L’ascension de Skywalker : Critique, inspirations et spoilers

Voilà, c’est fini…

L’Episode IX de La Guerre des étoiles marque la fin de la saga Skywalker avec laquelle s’est confondu pendant de nombreuses années la saga Star Wars.

ATTENTION SPOILERS

Après une critique sans spoiler signée Fansolo, je vous livre ici ma vision du film. Et oui, j’évoquerai des détails de l’intrigue du film, alors passez votre chemin si vous ne l’avez pas encore vu (ou que personne ne vous l’a encore divulgaché. Ou lisez la critique de Fansolo, garantie sans spoiler.

 

Pour cette critique, nous nous appuyons sur le film ainsi que sur le Guide visuel sorti le 20 décembre.

 

Une tradition du bashing

Sans même parler des critiques acerbes adressées au premier film en 1977 et qui démontrent toujours la difficulté pour certains intellectuels à saisir la portée de la culture populaire, je voudrais commencer par rappeler que depuis 1980, presque chaque film Star Wars a été accueilli par une volée de bois vert par tout ou partie de la communauté des fans et ce bien avant l’émergence des réseaux sociaux.

Le Retour du Jedi ? un muppet show destiné à vendre des peluches. Les éditions spéciales ? un massacre de CGI et de personnages dénaturés (sans parler de la bande-son). La Menace fantôme ? Un produit marketing à l’intrigue confuse et tout en longueurs. L’Attaque des clones ? Le championnat du monde du plot hole et une romance à laquelle personne ne croit. Le Revanche des Sith ? Incohérent par rapport aux Retour du Jedi (bon celui-là ça allait). Le Réveil de la Force ? Un copié clé de La Guerre des étoiles avec une héroïne trop puissante. Les Derniers Jedi ? Johnson n’a rien compris à Star Wars, il massacre le film, la licence, mon enfance (rayer les mentions inutiles).

Alors je me demandais bien ce que le sort (et les fans) allait bien pouvoir réserver à la conclusion de la trilogie initiée en 2015 par JJ Abrams.

On le voit assez nettement en ligne l’accueil est mitigé. Moins que pour l’épisode précédent toutefois.

La principale critique concerne la densité du film de JJ Abrams qui sature la pellicule (oui, je sais c’est filmé en numérique) et donne le tournis au spectateur.

Un film indigeste ?

L’argument qu’on retiendra pour protéger Abrams et accessoirement charger Johnson (il a les dos large), c’est que JJ a dû procéder ainsi pour rattraper le désastre de l’Episode VIII. Certes le nombre de portes ouvertes par les épisodes 7 et 8 était important, mais personnellement je ne suis pas convaincu par cet argument. Si le film est indigeste c’est aussi à cause des clins d’oeil superflus (les voix des Jedi disparus, par exemple) et des grosses ficelles qu’il utilise.

Ascension ou recyclage : quand les grosses ficelles deviennent des cordes à noeud

Bon évacuons d’emblée ce que tout le monde attendait : l’ascendance de Rey. L’explication est satisfaisante. Enfin partiellement. Le film explique au moins pourquoi elle est si puissante dans la Force. Mais le rapport que ce film entretient avec l’hérédité est décidément ambigu. J’y reviendrai plus loin dans cet article.

Autre ficelle, autre problème : la matérialisation d’objets à travers la Force . JJ Abrams l’utilise comme Deus Ex Machina pratique pour que Kylo Ren retrouve la trace de Rey (plusieurs fois) ou pour armer son bras dans son épreuve finale. L’idée n’est pas de JJ, mais de Johnson. Ce dernier l’avait concrétisée en faisant donner les dés du Faucon à Leia par l’esprit de Luke.

Les plot holes sont nombreux, les libertés prises avec la logique (et la physique) aussi. L’espace et le temps semblent incroyablement compressibles dans l’esprit de JJ Abrams : les voyages intersidéraux sont instantanés ou presque. Cela confirme l’étrange impression laissée par l’utilisation de l’arme Starkiller dans Le Réveil de la Force.

La survie de Chewie après l’incident sur Pasaana rappelle furieusement la bidouille pour faire réapparaître Poe dans l’Episode VII (« ben ça alors  ! on te croyait mort ») mais avec plus de finesse.

Le meilleur et le pire de l’univers étendu à la sauce JJ Abrams

JJ Abrams semble fasciné par l’univers étendu du début des années 90. Parmi ses influences on remarque les romans pour ado de 1992. Des reliques de Dark Vador à la descendance de Palpatine, les épisodes 7 et 9 puisent dans cette ressource littéraire largement dépassée et de qualité médiocre. Les Young Adult Novels du début des années 90 interviennent dans un contexte éditorial particulier où peu de livres sont publiés.

