Interview : O’Fan, l’art du tufting

Cette semaine, Fulguropop donne la parole à Régis, collectionneur et artiste passionné.

Découvrons avec lui une technique peu connue du grand public qu’il mixe avec la pop culture : le tufting.

Bonjour Régis, peux-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?

O’Fan : Bonjour, je m’appelle Régis, 44 ans, natif de Marseille, aujourd’hui, je me suis exilé dans la belle région de l’Aude tout proche de Carcassonne.
Pâtissier de formation, j’ai voulu me reconvertir professionnellement mais on en reparlera plus tard.

Certains me connaissent sous le pseudo “Ma crypte aux jouets” sur Instagram.

Je suis un passionné de tout ce qui touche à la pop culture, je suis également un grand cinéphile (western, SF, films américains mais aussi les biographies et animés) mais cela a commencé avec les dessins animés, le club Do, comme pour beaucoup d’enfants nés en 80.


Quand et comment t’est venue l’idée de t’intéresser aux jouets en tant qu’adulte ?

O’Fan : Cela a un rapport direct avec une sortie cinéma. 

Nous sommes en 1999, j’ai 19 ans et je découvre la première bande annonce de Star Wars, épisode I : La menace fantôme.
Bref, j’ai vécu une sortie Star Wars au cinéma même si ce n’est pas ma trilogie favorite (l’originale est tellement parfaite à mes yeux).

Du coup, petit event pour ma part, une file d’attente interminable et j’avoue que j’etais matrixé à mort. Même s’il n’est pas parfait, j’ai kiffé ! Et là énorme boum, tous les magasins remplis de blisters attrayants, du rouge et noir partout, le merchandising a hyper bien fonctionné sur moi!
J’ai donc commencé à acheter Dark Maul et son speeder, je le trouvais tellement classe!

Pour moi c’était une révélation, mais pas une honte d’être fan ou mordu de quelque chose.

A cette époque-là, j’avoue que je ne le criais pas encore sur tous les toits. 

Ensuite, tout s’enchaîne avec la sortie du Seigneur des Anneaux en 2001, une déferlante absolue. 

Je gagnais ma vie en tant qu’apprenti pâtissier et je vivais chez mes parents, je pouvais donc profiter de mon salaire pour acheter mes joujoux.

J’ai investi ensuite dans une vitrine et je rajoutais minutieusement mes figurines mais, à cette époque-là, je ne faisais pas attention aux blisters, j’ouvrais tout, un vrai gosse!

Quelles sont tes gammes de cœur ? Pourquoi ?

O’Fan : Même si j’ai recommencé avec du Star Wars, celle qui me parle le plus c’est GI Joe. J’en ai eu beaucoup étant enfant, j’adorais jouer des heures avec. Je me créais des capes, accessoires, ect… 

Ensuite, j’aime beaucoup Star Wars comme vous avez pu le comprendre.

J’avais un cousin (fils unique) qui avait les toutes premières éditions (12 black) et qui les exposait déjà en mode collection. J’avais 5 ans et j’étais totalement fou de voir le Faucon, Luke, Leïa, Dark Vador… je pense qu’il est la (bonne) cause de ma passion aujourd’hui.

D’autre part, j’aime beaucoup les marques comme Kenner et Mattel (notamment Bravestarr et MOTU). 

D’ailleurs, je suis arrivé un peu tard sur Les Maîtres de l’univers car, en 1985, c’était déjà en solde. J’avais ces jouets là : Musclor l’éclair, Skeletor, Le Château des Ombres et je les ai toujours.

Il y a les Schtroumpfs aussi, j’en avais énormément mais j’ai gardé exclusivement ceux de mon année de naissance.

Mes parents n’ayant pas forcément les moyens, ils me faisaient plaisir avec de petits jouets et m’achetaient ces petites figurines Bully.

Je peux aussi parler d’une gamme qui me parle c’est Lucky Luke. Je n’en ai pas eu beaucoup mais il était tellement cool : le cowboy solitaire.

Cela me ramène à une époque où je regardais certains westerns avec mon père comme Trinita. Du coup, dès que je tombe sur une figurine Lucky Luke, je l’achète.

Les Lego ont aussi une place importante car j’en avais autant que les GI Joe, c’était des gammes abordables.

J’en possède beaucoup en boîte, faut juste avoir le temps de les construire. 

Je suis toujours à la recherche de mon Graal Lego mais les prix deviennent fous de nos jours. 

Pour finir, Il y a une autre gamme qui me plaît, mais je n’ai pas beaucoup de pièces, c’est Bravestarr.

Le côté western, la cool attitude, l’espace et la science fiction m’attirent. Je suis toujours très content quand je tombe sur une figurine Bravestarr en vide grenier, dernièrement j’ai mis la main sur Thirty Thirty!

