Alien Earth : Analyse des 2 premiers épisodes

On plonge dans la nouvelle série Alien Earth dont deux épisodes sont dispo depuis le 13 août en France sur Disney+ : Neverland (S01E01) et Mr October (S01E02).

L’idée me séduit : relancer la franchise Alien dans une série TV moderne après trois films signés Ridley Scott (Prometheus et Alien Covenant) et Fede Alvarez (Alien Romulus) qui ont laissé les fans sur leur faim. Je trouve que l’univers d’Alien (désormais multi-franchise avec Blade Runner et bien sûr Predator) se prête particulièrement à ce format plus immersif. Encore faut-il que ce soit bien fait.

Le texte qui s’affiche à l’ouverture du premier épisode de la série donne des informations sur la compétition entre les corporations qui contrôlent la terre et le système solaire. Toutes développent des humains artificiels, mais chacune avec sa technologie prioritaire. Je m’attendais plus à un discours sur l’exploration spatiale et les ressources attendues.

Alien Earth donne d’emblée des signes rassurant aux fans du film original. Le réveil de l’équipage de l’USCSS Maginot rappelle celui des passagers du Nostromo en 1979. J’ai encore du mal à savoir si c’est une bonne chose ou pas ou une sorte d’appât, un fan service gratuit. En tout cas je suis fan de ces écrans à tube cathodiques, de ces lignes de codes et de ces bruitages qui font penser aux imprimantes à aiguille.

La série se déroule deux ans avant les événements sur LV-426, en 2120, les membres de l’équipage ont des préoccupations immédiates qui plongent dans les années 70 : la clope au réveil est un gros marqueur temporel dans une production audiovisuelle américaine.

Je m’étonne toutefois d’une autre priorité. En effet, la séance du petit déj sert d’axe d’exposition de la situation géopolitique des cinq méga corporations terriennes. Ce besoin de décryptage au sein de l’équipe peut s’expliquer par le temps passé dans les caissons de cryo sommeil. Les membres de l’équipage doivent recevoir des infos sur l’évolution du monde qu’ils ont quitté. En effet, la mission touche à sa fin après 65 ans d’exploration spatiale. Elle est donc partie de terre en 2055. La chronologie de cette franchise mériterait que j’y revienne.

Cela permet de remettre une couche sur les luttes internes à la nouvelle société de l’âge spatial : cols bleus contre cols blancs, humains contre robots… Les lignes de partage sont les mêmes qu’à bord du Nostromo avec des mécaniciens méfiants de la compagnie et contestataires (voire complotistes) et des officiers (scientifiques ou non) qui tiennent un discours de responsabilité. Le Maginot est de retour vers la terre en retour d’une mission de la Weyland-Yutani pour capturer des specimens xénomorphes (au sens large, mais on y trouve des face huggers et des ovomorphes). Le vaisseau affiche un équipage plus conséquent que le Nostromo puisque l’un de ses membres indique qu’ils ont perdu des hommes pour les récupérer. Ils les contiennent dans les mêmes tubes vu dans le labo d’Hadley’s Hope dans Aliens.

Sur terre, Kirsh, le synthétique directeur scientifique (l’excellent Timothy Olyphant) de Prodigy et son PDG Boy Kavalier, l’une des corporations, transforment une fillette malade en un hybride. Son esprit est transféré dans un corps synthétique de jeune femme. Ils opèrent dans un centre de recherche sur une île baptisée “Neverland”, le Pays imaginaire de Peter Pan. Si l’on ajoute que Kavalier lui projette le film de Disney pendant l’opération, c’est sans surprise que l’hybride est, elle, appelée Wendy. Si la Tyrell ne fait partie de l’environnement corporatiste d’Alien Earth, le transfert des souvenirs vers Wendy me rappelle la programmation de Rachel dans le film original, également réalisé par Scott.

La nouvelle hybride est plus forte et plus agile qu’un humain, mais son esprit d’enfant perdure. Wendy sert de guide aux cinq autres enfants malade que transforme Prodidy : les Enfants perdus. L’un d’eux s’appelle Smee (Monsieur Mouche), un point commun Skeleton Crew. C’est d’ailleurs amusant car j’avais en tête pour cette série Star Wars relativement médiocre l’idée qu’elle jouerait sur le registre de l’horreur soft avec des enfants. Je m’étais trompé, mais le concept transposé dans la franchise Alien me botte tout autant.

Elle suit à distance la vie de son frère, Joe Hermit (Alex Lawther, vu dans Andor), paramedic au sein de la branche militaire de Prodigy dans la ville de New Siam (propriété de Prodigy) et qui la croit morte.

Alors que le Maginot approche de sa destination, l’équipage a été décimé par sa cargaison qui s’est échappée. Le cyborg, Morrow, officier de sécurité de la mission, renseigne le journal de bord et sacrifie la dernière humaine en se scellant dans la salle de Maman (MUTHER). Alors qu’un Xeno totalement formé sème la destruction dans le Maginot, la collision avec la terre se produit justement sur New Siam. L’équipe de Joe est envoyée sur place pour sécuriser le site du crash. Les soldats portent des uniformes assez passe-partout proche des treillis des années 70 et des armes qui rappellent un peu celles des USCM. Leur casque est un stalhelm classique.