Dark Empire fait partie des publications de l’époque. Et Abrams s’emploie à en recycler le contenu.

 

Abrams et les scénaristes y puisent bien sûr la résurrection de l’Empereur.

Palpatine entend prendre possession du corps de Rey, à l’instar de la situation décrite dans les comics Dark Empire (1 et 2) et Empire’s End où l’Empereur privé de clones souhaite s’incarner dans le bébé de Leia Organa Solo (qui s’appelle dans les comics Anakin).

 

Ses clones sont aussi une inspiration pour les expériences de Palpatine pour sa création de Snoke.

 

 

 

Dans la même veine, les Chevaliers de Ren rappellent l’allure générale des adeptes du coté obscur de Dark Empire 2.

Les auteurs empruntent aussi le concept de Sovereign Protectors, les fameux gardes royaux de l’Empereur qui veillent sur ses clones sur Byss. Ici il s’agit de l’élite des Sith Troopers.

 

Byss, un monde de l’hyper noyau galactique qui tranche énormément avec Exegol, la planète Sith du film. Mais on y retrouve une population vouée au culte Sith sur les deux planètes.

 

La population d’Exegol est notamment composée d’ingénieurs et de soldats amassés par Palpatine en prévision de la chute de son premier empire.

Il s’appuie notamment sur des réseaux puissants de disciples au sein des corporations.

Toute l’histoire confirme le fameux plan de Palpatine décrits dans le jeu Battlefront II, les romans Aftermath et le comics Shattered Empire.

 

 

Dans les livres de Zahn, Abrams pioche l’idée d’une flotte cachée. Il la conjugue à une arme de destruction massive, un superlaser que les ingénieurs ont réussi à placer sur la coque de Star Destroyer impériaux de class I.

L’idée fait sourire, mais moins que celle de la famille cachée de l’Empereur. Une idée piochée on l’a évoqué plus haut dans les romans pour adolescents du début des années 1990 et collectivement appelée la série Jedi Prince (The Glove of Darth Vader, The Lost City of the Jedi, Zorba the Hutt’s Revenge, Mission to Mount Yoda, Queen of the Empire et Prophets of the Dark Side).

Justement, quand on parle de famille…

We’re a happy family

Lucas a tissé des liens familiaux à tout crin dans la trilogie originale, l’enfant que j’étais à l’époque n’y voyait aucun souci.  Aujourd’hui c’est probablement différent. D’abord parce que, dans une galaxie aussi grande, la probabilité pour que tout le monde soit cousin est assez faible. Ensuite parce que cet artifice scénaristique surexploite l’importance des liens du sang. Il entre même en contradiction avec la morale de la non-destination qui sous-tend la saga depuis 1980 et que Luke, Ben et Rey se sont attachés à illustrer.

Et encore, s’il ne s’agissait que de l’histoire de deux familles… Mais JJ Abrams pourrait bien avoir tenté un truc bien tiré par les cheveux.

Après la révélation de la filiation entre Palpatine et Rey, on s’interroge sur celle suggérée entre Lando et Jannah. Au-delà de l’ambiguïté de la scène finale, le Guide visuel du film (sorti le 20 décembre chez Hachette Heroes et dont la traduction semble bâclée) indique que la fille de Lando a été enlevée 19 ans avant l’incident Starkiller. La coïncidence est un peu étrange et sent bien.

L’ascension de Skywalker signe-t-elle la fin de Star Wars ?

Alors non, L’Ascension de Skywalker ne marque pas la fin de Star Wars, malgré le tombereau d’âneries qu’on peut lire et entendre sur le sujet. Tout comme la suspension de la production de films par Disney n’est pas non plus une fin.

En effet, la marque (au sens d’IP) Star Wars est bien plus riche que ces neuf films pourraient le laisser croire. Pour embrasser l’étendue de cet univers, il était probablement nécessaire de s’affranchir de la famille Skywalker. C’est donc avec soulagement que j’ai accueilli cet épilogue et que je l’ai regardé sans déplaisir et parfois avec gourmandise.

Au final, L’Ascension de Skywalker clôt une saga, celle de la famille Skywalker. Avec le recul, je me dis que j’aurais préféré qu’elle s’achève en 1983… Heureusement, Star Wars ne se limite pas à cette histoire familiale. Et les réussites comme Rogue One laissent augurer de nouvelles aventures palpitantes dans une galaxie lointaine, très lointaine.

Blaster
A suivre

4 comments

Lupo says:

Intéressant 🙂
Bon ça va t’as été gentil j’trouve. Le bouquin tu conseilles ou pas, j’hésitais à le prendre. Y a des artworks, des photos, costumes, vaisseaux tout ça en plus des infos pour mieux comprendre le film ?

Merci Lupo, je te fais une critique rapido.

Mais tu peux te faire une idée avec les bouquins sur Solo ou TLJ, c’est le meme concept.

Pas de artwork en général cependant.

Je le rappelle je ne suis pas un fan de SW. Je vois la saga (les films) comme un bon divertissement. J’apprécie IV, V, VI en particulier pour ces maquettes et animatroniques qui très bien vieillit et donnent du caractère contrairement aux I, II et III qui ont très mal vieillit niveau 3D sans parler de certains costumes ridicules.
Il en va de même pour les jeux (des FPS sous MSDos de Dark Forces jusqu’aux Jedi Knight en passant par les Kotor). J’ai adoré les épisodes FPS sous MSDOS ainsi que les Kotor (non MMO), même si l’écriture de Kotor2 était vraiment très moyenne. Kotor 1 même si l’histoire était un peu simpliste concernant le perso principal, n’empêchait pas d’avoir des développant poussés et surtout montrait que le conseil Jedi était une belle bande d’enfoirés se cachant sous de soient disantes bonnes intentions.
Pour résumer mon avis sur ce IX … Si on aime l’action non stop sans temps mort alors c’est une réussite. Cet épisode c’est un peu Expendable façon SW, full no brain.
De ce point de vue il fait le café, la crème et le petit chocolat qui va avec.

Il n’empêche que l’action est tellement soutenue sans une phase de repos, que cela en devient indigeste voir même écoeurant. Des plans coupés dans tout les sens sans laisser plus d’explication ou de temporalité, çà trace façon passage en hyper espace. Expendable tu sais que çà va être action et c’est pour cela que tu regardes, SW … il faut plus que cela.
Mais surtout, le gros problème c’est cette niaiserie de bas étage, c’est tellement vomissant de choupitude « bisounouresque » (il est bien ce mot je viens de l’inventer xD).
Sans parler que tout est téléphoné à coup de sabots tailles 55 de Shaquille O’Neal, qu’il n’y a aucune surprise. J’avoue tout de même ne pas avoir vu le coup venir sur la mort d’un certain gradé de l’empire.
Alors oui je suis blazé mais c’est surtout que j’attendais un minimum de travail d’écriture, c’est SW merde. Je sais je suis un grand naïf, car après les VII et VII aux personnages (et l’écriture) de niveau d’endives cuites vapeur je n’aurais pas dû être surpris.
La révélation du passé de Rei est encore un exemple de simplicité que çà en devient risible (là aussi j’avais vu juste depuis un moment).
La dague/poignard m’a bien fait rire, j’avais l’impression de voir Rahan et son coutelas pour savoir dans quelle direction aller.
On m’avait parlé d’un passage émotion où tout le monde pleuraient dans la salle de cinéma. Alors j’attendais et arrivé à cet instant … merde mon sac à vomi. Là encore j’ai vu tout venir avant le combat final (çà prouve que l’écriture est plate/insipide).
Bordel stop cette mollesse d’écriture sans prise de risque, les relations mis de côté/pas développé entre personnages, un film finit rapidement, où on case tout ce qu’on peut. Des soi-disant clin d’oeil qui te sautent tellement à la gueule que le mot subtilité ou intelligemment n’existe pas dans le dictionnaire chez Disney.
Mention spéciale pour la mort Cotillard à la fin de qui vous savez (la dernière mort du film).

Ce IX est meilleur que VII et VIII mais ne vaut pas les IV, V, VI, Rogue One. Au passage Solo s’était sympa, çà se regardait, pas plus pas moins je n’avais pas passé un mauvais moment.
Bref SW IX s’est bim, bam, boom (désolé pour la référence mais c’était tellement tentant xD)

Ludosith says:

On pourra,jamais faire faire mieux que les épisodes IV,V et VI..c’est impossible !!
Je me souviens en 99,quand j’attendais avec une très grande impatiente l’épisode I..j’étais comme un fou,pensant que j’allais me reprendre avec cette nouvelle trilogie,l’énorme claque que je m’étais pris pendant mon en enfance..mais hélas,c’était peine perdu,et avec les épisodes VII,VIII et IX..c’est encore pire 🙁
Y’a que Rogue One que je trouve très bon et magnifique.

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