Actuellement dans ma collection, j’ai du vintage mais aussi du récent comme des Hot toys, Sideshow… ce genre de joujoux pour grands enfants.

Quelle est ton rapport à l’image (au dessin)?

O’Fan : Oula, j’aime l’art depuis toujours, quel qu’il soit. 

J’ai commencé avec le club Do et mon premier dessin fût Son Goku DBZ en mode super Saiyan.

Très fier de moi, je cours le montrer à ma mère. Et là, elle me dit : “c’est bien! Tu as décalqué” je réponds d’un non affirmatif. Ne me croyant pas,  je me suis mis à dessiner devant elle le Son Goku pour qu’elle le voit de ses propres yeux.

Depuis ce moment là, je n’ai jamais arrêté de dessiner. Jusqu’à ce que je travaille en pâtisserie. 

Comme je l’ai dit, j’aime l’art sous toutes ses formes : le street art, les graffitis, les anciennes affiches de cinéma dessinées, j’en collectionne aussi. 

Ma soeur dessine super bien (mieux que moi), j’admirais ses croquis étant petit.

D’ailleurs ma nièce fait des études d’architecte d’intérieur, elle dessine forcément super bien. 

Je ne dis pas que c’est familial mais, en tout cas, j’ai un rapport particulier avec l’art.

Quand je vois qu’on peut partir d’une feuille blanche pour en faire une oeuvre, c’est fabuleux!

J’encourage mes enfants à dessiner même si c’est pas parfait, c’est un autre mode d’expression.

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste le tufting et ce qui t’a amené à en faire?

O’Fan : Le tufting en français veut dire toufter. On fixe une toile tendue sur un cadre en bois. Puis, à l’aide d’un pistolet, la laine traverse de part en part la toile pour être coupée à l’extrémité, laissant ainsi une touffe (pas trop glamour en français). 

Plus concrètement, le tufting c’est de la création sur une toile vierge où l’on fait soit nos propres designs soit un thème connu.

Cela faisait 5 ans que j’avais interrompu ma profession (patissier/boulanger) pour une grosse chaîne industrielle, à cause de multiples soucis de santé.

Malgré ma volonté de reprendre, j’ai eu une grosse déception suite à une proposition de reclassement.

Pendant ma convalescence, j’ai beaucoup regardé les réseaux sociaux.

J’ai pu ainsi découvrir la chaîne ‘MortalG‘ et, d’autre part, le tufting.

Je trouvais ça passionnant et relaxant mais je voyais toujours la même chose : Bob l’éponge, Pokémon, des dessins kawaï… J’ai donc saisi l’opportunité de ma reconversion professionnelle pour me tourner vers cet art et ainsi pouvoir l’exploiter là où personne ne l’avait fait.

J’essaie toujours de me surprendre dans un premier temps pour ensuite exposer dans des lieux improbables !

Qu’est-ce qui t’attire dans cet art?

O’Fan : La création c’est l’évasion, j’adore créer depuis tout petit déjà avec la pâtisserie.

Mais le tufting est très méconnu du public.

C’est gratifiant de pouvoir faire découvrir aux personnes ce que l’on peut faire avec de la laine.

Je puise mes idées, mes modèles, dans la pop culture car j’adore ça. Cela me plaît d’ajouter des détails dans le regard ou dans la chevelure par exemple.

Je les créé pour ne pas être mis comme de simples tapis au sol mais plutôt en mode tableaux nouvelle génération.

A l’époque médiévale, les châteaux avaient de grandes fresques de tapisseries murales. Cela avait deux fonctions : montrer les exploits de certaines guerres, raconter la mythologie… mais aussi l’isolation thermique.

Je désire rendre hommage à notre génération ‘geek’ qui a trop souvent était moquée, on de beaux jours devant nous!

En outre, à la création j’allie aussi la photographie pour mettre en valeur mes tapis façon street art. (Cf Instagram)

Tu utilises quels outils/techniques pour t’exprimer artistiquement?

O’Fan : Pour pratiquer le tufting, il faut un peu d’investissement quand même. 

Il y a un cadrant en bois, la toile de moine (sur laquelle on tuft), mais aussi un pistolet (tufting gun), une tondeuse et beaucoup de pelotes de laines dans de multiples coloris.

D’autre part, la plupart de mes dessins sont projetés à l’aide d’un rétroprojecteur, ce qui me permet d’être symétrique.

Une fois les contours faits, j’ajoute tous les détails, les ombrages… car nous ne sommes pas sur du dessin traditionnel, il faut pouvoir s’adapter à la perspective du tapis fini.

Quelles sont les licences et/ou les thèmes que tu aimes explorer?

