“Je vois des revendeurs de jouets qui sont morts… (…) Ils vont et ils viennent comme n’importe qui. Ils ne se voient pas entre eux. Ils ne voient que ce qu’ils ont envie de voir. Ils ne voient pas qu’ils sont morts…”
L’actualité de ces derniers jours le prouve : les revendeurs de jouets sont dans la tourmente. La chaîne mondialement connue Toys R Us menace de disparaître aux Etats-Unis (et peut-être partout ailleurs). Il y a quelques jours, c’était l’enseigne française La Grande Récré qui était annoncée en cessation de paiement. Il est loin le temps béni où Toys R Us occupait un espace non négligeable au cœur des Halles à Paris (c’était il y a 20 ans), où l’on pouvait se procurer assez facilement des jouets exclusifs aussi bien dans les magasins cités que chez Maxi Toys ou Joué Club… Il est fini le temps aussi où l’on pouvait trouver au cœur de villes comme New York une enseigne aussi prestigieuse que Fao Schwarz… Son piano géant cher à Tom Hanks ou ses rayonnages de confiseries à perte de vue (et hors de prix) en ont fait rêver plus d’un(e) ! Le T-Rex géant et la grande roue interne du Toys R Us de Time Square (toujours à New York) participaient également d’une certaine magie mythique entraînant plus de monde qu’on croit dans le choix de destinations touristiques des petits et des grands…
Tout cela disparaît progressivement, s’étiole et s’éteint, ce qui –ne serait-ce que sur le plan touristique et du rayonnement des villes, est désastreux. Certes il reste bien Hamleys dans Regent Street à Londres ou le Village JouéClub à Richelieu-Drouot (plus quelques autres ainsi que des grands magasins aux rayons jouets conséquents) mais pour combien de temps encore ? On ressent bien inconsciemment que la fête est finie, le moule est cassé…
Car si ces espaces emblématiques nous font chauds au cœur lorsqu’on s’en approche, éveillant en nous les madeleines oubliées de l’enfance et les féeries hivernales, il faut bien constater que les jouets ne s’achètent plus en magasin… et ne s’achètent plus trop tout court ! Trop chers bien souvent, nous nous contentons de les regarder… puis de courir sur le net (ou attendre de les revoir dans des discounts voire des vide-greniers pour les plus patients) voir si nous ne pouvons pas les dénicher à des prix plus raisonnables ! Et ça marche ! Importés directement d’Asie ou d’ailleurs, ou encore via le marché de l’occasion, tout se retrouve, s’achète, se revend, s’échange : c’est le grand marché d’internet qui va offrir autant de nouvelles vies à ces toys qu’il va zapper au final ces revendeurs officiels peinant à trouver leur place dans cette nouvelle tour de « baby »bel…
Alors les esprits chagrin diront que plusieurs enseignes ont mal anticipé un virage et n’ont pas aussi bien su s’adapter que d’autres (Amazon en tête) aux nouvelles pratiques des internautes/ consommateurs, que l’iceberg pouvait être évité… A l’heure où de nombreux collègues et amis employés de Toys R Us ou de la Grande Récré doivent se sentir un peu comme à bord du Titanic (et on pense fort à eux), il faut quand même se dire qu’hélas, le jouet intéresse moins les enfants que par le passé. Sa lente disparition programmée ne date pas d’aujourd’hui, ni d’hier, mais d’une crise plus profonde savamment illustrée par les trois volets des films Toy Story (quelle mise en abîme paradoxale quand on y pense…) : le numérique, Smartphones et tablettes captive aujourd’hui plus les enfant que les grands ensembles de bois, métal et plastique ! En vérité, cette mutation arrange tout le monde à demi-mot : on n’a plus la place pour stocker des jouets nulle part (Hasbro l’a bien compris avec son projet pipeau de Barge de Jabba qui ne verra jamais le jour), le coût des matières premières et de fabrication sont exorbitants comparés à ceux nécessaires pour faire un téléviseur ou un téléphone mobile et le jouet est nettement moins rentable au final ; Il faut mieux « virtualiser » au plus vite ces univers tant qu’il en est encore temps, ce que tentent de faire des marques européennes comme Lego ou Playmobil avec plus ou moins de succès…
Alors oui, c’est vrai, on peut se demander si certaines boutiques n’ont pas un peu oublié ces derniers temps, en cours de route, d’innover, de jouer leur rôle d’animateurs et de vecteur d’événementiel autour du jouet. Un rapide coup d’œil dans un catalogue Toy R Us d’il y a plus d’une dizaine d’années (2004) nous démontre que plusieurs jouets exclusifs étaient régulièrement disponibles. Dans la gamme Star Wars par exemple : on trouvait aisément des série “vintage” aux multiples articulations. On se souvient aussi des « midnight madness » ou d’autres opérations permettant de repartir parfois avec des jouets mythiques comme la figurine de Jorg Sacul (George Lucas himself !) ou un Dark Vador argenté avec un sabre qui sort du blister (opération La Grande Récré)… Quel sens ont aujourd’hui ces enseignes qui ne proposent plus aucune belle exclusivité ou, quand elles en proposent, se font doubler par le net ?…
Et dire que cette énième catastrophe touchant le jouet survient paradoxalement à une époque où l’on a jamais disposé d’autant de licences prometteuses : un Star Wars et/ou un Marvel et/ou un Disney par an : le public ne sait plus où donner de la tête ! Rien qu’avec Star Wars, le rythme de fou s’est accéléré à la vitesse grand V : les derniers Jedi en décembre 2017, le DVD/Blu Ray en avril et un nouveau Star Wars (Solo) en mai : il n’y aura pas eu de pause ! Résultat : Disney, ses parcs et ses boutiques en profitent directement, pas les revendeurs qui peinent à suivre…
On peut d’ailleurs en fait se demander si trop de films produits à une telle fréquence ne finit pas par saturer l’offre et dérouter enfants et parents sur le marché du jouet… A quoi bon en effet vouloir une figurine tirée d’un film si ce film est visible non-stop ? Avant, les jouets marchaient parce qu’ils comblaient un vide, l’attente. Les fabricants ont insuffisamment compris l’ampleur de l’effet contretemps : on veut tous un Goldorak en métal Popy parce qu’on ne voit plus Goldorak, parce qu’il nous manque et le jouet sert à le combler, ce manque…
Quel intérêt aujourd’hui d’avoir une figurine de Rey alors qu’elle ne quitte plus les écrans ? Une chose est sûre : le secteur doit d’urgence s’adapter aux profondes mutations sous peine de disparaître plus rapidement qu’une banquise au pôle Nord…
(Merci à Christine M. pour avoir relayé l’illustration de dewcq)
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La dernière partie de ton texte résume en fait tout le problème. Trop de figurines (de mauvaise qualité en plus) tue la figurine…
Il en sort 15 à 30 par film tous les six mois c’est trop. Et en plus ced figurines sont des plots plus ou moins bien peints…
La qualité du produit n’est pas vraiment un argument pour les enfants…..ils ne font pas la différence entre 5 poa ou 134. ça joue pareil. Hasbro ne se trompe pas de coeur de cible. Ils font des jouets pour les enfants.
Ce qu’on peut leur reprocher c’est de faire payer le même prix un 5 poa et un 134.
Là, le collectionneur ne s’y retrouve pas. Mais encore une fois, ce n’est plus la cible depuis la fin de la vintage collection.
Je pense que leur but est juste de faire autant (voire plus) d’argent avec un coût réduit. Peu importe que la figurine soir moche…..C’est une erreur à mon humble avis mais c’est comme ça. C’est d’ailleurs cela qui tuera le 3.75 à échéance. A moins d’un sursaut d’intelligence, mais j’en doute (regardez le choix de la wave 1 TVC)
Même le hoth trooper est un repack…….du foutage de G.
Je ne suis qu’en partie d’accord.
1) les parents payent les jouets, donc si de trop mauvaise qualité, ils n’achètent pas
2) si trop d’achat à bas prix de mauvaise qualité pour le même prix qu’un seul de bonne qualité, les parents à un moment en ont ras le c…..bol
Hasbro ne se trompe pas de coeur de cible. Ils font des jouets pour les enfants
Ca c’est sur, comme l’a dit Fury dans un podcast, sur les transfomers ils sont revenus pour une partie à de la transformations en 1/2 étapes.
Par contre, même quand j’étais gamin, ça m’aurait fait fuir. Je me souviens d’un robot/avion de 10 cm en 2/3 poa avec moteur à ressort que l’on tire en arrière, et quand il part en avant il se transforme en balançant ses jambes et se met debout. Je ne l’avais pas demandé et trouvait ça peu intéressant.
.ils ne font pas la différence entre 5 poa ou 134.
Si tu leur apprends et leur montre tes figurines ils comprendront très bien et n’en voudront plus des 5 poa.
le 134 poa que j’adore (entre parenthèse) ne permet aps un jeu actif enfantin. Trop fragile. Les miens ne sont pas bourrins pour un sou mais s’en plaignent. Donc non, je pense que le 5 POA a 2 atouts majeurs :
1/ cout de fabrication
2/ cible enfantine (4/6 ans)
Ce qui est ignoble c’est de les vendre 10 euros voire 14……C’est ça qui a sûrement fait fuir les parents. J’ai vu le vaisseau de kylo ren à 99 euros chez Carrefour. Faut le faire !!
C’est beau à lire, c’est triste aussi. Je constate aussi que les sites internet de la grande récré ou de toyz r us ne propose en générale pas grand chose, par exemple les set infinity mega bloks qui pouvait être dispo dans quelques magasins ne se trouvaient pas sur le site. J’avais pu en avoir un par l’intermédiaire d’un sympathique lecteur toyzmag.
Les fig marvel legends idem ou certains transformers. Même certaines black series star wars.
Sinon les prix. Pour un même jouet lego avec mon compte fidélité grande récré et mon bon de 20%, j’arrivais au même prix qu’à carrefour.
Comme parler auparavant, un 20$ pour une marvel legends devenait un 40€ en france.
Également les supports et la pub, avant on avait droit à un dessin animé avec des pubs de jouet de ce dessin animé (Mask, Silver Hawk, etc …heureusement, il y a ninjago := ) ). Le manque d’originalité : combien de clones de jeux de sociétés (hippo glouton, bourricot, pêche à la ligne, ….) ou des concepts peu intéressant. Cela concerne les jouets en eux même, mais touche ensuite les enseignes de revente.
L’esprit des enfants est aussi en avance avec le net, et leurs parents qui regardent les sites d ‘info jouet. Par exemple mon fils ne lâche plus son predator neca (il ne verra pas le film avant d’avoir 13-15 ans), alors que ce n’est pas adapter à son âge mais il a découvert ces figurines grâce à des sites comme le vôtre.
Belle prose Fansolo, et malheureusement tout ce que tu dis est vrai : les jouets ne font pas le poids face aux mondes virtuels.
La fin d’une époque : la nôtre !!!
Snif
La fin du Jurassik? Je l’aimais cette ère.
Oula, satané film, Jurassique.
Faux, lis mon pavé plus bas…..
Un article qui souligne effectivement la bataille perdue du jouet traditionnel face aux écrans. La solution viendra aussi, comme dit dans l’article, par la multicanalité du produit. De plus, les enseignes physiques sont trop marquées par l’aspect “vente en masse” et ne proposent plus une expérience d’achat “unique” pour le client, comme cela pouvait être le cas dans les années 80 – 2000. C’est d’ailleurs un défi pour nombres d’enseignes du rétail (équipement de la personne ou de la maison) : faire vivre à l’acheteur une expérience d’achat qui vienne compléter celle ressentie sur internet. Ou encore, proposer une passerelle entre un réseau physique de magasin et le web (omnicanalité).
Pour autant, le marché n’est paradoxalement pas mort : En France, l’internet sur le jouet n’est “qu’à” 17% de part de marché (28% sur le reste de l’europe) et le marché du jouet Français n’accusait qu’un replis de 0,8% par rapport à l’année dernière et ce, après 4 années de croissance.
