment l’un des douze Chevaliers d’Or a pu être battu aussi facilement, c’est Bud qui a lâchement frappé le Taureau à la base du crâne. L’anime va alors nous proposer son combat le plus badass. Les deux opposants ont un charisme fou et un caractère bien viril. Avec un peu plus de muscles, ils auraient facilement eu leur place dans Hokuto no Ken ces deux-là.
Ils vont s’envoyer du bourre pif et des attaques surpuissantes à cœur joie, sans réellement arriver à se départager. C’est alors qu’Ikki, comprenant les sentiments enfouis de son adversaire, va user de l’Illusion du Phoenix (Hoo Genma Ken) pour lui faire entrevoir la vérité. Mais, son opposant a un caractère en acier trempé et rien ne peut le faire fléchir. Deux visions vont alors s’affronter. Ikki, qui a lui aussi connu le sentiment de la vengeance va vainement tenter d’expliquer à Bud qu’il fait fausse route, que deux frères ne doivent pas s’entre déchirer et surtout que Syd n’est pas le fautif. Seul le destin, toujours lui, a décidé de se montrer implacable… Bud vacille, alors, Ikki décoche une attaque dévastatrice qui le cloue au sol.
Dernier rebondissement, Syd attrape alors Ikki par derrière et demande à son frère de les achever tous les deux pour sa rédemption. Il lui avoue que leur famille n’a jamais pu oublier Bud et que ses parents ont souffert toute leur vie d’avoir dû se séparer de lui. Bud prend alors conscience de sa méprise et quitte le champ de bataille emportant son jumeau épuisé dans ses bras. Jamais Les Chevaliers du Zodiaque n’ont autant ressemblé à une tragédie grecque que lorsqu’ils ont posé le pied dans le grand Nord et c’est encore plus vrai lorsque s’achève ce magnifique combat « fratricide ». Deux couples de frères se sont entre tués et finalement, c’est l’amour qui ressort vainqueur. Si l’anime avait plus souvent proposé des combats comme ceux d’Asgard, j’aurais pu écrire sans sourciller, Les Chevaliers du Zodiaque, C’EST LA VIE !!!
Et en plus, j’ai oublié de préciser que Shina, la belle et charismatique Shina, prend part au combat pour notre plus grand plaisir, même si on aurait préféré qu’elle y tienne un rôle plus important. On s’en contentera…
L’histoire des jumeaux est pour moi le symbole du travail fait sur ce filler. Ce n’est qu’un filler, un truc pour combler en attendant. Et pourtant, ils sont allés chercher cette particularité d’étoile double pour en faire des jumeaux dont l’un est caché dans l’ombre de l’autre. Et c’est pensé dès le départ. C’est un filler mieux maîtrisé que la série dont il fait partie.
Malheureusement, Kurumada avance souvent à l’aveugle et nous pond des histoires qui du coup tombent comme un cheveu sur la soupe ou sont en incohérence avec le début du récit.
C’est sûr que Kurumada ne s’est jamais trop pris la tête avec la cohérence d’ensemble de son œuvre…
Dommage que l’anime en ait rajouté dans ce sens plutôt que d’essayer de rattraper le coup.
Forcément Asgard, si on le prend sans tenir compte de l’arc Sanctuaire et de l’arc Poséidon, est cohérent en lui-même. Mais si on tient compte du reste… c’est encore pire !
Je reviens sur le « Saint Seiya c’est la vie » si tout avait été de ce niveau.
Je dirais moi, Saint Seiya, c’est un pot de Nutella : c’est de la merde mais un des meilleurs produits jamais créés.
Ouais l’analogie fait sens. Saint Seiya est rempli de saloperies d’incohérences mais on le déguste avec un plaisir intense.
Les Zeta, mes Guerriers Divin préférés.
Enfant je n’avais que 2 chevaliers et Syd en était un des deux.
J’ai découvert que bien des années plus tard que Bud était sorti (exclu Japon via des points de mémoire). Finalement j’ai acquis une HK2004 qui est devenue toute jaune depuis… Qualité de merd… les rééditions.
Vive l’arc Asgard.
Ha oui les rééditions… quelle belle merde !!!
Par contre, en figurine, Zeta est sûrement le plus raté et celui qui m’a demandé le plus de boulot quand j’ai custom ma collection.