O’Fan : Je prends énormément de plaisir avec les licences Marvel Comics et DC, surtout avec les personnages féminins. On est tous tombé amoureux d’une Wonder Woman ou d’une Ororo étant minot (gosse). 

Il y a aussi des licences comme les Maîtres de l’univers, qui sont des personnages hauts en couleur, c’est un réel plaisir à faire.

Dernièrement, j’ai fait un Scare Glow et je me suis régalé à le tufter tout comme le Skeletor. 

J’ai envie de faire tellement de personnages de mon enfance (comme Olive et Tom, les Chevaliers du zodiaque, Mask, Goldorak…).

Mais je pense aussi à comment les mettre en oeuvre en mode street art. 

Je suis très éclectique dans ma collection et je veux être pareil sur la créativité.

J’attends aussi de me faire surprendre par les demandes des clients.

En ce moment, j’ai en commande La Joconde, j’ai hâte et en même temps faut pas se louper mais je sais déjà où je ferai la photo.

Je vais me donner à fond car, comme je te l’ai dit, j’aime l’art en général et je recommencerai si elle ne me convient pas.

Je ne compte pas mes heures dans le prix de mes œuvres. L’important c’est la satisfaction et le plaisir de recevoir une belle pièce.

Revenons aux jouets, peux-tu partager avec nous un souvenir d’enfance lié aux jouets ?

O’Fan : Un souvenir c’est trop peu, je pense, comme beaucoup qui collectionnent, qu’on en a des tonnes mais je pense que je vais partir sur celui là . 

Je connaissais le père d’un copain qui était commercial et partait très souvent à l’étranger (canada, USA, japon…) et il lui ramenait des jouets de folie.

Un jour, il m’appelle et demande si je peux venir jouer en me disant :

– « tu vas voir! »

– « Okay! »

Et là, j’arrive chez lui : 4 boîtes de véhicules transformables en un autre véhicule, et oui Mask!

Aujourd’hui, je ne pourrais pas dire avec exactitude lesquels il avait eu. Mais je me rappelle clairement de Rhino et Venom.

J’adorais Venom. Maintenant, je rêve de le trouver en boîte mais le prix est trop excessif.

Bref, revenons à nos joujoux.

Tout se passe bien, on s’éclate. Un coup méchant, un coup gentil. On se crée nos histoires, mais j’oublie l’heure!

Et là, le drame : l’interphone sonne, ma mère est là. Elle demande à sa maman si je suis là d’un ton sec (ma mère avait très peu de tact à cette époque-là, lol) 

J’ai compris quand sa mère m’a dit “Régis, il faut que tu y ailles. Ta mère t’attend en bas!”.

Le drame… fini de jouer. J’ai compris que j’allais en prendre plein les oreilles, ce qui n’a pas loupé ! 

Mais tu sais quoi? Le truc, c’est que j’en garde un super souvenir : j’ai pu enfin jouer avec des Mask car je n’en avais pas.

La seule chose qui m’avait surpris, c’était la taille des figurines. Moi qui étais habitué aux GI Joe tout articulés, là, c’était clairement les véhicules qui m’avaient fait rêver ce jour là .

Nous te laissons le mot de la fin.

O’Fan : Dans le milieu de la collection, on rencontre beaucoup de personnes… 

Si tu permets, je voudrais citer des gens bienveillants comme Jerry (MortalG), Taram, Franck, Michel, Touky, Niko find geek, vous, Fulguropop, et j’en oublie sûrement.

On partage tous une passion et de pouvoir la faire vivre est énorme. 

Je me lance dans cette aventure mais je ne me sens pas seul.

Je vois la sympathie des gens qui m’encouragent, qui me partagent et commandent. 

Mille mercis Lanace de m’avoir convié à cette interview qui met en lumière ma reconversion et juste un dernier mot, même si j’en ai peut être trop dit.

Je remercie ma femme qui m’a donné une vie avec des hauts et des bas mais qui est toujours présente, me soutient dans cette aventure, avec mes trois fabuleux enfants que j’aime énormément.

Cela fait du bien de se sentir soutenu. 

Continuez à vivre votre passion à fond, le monde de la collection a encore de beaux jours devant lui.

Un immense plaisir d’avoir répondu à tes questions, à bientôt !! 


A mon tour de remercier Régis pour sa disponibilité et sa bienveillance.

Nous lui souhaitons la réussite dans cette nouvelle aventure. Nous sommes sûr que la passion qu’il transmet dans cette interview est la même qui parcoure ses œuvres.

Nous ne pouvons que vous conseiller de suivre ses travaux sur ses réseaux sociaux et, pourquoi pas, de vous faire plaisir avec une création de Régis aka O’Fan.

2 comments

jp says:

C’est classe. Bonne collection à toi.

alain le voguer says:

super top

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *