Critique : She-Ra and the Princesses of Power sur Netflix

Ne reculant devant aucun sacrifice, votre serviteur s’est lancé dans une aventure dingue. Regarder la nouvelle version des aventures de She-Ra produite par Dreamworks pour Netflix. Depuis l’annonce du projet, les fans étaient sceptiques. La révélation du character design a achevé d’enterrer ce programme aux yeux de certains. Il faut dire que les concepts ont grandement évolué depuis notre enfance. Mais à 41 ans, j’estime pouvoir faire la part des choses et je vais essayer de livrer une critique équilibrée de ce dessin-animé assez surprenant.

 

Commençons par le commencement. L’histoire de She-Ra est racontée à nouveau depuis le début. Oui, enfin le début des aventures de She-Ra, pas le premier épisode du dessin animé original. Notre nouveau DA commence donc avec la jeune Adora promue Force Captain et qui à la faveur d’une balade avec sa copine Catra se retrouve isolée et appelée par l’épée du pouvoir dans un contexte archéologico-mystique bien plus développé que dans les séries FILMATION.

Les personnages sont beaucoup plus jeunes que leurs versions originales. Le style du dessin autant que la morphologie et la tenue des héroïnes et de leurs adversaires est donc très différent. Je ne suis pas sûr qu’une moindre sexualisation des persos soit une mauvaise chose dans un DA pour enfants. C’est un avis personnel qui tient probablement plus à l’évolution des mœurs depuis 35 ans qu’à l’impression d’avoir été choqué par la tenue de ces demoiselles quand j’étais enfant.

La façon dont sont traitées le changement de camp d’Adora puis sa transformation en She-Ra est étonnamment intéressante. Elle revêt presque une vertu pédagogique sur l’embrigadement, le rapport à l’autre sans toutefois tomber dans les pièges habituels de ce type d’exercice.

La traduction en VF est impeccable malgré une incongruité qui pousse à traduire Force Captain par Capitaine Force, mais l’essentiel n’est pas là. En effet, on admire l’effort accompli par la production pour utiliser les éléments classiques de l’histoire de She-Ra, les personnages, mais aussi les éléments de contexte d’occupation d’Etheria par la Horde de Hordak. Les références à la série originale sont légion. On retrouve outre Adora, Bow (Flechdor), Shadow Weaver (Tenebra), Glimmer (Scintilla)… Plus marquant pour les fans un peu vieux, on remarque que la Fright Zone de Hordak porte le doux nom du playset vintage de la Horde, le Rocher de la peur !

Notez que le titre She-Ra and the Princesses of Power utilise désormais le pluriel et on devine à partir de l’épisode 4 (Des fleurs pour She-ra) que l’enjeu pour la nouvelle héroïne sera de rassembler des guerrières dispersées après un premier échec face à la Horde. Chaque princesse règne sur un domaine assiégé par la Horde et on retrouve dans cette nouvelle version de l’univers MOTU quelques éléments inspirés comme les DA vintage par la planète Mongo de Flash Gordon.

Au-delà de ce background général et de ces clins d’oeil assez sympathiques, la série vise clairement, comme on le pressentait, un nouveau public résolument plus jeune. Les téléspectateurs courtisés par Netflix et Mattel (même si pour l’instant seul Super7 a proposé des jouets) redécouvrirons un univers qui parlera également aux enfants en sacrifiant aux codes actuels du dessin-animé. Une sorte de passerelle générationnelle intéressanes pour ceux qui n’ont pas su, pu ou eu l’occasion de faire découvrir à leurs enfants les dessins-animés FILMATION.

5 comments

Zurten says:

Je me suis trompé sur cette série : l’histoire (des premiers épisodes tout du moins) est plus intéressante que je ne l’aurais cru et les graphismes sont bien pires encore que ce que j’en avais aperçu. C’est moche et plat. La transformation de She-ra est juste ridicule et, en plus, tout le monde sait qui elle est.
Si l’animation n’avait pas été autant aux fraises, peut-être que la série aurait été intéressante. Là, impossible de ne pas bloquer dessus au détriment de l’histoire.
Tiens, je vais me refaire un épisode de l’original 🙂

J’ai été agréablement surpris par la série.

STOUVENOT says:

Bonjour à tous,

Je regarde la série avec ma fille de 8 ans et je la trouve plutôt agréable à regarder (elle aussi d’ailleurs). J’aime les clins d’oeils genre le pilote de la cantina, les zombies etc.
Bonne journée.

mindmaster says:

Merci pour cette critique détaillée. Par contre, je ne te rejoins pas quant à l’intérêt d’une moindre « sexualisation » des personnages dans un programme pour enfant.

D’abord, parce qu’il faut se garder de juger des programmes pour enfants avec des yeux d’adultes sexualisés. Né en 1979, je me souviens qu’à l’époque, les bikinis de Dominique dans Cobra, les décolletés des Cat’s eyes ou le générique de cette dernière série (où Tam prend des poses lascives et dénudées) me laissaient totalement indifférent. Je n’avais tout simplement pas l’âge de prêter attention à ce genre de considération, comme d’ailleurs les autres gamins de notre époque, et je ne pense pas que nous soyons devenus une générations de pervers (l’évolution des mœurs serait d’ailleurs plutôt la preuve du contraire).

Ensuite, et peut-être même surtout, parce que cette « sexualisation » n’est pas ce qui caractérise en priorité les personnages de She-Ra. She-Ra, c’est une femme forte avant d’être une femme tout court, comme Wonder Woman par exemple, et leurs tenues ne sont pas plus choquantes dans le contexte des persos que le slip de Namor ou la tenue de Musclor. Ce dernier se balade quand même en slip de fourrure devant des enfants, et aucune ligue parentale n’y trouve à redire que je sache. Car ce qui ressort de She-Ra, Wonder Woman ou Namor, et ce qui marque les esprits des spectateurs comme ceux des persos qui les côtoient, ce n’est pas leur sexualisation, c’est leur dignité et le respect qu’ils inspirent, et ce quelle que soit leur tenue. Le message de ces persos (entre autres, bien sûr), que peuvent parfaitement capter les enfants, c’est qu’une femme peut être habillée avec une jupette ou une sorte de maillot de bain, ou un homme vêtu d’un simple slip, tout en rayonnant de majesté, et sans que les personnages autour d’eux ne les traitent de « putes », de « pervers » ou même y fassent attention. Une leçon à méditer, me semble-t-il.

Je suis plutôt d’accord avec toi en fait. Si tu regardes la fin du troisième paragraphe, je dis bien que ce sont mes yeux d’adulte des années 2010 qui me font voir cette sexualisation que je n’avais pas du tout perçue à l’époque.
Je pense, en relisant cet article, être plus à l’aise avec la diversité et le réalisme des représentations physiques des personnages dans le DA Netflix, cependant.

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