Enfin, les marques ont encore besoin de canaux de distributions spécialisés, et ce, afin de sécuriser leur poids de négociation vs les hypermarchés et internet.
A propos des hypers, notons qu’ils contribuent largement à l’érosion des part de marché de la grande distribution spécialisée (GSS) en proposant des remises types “40% sur les jouets les dimanches de décembre – E.Leclerc”.
Reste maintenant à réinventer un nouveau modèle de magasins physiques multicanaux qui allie expérience d’achat et rentabilité !
Après avoir lu cet article, il suffit de se replonger dans les catalogues de jouets des 70/80, scannés et visibles sur Toyzmag, pour se rendre vraiment compte que nous avons vécu une époque bénie en matière de toys pendant ces années-là …
Je me demande si la personne qui a pondu cet article a des enfants ??
Sérieux…..
J’ai 2 bouts de choux et plein de potes ou de collègues qui en ont et……Oui ils jouent avec des jouets. Ne vous en déplaise.
Après les pseudo histoires de tablettes, tel etc… c’est du flan.
Certes ils sont attirés par ça mais reviennent bien vite vers PLAYMO LEGO et consorts
La figurine 3.75 a peut être moins d’impact mais quand même, les miens ne rechignent pas à les manipuler, je vous rassure !
Le problème est beaucoup plus simple : lorsque une ville propose : 1 jouet club, 1 toys r us, 4 grandes récré (oui oui vous avez bien lu),3 maxi toys, 1 king jouet.
Bé trop de concurrence…..qui mange le même gâteau.
C’est aussi simple que ça.
Internet a fait le reste mais bon….acheter en magasin c’est quand même la règle. Ajoutez à ça que Carrefour, Leclerc, Auchan, Casino a AUSSI son rayon pour les fêtes…..et vous flinguez un chiffre d’affaire.
Ah, pour les curieux, sachez que déjà en 2000 ( et pourtant on peut pas dire qu’il y avait des tablettes à cette époque !) les employés des enseignes françaises de toys r us se plaignaient que la politique de leur entreprise était mauvaise à savoir : dès qu’un bénéfice était réalisé, il servait à ouvrir 1 nouveau magasin de x m2 au lieu de consolider l’existant……Voilà, quand on a des idées de m…..généralement, on les garde.
Je pense quand même que les enfants passent bien du temps devant les écrans, ce n’est pas nouveau comme phénomène que cela soit TV, Tablette, et smartphone de papa maman pour avoir la paix à la maison ou au resto. Donc le temps passé dessus, c’est du temps qui n’est pas passé sur un jouet ou à en demander un autre. Cela ne veut pas dire que “tous” les enfants sont des zombies devant les écrans.
Après, le passage du virtuel dans l’article n’est qu’une petite partie, si tu regardes bien.
Sinon, beaucoup des avis précédent et l’article rejoigne aussi ce que tu dis, comme le maque d’innovation, la concurrence internet et autres enseignes…
Ah, pour les curieux,…..les employés des enseignes françaises de toys r us se plaignaient que la politique de leur entreprise était mauvaise. Les grosses têtes savent ce qui est bon pour eux… Pardon pour nous.
Je suis curieux, donc merci pour les renseignements.
C’est avec plaisir jp
décès de Charles Lazarus à 94 ans hier.
Le fondateur de l’enseigne part une semaine après l’annonce du dépôt de bilan…
Pour en revenir à Toys’r us, ils avaient déjà revu leur maillage à la baisse il y a une dizaine d’année.
“Pour en revenir à Toys’r us, ils avaient déjà revu leur maillage à la baisse il y a une dizaine d’année.”
Sûrement bien trop tard pour redresser la barre…..
Je connais 2 chefs de secteurs (ex toys r us ) 1 au usa et 1 en France qui tiraient déjà la sonnette d’alarme vers 2003/2004 sans écoute active de la part de leur direction.
Ils ont d’ailleurs quitté le navire avant la chute.