A l’intérieur de l’épave, Morrow commence la sécurisation des installations. Surprenant deux soldats dans le labo, il les y enferme après les avoir interrogés sur Kavalier. Leur supplice, attachés et impuissants, est tout à fait ce que j’avais en tête pour ce type de divertissement.
Depuis Neverland, le milliardaire a donné ses ordres pour gérer la catastrophe (les blessés sont triés en fonction de leurs revenus) et, qui sait, profiter des trésors découverts par son concurrent et que le sort à déposé sur son territoire. Wendy a convaincu Kavalier de l’y envoyer avec les “Enfants perdus” pour assister, mais avec Kirsh comme chaperon. En route pour New Siam, elle et Kirsh débattent de la nature humaine avec Kirsh – qui prend des accents de David, alors que son frère et ses équipiers se retrouvent coincés dans l’épave qui s’effondre.

Voilà donc le cliffhanger entre les deux premiers épisodes d’Alien Earth.

On retrouve Joe et les soldats dans leur exploration de l’épave stabilisée. Les cadavres des membres de l’équipage du Maginot les intriguent, mais ils poursuivent leur exploration désormais de la tour dans laquelle le vaisseau s’est encastré. A deux reprises, ils croisent, sans les voir, un xénomorphe et un Face Hugger. Enfin, le voile du mystère se soulève quand le Xéno prend Joe en chasse. Le répit qu’il trouve dans un ascenseur donne l’occasion d’un flashback qui nous en apprend un peu plus sur l’environnement familial et sur les pouvoirs de Wendy. La scène rappelle celle de Romulus pour illustrer toutes les corporations exploitent leurs salariés : Weyland-Yutani comme Prodigy.

Les auteurs de la série nous plongent dans les débats actuels sur le transhumanisme et l’intelligence artificielle. Kavalier défend ses choix et jette une lumière nouvelle sur les motivations des archi-riches génies de la tech. Je ne suis pas sûr que son mobile (créer quelqu’un de plus intelligent que lui) soit très éloigné du narcissisme qu’il rejette autant que la cupidité. Pour autant quand Yutani lui demande l’autorisation de sécuriser l’épave de son vaisseau, il ne manque pas de lui rappeler la souveraineté accordée à chaque corporation sur son territoire.

De toute façon, Kirsh, Wendy et les Enfants perdus viennent d’arriver sur place et explorent l’épave et nous font découvrir, ainsi qu’à Kavalier, la variété des specimens collectés par la WY.

Les nouvelles créatures apportent un peu de suspense et de surprise dans une franchise relativement balisée. J’ai du mal à comprendre comment ces nouvelles espèces s’articulent avec ce qu’on sait du programme d’armes biologiques de la Weyland, cependant. La série promet de retcon à fond et pas que les films sortis après Aliens, puisque le debriefing de Ripley par les cadres de la Weyland-Company n’a désormais plus de sens si tout le monde connaît les Xéno… Peut-être que l’existence de cette espèce sera tenue secrète par Prodigy et que cette corporation ainsi que tous les témoins disparaîtront dans la série ?

Joe se retrouve acculé (après un joyeux massacre) par la bête, mais Morrow le sauve de justesse en la tasant. De mémoire on n’avait pas encore vu à l’écran une capture de xénomorphe. Soucieux de protéger les intérêts de sa compagnie, le cyborg électrocute aussi Joe et entreprend d’entraver le xéno dans une sorte de cocon pour le transporter. Toutefois, il est interrompu par une patrouille de Prodigy ce qui laisse le temps au xéno de se réveiller et de reprendre son périple meurtrier.

Kirsh qui prend de plus en plus des airs de Roy (Rutger Hauer) se connecte sur l’ordiinnateur du Maginot pour comprendre la situation. Il commande aux Enfants perdus de sécuriser les spécimens. Wendy qui a retrouvé Joe, l’embarque dans sa propre mission. Il ne tarde pas à découvrir le secret de Wendy, révélé par Slightly, l’un des Enfants perdus. Arrivés à l’avant du vaisseau, Wendy, Joe et Slightly découvrent des ovomorphes ( enveloppés d’une brume bleue qu’on connaît bien.

Celle-ci se dissipe brusquement et Joe est emporté par un xéno – probablement vers un autre site de de fécondation. Wendy part à sa recherche et Slightly reste pour surveiller “l’omelette”.

Ainsi finissent les deux premiers épisodes de la nouvelle série Alien Earth. Hulu/FX/Disney ont bien fait les choses et m’embarquent volontiers dans cette revisite de la franchise. Il s’en dégage une ambiance de comic book à la Dark Horse. Je m’interroge simplement sur la chronologie et des conséquences sur le canon (très très fluide) d’Alien.

RDV le 20 août prochain pour analyser les épisodes 3 et 4 !

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