Moebius, alias Jean Giraud, est probablement l’un des artistes de BD français qui aura le plus influé sur l’esthétique de la science-fiction moderne.
J’ai déjà évoqué brièvement la contribution de Moebius au film Alien de 1979, mais avant ça le Frenchie a marqué durablement les esprits des plus grands créateurs pour le cinéma de genre.
Avant même cette contribution essentielle, on retrouve sa trace au cœur du projet (avorté) d’adaptation de Dune au cinéma par Alejandro Jodorowsky. Pour ce film, Jodoroswky avait réuni en 1975 une équipe de rêve. Pensez donc : H.R.Giger et Moebius au design respectivement des environnements Harkonnen et Atréides, et Orson Welles (dans le rôle du baron Harkonnen), Mick Jagger (Feyr-Rautha Harkonnen) et Salvador Dali (l’empereur Padishah Shadam IV) à l’image. L’échec des producteurs (français dont Michel Seydoux) à boucler le financement n’empêche pas la circulation du projet à Hollywood où son esthétique et ses idées infusent avec succès au point de se retrouver dans des films cultes comme Star Wars, Alien et Blade Runner. Le site Heavy Metal revisite les créations de Moebius pour les costumes du film.
Dans the long tomorrow (1975), Moebius (avec Philippe Druillet) aux manettes fait apparaître un robot dont la paternité ne fait aucun doute.
Outre ce Probe Droid fugace, la BD (parue dans Métal Hurlant, puis en album aux Humanoïdes associés) est aussi célèbre pour avoir inspiré le Blade Runner de Ridley Scott et sert de base à la saga de l’Incal créée par Moebius et Jodorowsky (encore lui).
Dans deux articles pour ToyzMag, j’avais relevé cette influence et plus tard développé une filiation avec les dessins préparatoires de John Mollo.
Elle provient des études puis du design final du personnage d’Arzach.
Sur le dos de son prétroïde, Arzach évolue sur une planète désertique rappelant Tatooine ou Arrakis.
Certains reliefs font également penser à la vision d’Alderaan peinte par Ralph McQuarrie.
Et dont on retrouve la trace dans la série Star Wars Rebels.
L’héritage est d’ailleurs revendiqué par Joe Johnston qui cite Métal Hurlant comme source d’inspiration dans le recueil des story boards Star Wars.
Notez la symétrie entre le panel de the long tomorrow et cette planche story board de la bataille de Hoth.
Une influence durable qu’on retrouve également dans des dessins-animés récents comme Star Wars Rebels où les couvre-chef rappellent aussi furieusement le design de Moebius.
Qu’on soit amateur de l’esthétique de Star Wars ou de films de genre Tech Noir, la présence durable de l’œuvre de Jean Giraud dans la science-fiction au cinéma rassemble les fans.
- Actu Toys : Wonfes Shanghai, Street Fighter, G.I.Joe, Batman… - 7 October 2024
- Instoygram : Spécial Octoyber 2024 – semaine 1 - 6 October 2024
- HeroQuest : First Light – Hasbro relance son jeu de plateau culte - 5 October 2024
Jean Giraud était un génie comme on en croise peu. Il était capable en quelques cases de bd d’insuffler un découpage de film digne des plus grands cinéastes. Dès le début des années 80, j ai baigné dans Blueberry grâce à mon père qui suivait cela depuis les années 60 et j’avoue toujours être émerveillé par son coup de crayon et son découpage de l’action. J’adorerai avoir en ma possession le book de Dune qui avait été réalisé en 75. Ses dessins sont magiques !
Absolument !
Blueberry est aussi un monument de la BD. J’ai découvert Moebius & Jodo via l’Incal, une oeuvre culte elle aussi.